Le Satyre Cabaret accueille une programmation qui n’en finit plus d’être diversifiée. Parfois, l’ambiance cabaret donne une touche exceptionnelle, d’autres fois, ça apporte quelque chose d’hétéroclite, mais qui, somme toute, est intéressant. C’est ce qui est arrivé lors du passage des groupes FullBlood et Les Goules le 10 octobre dernier. Cette soirée était organisée en collaboration avec l’OFF festival de poésie de Trois-Rivières. En plus du spectacle au Satyre, il y avait un micro-ouvert au MotditBar jusqu’aux petites heures du matin. Pour l’événement, la salle n’affichait pas complet, mais un public de fans incontestés était présent pour s’imprégner de la folie des deux groupes.
FullBlood
L’automne, mais surtout l’approche de l’Halloween est probablement la période la plus achalandée pour le groupe Trifluvien FullBlood qui porte à merveille son nom. Quatre gars avec une bonne pilosité faciale, qui joue de la musique punk garage sans chandail, et qui sont couvert de faux sang de la tête à la ceinture. Ça a de quoi surprendre les auditeurs quand on ne connait pas le groupe. Ça et le sérieux que l’on peut lire dans leur visage lorsqu’ils jouent. Alexandre Dostie, chanteur de la formation, est très intense du début à la fin. On pourrait presque croire qu’il est enragé par moment. Ça contraste avec l’attitude de Pierre Brouillette-Hamelin à la basse, qui est d’un calme sans faille. Sébastien Dulude se déchaine sur ses tambours, et son confrère, Francis Ouellet est très sérieux dans son maniement de la guitare. Ça donne une image très « trash », mais qui fonctionne avec ce qu’ils veulent projeter. Comme on peut lire dans leur description, ils sont à la fois un mélange de Balck-Flag, de Misfits et d’une « chainsaw ». J’aime beaucoup le groupe et leur concept, mais j’avoue qu’au-delà d’un contexte bien établi, on doit être averti pour assister à l’une de leur performance. Ils sont justement au Café Frida le 29 octobre pour un party d’Halloween assez déjanté avec WD-40 Montréal officiel et DEAD BLUES CARNIVAL.
Les Goules
N’ayant jamais eu l’opportunité d’assister à un spectacle de ce groupe, j’ai été très surprise par les personnages qui sont arrivés sur scène. Accoutrements disparates, accessoires étonnants, maquillage très spécial, on est encore une fois dans un univers singulier. C’est que Keith Kouna et son groupe ne sont pas nés de la dernière pluie. En effet, le groupe a été formé en 2001, pour prendre une longue pause qui a duré près de 10 ans, et ils sont maintenant de retour, plus en forme que jamais.
On peut remarquer qu’ils ont beaucoup de plaisir sur scène et qu’ils dégagent une énergie et une folie contagieuse. À plusieurs reprises, des fans se sont approchés de la scène pour chanter dans le micro en l’enlevant pratiquement des mains de Kouna. Je dois admettre que ce n’est pas tout public non plus, mais c’est tout de même accessible. Malgré le ton qui se veut un peu moins sérieux, on peut dénoter une belle recherche dans les paroles. Je pense par exemple aux textes de Bergerie et de Bateau mort que je trouve très poétiques. Keith Kouna parlait justement ici du fait qu’il trouvait que ce qu’il avait fait de plus poétique dans sa vie, c’était avec les Goules. C’est donc que le nouvel album est une continuité de cela. Ça contraste beaucoup avec la livraison des textes sur la scène. Je trouve également que l’interprétation des chansons par Keith Kouna pouvait pratiquement ressembler à une histoire sous fond musical, pas tout à fait du slam, mais tout de même des paroles moins chantées que récitées.
Leur nouvel album, Coma, est sorti début mars 2016 après que le groupe se soit réuni quelques fois en 2012 et qu’ils s’ennuient sincèrement de la scène. (Pour la critique de Julien-Baby Cormier, c’est ici). L’enregistrement s’est déroulé dans Lanaudières, au Studio
Wild de Saint-Zénon qui a accueilli des artistes tels que Bernard Adamus, Daniel Bélanger, Fred Pellerin et les Cowboys fringants pour ne nommer que ceux-là. Comme ils disent, ils n’ont fait aucun lancement, ils ont seulement « garroché » ça sur le web et les demandes d’entrevues et de spectacles ont fusé de tous les côtés. C’était pour cette raison qu’ils ont fait l’album, c’était un prétexte pour remonter sur scène (ils ont gagné un prix au Festival d’été de Québec en 2006 pour l’originalité de leur création, majoritairement scénique). Ils ne voulaient par contre pas revenir avec du vieux matériel et leur écriture a évolué également, sans toutefois perdre l’essence du groupe.
Au-delà de la première image que je me suis faite du groupe, j’ai beaucoup apprécié leur performance scénique et le fait qu’ils faisaient beaucoup participer le public à leurs folies. Si vous voulez vivre l’expérience de les voir en spectacle, ils sont à Montréal Sherbrooke et Québec en novembre, et ils n’ont pas annoncé plus de dates que ça.
Voici quelques photos des spectacles auxquels nous avons assisté durant la dernière année.
Crédits photos : Sébastien Ouellet, Jacques Boivin et Julien-Baby Cormier