[FME] On a survécu à notre 4e journée ! (4 septembre 2016)

10h du matin, mardi, et j’ai l’hôtel à moi toute seule.

Plusieurs dizaines de camions Légaré et de chars remplis de gens vannés sont en ce moment même sur la 117 direction sud et je savoure ma chance d’être toujours dans un lit.

J’en profite pour ressasser les images d’hier en massant mes p’tits pieds meurtris de festivalière longue course : Laura Sauvage qui prend une pose de sirène échouée sur une table de pique-nique pour sa photo d’entrevue, un festivalier aventureux qui escalade le gazebo pour mieux voir Dan San jouer dans le Parc botanique à fleur d’eau, les enfants qui se cachent dans les boîtes de bois des décors du FME (#attentionoùtuposestesfesses #kidsinboxes), Bernardino Femminielli qui achève son strip-tease décadent/dansant dans un nuage de fumée pour la poignée spectatrices et de spectateurs qui ne se sont pas sauvés en courant…

La dernière journée au FME aura eu sur moi le même effet que le radieux soleil de fin d’été qui plombait sur Rouyn ce jour-là : en sueur, brûlée, mais heureuse, voilà comment on s’en sort! (Sarah Bélanger-Martel)

Dan San

En début d’après-midi du quatrième et dernier jour du FME, je me suis rendue au Parc Botanique À Fleur d’Eau pour assister à l’hypnotisante prestation de Dan San, formation belge qui verse dans la chanson à tendance un peu pop et définitivement électro. Il fait dehors encore de cette exquise température qui nous a gâtés tout au long du FME, peut-être que c’est à cause du soleil que les gens ont si facilement le sourire aux lèvres, mais j’aurais plutôt tendance à donner le mérite au talent des musiciens de Dan San. En effet, ils nous happent dès le début dans leur univers au rythme lascif et teinté d’électro. Les interventions du violoniste ajoutent aux chansons d’agréables mélodies acoustiques qui balancent avec le son électrique des trois guitares et du synthé. La voix du frontman plane jusqu’au plafond du chapiteau et les choristes l’accompagnent encore plus haut. Puis ils s’invitent au milieu de la foule assise à leurs pieds, dépluggés, pour interpréter une pièce a cappella des plus jolies. Ça fait un p’tit velours au cœur de constater que le groupe est aussi bon en acoustique qu’amplifié, ça prouve qu’ils n’utilisent pas forcément la sonorisation comme béquille. Ils ont eu droit à plusieurs ovations debout, les poussant à couvrir totalement les chansons de leur nouvel album. On peut dire que Rouyn leur a offert le meilleur accueil.

Dan San se produit en spectacle au Cercle à Québec, ce mercredi sept septembre avec Alexandre Martel et Timothy Luke Dawson. (Arielle Galarneau)

PONTEIX

À l’heure fatidique des choix déchirants (aussi appelée “ 5-à-7 au FME”), c’est PONTEIX qui a remporté le tirage au sort et si j’ai dû quitter avant la fin pour attraper la finale de l’inénarrable Bernardino Femminielli, j’aurai tout de même eu le temps d’apprécier à nouveau cette jeune formation saskatchewanaise découverte plus tôt cet été au Festival de la chanson de Tadoussac.

Celui qui a dit que les Plaines canadiennes étaient plates était con.

