Lors de la dernière visite de Mara Tremblay à Québec, la salle Octave Crémazie m’avait semblé un peu froide pour accueillir autant de chaleur humaine. Ça avait été un bon spectacle, mais j’étais fort heureux de pouvoir renouer avec sa musique dans une salle plus intime. Vendredi soir, en rentrant au Cercle, petite déception en constatant qu’on avait placé des chaises devant la scène. C’est toujours une surprise pour moi d’écouter Mara assis puisque pour chaque chanson comme Douce Lueur, il y a une chanson pas mal plus rock et dansante comme Tout nue avec toi ou Toutes les chances.
Qu’à cela ne tienne, nous avons pris place pour écouter quelques ballades folk de Maude Audet. Si les premières notes ont réussi à capter l’attention des spectateurs assis au Cercle, c’est avec sa magnifique guitare électrique Gretsh qu’elle a interprété les pièces les plus convaincantes de son nouvel album Nous sommes le feu. Si elle regrettait l’absence de ses musiciens, elle a tout de même su imposer le silence et remplir sa mission à merveille. Son univers sied bien à celui de Mara Tremblay.
Mara s’est présentée sur scène avec son fils Victor Tremblay-Desrosiers et son amoureux Sunny Duval. Dès les premières notes de Lumières et diamants le spectateur aguerri a compris qu’il découvrirait des chansons ré-imaginées. La basse était plus fuzzée, la guitare plus tranchante et la section rythmique (un hybride de batterie et de « drum machine » ) plus inventive. Après avoir enchainé quelques chansons, Mara nous a présenté son groupe avec toute sa candeur et sa joie habituelle. Avant de jouer la merveilleuse La Chinoisse, elle a mentionné que l’album dont cette pièce est issue (Papillons) fêtait cette année son quinzième anniversaire. Le début du spectacle s’est poursuivi alors que le trio a pigé principalement dans le répertoire des deux derniers albums, servant des versions particulièrement inventives de Sans toi (chanson écrite par son garçon) et Tu n’es pas libre. Puis, chose rare au Cercle, Mara a quitté la scène pour un entracte après une magnifique version solo de la pièce au violon Le Voyage. Je ne suis pas convaincu que ce choix a bien servi le spectacle. Le Cercle, une place qui semble favoriser le bavardage, a semblé perdre un peu de sa concentration et malgré une deuxième moitié de spectacle plus musclée et voyageant davantage dans sa riche discographie, j’ai eu l’impression qu’une (petite) partie de la foule avait plus envie de discuter que de se laisser transporter.
Mara a tout de même poursuivi dans la bonne humeur, livrant des versions tantôt salies volontairement, tantôt un peu brouillonnes de succès tels Elvis, Les Bois d’amours, Le teint de Linda ou Le Printemps des Amants. Cette formule trio en est encore à ses balbutiements, alors on comprend et on se laisse charmer par les petites imperfections de ce trio parfait. Mara a aussi abandonné son ingrate guitare-piano sur Aurait-il plu? livrant ainsi une version pas mal bonifiée. Malheureusement, un spectateur qui se croyait seul dans le Cercle a fini par faire perdre patience à Sunny Duval (avec raison!), jetant un timide malaise à la fin de cette généreuse deuxième partie. Le trio est tout de même revenu faire 3 chansons en rappel dont la rare J’aime Ton Bordel écrite alors que son talentueux fiston était encore bambin. Ils ont ensuite terminé la soirée en beauté avec Les aurores chantée à l’unisson avec la foule.
La foule du Cercle aura donc été fidèle à sa réputation d’enfant bavard alors que Mara aura elle été encore cette fille imperturbable qui jouera pour la majorité silencieuse… et charmée.