[ENTREVUE] le Pantoum en pleine effervescence: show de la rentrée, saison et projets à venir

«Québec c’est plate.» Vous l’avez déjà entendue aussi, celle-là ? Eh bien, on peut remercier l’entièreté de notre scène locale et émergente, qui nous permet de démentir cette affirmation. Parmi ses différents acteurs, on compte les membres fondateurs du Pantoum, devenu un véritable centre culturel pour les musiciens de la ville et d’ailleurs. Ils nous invitent d’ailleurs ce vendredi à sortir une fois de plus de notre zone de confort pour aller voir un spectacle de la rentrée dont la programmation est entièrement inconnue : ils nous gardent la surprise. À l’occasion de cet évènement, nous sommes allés interroger les deux musiciens à l’origine de cet endroit mystérieusement caché quelque part près du coin de la patate.

Mais qu’est-ce que le Pantoum ?

Jean-Etienne et Jean-Michel DJ set de leur groupe BEAT SEXÜ au Festival OFF Crédit: Marion Desjardins
Jean-Etienne Collin Marcoux et Jean-Michel Letendre Veilleux
DJ set de leur groupe BEAT SEXÜ au Festival OFF
Crédit: Marion Desjardins
le pantoum
Le Pantoum Crédit: Marion Desjardins

Certains me le demanderont. À la base, c’était le projet de deux musiciens qui avaient envie de créer un «espace multifonctionnel doublé d’une communauté et de gens qui travaillent à développer la scène […], le tout recoupé dans un même espace», comme l’explique l’un d’entre eux. Cette idée, Jean-Michel Letendre Veilleux et Jean-Etienne Collin Marcoux (aux ambitions aussi grandes que leurs noms composés) la mènent à bien depuis 2012. Depuis, le Pantoum s’est doté d’une salle de spectacle, de studios de pratique et d’enregistrement, d’un service de sérigraphie ainsi que d’une boîte de diffusion et de production d’évènements relativement récente (Pantoum Records).

«Pendant longtemps le projet de label est resté un peu plus latent, puis finalement on a décidé de grossir notre équipe quand on a commencé à avoir un peu plus de groupes qui étaient vraiment nés du Pantoum, je pense entre autres à BEAT SEXÜ […]. On s’est dit que ça prenait vraiment un organisme de plus qui supporte ces bands-là et c’est là qu’on a décidé de partir la maison de disques, qui devient de plus en plus officielle, de plus en plus sérieuse depuis un an et demi ou deux ans», nous explique Jean-Etienne.

En effet, le Pantoum cherche surtout à répondre aux besoins des musiciens plus ou moins indépendants qu’ils regroupent : «C’est un peu ça l’objectif du Pantoum, ajoute Jean-Etienne. Il y a plein de services ici. Toi t’es un band indépendant, tu prends ce dont tu as besoin dans le pool.» Ils visent donc non seulement à regrouper tous les services qu’un band indépendant à Québec a besoin, mais aussi à personnaliser ces services en fonction du groupe avec lequel ils travaillent : «On n’appuie pas de la même façon des projets comme Le Charme, versus BEAT SEXÜ, versus Gab Paquet », conclut-il. En outre, la collaboration des groupes avec d’autres acteurs (maisons de disques, salles de spectacles, etc.) est favorisée par l’offre non exclusive de services au Pantoum, qui vise surtout à ouvrir les horizons de ces groupes.

Afin de parvenir à ces résultats, le duo est soutenu par une large équipe de bénévoles qui les aident à maintenir les activités du Pantoum ainsi qu’à organiser différents projets et évènements, comme le spectacle de la rentrée de vendredi.

