Arcade Fire – « Everything Now »

Arcade Fire
Everything Now (Columbia)

Oui, je sais, on est une semaine et demie en retard sur tout le monde et pas mal tout a déjà été dit sur le cinquième album complet de la formation montréalaise Arcade Fire. Mais depuis quand être plus lent que tous les autres nous a empêché de faire ce que nous aimions?

Disons-le d’emblée, Everything Now est le moins bon album du groupe de Win Butler et sa bande. Mais qu’est-ce que ça veut dire quand t’as endisqué le maintenant classique Funeral, le beau Neon Bible, le jouissif The Suburbs et le dansant Reflektor? Ça veut dire que les attentes à l’égard du groupe seront toujours plus élevées qu’à l’égard d’autres artistes qui ont une discographie moins impressionnante, et que même le pire album d’Arcade Fire peut être supérieur au meilleur d’un paquet de monde.

Mais qu’en est-il vraiment?

Après un début plutôt disco (Everything Now fait penser à du ABBA, Signs of Life évoque plutôt les Bee Gees – sans les voix) et prometteur (on avait là la suite logique de Reflektor), Arcade Fire se lance ensuite dans toutes les directions (pop des années 1980 sur Creature Comfort, pop avec une touche de reggae sur Peter Pan et Chemistry, gros rock et country sur les deux versions d’Infinite Content, synthpop très actuel sur Electric Blue – la chanson à Régine…). Il faut attendre les trois dernières chansons de l’album pour retrouver ce qui nous fait aimer Arcade Fire : Good God Damn n’est pas sans rappeler Porno, en mieux. Put Your Money on Me est tout simplement irrésistible, et ce n’est pas juste à cause de sa mélodie entraînante : on y retrouve les arrangements très complexes qui ont caractérisé le groupe. Et il faut vraiment attendre à We Don’t Deserve Love pour sentir que tout le vernis dont s’est couvert Win Butler ces dernières années peut parfois craquer.

Voilà. C’est pas mauvais du tout, mais c’est fichtrement décousu. Même si on essaie de nous vendre Everything Now comme un album concept, l’auditeur, lui, risque de n’y voir qu’une collection d’une douzaine de morceaux disparates, sans vrai fil conducteur. Quand on est habitué d’écouter un album d’Arcade Fire du début à la fin, c’est un brin décevant, en effet. Je peux comprendre les critiques. Peut-être que quatre réalisateurs différents, c’était un peu trop, surtout pour un groupe qui avait pris l’habitude de tout faire lui-même du début à la fin.

Cependant, prises individuellement, ces chansons que peu de choses semblent lier sont loin d’être mauvaises. Non, ce ne sont pas toutes des chef-d’oeuvres, mais il y a assez de bons moments là-dedans pour bonifier une liste de lecture. Et puis on s’entend… en spectacle, lorsque certains de ces morceaux seront intégrés à un programme déjà béton, on n’y verra que du feu.

Parce que ça demeure Arcade Fire, et que le groupe demeure un collectif de bêtes de scènes, que ce soit sur la petite scène du Métropolis ou devant des dizaines de milliers de personnes.

Parlant de spectacle, n’oublions pas qu’Arcade Fire sera au Centre Vidéotron le 5 septembre prochain (il reste encore de très bons billets).