[ENTREVUE] RATON LOVER

 

Raton Lover_Knock Out-1Mardi passé au Knock-Out rue Saint-Joseph, le groupe Raton Lover a lancé son 45 tours sur lequel on peut entendre le single Frencher des Françaises qui tourne régulièrement sur les ondes des radios québécoises. Une trentaine de personnes ont assisté à la prestation
mini-rock,
très bien rodée soit-dit en passant, dans une ambiance intime et décontractée. À l’aube de leur départ pour une longue tournée estivale, les membres du groupe; Simon Lachance (voix, guitare et batterie), Simon Guénard (guitare), Eric Blanchard (guitare et lap steel guitare), Frédérick Desroches (claviers et batterie) et Martin Plante (voix et basse) m’ont accordé un entretien pendant lequel nous avons parlé de leur deuxième album en préparation, de leur participation au Festival Pause Guitare d’Albi en France et des spectacles à venir.

Un deuxième album teinté de grands espaces

Trois années s’écouleront entre le premier album homonyme paru au mois de septembre 2014 et celui que le groupe espère faire paraître en 2017. Juste assez de temps pour que les Ratons acquièrent une solide expérience en tant que musiciens de scène grâce aux nombreux concerts qu’ils ont donnés: « Plus on fait des shows, plus on est prêt en studio, plus on trippe et plus on peut aller loin dans les chansons », raconte Simon L. « Vu que le band a eu la chance de jouer beaucoup pendant ces dernières années, c’est sûr que lorsqu’on rentre en studio la pâte pogne plus vite, comme on dit ». Les trois dernières années auront donc servi à donner aux membres du groupe les outils nécessaires pour façonner une deuxième oeuvre qui se démarquera sans doute de la première. Mais à quel point?
Raton Lover_Knock Out-2alisé par Dany Placard au studio Wild qui se situe au milieu d’un paysage boréal spectaculaire, l’album qui verra le jour l’année prochaine sera définitivement teinté de grands espaces : « On a de grandes salles où l’on place des micros de manière à ce qu’on entende la salle résonner. C’est une chose qu’on ne faisait pas beaucoup sur le premier album qui est un peu moins large au niveau du spectre sonore », raconte Simon L. Parallèlement au son plus étoffé que le groupe a réussi à créer, le deuxième album sera plus uniforme que le premier : « Sur le premier album, il y avait des tounes dark pis il y avait des tounes de lumière. L’album était noir et blanc. C’était ça le concept, c’était ça l’effet qu’on cherchait à produire. Là, pour le deuxième, on voulait que les chansons aient une partie des deux à l’intérieur des textes et des mélodies », explique Simon L. Selon lui, les nouvelles chansons portent des nuances qui laissent l’auditeur choisir le chemin entre le côté obscur ou le côté lumineux de la Force. Par ailleurs, c’est l’écriture peaufinée et plus assumée de Simon L qui délimite la frontière entre le passé et le présent.  Ainsi, selon Éric, l’ensemble des chansons se rapproche davantage de la plume du chanteur : « Simon a vraiment beaucoup travaillé ses textes. Je dis pas que ses textes étaient pas bons avant, mais là je les trouve plus matures. (Dany) Placard l’a beaucoup épaulé dans le processus ». Simon G ajoute que les mélodies à paraître sur le deuxième album mettront en lumière les textes de Simon L qui a réussi à trouver une façon de dire les choses franchement sans toutefois tomber dans le mélodrame. Dans le même ordre d’idée, les membres du groupe qui se connaissent depuis longtemps, partagent les histoires racontées dans les chansons, ce qui a pour effet de créer un sens commun du vécu : « Les textes, c’est des affaires qu’on a vécu ensemble. Fait que quand tu les joues, tu vis plus ce qui se passe », dit Éric. L’unicité au sein du groupe n’est pas à remettre en question et a son rôle à jouer dans l’aboutissement d’un deuxième album plus homogène. Il faut cependant souligner que chaque membre possède différentes forces créatrices et que chacun a trouvé la place qui lui revient:     « On est plus conscient de notre rôle, les arrangements sont plus épurés et laisse plus transparaître la personnalité de chacun », affirme Simon G. 