Le show de la rentrée du Pantoum

Hologramme au Pantoum Crédit: Marion Desjardins
Hologramme au Pantoum
Crédit: Marion Desjardins

«Chaque année, on essaie de garder cet aspect-là un peu d’essayer de faire en sorte que les gens viennent et soient prêts en général, dans d’autres salles de spectacle, à débourser pour aller découvrir quelque chose qu’ils ne connaissent pas, m’explique Jean-Michel. J’pense que ça fait partie de notre manière de travailler à l’émancipation de la curiosité chez les gens.»

Cette année, la stratégie est simple : personne ne saura quels groupes ils vont voir jouer. «On leur impose d’avoir du fun, c’est un peu ça l’idée», ajoute Jean-Etienne. Cette idée de surprise plait beaucoup aux organisateurs, qui aiment se permettre des programmations complètement éclectiques. «Cette année, explique Jean-Etienne, il y a quand même une certaine liaison entre les bands. Il y a des trucs qui les unissent, mais ça reste tout de même trois univers complètement différents.»

Mais encore, à quoi peut-on s’attendre ? Selon les deux organisateurs, le spectacle devrait plaire autant aux novices qu’aux plus grands mordus de la scène indépendante. Au sujet de la tête d’affiche, Jean-Etienne nous confie que c’est «quand même un band qui actuellement vit une belle hype à Québec, qui a fait des shows cet été à Québec, et au OFF, et au Show de la Rentrée de l’université.» Ce dernier fera sans doute plaisir à ceux qui le connaissent comme à ceux qui le découvrent.

Le deuxième groupe, qui n’a joué qu’une seule fois à Québec dans un Rock & Pabst l’an passé, toujours selon les dires de Jean-Etienne, est encore très peu connu et constitue une «belle découverte pour la crowd d’ici». Finalement, le premier groupe qui jouera ce soir-là provient directement de la Ville de Québec, mais il est apparemment encore très jeune et donc encore à découvrir. «Tout le monde va trouver son compte dans ce genre de soirée là», conclut Jean-Etienne.

Un aperçu de la saison prochaine

L'Octopus au Pantoum Crédit: Jacques Boivin
L’Octopus au Pantoum
Crédit: Jacques Boivin

Le spectacle de la rentrée amorcera aussi la nouvelle saison du Pantoum, qui est d’une certaine façon en continuité avec les saisons précédentes : «L’esprit de la place, c’est un espace de découvertes, explique Jean-Michel. Ça peut parfois déroger un peu de ça, mais dans l’ensemble le but de l’endroit c’est de faire découvrir des groupes et que cet endroit serve à des groupes qui en ont vraiment besoin.» C’est pourquoi il y aura au menu des groupes comme The Luyas (16 décembre), dont certains éléments sont connus et qui dans l’ensemble méritent de l’être, ainsi que Le Charme, groupe signé Pantoum qui lancera son album le 14 octobre prochain en compagnie de Fuudge.

Parlant de déroger, il ne faut pas manquer de parler de l’attendu lancement d’album de Chocolat, qui aura aussi lieu dans les murs du Pantoum en novembre. Pourquoi faire une exception pour un groupe aussi connu dans le milieu que Chocolat ? «Notre clientèle habituelle, explique Jean-Etienne, c’est quand même le genre qui trippent énormément sur Chocolat. Donc c’est un peu un cadeau qu’on fait à cette gang-là.» Parce que oui, le Pantoum gâte aussi ses spectateurs. «Et en même temps la gang de Chocolat, ce sont des musiciens avec qui on travaille à d’autres moments dans l’année et qui avaient vraiment envie de faire ça ici parce que c’est un projet qui leur tient à cœur et qu’ils ont envie de faire avec des amis plutôt que dans une salle de spectacle lucrative», conclut-il.

Un passage précédent de Walrus au Pantoum Crédit: Marion Desjardins
Un passage précédent de Walrus au Pantoum
Crédit: Marion Desjardins

Autrement, quelques groupes en tournée viennent aussi s’insérer dans la programmation. C’est le cas de Walrus qui, bien qu’ils soient devenus «le genre de band qui n’ont peut-être plus besoin de passer par le Pantoum» aux dires de Jean-Michel, passent par là le 14 octobre et seront donc accueillis par le Pantoum pour une soirée aux côtés de Le Charme et Fuudge.

