Certains groupes semblent renouveler facilement leur auditoire. D’autres semblent plutôt miser sur un public fidèle qui les suit d’album en album. C’est ce public fidèle qui s’est réuni jeudi soir à l’Anti pour acclamer les Dears, un groupe qui a émergé pendant l’avènement de l’indie-rock montréalais au tout début des années 2000. Il est dommage de constater que le groupe n’attire pas plus les foules puisqu’ils viennent de sortir un autre solide album (une constante chez eux si on exclut l’inégal Degeneration Street qui souffrait d’un manque de concision) et que leur performance est aussi efficace qu’impressionnante. L’Anti, que j’aurais cru trop petit pour les Dears, était rempli d’enthousiastes spectateurs et malgré le fait qu’on ne se pilait pas sur les pieds, l’ambiance était excellente tout au long de la soirée.
Leur performance a débuté avec le duo d’ouverture du nouveau disque; les pièces We Lost Everything et la monstrueuse (dans le bon sens du terme) I Used To Pray for the Heavens to Fall. Sans surprise, la foule s’est révélée particulièrement bruyante lorsque le groupe a commencé à piger dans le répertoire des albums cultes Gang of Losers et No Cities Left. Nous avons entre autre eu droit à Whites Only Party, à la somptueuse Hate Then Love, à Lost in the Plot (encore une véritable bombe 12 ans plus tard) puis à la fabuleuse 22 : the Death of All the Romance en rappel. Les nouveaux morceaux joués s’intégraient très bien dans le concert et il ne fait aucun doute que les gens présents ayant manqué la sortie de l’album fin septembre seront curieux d’y prêter oreille. L’excellente réputation en spectacle des Dears n’a rien de surfaite. La présence de Murray Lightburn , un leader à la fois charismatique et énergique, combiné au travail méticuleux de Natalia Yanchak aux claviers et à la voix (dont on a pu apprécier toute la beauté lors de la magnifique pièce de clôture Onward and Downward ) ,d ’une section rythmique composé de Patrick Krief à la guitare, de Roberto Arquilla à la basse et de l’impressionnant Jeff Luciani à la batterie sont autant d’atouts nécessaire à cette cohésion. Ils sont excessivement doués et dépassent largement les standards techniques de groupes indie-rock de même acabit. Un groupe parfait pour une chaude soirée de festival au pigeonnier!
En première partie, We Are Monroe a d’abord présenté une musique dance-punk un peu datée avant de tranquillement enchainer des pièces plus rock, plus recherché et franchement plus efficace. Cette performance en crescendo s’est terminée par une addictive pièce instrumentale suivie d’une des meilleures et énergiques pièces de la soirée. Ce quatuor de Montréal sera à surveiller, surtout si la direction plus originale et inventive des dernières pièces jouées hier est empruntée.