[ENTREVUE] En studio avec Rouge Pompier pour l’album Chevy Chase (entrevue complète)

29112015-140249-01-Rouge Pompier
Alexandre (à la batterie) et Jessy (à la guitare) aux Studios Piccolo. Crédit photo: Jacques Boivin

 

Dimanche, le 29 novembre dernier, la gang de Slam disques nous ont invités à venir dans les coulisses de l’enregistrement de Chevy Chase, le deuxième album de Rouge Pompier, qui paraitra en mars 2016.

 

On arrive aux Studios Piccolo vers 14h, les gars sont en plein enregistrement et nous font signe de nous asseoir, ce qu’on fait avec obéissance. Ils commencent à se parler en termes qu’on ne comprend pas, à reprendre 25 fois le même bout de la chanson, à jouer chacun leur tour, etc … Je regarde la scène et je me dis : Donc c’est de ça que ça a l’air deux rockers en studio? J’avoue, je suis impressionné du professionnalisme, de l’attention portée à chaque note et du souci du détail que les gars apportent à la chanson qu’ils enregistrent. Pour les avoir vus en spectacle plusieurs fois, on pense qu’ils font juste varger et crier, mais quand ça a l’air le fun et facile, on oublie souvent l’énorme travail qu’il y a derrière et c’est là que ce qui suit devient vraiment intéressant. Ça fait environ une heure que je regarde les gars faire leurs trucs et Alexandre sort du studio pour venir me rejoindre, pendant que Jessy peaufine une séquence.

J’en profite pour lui demander comment ça se passe à date ?

« On est un peu en retard » me dit-il, « On a juste fait trois chansons aujourd’hui, et il nous reste moins que trois jours ».

Malgré cela, le stress ne semblait pas du tout prendre le dessus. Au contraire, c’est la fébrilité et l’excitation qui se faisaient ressentir jusque dans les craques de plancher.

« Officiellement, on a envoyé 45 démos en groupes d’écoute et on en a ressorti 15 qu’on enregistre. Cette fois-ci, on n’a pas ajouté une chanson qui n’avait pas été choisie, comme pour Bled sur l’album Kevin Bacon ».

La séance de jasette non officielle se termine alors que Jessy vient de terminer ses ajustements. On se dirige ensuite vers la mythique cuisine des Studios Piccolo pour que les gars se remplissent le ventre de la pizza qui a été livrée il y a quelques minutes. Après un délire sur « on pourrait enregistrer des sons de bancs de gymnase » et « notre rêve est de s’acheter une toilette avec le banc chauffant et plein de boutons comme au Mexique », on entre dans le studio et on commence la portion entrevue de la journée:

Les gars, dites-moi, pour les groupes d’écoute,  est-ce qu’il y avait juste des fans? Y avait-il d’autres types de gens?

« Non, en fait,  il y avait le public cible et le public non cible. Pour nous, de faire ce processus, c’est de rallier le plus de monde sur nos chansons, et les chansons qui ont été choisies, au final, c’était plutôt unanime dans les votes ».

Est-ce que ce sont les chansons que vous pensiez?

« Oui, mais il y a quelques surprises. Moi (Alexandre) je suis déçu de ne pas mettre Pauvre en criss ».  Jessy ajoute « On avait même fait des demandes de financement avec des pièces qui finalement n’ont pas été sélectionnées par les comités d’écoutes ».

Jessy poursuit avec des commentaires sur la façon de voter pour les chansons :

« Il y avait beaucoup de chansons que les gens mettaient 6 ou 7 et ça me donnait l’impression qu’elles étaient ignorées, comme si elles n’étaient pas détestées, mais pas aimé non plus. Si ça leur donnait une bonne note au final, le fait d’avoir beaucoup de 6 ou de 7 avait beaucoup d’importance pour moi ».

Il faut dire que c’est difficile ce que vous demandez aux gens quand même, non?