L’autre bord de la flaque

Le 7 et 8 juillet prochain, Raton Lover participera au Festival Pause Guitare d’Albi Raton Lover_Knock Out-8en France. D’ailleurs, Elton John, Louise Attaque, Joan Baez, La Bronze et Michel Fugain compteront parmi les têtes d’affiche. C’est donc une opportunité rêvée pour le groupe de Québec qui tentera de conquérir le territoire français avec son Rock bien à lui. Comment ces petits carnivores masqués ont-ils réussi à faire leur place dans un festival de cette ampleur? « On a eu la chance de se produire dans un showcase en Ontario devant des acheteurs de l’Ouest canadien et de l’Ontario surtout. Il y avait des gens de l’international aussi pour faire du repérage. On a croisé un monsieur super sympathique du nom d’Alain Navarro qui a bien kiffé ce qu’on faisait. C’est cette rencontre-là qui nous a menés au festival », explique Simon L. Les musiciens auront également la chance de montrer ce qu’ils ont dans le ventre à certains diffuseurs sur place, multipliant ainsi leur chance de se faire connaître du public franco-européen.

Authenticité, simplicité et réciprocité

Le groupe passera une bonne partie de l’été en tournée dans l’est du pays. Reconnu comme éRaton Lover_Knock Out-5tant un Jam band qui brasse sur scène, Raton Lover livre la marchandise. « On a mis en ligne une vidéo qu’on a enregistrée l’hiver dernier au District Saint-Joseph dans le cadre des apéros du FEQ. Elle a été réalisée par Sébastien Corriveau qui a fait notre vidéoclip Tant pis. C’est un condensé de trois minutes de ce à quoi les gens peuvent s’attendre de nous », témoigne Martin «Anton» Plante. De plus, puisant dans les racines des années 60 et 70,  leur musique peut rejoindre un large public et c’est pourquoi qu’il n’est pas rare de voir de jeunes enfants accompagnés de leurs grands-parents parmi les spectateurs. C’est toutefois Frédérick qui résume bien la vibe qui transparaît en concert:    « J’aurais comme trois mots, peut-être un peu cheezy, pour définir nos spectacles. Il y a quand même une espèce d’authenticité, de simplicité et de réciprocité ». C’est-à-dire que les musiciens ne sont pas des personnages ; what you see is what you get. De plus,  ils restent très accessibles et sont toujours heureux de rencontrer les gens après les spectacles. Entre eux, ils s’écoutent et s’assurent que tous les membres du groupe soient biens et en mesure de communiquer à la foule leur plaisir à jouer ensemble. 

Tout semble débouler à une vitesse ébouriffante pour Raton Lover qui somme toute, garde les pieds sur terre devant son ascension dans l’industrie musicale du Québec. Dans ce contexte, il peut être difficile de ne pas nourrir les attentes vis-à-vis leur avenir, mais les gars partagent une manière de penser qui les cimente dans l’instant présent: « Il y a une chose importante avant tout; il faut profiter du moment qui est en avant de nous. On peut jamais savoir ce qui va arriver. C’est pour ça que dans le fond, ma philosophie que j’ai toujours appliquée, c’est qu’il ne faut jamais s’attendre à rien, parce qu’on ne sait jamais ce qui va arriver », témoigne Frédérick, qui selon les autres membres du groupe, est l’auteur derrière leur  leitmotiv Je m’attends à rien, comme ça j’ai toute!    «On est extrêmement chanceux de pouvoir faire ça. Il faut s’en rendre compte. Donc, quand même qu’il y a quelque chose qui fonctionne pas, il faut pas oublier qu’à la base on ne fait pas de chirurgie, on est quand même dans le divertissement ».

 

 

Raton Lover_Knock Out-4De vrais amateurs de musique, les sympathiques membres de Raton Lover se sont livrés au traditionnel questionnaire musical. Nous avons beaucoup ri.

Questionnaire musical

Quels sont vos deux albums classiques?

