(Photos : Jacques Boivin)
Mardi soir à, la salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre, on avait l’impression que quelqu’un avait joué avec l’espace… et le temps, qui semble s’être arrêté pendant près de deux heures, le temps que Florent Vollant et ses amis nous guide dans un voyage qui nous a amenés au Nitassinan, la terre des Innus.
Vollant, accompagné de ses complices Réjean Bouchard, Kim Fontainee, Louis-Philippe Boivin et André Lachance, a offert une prestation en toute simplicité, teintée du country-folk dans lequel ces braves gaillards baignent depuis des années. Les chansons étaient bien sûr principalement tirées de Puamuna, le dernier album de Vollant qui nous fait rêver, mais l’auteur-compositeur-interprète n’avait pas oublié ses premiers albums, ni l’époque à laquelle il s’était fait connaître (Kashtin).
Vollant a ponctué le voyage musical d’anecdotes et de récits, souvent racontés tout simplement, sans chercher nécessairement à livrer un punch humoristique, même si l’humour ne manquait pas dans son propos. Le public écoutait sagement, buvait les paroles de ce raconteur qui partageait avec nous la vie au sein de sa communauté. Fallait être là pour l’entendre nous raconter comment il avait dessiné des cordes sur des bouts de bois et planté des bâtons de hockey à l’envers pour imiter… les Beatles avant de lancer Don’t Let Me Down avec grâce et subtilité. Une sympathique relecture qui donnait un autre point de vue sur une chanson qu’on a entendue des milliers de fois.
Tant qu’à être à Québec, aussi bien recevoir une invitée spéciale, Pascale Picard, venue chanter avec Vollant Apu peikussian, une chanson bâtie sur le même squelette musical que sa Haunted Spaces. Un beau moment de simplicité et de complicité, une fois de plus.
À la fin du spectacle (pendant Tshinanu, pour ceux qui tiennent le compte), un groupe de jeunes femmes est spontanément monté sur scène pour danser. Alors qu’un préposé est accouru aussitôt pour les sortir de là, Vollant, tout sourire, a lancé un gros « Laisse-les faire! » et invité tout le monde à se joindre à lui. Disons que les spectateurs non autochtones hésitaient beaucoup à faire le Makusham avec Vollant… moi, dans le fond de la salle, je riais de bon coeur, et je pensais à ma blonde (innue itou), qui allait rire encore plus lorsque j’allais lui raconter le tout.
Parce qu’au fond, un spectacle de Florent Vollant, c’est pas mal ça, une célébration. Une célébration de la vie, qu’elle se passe dans une grande ville ou quelque part entre le premier et le troisième but du grand terrain de baseball d’Indian Point à Labrador City.