Le groupe rock alternatif montréalais 3 headed giant composé de Marc-Antoine Dauphin – batterie, Gabriel Jetté – basse et Joémi St-Hilaire – voix, vient tout juste de lancer son premier album le 7 juillet dernier. Le groupe porte un nom qui les représente plus que bien : un trio qui sonne comme une tonne de briques! On explore un peu pourquoi?
Lorsqu’on se plonge dans l’écoute, on constate principalement deux choses: la qualité globale de la réalisation de l’album, ainsi qu’un niveau sans égal de créativité du groupe. On nous balance comme première piste Lullaby au son pondéreux, tant au plan vocal que musical. Les prouesses vocales de St-Hilaire se font rapidement entendre par son aisance tant dans les graves que les aiguës et de par son cri semblable à Benjamin Kowalewicz de Billy Talent. Cet amalgame mélodique s’agence sagement à la trame sonore, rendant l’écoute stimulante. La toute dernière pièce Desiderium (Parallel Universe) est, selon moi, le titre qui rend justice aux capacités gutturales du chanteur.
Côté instrumental, malgré l’absence d’une guitare, Jetté nous balance des riffs de basse techniques bien distortionnés. En symbiose avec la rythmique complexe et puissante de Dauphin, le duo offre des variations progressives alternant douceur et pugnacité. On ne s’ennuie pas avec eux! Leur style offre un terrain de jeux permettant d’explorer des structures, des thématiques et des sons variés. Magnus Circus fait ressortir cet aspect expérimental avec un thème plus théâtral mis de l’avant.
Malgré de telles possibilités musicales, on remarque que le groupe s’est doté d’une ligne directrice balisant ainsi l’infinité de possibilités artistiques que leur style leur offre. Peut-être serait-ce un sentier à explorer pour de nouvelles compositions?
Le 14 mai dernier, le groupe lanaudois T-Bone, composé de Patrick Martin, Maxime Gervais, Frank Labelle, Ludovic Bastien et Maxime Desjardins, lançait officiellement leur premier EP de cinq pièces, Médium Saignant. La pochette inspirante est loin d’être illusoire; on y retrouve effectivement des thématiques de viande et de « totons ».
Tout comme le sujet abordé dans la pièce Les Sauveurs du Rock, la première écoute de l’album m’a replongé dans ce bon vieux rock agressif au langage cru. Ne faisant pas dans la douceur, Patrick Martin aborde de sa voix rauque des sujets clichés très mâles tels que la bière, les femmes, le bacon et le party. Le tout écrit évidemment avec une plume humoristique, certains passages rappelant les interventions de Mononc’ Serge dans Anonymus.
Distraction Fatale se démarque des autres pièces non seulement par son français « international », mais aussi par son texte allégorique imagé qui décrit la légèreté de la mode printanière.
Bacon Toton, qui selon moi est la plus accrocheuse de l’album, fait l’éloge du restaurant Les Princesses d’Hochelaga-Maisonneuve, réputé pour ses serveuses sexy plus que pour son service d’eau courante. On nous suggère le bon vieux truc pour se détoxifier le foie après une soirée arrosée, c’est-à-dire un traditionnel deux-oeufs-bacon-saucisses. Suite à son écoute s’est emparé de moi un terrible dilemme : aller y jeter un coup d’oeil, ou ne jamais y mettre le pied?
De par son côté musicalement plus agressif, Les Chiens Galeux se rapproche d’un son punk-trash similaire à Reanimator, groupe conjoint de Patrick, Frank et Ludovic. Le choix se justifie entièrement pour dépeindre des attaques de chiens enragés qui pourchassent des motocyclistes.
T-Bone amalgame prodigieusement le hard rock, le punk et le trash dans une énergie francophone contagieuse. Bref, si l’envie de vous secouer les méninges vous prend ou que vous cherchez une musique à écouter tout juste avant une contravention pour excès de vitesse, c’est Médium Saignant qui répondra à vos besoins!
Cette année, la troisième édition des Nuits psychédéliques de Québec prenait place à la Salle Multi de la Coopérative Méduse plutôt qu’au Cercle. Pour les néophytes, le festival offre une multitude de groupes de musique dont le but est de créer une atmosphère planante et, bien entendu, faire découvrir des artistes aux styles éclectiques et hors du commun. Une soirée découverte s’annonçait à moi étant donné ma première participation aux Nuits Psychédéliques et de ma méconnaissance des groupes présents. Soulignons chaleureusement la participation de monsieur Lance Gordon de Mad Alchemy (San Francisco) qui se chargeait des effets visuels hauts en couleur. Les photos parlent d’elle-même!