« Oui parce qu’on ne donne pas de barèmes. On ne peut pas prévoir comment les gens vont écouter l’album. Il faut que ça reflète la réalité ».

Suite à la sélection effectuée avec les résultats des écoutes, les gars ont pratiqué les 15 pièces avec les plus hauts scores au total. Certaines ont été créées il y a plus de trois ans, ce qui fait qu’elles ont dû subir quelques modifications ou réajustements.  J’ai voulu en savoir plus sur les morceaux qui allaient se retrouver sur l’album:

« Il va y avoir Chat, Même si tu frottes, Autobus, VHS et Mercredi, entre autres. Autobus c’est parce que ça dit souvent autobus, mais ça pourrait changer de nom. » C’est donc ce qu’on a pu savoir pour le moment. Jessy ajoute que « pour Mercredi, il n’y avait pas de paroles au début. C’est quand j’ai décidé de mettre du vocal que ça l’a propulsé et maintenant elle va être sur l’album ».

 

Ça ne vous dérange pas de remettre au hasard, aux mains des gens, votre « playlist » de chansons?

« Non, des fois il y a des chansons moins le fun à jouer, mais on se dit que c’est ce que les fans veulent. Tout comme avec Kevin Bacon, il y a des pièces qu’on n’aurait naturellement pas choisies, mais on est obligé de ne pas avoir une vision juste de gars de bands parce que ça ferait un album de gars de bands. D’ailleurs, les notes des gars de bands qui ont écouté les pièces sont complètement différentes des autres ».

Et est-ce que l’ordre des chansons est choisi ou vous attendez de voir selon l’enregistrement? (attention, c’est mon moment préféré de l’entrevue)

« Oui l’ordre est choisi,  on a une bonne technique (échange de petits sourires entre les gars). On a pris l’album Nevermind de Nirvana, on a regardé chacune de nos toons et on les a associés aux toons de Nevermind, pour que chaque toon qui se ressemble soit dans le même ordre. Par exemple, on s’est dit laquelle ressemble le plus a Smells like teen spirit, et on l’a mise à la même place sur Chevy Chase ».

 

Mais pourquoi cet album-là?

« Parce que c’est le plus gros de tous les albums tsé ».

Le studio a été loué pour quatre jours et on est au deuxième déjà, êtes-vous stressé?

« Non, mais l’objectif aurait été d’en faire plus que le nécessaire, mais on se dit on va tu avoir le temps de finir les toons qu’on voulait mettre sur l’album? ».

Et comment vous arrivez à statuer qu’une pièce est terminée?

« Pour Chevy Chase, on recherche un son, (…) mais on n’est pas des musiciens pros, plus des semi-pros. La réaction qu’Alex a eue hier est le meilleur exemple. Il s’installe couché sur le divan derrière la console et il écoute la toon les yeux fermés. Quand la toon a fini, il s’est retournée et a dit Ok c’est là. (…) Quand tu viens d’avoir un nouveau frisson sur une toon que tu fais depuis trois ans, c’est ça que tu veux ».

En studio, avez-vous des façons de faire définies?

« Le plus important pour moi (Alex), c’est le clic (le métronome). Quand je regarde Jessy, ça veut dire que ça va bien et que je suis dedans. Ton cerveau est stimulé une fois par temps, c’est fatigant à la fin d’une journée. Hier, on a commencé par deux toons rapides et je n’avais plus de jus après. En studio, à comparer d’en spectacle, c’est moins au feeling parce qu’on est sollicité mentalement ».

Après les avoir vus au travail,  la phrase suivante de Jessy vient faire un bon résumé:

« Il faut savoir relativiser et avoir une bonne attitude pour être content de notre travail. »

Les gars tenaient à parler du fait que, bien qu’ils soient entourés de gens compétents du milieu, il n’y a personne réellement qui peut porter le titre de réalisateur de l’album et c’est tout à fait correct comme ça.

