La plupart d’entre vous le connaissez comme la moitié de Kashtin (avec Claude McKenzie). Pour les Innus, Florent Vollant est un héros, un modèle qui ne l’a pas toujours eue facile, mais qui a toujours su s’en sortir pour nous offrir, au fil des années, de magnifiques chansons. Extrêmement actif au sein de sa communauté, il a créé le festival Innu nikamu, qui rassemble les Premières nations et les Allochtones de partout. Il a mis sur pied le studio Makusham, un véritable bijou selon Frédéric Tremblay, mélomane tout aussi innu (et sympathique beau-frère) qui m’a déjà montré des photos du lieu.
D’ailleurs, son quatrième album solo, Puamuna, a été enregistré à Makusham. Sur cet album, Vollant nous raconte ses rêves d’espoir et de fraternité. Un travail de moine qui a pris trois longues années à Vollant et ses complices. Un album d’Americana comme on en fait trop peu au Québec, enregistré avec Réjean Bouchard et Kim Fontaine, tous deux redoutablement efficaces à la guitare (et à la réalisation).
On remarquera tout de suite la reprise de Haunted States de Pascale Picard, qui devient tout à coup Apu peikussian. Ce qui ressemblait à de la rage chez la Charlebourgeoise devient chez Vollant de la tendresse et de la douceur. Tendresse et douceur qu’on retrouve tout au long de l’album. Vollant rend également hommage à un des premiers Autochtones à avoir enregistré ses chansons, Willie Dunn, en reprenant la jolie Son of the Sun. Puis sur Change, un cadeau de l’artiste inuit Lucie Idlout, Vollant ajoute un peu de blues à son folk.
Dit de même, on dirait que Vollant a enregistré un album en anglais alors que ce n’est pas le cas. Tout d’abord, il y a Richard Séguin qui lui a offert la très belle Tout est lié. Mais surtout, il y a toutes ces belles chansons en langue innue, dont on comprend très peu les paroles, mais dont on devine parfaitement l’intention. Pas besoin de vous mettre intensivement à cette langue mélodieuse, une chanson comme Nikaui est de toute beauté. Comment dire? Les mots sont peut-être très locaux, mais l’émotion transmise, elle, est universelle. Normal, direz-vous, il s’agit après tout d’une chanson que Vollant a composée en hommage à sa maman. Et on ne se tanne jamais d’entendre Ekuan Pua (ainsi soit-il, de Philippe McKenzie). Surtout dans cette nouvelle version, un brin country, mais toujours aussi rassembleuse.
Un album à la fois personnel et universel qui fera bien plus pour unir les différentes nations qui peuplent notre continent que les débats sur le titre d’une émission à la télé d’État.