Pang Attack
C’est le trio montréalais constitué d’Alex Hackett (guitares, voix), Yann Geoffroy (batteries) et Dave Clark (claviers, basse) qui se chargeait d’ouvrir cette troisième édition. Jouant dans le post-rock atmosphérique que certains qualifient de «shoegazing», le groupe se démarque de par la clarté de leur son et des effets électro précisément dosés. Live, Dave Clark délaisse sa basse pour plutôt s’occuper du synthétiseur, substitut de choix pour créer l’ambiance onirique de Pang Attack.
Rishi Dhir
Le chanteur de la formation indie rock canadienne Elephant Stone, Rishi Dhir, était en formule solo ce soir, accompagné de sa sitar. Nu-pied sur son tapis, sirotant son verre de vin rouge, Dhir s’introduit en pinçant les multiples cordes de son instrument ébahissant. La foule est rivée sur ce point central sur scène. Jusqu’à la moitié de sa prestation, il nous offre un jeu traditionnel envoûtant, frôlant le mysticisme. Vers la fin, Dhir module le son de son instrument pour ajouter un rythme électro bouclé à son jeu. Peu de temps suffit pour faire danser les spectateurs sur l’air très semblable à New Order – Blue Monday. Très intéressant de voir la polyvalence du musicien.
Buck Gooter
Le duo américain Buck Gooter (Terry Turtle, guitar – Billy Brat, vocal et percussions) fait une entrée fracassante sur scène, diamétralement opposé au spectacle précédent. Tandis que Turtle joue sur une guitare sèche distortionnée, Brat rugit dans son micro tout en harmonisant les diverses percussions. Champion de la présence sur scène, ce dernier lance des regards maléfiques tandis qu’il assainit de violents coups de pied dans ses chimes, clochettes autour du cou. Côté musical, on se rapprochait d’un mélange punk trash des années 80 fusionnées à du new-wave. Ce fût quelque peu cacophonique, mais très divertissant!
Yonatan Gat
Une petite scène se glisse discrètement au milieu du parterre après Buck Gooter pour faire place au trio new-yorkais. À travers les spectateurs attentifs se glissent les musiciens qui grimpent vers leurs instruments. Yonatan Gat lui-même nous annonce que nous nous apprêtons à «vivre un rituel ancestral»! Nous avons droit à une introduction de guitare au caractère très surf rock, suivi d’une impressionnante rythmique à la batterie. En effet, le tempo accéléré dans un style jazz aléatoire du batteur superposé aux douces mélodies californiennes donne un effet psychédélique remarquable. Les lueurs rouges et vertes des projecteurs laissaient entrevoir l’expression des musiciens en sueur qui semblaient vivre un état second. Toutefois, j’ai été déçu du son à peine audible de la basse. De plus, j’ai eu l’impression, après 30 minutes, que la musique était répétitive et chaotique, entre autres due à la présence permanente des percussions hyperactives.
SUUNS
Le groupe rock électro montréalais tant attendu, Suuns (Ben Shemie, Max Henry, Liam O’Neill, Joseph Yarmush.) était présent cette année et nous présentait leur album fraîchement pressé Hold/Still. Il n’a suffi que de peu de temps pour que la foule, sous l’emprise du rythme, se mette à danser et chanter. Le groupe nous fait découvrir quelques pièces de leur nouvel opus avec entre autres UN-NO, Resistance, Translate et Brainwash, mais remonte également à Zeroes QC avec Arena et Up Past The Nursery. Les passages plus lourds se sont fait ressentir chez les spectateurs par des slams et du bodysurfing. L’ambiance était festive! Bref, une performance impeccable de l’artiste, qui fut pour moi le coup de coeur de ma soirée. Mon seul regret c’est de ne pas avoir connu ce groupe avant!
Moon King
Tandis que la plupart des spectateurs ont quitté les lieux après SUUNS, les plus curieux sont restés pour voir la dernière prestation du jeune groupe torontois composé de Maddy Wilde et Daniel Benjamin. Malgré l’heure tardive, les gens restant écoutaient attentivement les premières pièces indie-rock dreampop. Côté scène, Benjamin semble avoir de la difficulté avec le volume de son clavier à quelques reprises. De notre côté, le son est plus qu’agréable. Les gens se mettent à leur aise en dansant dans l’espace vacant au fur et à mesure que le spectacle avance. La voix de nymphette de Wilde s’agence à merveille avec le côté éthéré que procure leur style. Dommage que la foule se soit dissipée tout juste avant leur représentation.
