Jeudi dernier, notre squelette dandy préféré lançait son (magnifique) jeu de tarot en offrant un spectacle dans un sous-sol du Cercle survolté et rempli à craquer. Faut dire que de nombreux curieux étaient descendus à l’invitation de Philippe Brach, qui donnait juste avant un concert à guichets fermés dans la grande salle. N’empêche, les curieux étaient de plus en plus minoritaires et l’armée grandissante de fans d’Anatole avait tôt fait de conquérir les meilleures places autour des instruments des groupes.
Tout d’abord, la formation montréalaise Yokofeu a ouvert le bal avec son rock francophone aux accents progressifs et psychédéliques, un son bien à la mode ces temps-ci, mais il y a un petit plus chez ces jeunes hommes fort créatifs, une belle harmonie et un sens de la mélodie qui nous permet de suivre le fil même si les chansons sont plutôt longues. En plus, c’est dansant, voire un brin tribal, probablement ce petit côté post-punk. Francis Rose, charismatique chanteur qui parle peu, mais qui s’exprime énormément par ses pas de danse et l’espèce d’état de transe dans lequel il embarque quand la musique est lancée, mène la barque pendant que ses musiciens (Pierre-David Girard, Maxime Drouin, Gabriel Godbout Castonguay et Félix Petit) lui donnent musicalement tout l’espace nécessaire pour s’exprimer. Prestation extrêmement solide.
Anatole a ensuite enflammé l’enfer dans un concert qu’il a dédié à « son » Prince (après tout, Anatole est le roi de la nouvelle L.A.). Concert de plus en plus rodé, chaque musicien possède son « personnage » (rien de plus drôle que de voir Cédric Martel, d’ordinaire si gentil et souriant, n’avoir d’ami que son amplificateur, pendant que Jean-Étienne Collin-Marcoux tape du drum avec une rage qu’on ne lui connaissait pas – Simon et Jean-Michel semblent mener des messes noires aux claviers) et Alex Martel, de son côté, s’abandonne à la danse lascive. Visiblement en terrain conquis, Anatole se laissait aller, allant même jusqu’à chanter en bobettes à un moment donné (il était fatigué, voyez-vous…). C’est dans ce contexte qu’on a pu apprécier ses chansons, dont Discollins, qui a tout d’un hit assuré. Même assis tranquille à prendre des notes, on se surprend à danser comme s’il n’y avait pas de lendemain. Seul petit bémol : au rappel (bien mérité), Anatole commence à avoir la (mauvaise?) habitude de reprendre des chansons qu’il a jouées pendant le spectacle. Acte de rébellion contre le rappel automatique? Façon de rendre le rappel moins prévisible en jouant toutes les chansons pertinentes pendant le programme principal? Manque de matériel? Quel que soit le cas, ça laisse un peu le critique sur son appétit. Rien contre Discollins, qui a été rejouée (comme L.A./Tu es des nôtres), bien au contraire, mais comme Anatole attire les foules comme le Christ attirait ses fidèles, prêts à voir le même concert à plusieurs reprises, ça commence à faire un peu redondant.
Mais t’sé, quand tout ce que tu trouves à chialer, c’est le fait que le groupe joue deux fois ta chanson préférée…
Ah fait, allez donc signer la pétition pour qu’Anatole chante avec Peter Gabriel au Festival d’été de Québec! Me semble que ça serait un beau moment!