C’était déjà la troisième représentation de Philippe Brach au Théâtre Petit Champlain de sa tournée « Portraits de famine », du nom de son deuxième très bon disque en ce samedi soir dernier dans la vieille capitale.
N’ayant pas eu la chance de le voir sur scène jusqu’à maintenant, j’y étais en mode découverte, ce qui n’était visiblement pas le cas des nombreux spectateurs présents, majoritairement jeunes et hyper enthousiastes à son arrivée. J’aime bien quand il n’y a pas de première partie, on attaque vivement d’emblée le plat principal! Ce que fit Brach de belle façon, en entamant en ouverture la magnifique « Né pour être sauvage » qui met superbement sa voix en valeur, un masque lui couvrant le visage. Rapidement enlevé, le Saguenéen arbore un sourire franc, heureux de retrouver le public de Québec.
Très bien entouré d’excellents musiciens soit deux guitaristes, un bassiste et un batteur, le chanteur plonge dans ses deux albums pour nous présenter un spectacle rodé au quart de tour dans un Petit Champlain à la sonorité parfaite et aux éclairages qui enrobent impeccablement les chansons.
Entre celles-ci, Brach se permet le même humour noir et déjanté qui meuble son répertoire des plus variés, au grand plaisir de la foule qui le suit fanatiquement dans son délire. Sautillant et se garrochant d’un bord à l’autre de la scène, il vit intensément ses chansons, même les plus douces. S’étant blessé à la main droite, il n’était pas sensé jouer de la guitare mais il ne put s’en empêcher car il avait enfin reçu sa « Puce », splendide instrument fabriqué par le luthier de Québec, Pierre-Luc Asselin. Et qui dit nouvelle guitare dit également nouvelle chanson, ce qui plut manifestement à l’auditoire. Ce dernier, en grande forme, ne s’est pas fait prier pour chanter fortement en chœur tout le long de la soirée, surtout en deuxième partie et de battre le rythme correctement durant « Bonne journée », chose rarissime, ce que Brach ne manqua pas de souligner.
À seulement 25 ans, avec deux albums en poche, l’artiste impressionne par son immense talent avec ce spectacle. Je ne sais comment se sentaient les gens aux shows de Charlebois à ses débuts dans les années 60 mais pour moi, Philippe Brach est de cette trempe-là, dans l’anticonformisme, dans cette folie et liberté créative. Une belle bibitte rare dont nous serons toutefois en sevrage scénique, du moins à Québec, jusqu’au prochain disque.