C’est donc vers 2h00 que les dernières notes de Moon King résonnent dans la Salle Multi. Incroyable expérience de mon côté! Autant mes sens auditifs que visuels ont été comblés. Encore une fois, l’orchestration fantasmagorique des effets visuels par Mad Alchemy a été un ajout tout à fait extraordinaire! J’appréhendais une monotonie des styles musicaux aux clichés psychédéliques, mais j’ai été surpris du contraire. J’aurais cependant respecté la recette traditionnelle de mettre la tête d’affiche en dernier. Je trouve que c’est un manque de respect qu’une grande partie des spectateurs aient quitté après SUUNS, d’autant plus que je trouve cela triste pour l’artiste. J’y retournerai à coup sûr l’an prochain, quitte à planifier mes congés d’avance!
Consultez ici les superbes photos que Jay Kearney, photographe chez nous, a pris pour le compte de l’organisation des Nuits Psychédéliques et que le festival nous permet de présenter à nouveau.
Le 24 mars dernier à L’Anti bar et spectacle de Québec avait lieu le quatrième spectacle de la tournée de Grimskunk avec Lubik, ainsi que le lancement, en formule 5 à 7 de leur bière officielle par les brasseurs de chez HopEra.
Lubik
Pour réchauffer une foule, c’est à se demander s’il y a plus efficace que Lubik! Ayant laissé sa guitare de côté pour des raisons médicales, le chanteur Alexandre Picard n’hésitait pas à profiter de ce moment de liberté pour se “laisser aller”. Aussitôt la première pièce amorcée, il devenait difficile de le suivre du regard, se tirant d’un bout à l’autre de la scène ou encore se catapultant dans la foule pour amorcer un slam. Réputés pour leur côté interactif avec la foule, on peut dire que le groupe abitibien a eu droit à une réciprocité de la part de cette dernière. Québec a eu la chance d’entendre trois nouveaux extraits d’un éventuel album, dont une primeur “Asti qu’on est bien”, une pièce faisant l’apologie de notre bien-être nord-américain. Alexandre a avoué à la suite de celle-ci ne l’avoir jamais joué devant un public auparavant. Malgré une guitare en moins pour leur prestation, le guitariste principal, Christian Frenette nous fait rapidement oublier ce manque, grâce à son jeu polyvalent et concentré.
Grimskunk
En tournée avec Lubik depuis le 10 mars dernier, Grimskunk est venu assourdir de son punk/reggae agressif la Vieille Capitale jeudi dernier. Le tout commence avec la pièce rock/psychédélique Falling Into Shadow suivi de Fuck Shit Up, chantée par le vigoureux Joe Evil. Le groupe en profite également pour dédier quelques-unes de leurs pièces au caractère engagé. On souligne les tristes attentats de Bruxelles en jouant Set Fire To The Nation, ainsi que le récent passage de Marine Le Pen dans la Capitale en lui dédiant sans gêne La Vache. Tous ont été comblés par leurs pièces pigées dans leurs plus premiers albums comme dans leurs plus récents, en passant par plusieurs succès; Gros Tas, !Ya Basta! et Le Gouvernement Songe, qui leur ont valu l’éloge des spectateurs. Un spectacle haut en énergie par un groupe toujours aussi chaleureux envers ses fans!
Le 19 mars dernier se déroulait au Cercle le tout dernier spectacle de la série Ligue Rock 5 mettant sous les projecteurs les groupes Reanimator, Les Indiens et Aut’ Chose. Cette année, le concept compétitif laisse plutôt place à la découverte de groupes émergents et intergénérationnels.
Reanimator
Le groupe thrash métal de Montréal ouvre le bal devant un Cercle commençant à peine à se remplir vers 20h45. On peut alors constater une foule hétéroclite dont certains sont probablement présents pour la venue d’Aut’ Chose plus que pour Reanimator! Le chanteur de la formation Patrick Martin suggère donc en blague aux spectateurs plus âgés “de fermer leurs appareils auditifs”. Fais ensuite ce qu’un groupe de thrash métal fait de mieux: brasser la place! En effet, dès la première pièce, force est d’admettre que les gars ont de l’expérience derrière leur instrument et sur scène. Non seulement leur synchronisme est implacable et impressionnant malgré les tempos très rapides, les membres semblent prendre grand plaisir à offrir leur spectacle. Malgré quelques difficultés techniques majeures au niveau des guitares, les deux musiciens, Ludovic Bastien et Joël Racine, réussissent à livrer la marchandise avec brio. Reanimator nous offre des compositions principalement tirées de leur dernier album Horns Up mais également d’Ignorance Is No Excuse et de leur EP Great Balls ainsi que deux reprises: Great Balls Of Fire de Jerry Lee Lewis et Ace Of Spades de Motorhead.
