Vous avez probablement connu Félix Dyotte au sein de Chinatown, dont il était un membre fondateur. Plus récemment, vous l’avez peut-être croisé alors qu’il faisait partie de l’équipe de Pierre Lapointe. Voyez-vous, ça fait quand même près de 20 ans que Dyotte roule sa bosse dans des groupes ou avec d’autres artistes. Aujourd’hui, c’est à son tour de briller, et il le fait de belle façon avec un premier album solo homonyme qui arrive juste à temps pour mettre de l’ambiance dans votre cour arrière, sangria bien fraîche à la main.
L’auteur-compositeur-interprète n’y est pas allé de main morte : s’il s’agit de son album à lui, il n’a pas hésité à demander un coup de main à ses talentueux camarades! On trouve sur cet album un quatuor à cordes supervisé par Philippe Brault, la voix de Kandle Osborne, ainsi qu’une petite touche de Francis Mineau (Malajube).
Le résultat est cet album romantique et coloré, qui peut passer de la pop de chambre à la synth-pop dans la même chanson. À la première écoute, si ce n’était pas de l’accent typiquement québécois de Dyotte, on aurait pu croire qu’un nouvel artiste français s’essaie à la chanson! Ce sentiment est renforcé par la voix de Dyotte, un filet doux, mais grave, qui rappelle énormément celle d’Étienne Daho (allez écouter une pièce comme Saudade de Daho après Calme-toi de Dyotte, c’est frappant!). Et comme la légende française, Dyotte passe avec une grande aisance d’un genre à l’autre.
On le savait déjà, mais Dyotte manie habilement la plume. Sans être spectaculaire, il est efficace. Faut dire que les relations difficiles et la déprime sont des sources intarissables de chansons, mais encore faut-il savoir les écrire en maintenant l’intérêt de l’auditeur. Dyotte y arrive facilement.
Pour accompagner ces paroles tristounettes, Dyotte nous fait le coup des mélodies légères où les cordes se mélangent fort bien aux guitares et aux synthés. Le refrain de Les gens sont décevants est un ver d’oreille qui s’incruste joyeusement dans nos têtes. Hologramme a un petit côté rêveur loin d’être désagréable. On valse sur Feu nous deux. Et Petite esthète pourrait devenir un classique des feux de joie chez les hipsters.
Cet album de Dyotte, à la réalisation impeccable, est fort généreux selon nos standards actuels : 47 minutes de chansons de toutes sortes se succèdent jusqu’à plus soif.
En résumé, le premier album solo de Félix Dyotte devrait se trouver une place privilégiée dans nos listes de lecture estivales. Sur la route, à la plage, dans le potager, c’est un match parfait. Avec un petit verre de cidre sur une terrasse, c’est encore mieux. Que ce soit pour les mots ou pour les mélodies, chacun devrait y trouver son compte.
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