Aussi, il ne connaissait probablement pas PONTEIX, qu’il aurait pourtant pu voir en tournée un peu partout au Québec cet été. Il pourra se reprendre en écoutant l’album à paraître cet automne et surtout, arrêter de dire de niaiseries. Comme plusieurs autres qui émergent des scènes mal connues (au Québec, du moins) du ROC, ce projet musical porté par Mario Lepage est des plus intéressants. Avec son rock planant, atmosphérique, par moment plus pop, par moment glissant vers le psychédélique, PONTEIX se distingue surtout du lot par les textes en français qui ajoutent une sonorité surprenante à l’ensemble. La plume de Lepage est délicate, imagée et lyrique, mais son interprétation, qui se rapproche de ce qu’on entend davantage du côté anglophone, éloigne le sens des paroles de leurs sons… Une concoction bilingue qui reflète bien l’identité du musicien vivant au quotidien cette diversité enrichissante d’influences culturelles. Comme le petit village francophone de Ponteix qui a donné son nom au groupe, Mario Lepage tient en quelques sortes le fort de sa fransaskoise-ness par la musique. Et ça lui va bien.
Malgré une salle drôlement aménagée et l’heure de la journée peu conductive aux épanchements psychédéliques, PONTEIX a livré un bon spectacle que j’ai dû écourter pour ne pas rater le sensuel personnage Femminielli dont je laisserai mes collègues vous parler. (Sarah Bélanger- Martel)

Rosie Valland

Rosie la charmante, Rosie la talentueuse guitariste, Rosie et ses textes qui font frissonner, Rosie Valland, c’est le « jack-pot » des artistes québécois de la relève. Il était hors de question que je rate ce spectacle à 17h au Café-Bar L’Abstracto. Je pense même que c’est le seul spectacle que je suis arrivée d’avance et que j’ai pu voir le début du spectacle, c’est pour vous dire à quel point je ne voulais pas le manquer. Avec ses deux musiciens, elle a joué pratiquement tout l’album Olympe et le EP Nord-Ouest, mais le meilleur moment a assurément été lorsqu’elle nous a fait une nouvelle pièce, qui parle d’amour et qui m’a donné le motton dans la gorge. Les yeux fermés presque tout le long, son interprétation de chacune de ses chansons est profonde et sentie. C’est l’une des rares artistes qui me touche autant et aussi profondément. Son petit côté plus timide sur scène est charmant et sans fioritures. Avec Rosie Valand, c’est juste du vrai et c’est ça que j’ai aimé du spectacle qu’elle a donné au FME. (Karina Tardif)

Bernardino Femminielli

Moi j’aime ça, les crooners, okay? Quand tu feels glamour, mais qu’y’a personne qui veut te chanter la pomme, il fait bon s’abîmer dans les chansons mielleuses de Bobby Vinton, des Everly Brothers ou de Claude François… Et puisque l’Abitibi m’a définitivement rendue amoureuse, je DEVAIS aller voir l’énigmatique Bernardino Femminielli faire son spectacle. La petite scène du Trèfle Noir est habillée de rideaux de paillettes, fioritures rococos, roses en plastiques et oiseaux gonflables sous un éclairage rouge pétant.. C’est simple, on croirait être tombé dans le walk-in de Jessica Rabbit. Dans une salle saturée de vapeur sèche et un public qui ne sait pas trop à quoi s’attendre, Bernardino arrive sur scène monté sur d’incroyables souliers plates-formes argentés et un complet aux couleurs de l’Amérique.

Femminielli nous regarde avec ses grands yeux de bébé labrador triste, il nous offre des roses, mais si il nous chante l’amour, il s’agit d’amour décadent de bord de trottoir. La musique au début langoureuse et rythmée se transforme peu à peu en des beats répétitifs et agressifs, on a l’impression d’assister à la lente montée de psychotropes chimiques d’un pimp sur le bord de la faillite qui se cherche de nouvelles sirènes à hameçonner.

Salut ma mignonne, t’as tu dix-huit ans?

Son débit de parole accélère, on comprends à peine son discours délirant au travers de la bande sonore psychédélique, mais à vrai dire c’est bien peu important puisque la mise en scène raconte tout. Le spectateur est pris entre la fascination morbide et l’incompréhension, c’est définitivement le but de l’artiste de déstabiliser. Mon impression s’est confirmée quand, en regardant la salle derrière moi, j’ai constaté que la moitié du public avait déguerpi! Tant pis pour eux, ils ont manqué le meilleur spectacle de poteau du FME. Jambes infinies montées sur des talons hauts, bedaine qui aime la bonne chaire, moues mi-psychotique mi-séduisantes. Définitivement l’un des ovnis les plus fascinants du FME.

