Les notes bleues fusaient de partout dimanche soir à l’Anti. Compte-rendu d’une soirée dominicale qui n’en était pas une finalement.
Lucil
Groupe nommé en partie en l’honneur de la célèbre guitare de B.B.King, Lucil est monté sur scène devant un public trop petit pour ce genre de soirée. Sans attendre, le band a servi un blues francophone qui rappelait l’époque Offenbach. Simple, efficace et inscrite dans la lignée traditionnelle du blues-rock, la musique de Lucil a plu. Il faut souligner le travail d’Ulysse Ruel, à la voix et à l’harmonica, qui s’époumonait à imposer le mood qui donnait envie de boire une pinte ou deux un dimanche soir. Le groupe a sorti deux EPs l’année passée, Rang 10/10e rang et Denys Arcand, tous deux disponibles sur internet.
The Harpoonist and the Axe Murderer
Le duo de Vancouver, normalement constitué de Shawn Hall (voix et harmonica) et de Mathew Rogers (batterie et guitare), était accompagné de la puissante choriste Adrina Turenne de Saint-Boniface. C’était définitivement un ajout gagnant à une formule qui avait déjà fait ses preuves lors du dernier Festival d’été de Québec. Le trio, visiblement relaxe et content d’être sur la scène, a continuellement interagi avec le public, créant ainsi une ambiance chaleureuse et décontractée qui s’apparente à celle qu’on retrouve dans un endroit comme le Pub Limoilou.
Il n’a pas fallu beaucoup de temps avant que le blues-rock crasseux se déchaîne et que le talent de Rogers impressionne. Derrière la batterie, sa Telecaster modifiée et battue par la route produisait des riffs organiques et un son grave, sale et humide qui se mariait parfaitement avec le groove du chanteur. Dans le timbre qui faisait écho à celui de Stevie Ray Vaugn, Hall a tout donné et a montré ce dont il était capable sur la chanson Too Late Virginia, tirée de l’album Checkered Past (2012). L’excellente pièce Don’t Make ’em Like They Used too qu’on retrouve sur le dernier album A Real Fine Mess (2014), a été un des moments clés du spectacle. Plainte contre tout ce qui se fait rapidement, mais se détruit tout aussi rapidement. Nostalgie d’un temps plus lent, plus vrai. La douleur du vide.
«They got the body but they got no soul,
They got tracks goin’ solid gold,
Oh well…
They just don’t make ‘em like they used to»