J’ai marché je ne sais plus combien de pas mes souliers ont marché ce samedi, mais je sais qu’en lettres, la réponse s’écrit « beaucoup ». Si, sur papier, la journée du samedi semblait la moins attirante, elle aura quand même apporté son lot d’émotions. Je vous raconte ça.
À mon arrivée, je me suis dirigé vers les scènes secondaires. Charlotte Cardin avait déjà commencé à s’exécuter. La jeune femme a dû se faire quelques nouveaux fans avec ses chansons pop tirant sur le R n’ B. La voix de Charlotte me rappelle celle de Sabrina Halde, de Groenland, mais au lieu de chanter des chansons lumineuses, elle préfère y aller avec le spleen. Ça commence un après-midi mollo, mettons.
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C’est sur la scène des arbres que j’ai fait ma première découverte de la journée. Noé, une jeune femme originaire de France qui propose une pop un brin tribale, remplie de rythme, qui donne le goût de danser. D’ailleurs, le parterre ne s’est pas fait prier pour s’exécuter! Bien hâte d’entendre la suite.
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Je rencontre Marc-André Mongrain de Sors-tu. On jase.
Je me suis ensuite dirigé vers les grandes scènes. Pas question que je rate mon trip à trois avec Peter Dreimanis et Leah Fey, de July Talk. Un de mes gros coups de coeur de mon FEQ 2014 (prestation endiablée dans un Cercle transformé en sauna), un des gros coups de coeur des festivaliers du FEQ 2016 (ils ont presque volé le show à Red Hot Chili Peppers). En quelques instants, le groupe met les festivaliers dans leur petite poche d’en arrière avec leur indie rock solide, mais surtout avec leur superbe présence scénique (on se joue dans les cheveux, on se crache de l’eau au visage, on passe une chanson au complet sur la rampe de sécurité). On pourra les voir à l’Impérial Bell le 1er novembre. Ils vont mettre le feu à la place. Vous pouvez être certains que je vais être en avant.
Je prends une petite pause pendant Daughter. Surtout, je me cherche un bon spot pour écouter les Barr Brothers, qui suivent. Oh! Joe est là, ça va swinger! En effet, on a eu droit à 45 minutes de matériel solide, dont chansons très récentes vers la fin de la prestation. Rien de mémorable, juste du bon rock avec quelques touches de tout ce que vous voulez proposé par des virtuoses. Ça a fait du bien à mes oreilles, même si certains se sont montrés déçus.
Kurt Vile and the Violators suit. Il s’installe avec l’air nonchalant qu’on lui connaît et se lance. Du folk-rock solide, bien appuyé, aux mélodies sympathiques. Dans le genre, je lui préfère son ancien comparse de The War on Drugs, Adam Granduciel, mais je peux aisément comprendre pourquoi Vile a son lot de fans finis. D’une redoutable efficacité.
J’ai boudé The Arcs pour prendre une pause bien méritée. Faut bien boire et manger! Surtout qu’on retourne de l’autre côté de l’enceinte pour la soirée!
J’arrive juste à temps pour Best Coast. La formation surf-rock californienne a proposé un rock and roll trois accords délicieux, question de rappeler aux mélomanes qu’une bonne mélodie n’a pas besoin d’être étouffée par un mur de synthétiseurs. Malgré ses allures de rock star, Bethany Cosentino semble s’amuser follement devant une masse de fans ragaillardis par l’énergie du band.
Pendant quelques instants, j’hésite : Busty and the Bass ou Coeur de pirate? J’ai déjà mon jump shot du chanteur de la formation montréalaise, j’opte donc pour la belle Béatrice.
Je me suis tenu loin d’elle ces derniers mois parce que mes dernières expériences avaient été des plus désagréables (pas ta faute, Béatrice, pas ta faute), mais ici, dans un contexte festivalier où la grande majorité des personnes présentes ne la connaissaient pas, j’avais une chance de me concentrer sur le show plutôt que sur les douches autour de moi. D’ailleurs, Béatrice était parfaitement consciente de l’endroit où elle était et c’est sur ses mélodies les plus entraînantes qu’elle lance un programme sur mesure pour le festival. Les chorégraphies de Nico Archambault ont beaucoup aidé CdP sur le plan de la présence scénique, mais l’assurance n’y est pas toujours et certains gestes semblent parfois mécaniques. Ce n’est pas grave, on la sent beaucoup plus libre qu’auparavant, quand elle se cantonnait derrière son piano, et c’est une bonne chose. Prestation convaincante qui a réussi à faire de votre pas très humble serviteur un fan. Pas fini, mais un fan pareil. J’ai sifflé Oublie-moi tout le long dans le métro à mon retour (ça permettait de contraster avec les dudes et les bros qui chantaient Would you be my Girl). C’est tout dire.
Ensuite, on invite tout le monde déjà sur place à la scène verte d’entrer dans le VIP. J’aurais peut-être dû y aller, parce que The Last Shadow Puppets ne voulait pas de photographes dans la fosse. J’aurais tellement eu les meilleures photos! Pas grave. Quel plaisir j’ai eu de voir Alex Turner (Arctic Monkeys que je n’ai jamais vu, en passant) dans son projet « passe-temps » entrer sur scène en chantant… Les cactus de Jacques Dutronc. Dans un français impeccable. Avec un accent vachement sexy. Et une dégaine de vraie de vraie rock star. Et des cordes. Une quatuor à cordes complet! I shit you not! Turner et ses comparses s’amusent vraiment dans ce projet qui ressemble à une grosse caricature du britpop des 20 dernières années (hey, les cordes, ça fait tellement The Verve). Mais alors qu’on pourrait trouver ça un peu trop cheezy, c’est plutôt le contraire qui se produit : on en prendrait encore et encore! Gros pouce en l’air pour l’excellente reprise d’Is That What You Wanted de Leonard Cohen. Si on n’est pas capables d’avoir les singes à Québec, TLSP serait parfait pour le Parc de la francophonie. Quelqu’un a le numéro de Louis Bellavance?
Aurora s’exécutait ensuite sur la scène des arbres. Pop beaucoup plus entraînante que je ne le croyais, avec une touche très tribale (certains diront celtique). La jeune Norvégienne a impressionné!
Bon, restait Future. Mais j’étais ben trop occupé à essayer de prendre des photos des feux d’artifice pour me concentrer sur le show. C’est aussi ça, Osheaga.
Bon ben… deux jours, zéro selfie.
Apothéose ce soir avec Radiohead. On se revoit sur les réseaux sociaux.