My baby tooks all my money. (Arielle Galarneau)

Plants and animals

C’est heureusement dans les bras de Plants and Animals que j’ai fini la soirée.

Dans la salle intime du Cabaret de la dernière chance, les musiciens de Plants & Animals ont joué avec énergie leur rock dansant et donné un spectacle qui m’a réconciliée avec ce groupe un peu perdu de vue depuis l’album “Parc Avenue” (2008). D’une bonne intensité, avec quelques anciennes pièces pour gâter les anciennes fans dans mon genre, cette prestation a clos le Festival de musique émergente en beauté et achevé de me briser les pieds.(Sarah Bélanger-Martel)

Sandblast et Despised Icon

Ma fin de soirée plutôt arrosée me voit m’échouer au milieu de la foule odorante et poilue du Petit Théâtre du Vieux-Noranda pour une soirée métal qui promet de brasser. Les groupes à l’affiche sont Sandblast et Despised Icons. Je vais être honnête avec vous, je suis définitivement plus punk, grunge et psychédélique que métal, mais j’ai eu du fun pareil! Il faut dire que le spectacle de grands gars baraqués et crinqués qui se foncent dedans et jouent des genoux et des coudes dans les flaques de bières est un spectacle des plus ravissants. Je ne me suis pas mêlée à la masse en sueur (pour une fois!), je tenais encore à mon reste de santé. Circle pits et walls of death s’enchaînent jusqu’à la fin. Ne faites pas la guerre, chantez du métal à place, ça donne la même adrénaline sans les dommages collatéraux. (Arielle Galarneau)

Parce que l’Agora des arts était trop pleine pour accueillir les gens avec des cocardes comme nous et parce qu’après avoir entendu le spectacle de Laura Sauvage de loin en faisant la file pour tenter de rentrer, j’ai décidé d’oser pour la découverte et l’imprévu. Et oui, je me suis rendue à la soirée métal pour entendre la fin de la performance de Sandblast. Le Petit théâtre du Vieux-Noranda était rempli pour accueillir Despised Icon, ce groupe qui moi, inculte de la culture de la musique métal, ne connaissant évidemment pas. Impossible de rester indifférente à l’ambiance qui règne dans la place. Les pièces sont livrées avec une grande assurance et les gars sur scène sont dynamiques et surtout très heureux d’être là. Ils ont mentionné plusieurs fois être contents d’être de retour à Rouyn après 6 ans. Ce spectacle a été mon moment « wow » de la soirée ! (Karina Tardif)

Moonshine

Pierre Kwenders et ses compagnons nous ont fait danser jusqu’aux petites heures du matin pour le dernier événement dans la programmation du FME. Les événements Moonshine sont, en temps normal, organisés chaque soir de pleine lune avec des DJs invités et sous forme de soirée surprise. C’est donc un événement parallèle aux soirées habituelles qui a eu lieu pour la fin du FME. En plus d’enchaîner les pièces, Pierre Kwenders et les autres (mais surtout Pierre) offraient un spectacle complet en se laissant aller les jambes et les bras sur les rythmes dansants et occupaient le plancher entier de la Scène Paramount. Je salue le FME qui a fait une belle intégration du concept dans son festival pour finir sur une excellente note, même si j’avais voulu que ça se continue encore et encore (j’avoue avoir cherché un « after » parce que Moonshine m’avait donné beaucoup trop d’énergie et je ne voulais pas aller me coucher…! (Karina Tardif)

Voyez notre article sur les spectacles « coup de coeur » de l’équipe (à venir mercredi 7 septembre). 

Voici les photos de Sébastien Ouellet et Marie-Clarys Taillon: