Vous savez ce qui est plus agréable qu’une journée ensoleillée? Une journée ensoleillée et remplie de musique. C’est exactement ce que nous avons eu ce vendredi pour cette première journée de la 11e présentation d’Osheaga.
Installez-vous confortablement, je vous raconte ma journée. OK, je suis en vacances, alors on se fout des titres et des sous-titres. Comptez-vous chanceux d’avoir des paragraphes!
Évidemment, j’étais un des premiers arrivés sur le site à midi pile. C’était voulu, j’ai pu ainsi éviter toutes les longues files d’attente et visiter les installations destinées aux médias avant d’entreprendre ma journée de « travail ». Tout d’abord, je remarque que tout est beaucoup plus gros qu’à ma dernière présence au festival. Les scènes principales sont immenses, les scènes secondaires aussi. Même la minuscule scène des arbres me semble plus grande que dans mon souvenir.
J’arrive à la scène verte juste à temps pour Caveboy. On nous vend le trio féminin montréalais comme un nouveau regard sur l’indie-pop. J’étais perplexe en arrivant, mais la formation assure réellement : au lieu d’une dream pop mielleuse, il y avait dans la proposition des trois jeunes femmes un petit côté animal et énergique qui n’était pas à négliger. On va prendre le temps d’écouter bien tranquillement à notre retour dans le 418.
Le soleil tape fort et je me suis promis que j’allais avoir le meilleur spot pour le groupe suivant, soit La famille Ouellette. On court donc vers la scène des arbres, heureusement juste à proximité. J’ai vu le groupe à deux reprises au Festif et j’avais bien aimé cet espèce de croisement entre Half Moon Run dans la musique et Les Trois accords pour le côté délicieusement cabotin des membres du groupe. Le parterre s’est rapidement rempli de curieux, francophones et anglophones, qui ont semblé avoir apprécié, comme moi, le spectacle.
On retourne à la scène verte où un Sud-Africain dénommé Jeremy Loops est en train de préparer les boucles de sa première chanson. À l’harmonica. Au beatbox. Aux choeurs. À la guitare. Ça sonne bien, ça sonne festif. Première visite en sol canadien pour ce jeune homme ma foi fort sympathique. On a regardé son calendrier de tournée : s’il passe énormément de temps en Europe, pour l’Amérique du Nord, c’est différent. Dommage, on aurait bien aimé le revoir. On se reprendra ou bedon on ira le voir chez lui.
On continue notre promenade au soleil. Des festivaliers ont la bonne idée de se rafraîchir un peu. Si ce n’était du gros kodaque, j’aurais fait de même. Puis je ne voulais pas passer toute ma crème solaire le vendredi!
Après cette vue rafraîchissante, je suis allé voir le Britannique Jack Garratt, un jeune multi-instrumentiste de 24 ans qui mélange pop, trip hop et R n’ B… seul. Oui, oui, seul. Installé derrière sa batterie, il tape d’un côté pendant qu’il joue du clavier de l’autre. S’il était une pieuvre, je suis certain qu’il jouerait aussi de la guitare et de la basse. Bon, me dis-je, un autre qui me fait sortir de mes sentiers battus à moi. Sérieux, j’ai bien aimé, mais je devais quitter pour aller voir…
… Safia Nolin, à qui c’était le tour à l’ombre. Elle s’est mis chic pour Osheaga, notre belle Safia, toujours accompagnée de l’excellent Joseph Marchand à la guitare. Je ne vous dirai pas ce qu’elle a joué, c’était, à peu de choses près, une version écourtée (et très écoutée, disons-le) de ce que nous avons pu voir et entendre au FEQ et au Festif. Safia étant Safia, elle a évidemment savouré le moment encore plus que nous, nous invitant à crier pour elle comme si elle était une rock star (ce que les gens ont fait avec plaisir). Elle est tellement promise à un brillant avenir, cette jeune femme-là, ça n’a aucun sens!
Je ne sais pas si c’est à cause des prestations que je suis allé voir, mais il me semble que le public est particulièrement poli et gentil jusqu’à maintenant. J’espère que ça va continuer.
Après une pause de quelques minutes dans la tente média (question de caler quatre bouteilles d’eau), où j’ai pu apprécié la prestation d’Elle King à la télé (va falloir que je me rattrape, j’ai eu l’impression que c’était la fille de mes rêves avec sa belle chaleur qui semblait tout droit sortie de Nashville (elle vient pourtant de L.-A.). Vous connaissez mon faible pour le rock aux accents country qu’on met donc en valeur à des festivals comme Bonnaroo. Ben ça, c’est Elle.
Je me lève mon gros derrière juste à temps pour attraper la première chanson de The Silversun Pickups. Je maudis un peu le ciel de les avoir ratés la veille à l’Impérial (on ne peut être partout à la fois, Jacques, tu le sais bien… à moins de ne te prénommer Philippe!), mais l’indie rock des Pickups vient me chercher par les tripes. Ils ne font pourtant rien de spécial : de bonnes mélodies, des riffs accrocheurs, une bonne présence scénique, un chanteur à la voix particulière et une bassiste belle à faire fondre des coeurs. Non, sérieux, rien de spécial. Si le groupe a donné une place importante à son plus récent album, l’excellent Better Nature, il a aussi offert quelques classiques, dont l’incroyable Lazy Eye, avec laquelle j’ai découvert le groupe… en jouant à Rock Band.
