On n’avait pas encore eu la chance de vous parler du premier album de Juste Robert intitulé Des Autoportraits et lancé en octobre dernier. Shame on you, Boivin! Shame on you! Profitons donc de son passage au District Saint-Joseph le 30 novembre dernier pour faire d’une pierre, deux coups.
Des autoportraits
Le sculpteur Jean-Robert Drouillard a commencé à gratter la guitare sur le tard. Puis il a commencé à composer des chansons « pour la cuisine ». Sous le nom de plume Juste Robert, le voilà qui nous offre un premier album magnifiquement ciselé qui cadre parfaitement avec l’automne (et le début de l’hiver). Des chansons longuement cogitées, travaillées dans leurs moindres détails, capables de susciter chez l’auditeur toute la gamme des émotions.
Aidé d’une bande de musiciens talentueux et chevronnés et d’un solide duo de réalisateurs (La Police – Hugo Lebel et Jim Dumas), Drouillard interprète ici ses chansons d’une manière qui fait hérisser le poil sur les bras. Sa voix, qui n’est pas sans rappeler celle d’un Michael Stipe (R.E.M.), sa prononciation particulière, ses mélodies poignantes, tout est là pour mettre en valeur des textes qui viennent nous chercher là où ça fait mal.
Sur Fleur, il déclare fougueusement : Tout ce que tu fais est une fleur / Une tempête de neige / Une étoile boréale / Tout ce que tu fais est une chanson / Une chanson de Cohen / Un autre gâteau au citron. Le genre de déclaration d’amour un brin bouleversante. Ma blonde aimerait ça que je compare tout ce qu’elle fait à un gâteau au citron! Je prends des notes, mais bon, ça n’aura jamais la sincérité ni l’urgence de cette chanson.
Juste Robert est un grand sensible, ça paraît, même quand il se permet de rocker sur L’embâcle, qui se passe près de l’Auberivière, là où il y a la vie, où il y a ton coeur, là où il ramasse les débris d’une rivière qui a le motton. Musicalement, difficile encore une fois de ne pas faire de liens avec R.E.M. Le même genre de rock un brin engagé, très intelligent, entraînant, où les guitares électriques sont omniprésentes (ça fait du bien, mettons que ce 2016 n’est pas un grand crû de ce côté).
Les bijoux continuent de se succéder l’un après l’autre. Océan (toute douce), Ça soufflait (qui passe comme un coup de vent), Golden Storm (encore une fois, il réussit à toucher droit au coeur avec des mots simples et une musique entraînante), Qui de nous deux (grand moment de vulnérabilité), Des pissenlits de lumière (le titre est évocateur)…
Ma pièce préférée (et celle de plusieurs), c’est Il pleut des cordes, longue ballade qui s’installe lentement et qui gagne lentement en intensité jusqu’à ce que Drouillard répète en criant Le coeur comme un parc à chien avec des yeux de Labrador. Des yeux de Labrador, ce sont les yeux humides qu’on a écoutant toute la beauté de cette chanson, de son solo de guitare (par Jean-Michel Dumas). Il se dégage une telle puissance dans ce seul morceau, une telle rage qui sort, comme si l’embâcle du début de l’album se libérait ici tout d’un coup!
L’album se termine en douceur, avec une version ralentie de Ça soufflait et la fort jolie Nous sommes ta meute. Une belle façon de ralentir le rythme cardiaque après nous avoir chamboulés!
Un album résolument urbain qui respire toutefois le grand air. Des images fortes, comme celles qu’il crée dans ses sculptures. Des autoportraits est un album magnifique d’un artiste qui sait comment créer toute la gamme des émotions.
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L’apéro FEQ
C’est accompagné de trois musiciens que Juste Robert se présente sur la scène du District Saint-Joseph. Il va commencer fort avec Océan. Le public écoute religieusement pendant que les enfants (y’en avait quelques-uns) ont les yeux ronds! En neuf chansons, presque toutes tirées de Des autoportraits, le grand gaillard a facilement conquis le public et les juges (n’oublions pas que les apéros FEQ sont aussi un concours!) avec son folk-rock aussi sensible que mobilisateur.
Je ne serais pas surpris de voir Juste Robert à la grande finale. Parce qu’il interprète ses chansons comme il les compose et les enregistre : avec coeur et intensité. Et beaucoup de talent.
À bientôt, sculpteur de mots doux!