Margaux Sauvé, l’artiste qui se cache derrière le pseudonyme de Ghostly Kisses, nous prouve à nouveau qu’elle maîtrise le sens de l’esthétique et de l’ambiance. Ghostly Kisses a fait paraitre quelques chansons au fil des deux dernières années et celles-ci ne passèrent pas inaperçues, atteignant notamment deux millions d’écoutes sur Spotify. Avec ce premier EP, intitulé What You See, la chanteuse et violoniste Québécoise nous propose de revisiter trois de ses chansons déjà parues et d’en découvrir trois nouvelles.
Dès la première chanson, «Garden», le son caractéristique de Ghostly Kisses est au rendez-vous : textures aériennes, rythmes effacés mais propulsifs, voix éthérées et feutrées ainsi que violons langoureux se font entendre et forment un paysage sonore très agréable. Ces éléments se retrouvent sur presque toutes les six chansons de cet EP, ce qui le rend très (trop?) cohésif, à la fois pop et ambiant. En effet, l’artiste ne dérogera jamais vraiment de cette formule. Je n’ai toujours pas décidé si je trouvais cela admirable ou un peu trop conservateur.
Qu’à cela ne tienne, la facture électro du projet, bien que subtile, agrémente très bien les compositions et ajoute un petit côté pop contemporain aux chansons, les rendant un peu moins abstraites. Je dis abstraites car ces chansons le sont évidemment par leur lyrisme, mais aussi par leur rejet apparent des normes de la pop vocale commerciale. Sauvé est dotée d’une voix alto toujours tendrement voilée, ce qui rend les paroles inintelligibles, soit, mais qui plane toujours doucement au dessus de la musique, ce qui créé un effet enivrant.
Les paroles sont à l’image de la musique qui les accompagne : tristes, rêveuses, pensives et toujours un peu vagues. Les paroles du refrain de «Such Words» sont un bon exemple de ce que j’avance:
Can it stay between us?
(But we do not say such words)
Among the other things you know
(But we do not say such words)
In this endless “in between”
(But we do not say such words)
I will never learn, I know
(But we do not say such words)
Le titre de cet EP est trompeur. Le plus captivant avec Ghostly Kisses, ce n’est pas ce que tu peux voir, mais bien ce que tu peux ressentir. On peut souvent deviner un sentiment de regret, mélancolique sans être viscéral, qui hante les paroles de Sauvé. Les journées pluvieuses n’auront jamais eu d’aussi parfaites trames sonores.