Les Indiens
La salle commence à se saturer et la foule est bien réchauffée au moment ou les membres du groupe stoner-psychédélique Les Indiens mettent pied sur scène. Originaire de Québec, le groupe n’avait pas fait de prestation dans sa ville depuis un an et demi. Contrairement à leurs prédécesseurs, les compositions du quatuor offrent un rock plus lent et atmosphérique. Les basses fréquences sont définitivement à l’honneur au sein de la formation! On ressent l’effet des premières lignes de basse très rythmées et distortionnées de Michel Groleau qui, avec les riffs et la voix de Guillaume Sirois, font systématiquement vaciller la tête des spectateurs. On ne peut passer sous silence les percussions au caractère tribal et ancestral ainsi que l’énergie débordante de Pascal Asselin qui a offert un moment magique lors de la finale de la pièce Crâne, où le claviériste Alex Beaulieu est venu lui porter renfort en jouant également sur la batterie.
Aut’ Chose
Ne nécessitant aucune présentation, le respectable groupe Aut’ Chose est enfin monté sur scène devant une salle comble brûlante d’impatience d’entendre et de voir la légendaire formation datant de 1974. C’est un Lucien Francoeur très festif qui a surgi sur scène pour ses admirateurs et qui a présenté ses nombreux immanquables succès tels que Nancy Beaudoin, Ch’t’aime pis ch’t’en veux, Bar-B-Q Lady, Hollywood en plywood, Le freak de Montréal et même Le rap à Billy! On peut dire que monsieur Lucien Francoeur était bien entouré sur scène! Avec de célèbres musiciens d’expérience dont Vincent Peake (Groovy Aardvark, Grimskunk, Floating Widget), Joe Evil (Grimskunk, Collectivo), Alex Crow (Xavier Caféïne, Tricky Woo), Michel « Away » Langevin (Voïvod) et Jacques Racine son fidèle guitariste, il semblait lui-même impressionné lors de leur présentation. Monsieur Francoeur ne s’est pas gêné pour mentionner son admiration envers la foule. Mon plus beau moment de la soirée fut définitivement lorsque les gens se sont mis à scander le nom du chanteur et que se dernier s’est tourné vers Vincent Peake en disant “Je fais quoi avec ça?”, et de se faire répondre: “Tu le prends!” On pardonne les quelques confusions au niveau des paroles, qui aux oreilles des moins habitués (les miennes) n’ont aucunement paru. Bref, un spectacle mémorable qui nous rappelle qu’il y a du talent chez nous!
Nous ayant fait attendre pendant près de trois mois avec leur unique piste Livin’ Free, la formation Gone Dogs de Montréal nous présente officiellement son court, mais combien efficace, EP de trois extraits à la saveur hard rock. Composé d’Alexandre Larocque (vocal), Alexandre Michaud (Guitare), Vince Jo (Guitare), Michael Wagner (Basse) et Dominic Ogden (Batterie), Gone Dogs nous offre une énergie hautement contagieuse.
On commence en force avec Expectations, une longue pièce de 5 minutes. Le tout débute avec une courte introduction avec des rythmes de guitare aux sonorités de rock classique des années 70-80 pour ensuite faire place au vocal d’Alexandre Larocque se démarquant par sa véhémence et sa tonalité rappelant Scott Hill de Fu Manchu, un cran plus agressif et détonnant dans les aigus. Suivent ensuite vers le milieu de la pièce des mesures d’orgues alternés de solos de guitare éclatants par Alexandre Michaud. Un peu cliché, mais toujours agréable à entendre.
S’enchaîne ensuite Finding My Way, composition qui tire ses racines du stoner mais qui, par ses tempos relativement rapides, dégage un caractère plus vif. Après les premières notes de guitare, on remarque la présence de l’orgue qui vient supporter certaines mélodies, donnant ainsi une légère touche psychédélique à la Deep Purple, tout en gardant sa lourdeur.
