I’m way too old for that shit.
Ce sont des mots que je me suis dit souvent en me demandant si j’assistais ou non cette année à la onzième édition d’Osheaga à Montréal. Le soleil intense, les jeunes post-ados qui font la fête, les longues marches d’une scène à l’autre, les foules compactes, ça passe encore à petite échelle, dans des festivals à dimension humaine. Mais je me disais qu’un méga-festival comme Osheaga, ça serait trop pour moi.
Je me suis trompé sur toute la ligne. Les organisateurs y avaient pensé. Si vous avez quelques dollars de plus à investir (avec la programmation de cette année, le jeu en valait la chandelle), les passes OR vous permettent un certain confort près des grandes scènes. Non, on n’est pas collés sur les artistes, mais il y a de l’espace, le son est bon, la vue est plutôt dégagée et les gens qui sont massés dans cette section ont payé assez cher qu’ils écoutent le spectacle. Bien sûr, il faut endurer les VIP qui sont en mode relations publiques, mais c’est un moindre mal. En tout cas, l’expérience est pas mal plus intéressante. Les détenteurs de passe PLATINE, de leur côté, on accès à de petits enclos collés sur les scènes, mais bon, faut être un brin maniaque pour payer aussi cher, à mon avis.
La nouvelle configuration de la scène de la vallée et de la scène verte, l’une face à l’autre, avait quelque chose de réjouissant, surtout pour quelqu’un comme moi qui aimait bien passer son temps près des scènes secondaires. Malgré quelques problèmes de son si on n’était pas directement en face de la scène, j’ai aussi beaucoup apprécié la scène des arbres, ombragée, qui offrait de belles découvertes aux flâneurs.
Partout, on avait aménagé des oeuvres d’art où les festivaliers adoraient se prendre en photo. Même les endroits aménagés par les commanditaires avaient un volet participatif! On a bien aimé regarder les petits planchistes sur la rampe aménagée par VANS ou regarder DJ Karim Ouellet, arborant fièrement un t-shirt sur lequel Jean-Pierre Ferland apparaissait, glorieux, spinner des records dans la serre Perrier (la Perrier Greenhouse – soupir). À l’ombre, on a aménagé de nombreux endroits où se reposer et se rafraîchir tranquillement avant de repartir se masser dans des foules de plus en plus compactes.
Avec plus de 135 000 entrées, on peut dire que les organisateurs du festival étaient fiers. Le festival se produisait à guichets fermés pour la cinquième année consécutive, la bière coulait à flots, les produits dérivés partaient comme de petits pains chauds (ou de petites slush glacées) et on comptait des gens venant de 47 pays sur place!
Faut dire que cette année, les organisateurs ont réussi à mettre la main sur le Graal festivalier : Radiohead. Le mythique groupe anglais, qui n’a aucun égal à l’heure actuelle sur la planète, attire les foules partout où il passe et il donne souvent ses meilleurs spectacles devant des dizaines et des dizaines de milliers de personnes. Sur ce plan, c’est réussi, le concert de dimanche était mémorable. En fait, on va se rappeler longtemps de ce dimanche parce que tous les artistes ont vraiment été excellents. On pense aux Strumbellas, qui ont charmé une foule beaucoup trop grande pour la petite scène de la vallée, ou aux Struts qui, sur la même scène, nous ont donné une décharge électrique qui nous a donné le goût de faire la fête toute la journée. On pense également à Grimes qui, malade, a quand même offert une prestation époustouflante que je n’aurais jamais pu envisager donner moi-même, même si j’avais été au sommet de ma forme. Ou à M83 et son programme tout simplement jouissif. Fallait se promener dans la foule quelques instants et regarder tout le monde danser comme s’il n’y avait pas de lendemain pour comprendre à quel point il y avait du bonheur dans l’air!
