Quelque part dans la nuit entre le 29 février et le 1er mars, sorti de nulle part, le spectre des Goules s’est rematérialisé laissant ses disciples dans une émotion trouble mixant stupeur et excitation. Les Goules seront restés dans le coma pendant 9 ans (avec quelques soubresauts d’éveil pour de rares concerts anniversaires), période pendant laquelle son chanteur Keith Kouna s’est lancé dans une aventure solo remarquée. Ils avaient d’ailleurs prétendu ne pas vouloir surfer sur la nostalgie plus longtemps; un futur retour des Goules s’accompagnerait de nouveau matériel. (voir à ce sujet l’excellente entrevue avec Keith Kouna parue en mai 2015 sur voir.ca)
Nous y sommes: il y aura de nouveaux spectacles et du nouveau matériel. L’excellente nouvelle, il va sans dire, c’est que ce nouveau matériel est ancré dans l’ADN des Goules et les chansons sont d’une redoutable efficacité. C’est parfois irrévérencieux; Folk, ce pastiche Kaïn-ish en est l’exemple le plus probant, mais il y a aussi Parle Parle et Fermez vos gueules. Puis, d’autres pièces inquiétantes comme Coma, une des pièces les plus lourdes du catalogue des Goules, ou Bateau Mort. On retrouve bien sûr ces petits brûlots typiques de l’univers des Goules, Piranhas et Coat de Cuir, portraits de types tourmentés amalgamés en une critique sociale. Régimes, un autre sommet sur l’album, propose une habile corrélation entre les régimes alimentaires et politiques. Efficace. Que dire de Bouddha, étrange fable érotico-biblique où le personnage visualise un Bouddha qui traine avec des pornstars, le tout sur une mélodie punk et luxuriante. Finalement on retrouve 2 pièces, Blanc Boeuf et Bergerie (cette dernière semble née de l’union entre Paradis et Napalm, deux pièces du disque de Kouna Du plaisir et des bombes), qui auraient sans doute pu trouver leur place sur un album solo de ce dernier puisqu’elles se rapprochent davantage de l’univers (légèrement, il faut relativiser!) plus propre de ce dernier. Tout ça forme un tout cohérent et extrêmement efficace. Les vers d’oreille sont nombreux et vont assurément peupler l’imaginaire de votre cerveau de mélomane. Mention spéciale aussi à la superbe et inquiétante pochette de Pierre Bouchard.
Les Goules supporteront ce nouveau matériel lors d’une tournée de spectacles qui s’arrêtera entre autres au Cercle à Québec le 29 avril et à la taverne de Saint-Casimir le lendemain.