C’est sans photographe et sans talent photographique que je suis descendu au Sous-Sol du Cercle pour écrire un article un peu sec.
Les photos ont la capacité de bien mouiller l’écran, de rendre l’expérience joviale et dynamique. Je tâcherai de le faire en n’utilisant que mes mots, opaques et sans envergure.
Revenons à notre soirée. Saveur locale au Sous-Sol ce samedi, et mon opinion biaisée se force à être objective. J’ai une confessions à faire. J’ai été guitariste dans Medora pendant deux ans, avant de voler et m’écraser nonchalamment de mes propres ailes. Je ne sais pas si je serai trop critique ou trop amoureux des beaux garçons, alors on peut prétendre que je suis neutre!
Pour Babylones par contre, c’est sans biais que je les ai vu! Le chanteur a coupé ses cheveux et du métal progressif un peu banal jouait en haut. Il en fallait donc beaucoup pour me convaincre. Et j’ai été convaincu! Croyez le ou non!
Armés d’un guitariste supplémentaire, les musiciens était en parfait contrôle de leur indie pop/rock bien montréalais. Les nouvelles chansons du groupe sont efficaces, très bien composées, et pleines d’énergie. Le chanteur, Benoît, ou Benny pour les intimes, nous fait des blagues, nous met à l’aise, et agrémente beaucoup le spectacle. Personnellement, j’ai trouvé une petite faiblesse dans les plus vieilles pièces, le groupe jouant ensemble depuis très longtemps, mais cette légère déception ne donne que plus envie d’entendre les nouveaux morceaux! Une salle assez pleine semble partager mon avis, du moins l’aspect positif! On voit beaucoup de sourires, de danseurs au pas hésitant, de regards complices.
Petite pause café, pour l’arrivée un peu nerveuse de Medora. Qui enclence la soirée avec Sillage, une des pièces de son dernier EP, Ressac. Parlons d’ailleurs d’enregistrement, la bande travaille présentement sur un nouveau EP, Les Arômes, avec Jean-Étienne Collin-Marcoux derrière les consoles du Pantoum.
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Les premières pièces se passent avec un son quelque peu hésitant, mais la technicienne en chef du Sous-Sol arrange rapidement les choses, et dès la troisième chanson, tout est arrangé. Sauf que Charles, guitariste armé d’un Deluxe Reverb, a un peu de difficulté à apprivoiser son ampli dans une petite salle! On le pardonne par la créativité de son jeu de guitare, qui donne un beau souffle d’énergie au groupe. Les amis semblent d’ailleurs vouloir s’affranchir de leurs vieilles peaux et explorer des directions nouvelles. Montées progressives, influence post-rock assumée, rejet partiel du son indie rock plus conventionnel, tout en embrassant de leurs grosses lèvres une pop intelligente et envoûtante.
Je ferai par contre écho à certain détracteurs, en affirmant une certaine inégalité dans l’émotion et l’assurance du groupe. Vincent, au chant, a pris une confiance impressionnante, mais semblerait-il qu’il ne l’applique pas toujours. Visiblement nerveux dans ses interactions avec la foule, on a malheureusement pu sentir sa nervosité dans certaines pièces. Ils se rattrapent avec un charisme et un entrain explosif.
Les explosions sont d’ailleurs un thème récurrent avec Medora. Quand ils frappent, ils frappent très très fort, mais on se perd parfois un peu dans les décomptes et les méandres hésitants, surtout dans les plus vieilles pièces. Les nouvelles, elles, comme celles de Babylones, se déroulent comme de petits fils continus d’explosifs et donnent un profond et bel espoir en l’avenir.
La finition viendra sans doute avec l’âge. Après tout, ils ne sont pas vieux comme leur réalisateur Jean-Étienne, qui croûle du haut de ses 47 ans.