Hier soir au Vieux Bureau de Poste, Simon Kearney nous présentait quelques nouvelles chansons à venir sur son prochain album. Accueilli par un public éclectique, il a su plaire aux jeunes comme aux moins jeunes. Compte-rendu et entrevue avec un artiste prometteur.
Originaire de la République de l’écrevisse, le jeune auteur-compositeur-interprète fait du rock, du vrai. Il contrebalance la force brute de son rock par des influences variées tout autant que par son attitude amicale avec le public. On se sent entre amis, on rigole, on se fait des blagues. Et le talent est au rendez-vous ! Hier soir, même les chaises n’ont pas su empêcher un groupe d’enthousiastes (dont j’avoue avoir fait partie) de se lever et de se mettre à danser et à chanter joyeusement.
Il s’est d’ailleurs lui aussi dit très content de son spectacle et de sa réception. Ayant ajouté des cuivres au groupe traditionnellement composé de lui à la guitare et au chant, d’un bassiste et d’un batteur, la soirée s’annonçait pour Kearney comme une sorte de test, afin de voir comment on réagirait à ses nouvelles sonorités ainsi qu’à ses nouvelles compositions. «Et je pense qu’on a passé le test», dit-il avec raison. Ils sont parvenus à créer une ambiance qui vient enrichir les chansons du jeune artiste. «Je pense que ça me définit de plus en plus dans une sonorité», ajoute-t-il.
De fait, entre la parution de son premier maxi en automne dernier et la composition des chansons qui seront sur l’album à sortir en fin d’été, Simon Kearney a beaucoup évolué musicalement parlant. S’inspirant toujours de ses différentes découvertes musicales, il a pu ajouter des nuances à ses compositions ainsi qu’à son spectacle. L’ajout des cuivres, inspiré du classique et du jazz mais ayant plus une visée à la «marching band», lui a notamment permis de multiplier les possibilités musicales de ses compositions. «Étant donné que j’suis un trippeux de musique, je voulais en mettre plus pour les gens ; en mettant les brass je trouve qu’on va chercher des couleurs et qu’on va chercher de l’extra musical», explique-t-il. Alternant entre les pièces acoustiques, le rock de garage et de la musique plus raffinée, Simon Kearney a d’ailleurs offert à son public d’hier un amalgame intéressant d’œuvres et de styles.
Vivant sa vie au jour le jour, il puise présentement ses inspirations musicales des cours qu’il suit au cégep. Étudiant à temps plein aujourd’hui, il ne sait pas encore ce qui l’attendra à la sortie de son album, quoiqu’il se permette de rêver : «admettons qu’il pourrait y avoir de bonnes répercussions, eh bien, je pense que je serais prêt à me lancer là-dedans complètement et à ptêtre laisser les études un moment pour vraiment vivre tout ça». Une seule chose est certaine, c’est qu’en attendant de se décider pour l’avenir, il est certain de vouloir faire de la musique. D’ici là, vous pourrez le voir le 6 juin au Cercle en plateau double avec Philippe Brach, ainsi qu’au FEQ les 16,17 et 18 juillet sur la scène Énergie.
Pour bien terminer l’entrevue, on a posé quelques questions en rafale :
Tes chansons parlent de toutes sortes de choses. Où prends-tu ton inspiration pour tes textes ?
«Souvent c’est spontané», dit-il. Entre autres, il nous explique l’origine d’une de ses pièces, Docteur de char : «Mon père avait une crevaison sur son char pis on s’est arrêtés dans un garage». Ils auraient alors rencontré tout un personnage : «Tsé le garagiste qui parle tout le temps pis qui veut commenter sur tout et n’importe quoi, pis y veut toujours avoir son mot à dire même si ça veut rien dire ! […] Ça m’a inspiré cette chanson-là. J’suis arrivé chez nous, j’ai écrit quelques trucs dans mon calepin pis un rif, pis c’est rentré tout seul.»
Y a-t-il un artiste avec lequel tu aimerais travailler ?
Jimmy Hunt, décide-t-il avec enthousiasme. «J’trouve qu’il a des bonnes idées et qu’il a vraiment son son à lui.»
Quelle question rêverais-tu de te faire poser en entrevue ?
«Ah une question sur les Beatles, genre c’est quoi ton album préféré des Beatles! Pis qu’après ça on parle des Beatles.» Choisissant les classiques, il a dit préférer le White Album. Il avoue avoir été beaucoup influencé par la musique de Paul McCartney, chose qui l’a, entre autres, dirigé pour la sonorité des cuivres : «côté musical pour Paul McCartney les brass ça vient directement de lui, quand t’écoutes When I’m sixty four», dit-il, «nos brass c’est pas des arrangements pour faire du James Brown, ils sont vraiment plus là pour le côté marching band, ragtime».
Quelle boisson doit-on prendre quand on écoute ta musique ?
«Quelque chose de drôle pis de party.» Étant donné qu’il voit son album comme une œuvre sans prétention, comme quelque chose qui reste «funny pis vraiment amical», il dit opter pour la simplicité : «Juste une bonne grosse bière, pis pas une bière de microbrasserie, juste une une ptite blonde que tu prends sur le balcon au soleil»
Comme on peut le voir, le jeune artiste ne s’enfle pas la tête malgré son talent et sa carrière prometteuse qui débute. Il conserve une sincérité étonnante sur scène et semble vouloir garder à sa plus simple expression son talent. Les vertiges de la grandeur ne sont pas pour lui, et il a les pieds sur terre. On lui souhaite beaucoup de succès pour l’avenir, et encore quelques bonnes bières sur des balcons.
Crédit photo : Gabriella Quesnel-Olivo