Hier soir, nous étions à L’Anglicane de Lévis pour le deuxième spectacle de rodage de Patrick Watson. Je n’étais pas tout seul, notre collaborateur ultra-occasionnel (mais de très longue date) Jean-François Melançon était avec moi. Le petit compte rendu qui suit m’attendait dans ma boîte de réception. On sent encore l’émotion dans son texte, j’ai décidé de le partager avec vous :
« Patrick Watson entame sa tournée en vue du lancement de son prochain album, Love Songs for Robots. Musicalement parlant, lui et ses musiciens sont confortablement installés au sommet de leur art. Ils nous offrent un amalgame de leurs nouvelles chansons et de versions retravaillées de leurs succès antérieurs, parfois inspirés par le rock indie, progressif et psychédélique, tenant parfois des notes plus jazzées, blues ou RnB. Patrick Watson a le don d’enlacer ses spectateurs dans sa musique toute simple et bien sentie, pour ensuite les emporter allègrement vers un espace musical progressivement plus complexe et envoûtant, et au moment où il frôle la cacophonie, les ramener subitement au calme et à la douceur. Son orchestre enchaîne les opus de 8 à 10 minutes, mais laisse une place au cœur du spectacle à une balade apaisante et inédite de 3 à 4 minutes qui se termine sur les mots « let it go, let it go, let it go »… et c’est ce qui arrive quand on écoute sa musique. On lâche prise et on se sent plus léger.
La salle choisie, l’Anglicane, ne loge qu’une poignée de spectateurs. Malgré ses plafonds élevés et ses murs de pierre imposants, elle est beaucoup trop petite pour contenir tout le talent musical sur place. L’orchestre utilise tout l’espace de scène à sa disposition et semble confiné par moments. Il tire avantage des murs de pierre de l’ancienne église en y projetant des effets de lumière qui rappellent la mer, la forêt ou même une véranda, et l’illusion de grandeur ainsi créée est efficace. Vers la fin du spectacle, les musiciens franchissent la barrière virtuelle entre eux et les spectateurs et s’installent au milieu de la foule pour offrir une interprétation acoustique de Into Giants. Watson s’improvise chef de chorale et ça marche! On se sent privilégiés d’assister à un spectacle intime avec de si grands musiciens.
Le spectacle est en rodage et ça paraît. On sent que les musiciens s’amusent. Tout est organique, rien n’est mécanique. Dans leurs coins respectifs de la scène, ils se regardent dans les yeux, se font des signes, rigolent. Patrick Watson parle plus à ses musiciens qu’à la foule. Quand il interagit avec elle, c’est pour l’aspirer dans son univers. Il lui arrive de parloter au micro sans articuler un seul mot. On l’entend dire qu’il n’est pas prêt pour la prochaine chanson (une chance qu’il le dit, parce que ça ne paraît pas!). Il laisse libre cours à son rire contagieux. Difficile de trouver un artiste plus attachant que lui.
Après les rappels, il nous offre un cadeau. Il revient seul au piano et joue Big Bird in a Small Cage. Il répète la fin du morceau et nous fait chanter avec lui. Je pense qu’il s’amusait véritablement.
Mon verdict est un gros 10 sur 10. Je ne peux pas aller en bas de ça. Je suis peut-être impressionnable, mais je me suis senti trembler pendant une demi-heure après le spectacle. J’ai été transporté. »
Ludovic Alarie
En première partie, c’est un Ludovic Alarie accompagné de sa guitare et d’Adèle Trottier-Rivard qui a eu la chance de détendre une foule déjà toute prête. Les chansons très folk d’Alarie (dont une reprise de Félix) ont eu droit à l’écoute respectueuse qu’elles méritaient. Il y a un peu d’Elliott Smith chez Alarie et les spectateurs autour de nous semblent avoir apprécié.
On comprend pourquoi Watson n’a pas hésité à collaborer avec lui!
Patrick Watson sera de retour à Québec le 17 juillet prochain dans le cadre du Festival d’été de Québec. Une carte blanche qui promet sur la scène Bell. Il sera précédé des Barr Brothers. Une soirée de rêve. Réussira-t-il l’exploit de nous faire communier sur les Plaines comme il l’a fait hier à l’Anglicane? Ben hâte de voir!
Des photos! Crédit photo : ecoutedonc.ca/Jacques Boivin