Comme quoi on peut faire de belles découvertes musicales en jouant avec une guitoune en plastique.
On repart en courant, question de ne pas manquer Wolf Parade, qui joue complètement à l’autre bout du site. On arrive juste à temps (OUF). Le groupe effectue un grand retour cette année, après une absence de quoi… six ans? Il s’agissait donc de retrouvailles pour le groupe de Montréal et son public, et ça paraissait. Les chansons défilaient à un rythme infernal, les membres du groupe ne prenant de pauses que pour changer d’instruments. Pendant près d’une heure, j’ai eu l’impression de rajeunir de dix ans. Ça me mettait quand même plus vieux que la moyenne des festivaliers présents, mais maudit que j’ai eu du fun. Merci, les gars. Vous êtes les bienvenus à Québec quand vous voulez, en passant!
On repart à la course pour attraper ces vieilles canailles de Cypress Hill. La grande scène était noire de monde et, bien entendu, un immense nuage bleuté planait au-dessus de la foule. On se demande d’ailleurs pourquoi. Les gars, qui ont près de 25 ans de carrière derrière la cravate, on enchaîné les hits et fait danser un public qui n’était même pas né quand Insane in the Membrane est devenue populaire… il y a 23 ans.
La fatigue commence à se faire sentir, mais bon, il ne me reste plus que trois prestations au programme, alors on va prendre ça relax et essayer de comprendre certaines choses. Parce que j’ai beau être ouvert musicalement, il y a des trucs que je ne pige absolument pas.
Le premier, c’est qu’est-ce qu’on trouve donc à Half Moon Run? Je n’étais pas vraiment concentré quand je les ai vus au Festif (un photographe, ça se concentre sur les photos, pas sur la musique), je voulais donc profiter du fait que je n’avais rien d’autre à faire que d’écouter pour réussir à apprécier. Je tiens à préciser que j’aime le folk. Que j’aime l’indie. Que les gars sont irréprochables sur scène. Mais c’est tellement propre, tellement parfait, tellement… Je ne sais pas, une fois de plus, je n’ai pas été capable d’embarquer dans le trip. Faut tu trouver les membres d’Half Moon Run beaux pour les aimer, coudonc? Je vais continuer à leur donner des chances, la qualité est là. Elle est peut-être juste un peu trop contrôlée à mon goût.
Le deuxième, c’est qu’est-ce qu’on trouve donc aux Lumineers? C’est une version sucrée sans sucre de Mumford & Sons, sacrement! Encore là, le talent est là, le travail se sent, mais c’est une fois de plus tellement propre, tellement parfait… Ça aurait pas tenté aux membres du groupe de faire un gros doigt d’honneur au public, juste pour le fun? Heureusement, mon téléphone cellulaire vibre : un truc que j’attendais toute la journée vient de se produire.
Si vous le permettez, je vais ouvrir une (toute) petite parenthèse. Ma tête et mon coeur étaient encore un peu à Baie-Saint-Paul hier. J’ai attendu toute la journée la publication d’un texte sur Facebook, soit le compte rendu du Festif par le fantaisiste des réseaux sociaux Gran Talen. Vous devez absolument allez lire son procès-verbal. C’est long et verbeux, mais c’est un vrai délice du début à la fin. J’ai d’ailleurs eu l’air d’un beau con sur les champignons magiques pendant que les Lumineers jouaient à l’avant parce que je riais trop fort chaque punch de cette oeuvre de génie et j’ai quitté la scène rapidement, question de ne pas déranger tout le monde autour de moi. On est dudebro ou on ne l’est pas. J’ai choisi la deuxième option.
Tiens, je vous laisse le lien vers l’article. Allez lire ça. On se retrouve dans trois heures.
Procès-verbal du Festif par Gran Talen
Une fois la lecture finie (dans un site enchanteur, à part ça), je me dirige vers la scène verte où tous ceux qui n’avaient pas envie de voir Red Hot Chili Peppers (ou qui se sentaient un peu agoraphobes) se sont dirigés. Le DJ australien Flume allait nous en mettre plein la vue (et les oreilles) avec ses beats enlevants (et des éclairages à couper le souffle). Oui, des fois, on nage en plein brostep, mais Flume a une belle palette et l’utilise à fond.
Un peu plus loin, à la fontaine, les gens dansaient sous l’eau. Magie. Fin de soirée parfaite. On part se coucher avant que Kiedis ne finisse Give it away. Fiou, j’ai juste attendu 10 minutes pour entrer dans le métro. Certains diraient que j’ai eu de la chance. J’ai tendance à être en accord avec eux.
Aujourd’hui, le clou de ma journée va être au beau milieu de l’après-midi avec les très charnels July Talk. Ça valait le billet quotidien à lui seul!