Par Karina Tardif et Simon Belley (en italique)
J’ai été parmi les chanceuses à pouvoir être du premier spectacle de la série de trois pour le lancement du deuxième album de Dead Obies. Bien sûr, mes attentes étaient énormes suite au visionnement, au moins 10 fois, du vidéo Les Auditions, un genre de publicité pour annoncer le lancement avec Joël Legendre, Phil Roy, Klo Pelgag et plein d’autres artistes qui se sont prêtés au jeu pour faire cette grosse annonce.
Avec une gang d’amis, on a fait la route de Trois-Rivières à Montréal, complètement crinqué et assuré qu’on va vivre la meilleure soirée de notre vie. La dernière fois qu’on les a vus en spectacle, c’était à l’Embuscade, lors du Festivoix de Trois-Rivières, et les gardes de sécurité ont dû intervenir plusieurs fois parce que la foule était déchaînée.
Bref, on arrive au Centre Phi, quelques minutes avant 21h. On attend un petit 15 minutes et, ça y est, ça commence. Je suis fébrile, il y a des projections et on aperçoit vaguement les gars, leurs musiciens et leurs choristes, derrière un écran. La seule autre fois que j’ai vue cela, c’est au spectacle de Stromae au Centre Bell et j’avais trouvé ça incroyable. Après quelques chansons derrière cet écran un peu transparent, la fébrilité commence à redescendre. La fumée et le peu de lumière font qu’on peut à peine voir ce qu’il se passe. J’apprécie le concept des vidéos et des projections en noir et blanc, mais on se lasse et l’énergie du départ s’en va tranquillement. La hâte de sauter sur les rythmes de Dead Obies se fait attendre… Alors on écoute les chansons, à défaut de voir les gars. Après tout, on est là pour entendre les nouvelles chansons de l’album. On en reconnait quelques-unes, qui étaient en écoute libre sur leur site internet. Ça fait l’effet d’une bombe lorsqu’ils passent en avant de l’écran pour quelques chansons seulement. Les gars esquissent un petit sourire en coin lorsqu’ils viennent en avant du rideau chanter les chansons que le public connait déjà.
A près une heure de spectacle, qui a commencé un peu trop lentement et sombre à mon goût, l’écran est complètement enlevé de la scène. Ça y est, tout le monde capote, surtout que la chanson Enweille, où les gars se sont promenés dans la foule, vient de faire sauter tous ceux qui n’attendaient que ça depuis le début. Après deux ou trois chansons, c’est déjà la fin du lancement-tournage de vidéoclip-enregistrement. Heureuse d’avoir vécu ce moment, je reste tout de même sur ma faim.
On retourne à Trois-Rivières, en se disant un peu déçu d’avoir vu les gars sortir trop peu souvent de derrière cet écran, mais en ayant quand même le goût d’aller écouter l’album, tranquille chez nous, en attendant qu’ils viennent nous voir en spectacle à Trois-Rivières.
Et cette expérience fut vécue de façon totalement différente le vendredi, lorsque Simon (j’aime parler de moi à la troisième personne) accompagné d’un chanteur d’un groupe death metal, un bassiste fan fini de jazz et un madelinot qui adore le « folk sale » (god.) , avec ses billets payés de son humble poche, au Centre Phi. Donc, le tout sera malheureusement biaisé. Sorry !
D’emblée, l’atmosphère du Centre Phi semble propice à l’art avec un grand « A » est les Dead Obies l’exploite à fond afin de ne pas faire vivre seulement qu’un spectacle à ses fans, mais bel et bien une expérience : les gears, les photos/vidéos, une projection du film « La Société des Spectacles » (tiré du livre du même nom) de Guy Debord qui veut justifier la démarche du groupe par rapport à l’enregistrement live, et le fait que les membres du groupe se sépare du publique par un « écran » (m’enfin, j’ai pas tout entendue mais à ma connaissance, oui, ça le justifie). Le rideau/écran et vite délaissé après une ou deux chanson et les membres du groupes, sortent de leur cachette et interagisse rapidement avec le public pour Jelly : voila, nous somme turnt ! Parce que oui, si je me fie à Karina, nous avons eu droit à beaucoup d’interactions de la part des membres du groupa, qui utilisais leur rideau pour des petite mise en scène avant de rapidement regagner le devant de la scène. Le pacing, aussi, semble différé, puisqu’il étais solide, bien équilibré, et logique au niveau sonore (j’me comprend) dans le sens ou les pièces s’emboite (voir Graduation). On passe de la côte Ouest au sud des État-Unis sans effort, et les gars semblent assumer pleinement leur influences, tout y mettant leur couleur.
Leur « couleur » : l’important ! En effet, ce groupe se distingue par ses membres qui jouaient un rôle plus effacés 20some et O.G. Bear. 20Some est, selon moi, un des rapper les plus sous-estimé actuellement. Il jongle avec les mots de façon magistral et il ride chacun des beats à la perfection. Bear, de son côté, assume pleinement sa position de « crooner » de la trap (s/o a Future!) en chantant les refrain de la plupart des chansons avec une certaine nonchalance qui rend le tout unique. Sans oublier Snail Kid qui est un caméléon : su n’importe lequel beat, Snail Kid le maîtrise rapidement et se l’approprie. Sans rien enlève au talent de Jo RCA et Yes McCan, qui tire très bien leur épingle du jeu. D’ailleurs, belle initiative d’intégrer Vnce, l’architecte sonore des Dead Oobies, au micro dans le refrain de la chansons dont le titre me semble On lock (« On lock, I got the whole damn city on lock » selon le refrain là…).
Dans son ensemble, le prochain opus de Dead Obies sera définitivement sont plus accessible et qui sera festival ready pour l’été : un summer banger, le digne successeur de Tony Hawk (« Enweille ») et un petit hommage (un peu comme ils avaient fait avec « Planète Roche ») à un classique du rap (dont le titre m’échappe, mais qui à pour refrain « Hey, Johnny ! » pour la version Dead Obies). Un effort soutenue de la part du groupe pour rejoindre un plus vaste public, tout en ne délaissant pas cette démarche artistique qui semble justifier leur diminutif de « post-rap » (qui m’agresse à un plus haut point, mais c’est une autre histoire.).
… mais en gros, le mot-clé de cette soirée est ENWEILLE …définitivement.