Si la programmation mélangeait des styles qui cohabitent rarement, les groupes ont néanmoins su captiver le public chacun à leur façon, nous faisant passer par toute la gamme des émotions en ce 10 mars dernier, au Cercle. Compte rendu d’une soirée où introspection et extraversion se sont côtoyés le temps d’un spectacle.
Medora
Un peu plus d’un an après avoir lancé Les Arômes dans la même salle, Medora revenait en force hier soir en nous présentant une panoplie de nouvelles créations prometteuses. Si le groupe avait pris une certaine tangente avec leur dernier maxi, on ne pouvait que constater hier soir à quel point ils l’avaient approfondie depuis. Maniant toujours lourdeur et légèreté avec leur rock planant, les musiciens ont su explorer davantage les sonorités psychédéliques et pousser plus loin la progressivité de leurs pièces. On découvrait parfois au détour quelques relents de blues, comme dans Mira. Le chanteur impressionne toujours par sa voix qui prend des allures fantomatiques lorsqu’elle est propulsée dans les aiguës. Pour le plaisir des admirateurs, le groupe a aussi joué Nature et a terminé avec Permanence.
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Dear Criminals
Bien que Dear Criminals se distingue fortement des deux autres groupes sur le plan du style, leur musique n’en fût pas moins appréciée par le public, auquel ils surent imposer le silence. Dès les premières notes de Song for Elisabeth, le groupe semblait nous inviter à plonger dans leur monde. Composé de trois musiciens, Dear Criminals est comme une créature à trois cerveaux et deux têtes qui chantent, celles de Frannie Holder et de Charles Lavoie. Cet incomparable duo de voix qui s’entrelacent, qui semblent tantôt se faire l’amour et tantôt s’engueuler en musique au son de l’électro qui sort du bout des doigts de Vincent Legault et des deux autres, c’est tout ce que ça prend pour nous submerger entièrement. Le dosage parfait de noirceur et de lumière, d’espoir et de solitude.
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Tout comme Medora, Dear Criminals a profité de son passage à Québec pour présenter quelques nouvelles pièces dont Nelly, tirée de leur dernier maxi, et Playground, qui n’avait encore jamais été jouée en live. Le public écoutait bouche bée (parfois les yeux fermés) et applaudissait chaleureusement entre chaque pièce. Et ils n’étaient pas les seuls à être contents d’être là : le groupe montréalais a signifié à plusieurs reprises son admiration pour la crowd de Québec, se disant qu’ils devraient jouer plus souvent ici (oui, revenez nous voir !).
Leur performance s’est terminée au milieu du parterre, une guitare acoustique entre les mains et leurs voix douces invoquant le silence une fois de plus. On pouvait entendre les gars du prochain groupe préparer leur gear sur scène et le boum boum du sous-sol. Les spectateurs massés en cercle autour des artistes s’échangeaient des sourires. Puis quand ça a pris fin, on a laissé la magie s’étioler lentement et on s’est préparés pour Mauves.
Mauves
Mauves, c’était toute une autre vibe. Non moins impressionnants que le groupe précédent, les quatre musiciens ont déclenché une avalanche de rock dans le Cercle dès leur arrivée sur scène. C’étaient alors Alexandre Martel et Julien Déry qui se passaient la balle au chant et à la guitare, les deux se complétant assez bien dans le planant et le savoureux. Le résultat global était percutant et envoûtant à sa façon : on ne pouvait s’empêcher de bouger et d’attraper l’enthousiasme des cinq bêtes de scènes qui se déhanchaient devant nous (le batteur, le bassiste, les deux autres et le Cocobra perché au-dessus de tous).
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Le groupe a principalement pigé dans Le faux du soir et dans Coco, son dernier album, pour construire leur set. Ça donnait un résultat très diversifié, étant donné que chacun de leurs opus a une nuance particulière de Mauves. Le rock psychédélique et planant du premier était contrebalancé par le rock plus bluesy et catchy du second, que je découvrais pour la première fois en live. Les pièces comme Longtemps ou encore XXIe avaient d’ailleurs cette particularité de commencer en toute simplicité, puis de construire autour de leur noyau plus pop un gros build-up d’intensité pour finir dans une apothéose musicale.
Le public – qui tantôt écoutait Dear Criminals en se tenant presque immobile – s’est progressivement dégourdi, dégêné et la soirée s’est finie avec un gros mosh pit enthousiaste sur Cléo, tandis qu’un des guitaristes se mêlait à la foule en délire.