Il y a des artistes québécois sur qui on a toujours pu compter. On abordera inévitablement l’album d’un artiste constant, ayant offert trois ou quatre albums solides consécutifs, avec un préjugé favorable. Mara Tremblay fait partie de ce lot, avec à son compteur cinq albums magnifiques qui se distinguent tous les uns des autres. Sa nouvelle parution, intitulée Cassiopée, constitue un pas de plus dans une autre direction. C’est aussi le premier album qui ne porte pas les empreintes d’Olivier Langevin. Cette fois, l’aventure familiale se poursuit de façon encore plus immersive, les deux garçons de Mara apparaissant sur cet album. Son aîné, Victor, était déjà derrière la batterie sur le dernier album et lors de la tournée subséquente. Son cadet, Édouard, apparaît entre autres sur la chanson Entre toi et moi, qu’il chante en duo avec sa mère. Il y a aussi Sunny Duval, qui a accompagné Mara dans les arrangements et la composition de certaines pièces.
L’album commence en terrain connu avec la belle Ton corps au mien, une pièce dans la continuité de ce qu’elle avait proposé sur son album précédent. Ensuite, l’oubliable chanson rock Mon chéri fait place à l’une des belles ballades de l’album : Cette heure au lac Notre-Dame. C’est que Mara Tremblay a toujours excellé dans les pièces flirtant avec le country qui évoquent généralement l’amour dans toute sa splendeur et sa complexité. Cassiopée, la première décharge d’énergie de l’album, semble un peu perdue entre deux ballades. C’est peut-être la mélodie un peu simple qui m’a laissé sur ma faim. Il y a ensuite quelques autres chansons correctes, avant la très punk Carabine dont le changement de rythme surprenant a réussi à repiquer ma curiosité. En dormance est possiblement ma chanson favorite sur l’album, une pièce beaucoup plus inventive avec des sonorités à la fois suaves et lourdes. La fin de l’album bien plus calme est à mon avis plus intéressante. Les pièces rappellent parfois son travail méticuleux sur l’opus Les nouvelles lunes. Des pièces comme Avec le soleil et En attendant dimanche atteignent la cible par leur dépouillement et leur sensibilité. Croissant de lune est une autre réussite de cette deuxième moitié d’album, la basse persistante soutenant une mélodie riche.
Bref, j’aurais vraiment voulu adorer l’album et qu’il soit le meilleur de la cuvée québécoise de 2017, mais après plusieurs écoutes, je dois admettre que malgré la beauté des textes et les arrangements variés, je n’adhère pas au côté plus direct des pièces. Elles perdent parfois en complexité et surtout en originalité. La deuxième partie de l’album, beaucoup plus captivante, augmente l’appréciation générale. La réalisation assurée cette fois par Mara est aussi fort intéressante; assez brute sans toutefois être brouillonne. Elle était sans aucun doute prête à prendre ce flambeau. Il faut aussi mentionner la démarche familiale qui ajoute certainement une aura à la trame narrative de Cassiopée. Sans être un faux pas, cet album restera correct dans une discographie étincelante. Toutes les étoiles d’une constellation ne brillent pas toujours aussi fort. Heureusement, on peut être assuré qu’en concert, ce sera un beau moment, comme toute soirée passée avec cette Artiste.
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