Black Matter est un album qui est passé sous plusieurs radars cet automne. Peut-être est-ce le format EP qui a relégué l’oeuvre de Thus Owls aux oubliettes. Pourtant avec ses 6 chansons qui s’étirent pratiquement sur 30 minutes, il y a là autant de substance que bien des albums complets. C’est donc une 4e parution pour le groupe suédo-montréalais dont l’âme repose sur la complicité entre Erika et Simon Angell. En 2014 ils avaient d’ailleurs lancé Turning Rocks, un album accompli qui laissait entrevoir des sonorités parfois un peu plus électro.
Black Matter s’ouvre directement sur la voix singulière de la Suédoise qui est subtilement accompagnée de claviers. Les arrangements se déploient par la suite avec beaucoup d’élégance, laissant l’auditeur baigner dans l’univers onirique du groupe. S’en suit un crescendo soutenu par des cordes qui accompagne inlassablement Erika qui chante: » I will give myself to you when i’m able », superbe. Il faut souligner le fabuleux travail aux percussions de Liam O’Neill (ex The Stills) tout au long du disque.
La chanson suivante, pièce-titre de l’album, en est aussi la pièce centrale. Le rythme à la fois envoûtant et inquiétant de la pièce est encore bâti autour d’une batterie inventive. La guitare s’immisce çà et là par le biais de curieux sons; puis la présence de Simon Angell se fait enfin sentir en épilogue. C’est exactement le genre de morceau où brille la voix singulière d’Erika Angell.
L’amalgame entre les mélodies folk et les sonorités électroniques se poursuit ensuite sur Shields et Turn Up the Volumes. Cette dernière est un excellent exemple de la richesse de la palette sonore du couple. Les arrangements de cordes par Daniel Bjarnason sont habilement intégrés; il faut dire que j’ai toujours eu un faible pour le pizzicato.
Vector est une courte pièce instrumentale qui fait office d’introduction pour la dernière pièce de ce EP. We Leave / We Forget est une douce ballade construite en crescendo. S’il s’agit d’un épilogue serein et réussit, ce n’est pas non plus le moment fort du disque.
Thus Owls a donc sorti un des excellents EP de 2015. Mon seul souhait serait de profiter encore davantage de la présence de Simon Angell à la guitare (sa présence est plus importante sur scène qu’en studio) puisqu’il s’agit d’un des guitaristes les plus inventifs de la scène musicale montréalaise. Avec Erika au chant, le groupe devrait sans doute s’imposer lors de la sortie du prochain opus complet.
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