Nicolet + Félix Dyotte + RALEIGH, Le Pantoum, 20 octobre 2017

Des triples lancements d’albums, en plus d’être un évènement plutôt rare, c’est pas mal badass, on peut se le dire. C’est donc sous cette thématique que se remplissait le Pantoum, en un vendredi soir d’octobre sous le coup de l’été indien, qui malheureusement ne fut pas un argument suffisant pour remplir l’endroit comme on l’avait déjà vu par le passé. Mais bon, lancer des albums en famille, qui a dit que c’était un désastre ?

 

Félix Dyotte – Photo : Gabriel Potvin-Caissy

Félix Dyotte

Ce qu’on voit : 21 :30 tapantes, Félix monte sur scène. J’utilise « monte » puisqu’il était tout bonnement à travers la foule durant les secondes précédentes. On se rend rapidement compte que ce sera une performance solo, où on aurait pu s’attendre à voir une guitare acoustique comme seul outil. Mais détrompez-vous, c’est armé d’une machine à séquence que M. Dyotte s’élance. Au volant de sa Jaguar (la Fender), il lance les premiers accords de Je cours, où les chansons se suivront tels que sur l’album tout au long de la performance. On sent que le stress qui habite l’artiste aux premières notes dépasse sa timidité habituelle, mais cela s’estompera à l’instant où il aura la chance de parler avec le public, à la fin de sa première chanson. La suite n’est qu’envol et aventure

Ce qu’on entend : Une French touch habite définitivement le cerveau de Félix Dyotte. Des synthés aériens, des percussions voguant sur le surf rock ; Félix Dyotte tisse finement les mailles de ses textes, vocalement ajusté comme des yoga pants à chaque son que crache sa guitare. Au volant de sa Jaguar, il nous transporte loin… Sur une route de la Côte d’Azur, vignoble d’un côté, Méditerranée de l’autre. Les progressions guitaresques de Dyotte nous démontrent que l’on a droit à un grand musicien, et d’autant, sinon plus, à un énorme parolier.

 

Raleigh – Photo : Gabriel Potvin-Caissy

RALEIGH

Tout droit descendus de Calgary pour nous présenter Powerhouse Bloom, les quatre membres de RALEIGH ont rapidement fait de dénouer la tension et la gêne qu’un public peut sentir en début de spectacle d’un groupe qu’il n’a jamais vu. Le quatuor, bien en contrôle, nous a rapidement mis dans une ambiance de local de pratique, où peu de gens auraient pu croire que leur album n’est âgé que d’un mois.

Musicalement, Raleigh se pose sur une fondation en forme de rock rempli de surprise et d’envolée atmosphérique, naviguant entre le jazz et le post-rock. On a devant nous un violoncelle qui semble étirer le temps, la naïve voix du chanteur Matt Doherty qui meuble l’espace, celle de la violoncelliste Clea Anaïs qui l’agrandit. On assiste à une œuvre complète, où RALEIGH construit monde après monde, et nous amène de l’un vers l’autre sans avertissement.

« When did rock and roll become a costume party?
Chi-chi in the songs and all the homies, heartless
Friends are more than gone, at least the drugs still want me
Oh, when did rock and roll become a costume party? »

 

Nicolet – Photo : Gabriel Potvin-Caissy

Nicolet

Personnellement, j’aurais surement choké un peu à l’idée de prendre la scène après ces deux performances… C’est une problématique qui n’a pas semblé affecter Étienne Hamel, qui s’est emparé de la scène en moins d’une seconde. Équipé de deux autres Étiennes, d’un Nathan et d’un Guillaume pour présenter son projet solo, le groupe a abordé l’album en spectacle comme s’ils l’avaient composé ensemble.

C’est une performance qui va dans tous les sens (mais dans le bon sens). Bien ancré dans le rock alternatif et teinté d’une pop émanant des synthétiseurs qui l’entourent sur scène, Hamel nous chante le quartier Hochelaga, tout en prenant quelques pauses folk pour nous parler de ses amours et de ses peurs, mais finit toujours par nous ramener vers une tendance funk, même lorsqu’il « met la pédale funk à off », comme il l’a lui-même dit. 45 minutes de pur bonheur où le groupe et le public s’en donnent à cœur joie, unis par le son généreux de Nicolet.

Appel à tous les marcheurs et marcheuses de ce monde : Mettez immédiatement l’album Hochelaga dans votre playlist « I would walk 500 miles » ; une valeur sûre pour accompagner ses pas. Je dis ça mais je dis rien…