Sur papier, la soirée d’hier promettait d’être survoltée, avec deux excellents groupes qui donnent dans l’indie électro pop très bien réalisé. La plupart des ingrédients étaient d’ailleurs au rendez-vous : deux bands d’artistes talentueux, dans un bon mood, qui jouent impeccablement, avec une sonorisation plus qu’adéquate et même des invités surprises pour pimenter le tout. Par contre, la cinquante-soixantaine de personne réunies sur place n’a qu’en quelques rares occasions délaissé sa fâcheuse habitude de discuter de manière assez sonore pendant les concerts, ce qui commence à être un classique au Cercle comme peut l’être une longue et lente file d’attente au Crac sur St-Jean. Quoiqu’il en soit, Floes et Le Couleur n’ont pas grand chose à se reprocher pour la performance d’hier.
C’est Floes qui devait casser la glace et tenter d’animer cette foule un peu tiède avec sa pop électro évolutive bien confectionnée et ultra léchée. La formation composée de Simon Tam (PopLéon), Pier-Phili
C’était quand même une excellente entrée en matière pour le reste de la soirée, quoique moins festive par exemple qu’un certain Anatole, qui avait ouvert pour Le Couleur lors d’une soirée au chic Bistro Plus l’automne dernier.
Après une entracte qui a semblé pratiquement aussi longue que le set précédent, Le Couleur balance les premières notes, plongés dans une obscurité quasi totale, avant que les lumières ne s’allument pour révéler le trio montréalais dans toute sa splendeur, sur fond de Nunca Será, pièce qui ouvre leur récent P.o.P. paru sur Lisbon Lux le 28 octobre dernier. La chanteuse, Laurence Giroux-Do, invite les gens à bouger et à se dégêner, à se rapprocher aussi, pour participer à la grande fête à laquelle ils nous convient. L’invitation à danser était donc lancée verbalement, mais musicalement aussi, avec leur irrésistible électro pop néo-disco dont Starlite, le deuxième single de l’album, est un bon exemple. Après cette pièce énergisante qui n’a pas eu l’effet escompté, une seconde vague de remarques sur la froideur du public est faite par les autres musiciens, qui invitaient l’assistance à arrêter de déconner et à s’y mettre pour vrai, avant d’interpréter la chanson titre à l’aide de leurs choristes invités, Odile Marmet-Rochefort (Men I Trust, De la Reine, Beat Sexü) et Jean-Étienne Collins-Marcoux (Anatole, De la Reine, Beat Sexü) qui entonnaient « naturel stéréo, son naturel stéréo » à répétition. Félix Dyotte fût également invité à joindre le groupe à deux reprises. Le groupe a interprété la vaste majorité des titres de l’excellent nouvel album et a pour l’essentiel délaissé leur matériel précédent.
Même la pièce culte Les vacances de 87 n’a eu droit qu’à un court passage remixé qui, j’ose présumer, n’a pas produit l’effet escompté sur le public, incitant le groupe à ne pas jouer cette pièce qu’ils traînent depuis longtemps et leur donnant envie de poursuivre avec le nouveau matériel, pour lequel la réaction était somme toute correcte de la part du public, qui restait malgré tout trop souvent de marbre.
L’énergie débordante du groupe semble avoir de la difficulté à se transmettre à l’assistance, sauf en de rares moments où le feu semblait vouloir prendre sur la piste, en dehors desquels l’énergie du public était plutôt investie en applaudissements généreux. Félix Dyotte revient pour leur prêter main forte pour l’excellente Discolombo, qui a généré d’autres applaudissements mais peu de pas de danse, tout comme le Copilote puis Underage, qui ont pavé la voie à Son Naturel et au premier extrait très bonbon, L’Amour le Jour, qui est parvenu à faire bouger les gens pas mal plus. À ce stade, le groupe opte pour un classique de Dolce Désir, le EP précédent, la pièce de circonstance Concerto Rock qui, avec son superbe build-up, a gardé les gens dans la fête jusqu’au dance-off proposé par la chanteuse, qui est descendue sur le plancher de danse montrer comment on fait, avant de mettre au défi d’autres membres de l’assistance, avec des résultats mitigés. C’est la pièce Voyage Amoureux qui a enchaîné en guise de clôture de set, avec un moment où la foule était invitée à entonner le refrain en coeur avec le groupe. Le rappel exigé un peu timidement n’est pas offert, et le mot de la fin, de la part du batteur, invite la sono à sauver ses fesses grâce à la musique du DJ. J’aurais voulu entendre les Vacances de 87 pour vrai aussi, ainsi que Club Italien ou Télé-Jeans par exemple, mais ce n’est que partie remise.
Musicalement, la soirée peut être considérée comme une réussite totale, mais pour ce qui est du party, curieusement, c’est moins clair. Alors que j’aurais imaginé un Cercle bondé et suintant qui se déhanche dynamiquement, on a plutôt eu droit à de brefs moments de fête et à des séances de contemplation béate sur fond de disco ou à des discussions sonores sur fond de musique intimiste. Le talent des deux groupes méritait mieux en termes de réponse populaire, mais bon, ce n’était pas dramatique non plus.