« On pourrait écrire en arrière de l’album quelque chose du genre : Cet album a été réalisé avec plein de monde trippant ».

Parlant de l’album, j’ai eu le privilège d’avoir le « scoop » du visuel de la pochette. Je ne peux pas vous en dire plus, outre le fait que je dois m’instruire davantage sur tout ce qui est en lien avec Chevy Chase pour comprendre toutes les subtilités. C’est donc difficile de dire si j’aime ou non, en lien avec mon savoir déficient à ce sujet, mais j’avoue trouver le résultat très attirant pour l’œil. D’ailleurs, les gars en sont très fiers et proclament même : « On est surpris de comment proche on est (…) c’est tellement right on ce qu’on voulait.  On pourrait gagner le prix pour Album de l’année ».

moi qui vient d'avoir le scoop sur la pochette d'album. Crédit photo: Jacques Boivin
Moi qui vient d’avoir le scoop sur la pochette d’album (et Jacques en reflet dans la fenêtre hihi). Crédit photo: Jacques Boivin

Parlant d’album, avez-vous des idées pour le lancement ? ou pour un vidéoclip même?

« On ne fera peut-être pas de lancement officiel, on trouve que c’est un peu passé date. Dans les shows prévus, il y en a aucun qui va porter le nom de lancement. Ca fait tellement longtemps qu’on en parle, ce n’est pas une nouvelle tsé ».

En poursuivant sur les attentes que les gens peuvent avoir face à la sortie de cet album, les gars ajoutent :

« L’objectif n’est jamais de conquérir le monde, l’objectif c’est juste d’avoir du plaisir.  Kevin Bacon c’est un Dream come true. On ne s’attendait pas à atteindre ce qu’on a atteint. Faire un deuxième album c’est : si le monde aime ça, tant mieux. Au moins, on s’est donné la chance que l’album soit bon (…) on ne l’a pas fait à peu près ét on s’est donné une chance de composer beaucoup de toons,. Ce n’est pas parce qu’on est au Studio Piccolo que l’album va bien tsé, ça c’est juste du luxe ».

Après 30 minutes de discussion avec les gars, l’entrevue se termine avec Jessy qui parle des attentes face à un deuxième album :

 « Tu ne te fies pas sur ta pochette pour pogner plus, tu ne te fies pas sur de quoi t’a d’l’air sur tes photos de presse ou si ton lancement est gros?  Tu te fies sur On as-tu des bonnes chansons? Ca va-tu plaire à un certain public? Et ce certain public là, s’il est satisfait on a tout gagné dans le fond. On n’est pas obligé de plaire à tout le monde, mais si on plait au public qui aime ce que nous on fait, on a réussi. Si tous nos fans étaient comme : Kevin Bacon c’était vraiment bon, mais Chevy Chase c’est de la grosse marde, ce serait peut-êre le seul échec qu’on pourrait dire, mais il n’y aura pas un échec de quantité. L’objectif ce n’est pas le financement, et ce n’est pas de plaire à un public plus large non plus. En fait le seul échec serait que lui (Alex) et moi on n’aimerait pas notre propre album. J’ai appris dans la vie aussi que l’échec c’est de ne pas essayer, ça fait que de ne pas faire Chevy Chase, ce serait un échec.»

**Vous vous demandez peut-être pourquoi il y a un cadre devant la batterie? C’est juste une histoire d’échange de cadeaux familiale qui a mal fini. Maintenant il a la place la plus importante. « Aucun cadre n’a eu autant d’importance » ajoute Jessy.

 

Voici les photos prises par Jacques Boivin tout au long de notre présence dans les Studios Piccolo avec les gars de Rouge Pompier, Alexandre Portelance et Jessy Fuchs:

Merci à Alexandre Portelance et Jessy Fuchs pour leur temps et merci à Slam disques, surtout à Emma-Geneviève Murray- St-Louis,  pour la confiance et pour l’opportunité