Éric Blanchard: Moi je les ai mes deux! Sky Blue Sky de Wilco et Acadie de Daniel Lanois.

Simon Guénard: Moi ce serait Electric Lady Land, la trilogie de Jimi Hendrix. Quel autre… Je sais pas, je vais y réfléchir.

Frédérick Déroches: C’est trop flou dans ma tête. Osti! C’est trop compliqué comme question! Je suis tellement éparpillé que j’ai pas d’album précis. Je passe d’un style à un autre. Pour moi, ça reste de la musique…

Simon Guénard: … DARK SIDE!

Tout le monde: AH! SHIT! OUIN!

Martin Plante: Depuis que je suis jeune, j’y reviens tout le temps; Blood Sugar Sex Magic des Red Hot Chili Peppers. Ça été une révélation! Sinon, toute l’oeuvre de Kenny G m’a beaucoup influencé. Mais sans blague, je suis déchiré entre Dark Side of the Moon de Pink Floyd et Abbey Road des Beatles. Les lignes de basse sont simples mais tellement efficaces.

Simon Lachance: Pour les grands classiques, je vais surement donner les mêmes réponses que les gars. Je vais dire plutôt les albums que j’ai beaucoup écoutés dans la dernière année qui ne sont pas nécessairement « mes classiques ». J’ai vraiment pogné un fix dernièrement sur l’album Pink Moon de Nick Drake. Mais plus proche de nous, l’album qu’on a beaucoup écouté dans la Van est The End of That de Plants and Animals.

 

Qu’est-ce que vous écoutez lorsque vous êtes sur la route?

MP: Sur la route, sincèrement, c’est souvent The War on Drugs qui joue.

VV: Quel album?

SL: Lost in the Dream.

EB: Sinon, le dernier album des Sheepdogs on l’a écouté quand même pas mal. Wilco.

MP: Wilco, on y revient toujours.

SL: Ryan Adams, Heartbraker. Je dirais en passant que c’est le fun que ton média soit écrit parce que les gens vont vraiment comprendre Ryan Adams et non Brian Adams!

MP: On a déjà écouté du Brian Adams sur la route, mais c’était la vidéo où il crie 24 fois «YEAH» en une minute!

SL: Il y a des albums qu’on ne peut pas passer sous silence. Soit Songs from the Big Pink ou The Band de The Band.

 

Qu’est-ce que vous écoutez quand vous êtes « in the mood for love » ?

EB: Moi, j’écoute les grenouilles.

VV: Ok. C’est cool… Me niaises-tu?

EB: Ah non, je niaise pas! J’écoute les grenouilles sur le bord du lac. Chez nous, à la maison, on entend des grenouilles.

VV: Ok, fait que le son des grenouilles,  ça te met dedans!

EB: Oui, ça me met dedans, c’est le cas de le dire… Pis après on se prend chacun une cigarette Popaye.

SL: J’y réfléchis… Il y a une toune sur Lost in the Dream de The War on Drugs dont je me suis promis que j’allais tester. Mais c’est pas encore faite… Mais c’est sûr que Barry White est un incontournable.

FD: Ah je mets pas de musique. C’est mieux! Ça fait trop marcher mon cerveau. La musique c’est plus comme des mathématiques dans ma tête.

MP: Let’s get it on de Marvin Gaye. En fait, pas mal d’affaires de Marvin Gaye. Pis I Love You Honeybear de Father John Misty.

 

Qu’est-ce que vous écoutez pour vous mettre « in the mood to rock »?

SL: En fait, on fait du Yoga Rock. Rick, notre entraîneur chef, nous fait faire la drill du Rock. Des fois, on répète les tounes, mais en chantant juste nos parties.

 

Quelle chanson aimeriez-vous qu’on joue à vos funérailles?

EB: Moi, ma chanson d’enterrement c’est The Maker de Daniel Lanois. Ça reflète ma spiritualité.

FD: Je pense que je vais écrire ma toune.

SL: Je dirais une chanson de Nick Drake.

MP: Le temps qu’il nous reste de Serge Reggiani. Ça laisse un beau message pour ceux qui sont vivants. 

 

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