Enfin, Livin’ Free est, selon moi, la pièce qui se démarque du lot par son côté accessible et radiophonique, sans toutefois tomber dans la pop. Se laissant désirer de par son introduction à la basse fuzzy, elle tombe rapidement dans un style rock n’ roll et punk. Contrairement à sa version “démo”, celle sur leur EP est réenregistrée avec une guitare rythmique additionnelle, ce qui vient combler le vide du solo et ajouter de la puissance aux autres parties de la pièce.
Sans réinventer la roue Gone Dogs nous offre un style énergique et ferme qui fusionne le stoner le punk et le classic rock. On aime leur musique surtout pour leurs mélodies accrocheuses et les solos de guitare que pour les paroles qui profiteraient d’un peaufinage linguistique. La suite sera attendue avec impatience!
Après m’être fait demandé pendant plus d’un mois “Tu vas voir les bigfoots?” le spectacle du groupe ontarien Monster Truck s’est finalement déroulé le 8 mars dernier au Cercle, précédé par la formation blues rock britannique The Temperance Movement. Le tout orchestré par District 7 Production, c’est devant une foule comble et bien compressée d’environ 250 personnes que les deux groupes ont donné leurs prestations énergisantes.
Monster Truck
Venant nous présenter leur deuxième album encore tout chaud du 19 février dernier, les membres sont entrés sur scène avec une introduction musicale épique avant que Jeremy Widerman, vêtu d’une veste en jeans laissant librement respirer son chest, fasse vibrer les premières notes de sa Gibson SG jaune et commencer en force avec The Lion. La foule était belle et bien réceptive par ses hurlements et ses applaudissements entre les chansons, mais restait relativement passive durant la performance du groupe. Déçu par ce calme plat, j’ai vite réalisé qu’on était mardi soir et que les gens préféraient probablement apprécier le spectacle et par le fait même, rester sages.
Ironiquement, la deuxième chanson interprétée fut Why are you not rocking, morceau beaucoup plus rapide et intense que la précédente. Avec sa voix rauque et sa longue tignasse frisée, la performance vocale de Jon Harvey n’était rien de moins qu’impeccable, en plus de nous délivrer en puissance le son de sa basse. Les spectateurs se sont empressés d’accompagner les aires accrocheuses du refrain de la seconde pièce. Peu à peu les gens se sont mis à être plus participatifs, d’autant plus que le troisième morceau, Monster Truck nous a balancé leur gros hit Old Train, où les fans se sont époumonés à l’unisson pour chanter les fameux “wo-ho” tout au long de la chanson.
Rapidement, j’ai réalisé qu’on entendait très peu l’organiste Brandon Bliss! Dommage, car de bien des groupes stoner rock, Monster Truck se démarque de par son orgue, donnant une touche rétro/gospel forte intéressante. De même pour le son de la basse qui aurait pu être un peu plus enveloppante. Difficile de bien balancer les instruments lorsque le volume de la guitare est à ce point élevé.
Pendant ce temps, la foule se réchauffait et démontrait, par ses poings levés et son agitation, qu’elle appréciait la performance. Graduellement, Jeremy Widerman semble s’être mis à s’amuser et à s’imprégner de l’énergie du public en dansant et en sautillant un peu partout sur le stage, dans la fumé illuminée par les projecteurs rouges. Il est d’ailleurs allé chercher une main géante en mousse arborant le logo du groupe, pour la mettre sur le bout du manche de sa guitare durant la pièce Call it a spade. L’ambiance s’est enflammée vers les dernières chansons alors que les verres de bière vides virevoltaient un peu partout entre les têtes des spectateurs et le plafond. On a pu même assister à un circle pit!
Bref, tout au long du spectacle, Monster Truck pige dans ses deux albums ainsi que sur leur EP, The Brown, offrant une progression touchant au stoner, au blues rock et au country, en ce qui concerne certaines pièces du nouvel album.
The Temperance Movement
En première partie, le groupe blues-rock britanique aux tonalités des années 70 The Temperance Movement est également venu nous présenter son nouvel album White Bear, sortie en janvier dernier.
Malencontreusement, étant habitué à ce que les spectacles du Cercle commencent plus tard qu’à l’heure inscrite sur le billet, je suis arrivé tout juste à la fin de leur prestation! Quelques commentaires des gens m’ont confié les avoir apprécié grandement dont certains pour qui c’était une découverte.
