Impromptue, intime et authentique. C’est de cette manière que je décrirais la soirée passée en compagnie de Ken Villeneuve, Marc-Antoine Guay et Philippe Gosselin. Au deuxième étage de la Microbrasserie le Temps d’une pinte, à peine dix personnes dans le public, ça fourmillait en bas, et les gens n’avaient pas l’air de se douter qu’en haut, nous autres, maudit qu’on était ben.
Le premier est un conteur natif et vivant toujours à Sainte-Rose-du-Nord, petit village au Saguenay-Lac-St-Jean situé sur le bord de la rivière Saguenay. Ken Villeneuve raconte l’histoire de sa famille, de son village, et de son entourage de manière humoristique, en entrecoupant son récit de chansons bien ancrées dans un folk régional. Avec son langage tout droit sorti du Saguenay, il faut quand même être un public averti pour bien comprendre ce qu’il raconte, mais ce n’est pas moins intéressant. J’ai beaucoup aimé replonger dans le passé d’un endroit pas trop loin de ma ville natale que je connaissais très peu. L’univers du conteur est bien précis, et donne certainement envie d’aller faire un tour dans son coin de pays pour voir les installations démesurées de M. Dynastie.
Cela nous mettait donc dans l’ambiance raconteur, simple, comme si on était autour du feu entre amis à s’échanger les potins du village. Je crois que c’est ça que Marc-Antoine et Philippe souhaitent un peu créer en invitant Ken à ouvrir le bal pour eux. Le joyeux personnage est tellement attachant qu’il nous fait tout de suite sentir comme chez nous.
Par la suite, les deux jeunes musiciens nous ont offert un moment évoquant le paysage saguenéen, la forêt, les voyages, la simplicité et le plaisir de se retrouver pour jouer de la musique. Ils s’inspirent de leurs racines, de leurs expériences. Sur leur page Bandcamp, il y a seulement trois pièces disponibles, ce qui est un peu dommage car ce qu’ils proposent mérite de l’attention. La voix plus rauque de Marc-Antoine, rappelant parfois un jeune Daniel Boucher, et celle plus claire de Philippe se marient à merveille. La complémentarité de leurs mélodies à la guitare est également fort intéressante. Ils disaient enregistrer une chanson de temps en temps, quand ils peuvent, pour finalement avoir un album par accumulation. « On ne fait pas ça à la manière traditionnelle, nous autres » disait Marc-Antoine. C’est conséquent avec la manière qu’ils ont de se présenter. Très détendus, sans artifice, mais plein de réel bonheur d’être là où ils sont.
Ils ont essayé de conclure avec la chanson que nous avons fait jouer sur les ondes de CFOU 89.1 cette semaine, la pièce On est ben, sortie en décembre 2016. Toutefois, comme on se sentait entre amis, nous avons fait des demandes spéciales pendant près d’une heure supplémentaire, tout en riant et en s’amusant. Quelques chansons plus sérieuses, d’autres plus humoristiques, et des improvisations également. Bref, un moment empreint de sincérité et qui a fait passer une belle soirée aux quelques curieux qui se sont déplacés, outre la gang d’ecoutedonc.ca que nous étions.
Crédit photo : Adrien Le Toux