Je me confesse, j’ai découvert Antoine Corriveau il y a peu de temps. Malgré tout le bien que j’entendais à son sujet, je n’avais pas encore pris le temps de découvrir sa musique. J’arrivais donc à la Taverne avec l’esprit ouvert, prête à toute éventualité.
Il y a de ces soirées où l’on se sent privilégié d’être à un endroit. Une impression que rien n’existe outre ce que l’on a devant nos yeux. Une bulle se crée. C’est le sentiment que j’ai eu vendredi dernier, en compagnie d’Antoine Corriveau et de ses musiciens.
Tout d’abord, la talentueuse Marianne Houle, qui habite son violoncelle (et tous les instruments auxquels elle joue) et signe la musique entière de la pièce Parfaite se retrouvant sur Cette chose qui cognait au creux de sa poitrine sans vouloir s’arrêter. Elle a également collaboré aux arrangements et à plusieurs autres chansons de l’opus. S’ajoute ensuite Charles Duquette, maître des tambours dosant à merveille les rythmes doux, mais tout de même affirmés. C’est finalement François Zaïdan à la basse qui vient compléter la mélodie avec une cadence très lascive se mariant à merveille avec la guitare. Tous ces artistes de talent accompagnent Antoine Corriveau dans toute sa prestance mêlée de désinvolture.
Devant les quelques chanceux qui se sont retrouvés à St-Casimir, Corriveau a ouvert le bal avec Rendez-vous. D’emblée, on cerne la profondeur de sa voix, mais également celle de ces textes. C’est mélancolique et ça grafigne de par sa belle fragilité assumée. Je crois que ses propos et sa voix sont tellement en symbiose, ils sont au service l’un de l’autre.
L’auteur-compositeur-interprète est bien conscient de l’intensité de ses propos, ce qui l’amène à désamorcer un peu ceux-ci en entrecoupant les chansons de blagues et d’anecdotes, comme la fois où il s’est étouffé pendant Le nouveau vocabulaire devant Gilles Vigneault.
Lorsqu’ils ont interprété Deux animaux, j’ai perçu l’émotivité dans la voix d’Antoine Corriveau sur les notes plus hautes, ce qui était particulièrement touchant. C’est pour moi un des moments fort du spectacle. Parfaite surprend également de par ses allures de slam. Une mélodie très dramatique et un texte poétique qui m’évoque la peur d’aimer.
Même s’il n’y avait pas foule, les gens présents connaissaient sans aucun doute Antoine Corriveau et avaient envie de profiter au maximum de sa présence à St-Casimir. Par deux fois il est revenu pour jouer deux chansons, jusqu’à épuiser le répertoire des chansons que connaissaient les musiciens.
J’ai eu de la difficulté à décrire l’effet que peut avoir l’artiste quand on assiste à son spectacle autant que lorsqu’on écoute ses albums. Ça s’immisce à l’intérieur et ça ne veut pas te quitter. Cependant, il faut être prêt à se laisser emporter dans la profondeur et être dans un état d’esprit propice.
Il est possible de le voir bientôt à Waterlop, Chicoutimi et Lavaltrie.
Crédit photo : Jacques Boivin