Pour le lancement de Flood, son deuxième maxi, Harfang a été accueilli par un public quelque peu retardataire (et bruyant), mais nombreux. Le Cercle était presque plein. Pour nous mettre en appétit, Men I trust nous a offert une première partie alléchante.
Les voix envoûtantes des chanteuses étaient accompagnées par une musique électro difficile à décrire. On y sentait quelques influences à la Bonobo, peut-être quelque chose de jazz dans les voix et un arrière-gout des années 80 dans les chansons qui «groovaient» un peu plus, jouées vers la fin de leur partie. Dans tous les cas, le résultat était très intéressant et a atteint son but : nous réchauffer pour Harfang.
Et voilà l’arrivée du plat principal. Entrent en scène les cinq musiciens de Harfang, qui commencent sans tarder à jouer une des pièces de leur premier maxi. Contrastant avec Men I trust, le deuxième groupe semble avoir préféré mettre de l’avant leur musique en tant que telle, en choisissant un visuel plus simple et en laissant parler leurs chansons d’abord. À l’écoute de celles-ci, on ne tarde pas à réaliser à quel point ils nous offrent une panoplie de sonorités intéressantes et bien placées : ce sont toujours des arrangements recherchés, qui se détachent et ressortent de la trame musicale. J’ai particulièrement aimé la variété que nous a offerte la guitare électrique. Le résultat, en cela, a été très réussi : des chansons qui transportent, qui ont quelque chose d’aérien et d’embrumé, qui rappellent un peu les Patrick Watson et Alt-J de ce monde.
Après des remerciements abondants mais sympathiques, Harfang a poursuivi le spectacle en présentant leurs pièces de résistance, soit la majorité de leurs nouvelles chansons gardées pour la faim (jeu de mots). Les pièces composant Flood, à mon sens, révèlent une musique plus élaguée, un peu comme s’ils avaient retiré le superflu pour mieux montrer l’essence de leur musique. Mon propos s’illustre bien dans UFO. D’autres chansons, comme Set Sail, ont un côté joyeux à la Ben Howard qui ne se retrouvait pas encore dans l’attirail d’Harfang. Ils ont finalement terminé le spectacle avec Exposure, la dernière pièce de Flood, puis avec Karmic Embrace en rappel, ma pièce préférée du premier maxi.
Nous avons donc pu quitter repus, ou peut-être encore sur notre faim, après un spectacle enchanteur. Harfang, pour leur part, entameront dès aujourd’hui leur tournée autour du Québec pour présenter Flood. Ils seront de retour sur scène à Labeaumeville le 18 juillet dans le cadre du FEQ.
Pour satisfaire la coutume, Antoine d’Harfang s’est prêté au jeu de l’entrevue à une question.
Pouvez-vous me décrire en quelques mots votre processus de création ?
«Souvent il y a un des membres qui apporte une idée de base […], soit une chanson complète ou soit une structure, complète ou incomplète. Ensuite en jam on va travailler autour de ça, on va construire la forme ensemble […]. Ça se fait beaucoup en groupe.» Antoine a affirmé aussi que le processus peut-être assez long, comme le témoigne l’année passée par le groupe à composer et à confectionner leur nouveau maxi. «Souvent on arrive avec une chanson, dit-il, on pense qu’elle est prête et là on la joue en show pis finalement ça marche pas pantoute. On défait tout ça au complet, on déconstruit et on reconstruit.»
Crédit photo : ecoutedonc.ca/Jacques Boivin