C’est dans le cadre des soirées Rock & Pabst, tradition qui ne date pas de plus de deux ans au cégep de Sainte-Foy, que j’ai eu la chance jeudi soir dernier, entre deux services de bière, d’assister au spectacle mettant en scène le Havre et Medora.
Le projet des Rock & Pabsts en soi mérite d’abord une introduction. Mis sur pied par Jérôme Charrette-Pépin, sympathique musicien lunatique que vous avez probablement déjà croisé dans le Vieux, le Rock & Pabst consiste en une idée fort simple : écouter un bon spectacle de rock en buvant de la (moins) bonne pabst. Sous ses airs naïfs, le projet a cependant permis à plusieurs groupes du cégep de se faire connaître par la population étudiante ainsi qu’à différents groupes émergents du Québec de rejoindre un public moins accessible pour eux.
Maintenant dirigés par Simon Kearney et son équipe, les Rock & Pabsts ont fait beaucoup de chemin et attirent un public toujours plus nombreux et toujours plus assoiffé. Et jeudi dernier ne faisait pas exception à la règle. En tant que barmaid officielle (eh non, je ne suis pas une buveuse compulsive comme pouvait le sous-entendre le début de cet article), j’ai donc pu, disais-je, assister à un spectacle encore une fois chaleureux, intime, informel et riche musicalement.
Voici donc, chers lecteurs, ce que j’en ai compilé juste pour vous :
Alors que le Havre, un groupe de Montréal, ouvre le bal, la salle se remplit tranquillement. Le spectacle a commencé plus tôt qu’à l’habitude, mais les gens ne tardent pas à arriver. Ils sont accueillis par le rock planant et plutôt psychédélique du premier groupe. Ce qui se démarque : leur tempo très particulier, sophistiqué voire contemporain, ainsi que la teinte mélancolique qui adoucit le rock autrement cassant du Havre. Mais bon, je dis cassant, mais c’est aussi parce qu’ils n’ont pas pu faire le soundcheck avant de commencer, ce qu’ils ont fait avec brio quand même, en même temps que de jouer. Avant-dernière chanson plus lente, un temps de repos avant que le Havre revienne en force pour une dernière pièce plus «groovy», mais tout aussi dissonante.
Après une courte pause, on assiste à l’entrée remasquée de Medora, un groupe local-local, oserais-je dire, puisque ses membres étudient au cégep de Sainte-Foy. Je dis bien «remasquée», et c’est un jeu de mots, parce qu’ils sont arrivés sur scènes accoutrés des figures de nos politiciens préférés. Toujours avec leur aspect visuel plus léché, une lumière simple accrochée au plafond, Medora prend son élan. Ils commencent avec une de leurs chansons tirée de leur dernier maxi intitulé Ressac. Leur son, planant aussi, mais moins hermétique que le Havre, transporte la salle dès la troisième pièce : Fleuve. On dénote la présence de groupies et la joie des habitués de l’évènement, qui voient Medora pour la deuxième fois dans l’enceinte de leur café étudiant. Parfois dansantes, parfois mélancoliques, parfois les deux en même temps (comme dans Permanence), toutes les pièces de Medora se distinguent et se ressemblent à la fois, ce qui a offert un tout ingénieusement harmonisé. L’écoute s’est aussi accompagnée d’un peu d’humour et de danse, l’entrée en scène du groupe donnant le ton à leur spectacle et à leur sortie «à la belle et bum» (c’est ainsi qu’ils la décrivent). Saluant bien haut Normand Brathwaite, ils ont terminé en vitesse (parce qu’au cégep, on ne «niaise» pas avec les heures de fin d’évènements), mais en beauté quand même.
PS : Je vous recommande donc chaudement d’aller faire un tour aux prochains Rock & Pabsts, une tradition qui, j’espère, se poursuivra encore des années ! Pour ce qui était des deux groupes au programme, leur musique est disponible sur leurs Bandcamps respectifs. Le Havre participera au festival anachronik le 2 mai prochain dans la Grand-Ville et nous a annoncé l’arrivée prochaine d’un maxi en fin avril ainsi que d’un projet surprise pour la mi-mai. De leur côté, Medora nous a montré par les quelques nouvelles pièces jouées jeudi soir que leur projet musical sera plus raffiné dans le nouveau maxi sur lequel ils planchent en ce moment. Un son plus sec, des chansons un peu plus dansantes et une vision musicale un peu plus mature nous attendent donc éventuellement. Cependant, d’ici là, je vous conseille l’écoute de Ressac, une expérience aux effluves de mer et qui sait garder l’auditeur en haleine par une cadence qui berce brusquement et doucement comme les vagues. Des concerts sont aussi prévus pour eux en mai, notamment le 29 au Pantoum.