La brique et le fanal : Radiohead – « A Moon Shaped Pool »

Par Macduff – collaboration spéciale

[NDLR : Notre nouveau collaborateur, Macduff, est un auteur-compositeur-interprète chevronné de Québec. Pour son premier texte, il a choisi de s’attaquer à une vache sacrée de la scène rock mondiale : Radiohead. De quoi vous faire jaser un brin pendant votre brunch!]

Quand les deux oreilles ne s’entendent pas

La brique Le fanal
A MOON SHAPED POO A MOON SHAPED POOL
Belle galette livrée par nos génies mondiaux en titre du prog pop, et par les trois autres membres de Radiohead.  À en croire les critiques, c’est objectivement leur meilleur à date depuis le dernier qui est aussi le meilleur mais bon, c’est pas de gagner qui compte souvenons-nous en.

Pour ma part j’inviterais bien Thom à prendre un verre, surtout durant la pièce Present Tense, pour qu’il chillax un peu. Tu n’es pas seul Thom à vivre ces moments difficiles, on les vit avec toi. À chaque fois que ton band héroïque nous pond un groove solide (latin!) tu arrives pour nous rappeler que tu es triste. T’es comme le gars qui braille devant les étoiles parce qu’elles te font penser aux points de beauté à ta blonde. Reviens-en tsé.

Je connais plein de gens qui chanteraient volontiers  pour des musiciens comme ceux que t’as, pis j’suis certain que Phil Selway y serait content de troquer ton miaulage contre une couple de fills de drums non-séquencés.

Aussi essaie pas de m’avoir avec la consigne planétaire qu’il faut écouter A Moon Shaped Poo 15 fois avant de comprendre quelque chose, j’suis déjà chaud pis sur le bord de tuer mon chien. Il t’imite vraiment trop bien.

Alors le consensus est atteint, Radiohead est au sommet de son art et nous sommes tous émus. Mais j’irais plus loin. À la manière d’une analogie sportive, si Nickelback représente le Canada au soccer, Radiohead sont le Brésil, les meilleurs de tous, même quand ils ne le sont pas, parce qu’ils sont les plus beaux à voir et entendre jouer.

Merci à Radiohead de nous rappeler durant une ou deux semaines comment ils sont au-dessus de tous, intouchables. À savoir si nous devrions tout de même essayer de digérer les autres parutions misérables ou ben les laisser faire seuls le gros du travail. Ils sont en satellite, un téléscope qui scrute les confins de l’univers musical. Et nous les autres, nous sommes pris dans le traffic d’Henri-IV.

Au-delà des contributions orchestrales de Johnny Greenwood et la signature vocale impénétrable de Thom Yorke, largement commentés, il serait temps de souligner l’apport des autres. Nigel Godrich en premier lieu, lui qui par sa production transforme des pièces autrement pastiches en visions du futur. Mention spéciale à Colin Greenwood qui se cache à travers l’album avec des lignes de basse foutrement funky, jouant avec frénésie presque, et qui équilibre à lui seul les lignes mélancoliques des acteurs principaux.