 

Le Club Paradis : un nouveau projet dans les parages

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De La Reine au Mammifest Crédit: Jacques Boivin

Parmi les derniers évènements dans lesquels le Pantoum s’est investi, on peut compter Open House QC, le Mammifest et le SPOT, pour lequel ils s’occupaient de l’évènementiel. Ces différents projets ont surtout pour but de faire rayonner la scène locale, qui est parfois(souvent) trop méconnue. Cette année encore, le Pantoum travaillera activement dans cette perspective par l’entremise de son partenariat avec le tout nouveau Club Paradis, sur Grande Allée.

«Le Club Paradis c’est pas quelque chose qu’on avait de prévu cette année, explique Jean-Etienne. On s’est fait approcher par Isaac Larose [l’auteur des Catfight Friday au Boudoir], qui est derrière le projet, qui est soutenu aussi par les propriétaires de la Taverne Grande Allée. […] Isaac proposait en fait d’exporter un concept de spectacle du Pantoum, qui est un concept très différent, très indie, dans une place qui est complètement loufoque : Grande Allée. » Attiré par le concept et charmé par l’ambiance intime de la salle, le Pantoum a accepté le projet.

C’est donc une sorte de pèlerinage par lequel le Pantoum cherchera à faire tout autant un «espèce de fuck you poli à Grande Allée» que de créer un «poste avancé de musique underground», qui d’habitude ne sort pas trop des limites de la Basse-ville, tel que l’explique Jean-Etienne.

Le Club Paradis, avec le Pantoum, fait aussi le pari d’aller chercher un nouveau public. «Il y a beaucoup d’enthousiastes de musique à Québec, poursuit Jean-Etienne. Au Festival d’Été, ce ne sont pas seulement des gens de l’extérieur qui consomment les spectacles. C’est principalement des résidents de la ville.» Et pourquoi ne viennent-ils pas en plus grand nombre aux spectacles de la scène locale et émergente ? «Est-ce que c’est parce que la Basse-ville fait peur, se demande Jean-Etienne. Est-ce qu’on est trop dans notre petit monde en Basse-ville ? L’idée c’est donc de créer quelque chose qui va être en Haute-ville, qui se frotte un peu aux trucs plus mainstream et aux trucs plus classiques.»

C’est comme ça qu’ils espèrent aller chercher des gens qui traînent sur Grande Allée et qui, curieux, entreront peut-être au Club Paradis. «Et là au lieu de tomber sur un chansonnier quétaine, ajoute Jean-Etienne, ils vont tomber sur un show de musique underground taggué Pantoum et à ce moment-là nous on espère qu’ils vont tripper sur ce qu’ils vont vivre.» Et si l’on se fie à la réaction des nouveaux visiteurs au Pantoum («Hein, il y a ça à Québec !»), selon le duo, le charme risque d’opérer.

Plus concrètement, le Club Paradis offrira donc, sous l’égide du Pantoum, des «soirées à 12 piastres dans un Club un petit peu perdu où tu vas avoir une espèce d’ambiance de feu», tel que décrit par Jean-Etienne. Ça commence dès demain, ce jeudi, avec IDALG et Funk Connection, et ça se poursuivra à raison d’un spectacle ainsi que quelques DJ sets par mois. C’est ce qu’ils ont décidé d’appeler les soirées Pantoum Paradise. «C’est lefun de pouvoir sortir des murs du Pantoum, conclut Jean-Michel. Il y a beaucoup de choses qui prennent du sérieux et ça commence à être vraiment excitant de manœuvrer ça.»

Pis, c’est tu plate Québec d’après vous ? Je vous mets au défi de le vérifier par vous-même.