Critique : Wilco « The Whole Love »

Exception faite des galettes de St. Vincent (déjà disponible) et Feist, peu de disques sont aussi attendus cet automne que le huitième disque de Wilco, The Whole Love, qui sera sur les tablettes de tous les bons (et moins bons) magasins dès le 27 septembre. J’ai profité du fait que le groupe l’a mis en diffusion sur son site Web pendant le week-end de la Fête du travail pour l’écouter en boucle.

L’attente en vaut vraiment la peine. Ce n’est pas un Yankee Hotel Foxtrot (leur grande oeuvre, qui a failli ne jamais voir le jour), mais en s’éloignant de la pop adulte très conventionnelle des deux derniers albums, le groupe nous offre matière à de nombreuses écoutes et réflexions, tant sur le plan des paroles que de la musique.

Ceux qui sont entrés dans le train avec Wilco (The Album) risquent d’être un brin déroutés par la première chanson de l’album, Art of Almost, qui marque le ton d’une manière très éloquente : oui, la chanson commence tout en douceur et s’écoute presque en fermant les yeux, mais au cours des sept minutes qui suivent, elle progresse pour se terminer par un solo de guitare endiablé qui montre que Nels Cline (qui n’était pas là à l’époque de YHF) a décidé qu’il avait autant envie de rocker que de jouer du country.

La pièce titre, qui suit, est justement une chanson country-folk des plus typiques. Et on se promène, comme ça, d’un genre à l’autre, tout en ne perdant jamais son identité, tout en demeurant près de ses racines, mais en continuant d’explorer et d’innover. On a parfois l’impression d’entendre Pink Floyd avec des chapeaux de cow-boy! Ou Dylan en quadriphonie!

Côté paroles, Jeff Tweedy est un auteur accompli, qui a parcouru énormément de chemin depuis Uncle Tupelo. L’americana au sens large demeure un genre qui donne énormément de place aux paroles. Tweedy n’est peut-être pas, à mon avis, un conteur aussi talentueux qu’un M. Ward, mais quand on écoute du Wilco, on a envie d’écouter les paroles, d’entendre la petite histoire qui nous est racontée. One Sunday Morning, qui dure 12 minutes (oui, j’ai bien écrit douze minutes, ce n’était pas une faute de frappe), est une superbe ballade (au sens poétique du terme), que la musique agrémente de façon majestueuse. À elle seule, cette pièce vaut le détour. Elle va faire école.

Je pourrais parler de chacune des pièces de l’album et vous donner tout autant de raisons différentes de l’aimer. Il suffit pourtant de dire The Whole Love fait partie des excellents disques de l’année, avec les Let England Shake de PJ Harvey et In the Mountain, In the Could de Portugal. The Man. Est-ce un nouveau chef-d’oeuvre pour la troupe de Chicago? Seul le temps nous le dira, mais on peut déjà dire que quelques chansons, elles, nous marqueront encore longtemps.

Dire qu’ils étaient à Montréal hier…

Wilco – « The Whole Love » (dBpm Records) – en vente le 27 septembre

On donne :

 (9/10)