Depuis quelques années, au Québec, il n’est plus rare de voir des artistes faire des albums qui représentent la réalité et la jeunesse. Prenons Dead Obies, Koriass, ou encore Loud Lary Ajust. Mais où était l’album pop représentant la jeunesse joyeuse, colorée et pleine de vie ? C’est Laurence Nerbonne qui nous offre cet hommage à la jeunesse urbaine et vivante avec son premier opus XO (Coyote Records).
Qui est cette artiste si rafraîchissante? Laurence Nerbonne est une auteure-compositrice-interprète, et aussi peintre à ses heures. Elle est issue du groupe Hôtel Morphée, qui a connu un succès en 2014, mais qui n’a su en profiter assez longuement (malheureusement pour nous !). Le groupe annonçait en février 2015 sa séparation sans donner trop de raisons. Heureusement, la chanteuse n’a pas jeté l’éponge et s’est lancée tête première dans un projet solo. Étant auteure, compositrice, musicienne et beat maker à l’occasion, elle a su faire le tout d’une façon presque autonome. Seul Philipe Brault (Hôtel Morphé, Pierre Lapointe, Random Recipe) s’est greffé au projet comme réalisateur. Laurence Nerbonne lui signe d’ailleurs une magnifique dédicace dans les crédits de Montréal XO.
« Merci à Philippe Brault pour tout. Ton appel téléphonique rassurant au moment où j’en avais vraiment besoin m’a donné la force de faire un album complet. Merci pour ton talent et pour notre complicité. »
Remercions collectivement Philippe Brault d’avoir poussé Laurence Nerbonne à nous offrir cet album, car il est excellent. C’est dans un style électro-pop, parfois bonbon, que se dessinent les dix pièces de XO. Ce style totalement assumé par la chanteuse fait du bien au paysage musical québécois actuel. C’est beau de voir, et d’entendre, une femme assumer sa musique à fond sans censure et sans limites. Les textes ne sont pas des revendications, des textes engagés ou des sujets profonds; ce n’est pas le but ici. Quel est donc l’objectif des dix pièces? Se coller aux réalités de dizaines de milliers de jeunes adultes qui vivent au quotidien les pièces de Nerbonne.
Il est évident que l’amour, la ville, la technologie et l’amitié sont tous des thèmes qui ponctuent les chansons de la jeune chanteuse. Cette naïveté amoureuse, les premiers amours, les sentiments ressentis lors des balbutiements d’une relation, nous les ressentons sur chacune des pièces. Les images et la place à l’imagination sont mises de l’avant et sont adaptées par chacun des auditeurs dans sa propre vie, ses propres aventures. Les pièces Montréal XO et Tinder Love sont très collées aux réalités des jeunes adultes de 2016. Un trois minutes traitant d’amour à travers un écran, il n’y a rien de plus actuel. À l’ère de l’amour au numérique, Nerbonne dresse un portait dur et senti des nouvelles technologies pour trouver l’amour.
« Comme un Tinder Love
Qui ne guérit pas
Comme la foudre qui tombe
Sur nos écrans »
La sonorité sied aussi très bien à notre ère. Nous sommes dans l’électro pop avec beaucoup de rythme. La musique est d’ailleurs en avant-plan et laisse la voix de l’ex-Hôtel Morphée un peu plus en arrière-plan. Sa joie est, par contre, perceptible derrière ses paroles et ses cris. Toujours maniée avec justesse, sa voix est son instrument fort. Du côté des comparaisons, je ressens beaucoup de La Bronze, ou encore du Charli XCX à certains égards, dans cet album.
Plusieurs pièces valent le détour, dont le premier simple Montréal XO, qui a un rythme bien singulier qui donne le goût de danser à fond. Une belle pièce pour les néophytes du genre. Tel que mentionné précédemment, Tinder Love nécessite une écoute attentive pour bien y découvrir les subtilités du texte. Il est difficile de passer sous silence Rêves d’été, qui est, selon moi, la meilleure pièce de l’album. Le refrain est bien travaillé et contient un vers d’oreille qui pourrait très bien tourner sur toutes les radios à l’approche de l’été. Finalement, Lary Kidd fait une apparition sur Balade Luxueu$e, une pièce qui se laisse écouter, mais on a quand même déjà vu mieux en termes de collaboration.
Laurence Nerbonne nous offre un album bien léger et rempli de vie pour appeler l’été. Un hommage vivant à cette jeunesse urbaine remplie d’assurance et d’espoir. Dix pièces rythmées, dignes des grandes productions pop de ce monde, mais qui ne va pas dans le prémâché et dans la facilité. Un album coloré qui saura faire sourire une génération entière. Il faut lever notre chapeau à l’artiste, car l’album a été produit sous le sigle du DIY (Do It Yourself), soit d’une façon presque qu’indépendante, du moins dans la démarche artistique. Ça parait beaucoup dans l’introspection des mélodies et des textes.
Vous en voulez plus ?
Les pièces de XO seront présentées sur scène lors de deux lancements. Le 24 mars, elle présentera le tout à Québec en formule Apéro Découverte au District Saint-Joseph à 17 h. C’est gratuit! Que demander de mieux ? Laurence sera aussi de retour en ouverture de Karim Ouellet le 7 juillet 2016 au Festival d’Été de Québec !
À Montréal, ville ayant inspiré grandement l’œuvre, le lancement aura lieu au Belmont le 23 mars à 17 h.