Texte de Stéphane Corriveau, collaborateur invité
Premièrement, la Taverne à Saint-Casimir est un de mes deux endroits préférés hors métropole pour voir un spectacle. Son hôte, Daniel Tessier, nous y accueille toujours comme si nous étions dans son salon. Superbe salle, ambiance intimiste, quelques centaines de personnes entassées. Vestige de vieux cinéma et de la salle des Chevaliers de Colomb.
À guichet fermé en quelques jours. Une multitude d’instruments, de sa vieille Gibson Les Paul 1953 à réaccorder aux deux chansons en passant par une multitude d’échantillonnages sortis tout droit de son portable. Pour les non-initiés, Daniel Lanois a travaillé avec, entre autres, U2 à la production des albums The Unforgetable Fire, The Joshua Tree et The Achtung Baby, mais aussi à la production d’albums pour Neil Young, Bob Dylan et Peter Gabriel. Une sommité en la matière.
À la surprise générale, Daniel commence sa soirée sur les premiers accords de Jolie Louise, pièce semi-autobiographique et premier succès de son tout premier album, Acadie, paru en 1989, enchaînant ensuite avec O Marie et Under The Stormy Sky. Trois pièces franglaises. La foule est conquise. Les chansons s’enchaînent à la file en toute simplicité. La soirée va bon train.
Daniel multiplie les interventions dans son plus beau français perdu depuis des lustres. Le gens apprécient l’effort.
Ring The Alarm se fait alors entendre. Chanson tirée de son projet Black Dub, solidement appuyée par la voix de Jim Wilson, son bassiste, et qu’il dédit aux femmes autochtones disparues au Canada.
Parmi la foule, plusieurs crient : « The Maker! », « The Messenger! », « Sometimes! ».
« On va toutes vous les faire », répond-il simplement.
Vient alors la partie plus expérimentale de son répertoire électronique tiré de son album Flesh and Machine paru en 2014.
Les gens autour de moi ont les yeux fermés, l’intensité est au rendez-vous.
Retour sur terre.
Daniel prend le micro pour annoncer sa prochaine chanson :
«The next song was written by my good friend Bono. He wrote the word, I’ve done the rest… » Les gens rient. On entend alors Fallen at your Feet tiré de l’album solo de Bono paru en 2000.
Devant la scène, première rangée au centre, une femme semble vraiment apprécier le spectacle, chantant la plupart des chansons.
Daniel la regarde : « Celle-ci est pour la plus belle femme du monde, Shirley. » La dame, visiblement de l’entourage de La Taverne, est euphorique. Il commence, à sa demande, Sometimes.
Une magnifique soirée. Sonorisation de qualité. Artistes généreux. La Taverne sait très bien faire les choses en grand.
Voici les photos de Yoan Beaudet.