Sur papier, la journée de samedi semblait la moins intéressante, mais les sceptiques auront été confondus un par un. Tout d’abord, paraît que Lana Del Rey a assuré comme tête d’affiche. Tant mieux pour elle. En même temps, July Talk, The Barr Brothers et Kurt Vile ont montré pourquoi tout le monde les considérait comme une valeur sûre. Surtout, The Last Shadow Puppets a mis le feu à la scène verte tout de suite après que Coeur de Pirate ait présenté un numéro digne d’un festival de musique d’envergure.
C’est finalement le vendredi qui aura été, pour moi, la journée la moins intéressante. Faut dire que je me suis forcé à aller voir des groupes qui me laissaient plutôt froid. J’aurais dû choisir d’autres options, il n’en manquait pas. J’ai quand même eu un gros coup de coeur pour Elle King et Silversun Pickups, Wolf Parade m’a bien diverti et Cypress Hill, ben c’est Cypress Hill : du gros fun pas compliqué.
En somme, personne n’est trop vieux pour Osheaga. On peut profiter du festival comme on le désire. Y aller à fond ou se la couler douce dans les sections les plus chères (si le portefeuille le permet, bien sûr). Faire la fête ou écouter sagement de la musique. Faire du air guitar avec des groupes de glam-rock pas originaux pour deux sous mais divertissants comme pas un ou danser sa vie sur des beats endiablés. On peut y aller seul ou en groupe.
Même si je préfère les expériences un peu plus humaines, force est de constater qu’Osheaga fait tout pour plaire à une grande diversité de festivaliers. Le festival y parvient de mieux en mieux en tenant compte des leçons tirées des éditions précédentes. Pour ces raisons, mais surtout, pour la musique, qui est l’essence même d’un festival musical, Osheaga mérite un gros pouce en l’air.
Reste à voir où on va tenir le festival l’an prochain pendant qu’on termine le réaménagement du site, qui devrait pouvoir accueillir un gros 20 000 personnes de plus en 2018. Vous savez quoi? Je ne suis pas inquiet.
Mon moment fort : Radiohead, sans aucune espèce d’hésitation. Deux heures trente d’émotions pures, de communion à 45 000. Même si personnellement, j’aurais préféré Street Spirit (Fade Out), qui était originalement prévue pour terminer le concert, à Creep, il faut avouer que comme finale d’un festival, I’m a creep, I’m a weirdo, What the hell am I doing here, I don’t belong here, c’est efficace en titi.
J’ai baillé : The Lumineers. C’est juste moi. Tout le monde autour chantait à l’unisson avec le groupe, sauf moi. J’aime le folk, mais j’aime pas la pop qui s’en inspire trop, je crois.
Une agréable surprise : The Struts. Zéro originalité, mais on s’en fout. Ces gars-là savent comment divertir une foule et mettre le party dans la place.
Ben moins pire que je pensais : On n’arrête pas d’entendre parler des bros et des dudes. Des jeunes fatigants qui chantent fort, en gang et très faux des chansons idiotes dans le métro tant à l’aller qu’au retour. On s’y fait. Puis avec quelques trucs de pro (que je garde pour moi, hé hé hé), on finit par ne plus les remarquer. Vous pouvez aussi vous procurer une passe OR, ils sont beaucoup plus rares chez les riches!
Bien pire que je pensais : La mode des egoportraits, ça va finir un jour? Je regardais le fil Instagram d’Osheaga et 95 % des photos qu’on y trouvait, c’étaient des selfies. Au moins, on dirait que la mode des selfies dans le VIP, elle, est terminée.
Alors, Osheaga, on y va, ou on n’y va pas? On y va sans hésiter. Et si on en a les moyens, on passe au niveau supérieur, question de profiter à fond du festival. Sinon, on arpente les scènes secondaires, où on fait plein de belles découvertes!
Merci beaucoup à l’organisation d’Osheaga qui a eu la gentillesse de nous accueillir à nouveau cette année. On espère être encore de la partie les 4-5-6 août 2017!