Cinquième album pour la formation d’origine néo-écossaise, toujours sous l’étiquette Bonsound, Light The Sky est un tournant significatif autant sur le plan musical que linguistique. Jacques Doucet et Gabriel Malenfant optent cette fois-ci pour un style pop-électro, le tout en anglais uniquement. Avec Alex Mchanon à la réalisation (Plaster, Cargo Culte), Radio Radio s’est associé à divers artistes tels que Dj Champion, Sash’U, et J.u.D. afin d’explorer différentes rythmiques et mélodies.
Tonight’s the night, la toute première piste de l’album donne définitivement le ton que notre oreille, encore habituée au dialecte chiac et au hip-hop funky, devra savourer. On commence en force avec une pièce haute en rythmes électroniques et au refrain dangereusement accrocheur. On pousse les harmonies vocales à un niveau supérieur, ce qui va tracer une silhouette pop, plus souvent utilisé lors des refrains, sans toutefois délaisser leur rap efficace habituel.
Fidèles à eux-mêmes, le duo ne se limite pas qu’à un seul style sur cet album. On y amalgame une multitude sons, de genres et d’instruments. Sweather Weather, une pièce orchestrale rappelant le rapper allemand Peter Fox, Living a Dream au tempo plus lent et aux impressions de Jack Ü, Speed Up the Volume à la guitare basse slappée de Justice ou encore Light The Sky qui rappelle étrangement Pursuit of Happiness de Kid Cudi. Mention spéciale à Cause I’m a Hoe qui nous plonge littéralement dans l’époque surf rock où on retrouve un son de guitare à la Dick Dale ainsi qu’un caractère yéyé.
La question de la mode et du party y sont évoqués avec une pincée d’humour, mais on retrouve des thèmes plus engagés tels que l’individualisme (Busy) et le rapport des gens à la musique (Then came the music).
Somme toute, un album dansant et énergisant du début à la fin. Certains seront déçus de ne pas retrouver leur franglais qui caractérisait leurs dernières productions, d’autres seront agréablement surpris d’y trouver une démarche artistique plus approfondie.
Si l’enregistrement de leur dernière composition À chacun son gibier s’est déroulé dans une écurie désaffectée, cette fois, le trio est-ontarien Pandaléon, formé de Jean-Philippe Levac (batterie, voix) Marc-André Labelle (guitare) Frédéric Levac (claviers, voix), a plutôt transformé leur désuète école secondaire de Saint-Bernardin en studio d’enregistrement pour créer leur troisième album Atone.
À la première écoute, on est plongé dans un univers rock atmosphérique ayant par moments une touche industrielle. Dès les premières notes on remarque un effet de grandeur et de vide qui semble provenir de l’espace physique de cette ancienne école, ce qui lui donne litéralement une seconde vie. Les chansons qui se terminent plus abruptement laissent d’ailleurs résonner quelques notes dans les interstices de l’établissement. Toutefois, lorsque plusieurs instruments se superposent (clavier, guitare, basse, vocal et percussions), une certaine cacophonie prend forme dans un surplus d’écho abusif. On y distingue difficilement la précision et le détail des harmonies parfois trop planantes.
Contrairement à leur dernier album À chacun son gibier, Atone nous glisse dans un univers onirique plus digital et moins cru. Il y a certes une recherche musicale et une démarche artistique plus approfondie et recherchée, autant sur le plan des sons des instruments que des mélodies. La dichotomie entre la lourdeur et le côté terre-à-terre des basses fréquences électroniques vient s’opposer diamétralement aux chants astraux de Frédéric Levac, ce qui nous laisse en équilibre dans leur musique éthérée.
La première pièce se démarque notamment par une mélodie accrocheuse qui se laisse facilement chantonner. Cependant, on perd peu à peu cette ligne directrice et, ce qui semble être un ver d’oreille devient plutôt un album ambiant qui se transforme en musique de fond, qui pourrait facilement accompagner un long métrage dramatique.
On retrouve deux compositions plus massives (Bulk Tank 6:50 et Atone 7:46) qui se distinguent par leur côté progressif et une énergie différente de leur consoeurs, qui nous transportent agréablement sur leur long parcours.
Bref, le trio Pandaléon nous offre Atone, un album portant bien son nom puisque leur musique inspire effectivement le relâchement de notre tonus quotidien pour cibler notre côté chimérique et nous suggérant ainsi un relâchement. Un travail plus raffiné au niveau du son aurait été souhaitable, mais le résultat mature semble près de leur aspiration.