Je tiens tout d’abord à remercier la Maison de la Culture de Trois-Rivières pour leur générosité en offrant à notre équipe des places de choix dans la salle Anaïs Allard-Rousseau. Nous avons apprécié le spectacle à sa juste valeur et avons profité d’un beau moment en compagnie de Louis-Jean Cormier et sa guitare.
D’emblée, Louis-Jean Cormier nous a souhaité la bienvenue dans les passages secrets de sa nouvelle tournée en solo. « Bienvenue dans les passages secrets, je me sens nu, car vous allez entendre des versions déshabillées » a-t-il mentionné à son public qu’il prend l’habitude de tutoyer. J’ai d’entrée de jeu été charmée puisqu’il nous a tout de suite sourit en toute sincérité en nous spécifiant que la soirée allait être relaxe.
En effet, ce fut un très beau moment d’intimité et de satisfaction que d’entendre des versions plus sensibles et moins éclatées des pièces du dernier album de Louis-Jean Les Grandes Artères. Commençant avec deux succès de son premier album solo Le Treizième Étage, il a livré de manière simple l’Ascenseur et Bull’s eye. C’est à ce moment que je suis devenue émotive, puisque j’ai réalisé la beauté du spectacle auquel j’allais assister. La mise en scène met en évidence le chanteur et sa Godin 5th avenue par un éclairage centré sur lui et des effets spéciaux minimalistes, mais tout autant accrocheurs, qui nous permettent de se laisser emporter dans l’univers musicale de cet artiste singulier.
Ce spectacle qui se veut une genre de transition avec la composition presque «orchestrique» de l’album Les grandes artères semble être un cadeau que l’artiste fait au public autant qu’à lui-même. Un spectacle avec aucune règle et dans lequel on se laisse guider par les moments d’égarement musical du talentueux auteur-compositeur qu’est Louis-Jean Cormier. Durant le succès Si tu reviens la salle s’est mise à chanter à la demande de l’artiste qui a avoué par le fait même « qu’il n’y aura pas de règle ce soir ». Au moment de livrer Faire Semblant, il s’est arrêté pour nous signifier qu’il n’y en avait pas plus pour lui en appuyant simultanément sur sa pédale pour nous offrir un solo blues qui sortait de son style habituel.
Les interventions qu’il nous offre sont poétiques et pleines de sens tout comme ses textes.
« Les passages secrets incitent au voyage, ça donne le goût de partir à l’oblique, ça ramène les valeurs à bonne place ». En ce 2 février 2017, peu après les atrocités survenues à Québec, Louis-Jean a demandé un moment de silence en mémoire des victimes de la tragédie. « Toi aussi tu as les valeurs à la bonne place » a-t-il affirmé pour ramener le public et ensuite enchaîner avec Tête Première où sa voix était mise en valeur plutôt que sa guitare.
Honnêtement, Traverser les travaux n’a jamais été ma pièce préférée, mais cette nouvelle version plus claire et moins lourde musicalement m’a permis de mieux comprendre le sens de la chanson et laisser aller mes émotions durant un instant.
Traitant souvent d’amour, comme dans Jouer des tours, on a l’impression de mieux comprendre cette émotion par les images qu’évoquent ses mots :
«Je peux verser des larmes, dit-elle, sur mes sourires
Faire danser nos verres de vin
Je peux bâtir un refuge pour deux dans ma tête
Quand je m’agrippe à tes mains mon amour».
La simplicité derrière la direction artistique de ce spectacle nous permet de se concentrer sur ces paroles qui, selon moi, décrivent parfaitement ce qu’est l’amour que nous pouvons avoir envers une personne qu’on aime.
Se sentant libre de jouer ce qu’il veut, Louis-Jean a interprété deux chansons de Karkwa, un excellent groupe duquel il a fait parti pendant plusieurs années. Durant Pyromane et Le vrai bonheur, j’ai sentie que Louis-Jean nous avait oublié et qu’il se baladait dans un endroit qui lui manquait. « Ça fait un boute que j’ai les yeux fermés, mais j’ai du
fun ». J’ai personnellement adoré le choix des chansons de Karkwa qui ne sont pas nécessairement les plus connues.
Témoignant de la fierté qu’il a envers son public d’encourager la musique francophone, il poursuit avec sa chanson engagée La fanfare qui me rappelle l’état des rues de Montréal au printemps 2012.
Il a finalement terminé son spectacle accompagné d’une volontaire de la salle à qui il a demandé de monter sur scène simplement pour pouvoir lui chanter sa reprise du succès de Martine Saint-Clair, Ce soir l’amour est dans tes yeux. Cette jeune fille qu’on a toutes enviée durant un instant a surpris le public en poussant de jolies notes qui s’harmonisaient très bien avec la douceur de la chanson.
Il est revenu en rappel avec Le jour où elle m’a dit je pars à la demande du public. Il a fermé le spectacle avec Deux saisons trois quart, une pièce qui donne envie de prendre la route et de retourner chez soi.