Si l’enregistrement de leur dernière composition À chacun son gibier s’est déroulé dans une écurie désaffectée, cette fois, le trio est-ontarien Pandaléon, formé de Jean-Philippe Levac (batterie, voix) Marc-André Labelle (guitare) Frédéric Levac (claviers, voix), a plutôt transformé leur désuète école secondaire de Saint-Bernardin en studio d’enregistrement pour créer leur troisième album Atone.
À la première écoute, on est plongé dans un univers rock atmosphérique ayant par moments une touche industrielle. Dès les premières notes on remarque un effet de grandeur et de vide qui semble provenir de l’espace physique de cette ancienne école, ce qui lui donne litéralement une seconde vie. Les chansons qui se terminent plus abruptement laissent d’ailleurs résonner quelques notes dans les interstices de l’établissement. Toutefois, lorsque plusieurs instruments se superposent (clavier, guitare, basse, vocal et percussions), une certaine cacophonie prend forme dans un surplus d’écho abusif. On y distingue difficilement la précision et le détail des harmonies parfois trop planantes.
Contrairement à leur dernier album À chacun son gibier, Atone nous glisse dans un univers onirique plus digital et moins cru. Il y a certes une recherche musicale et une démarche artistique plus approfondie et recherchée, autant sur le plan des sons des instruments que des mélodies. La dichotomie entre la lourdeur et le côté terre-à-terre des basses fréquences électroniques vient s’opposer diamétralement aux chants astraux de Frédéric Levac, ce qui nous laisse en équilibre dans leur musique éthérée.
La première pièce se démarque notamment par une mélodie accrocheuse qui se laisse facilement chantonner. Cependant, on perd peu à peu cette ligne directrice et, ce qui semble être un ver d’oreille devient plutôt un album ambiant qui se transforme en musique de fond, qui pourrait facilement accompagner un long métrage dramatique.
On retrouve deux compositions plus massives (Bulk Tank 6:50 et Atone 7:46) qui se distinguent par leur côté progressif et une énergie différente de leur consoeurs, qui nous transportent agréablement sur leur long parcours.
Bref, le trio Pandaléon nous offre Atone, un album portant bien son nom puisque leur musique inspire effectivement le relâchement de notre tonus quotidien pour cibler notre côté chimérique et nous suggérant ainsi un relâchement. Un travail plus raffiné au niveau du son aurait été souhaitable, mais le résultat mature semble près de leur aspiration.
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Pandaléon – Atone (Audiogram)