Écoutedonc.ca profitera de la présence de Jacques à Gaspé, mais il y aura aussi les jeunes cools et branchés qui se feront bouffer par les mouches à La Grosse Lanterne ce samedi 8 août. Ce sera une première expérience pour nous et sur papier le festival a tout pour plaire. Expérience nature, camping, concerts, bonne bouffe avec une pléiade de groupes et de DJs qui jouent de midi à (passé) minuit. C’est somme toute assez intime (on pourrait accueillir jusqu’à 3000 personnes semble-t’il) et en plus, c’est proche de plusieurs villes; les organisateurs ayant établi leurs pénates à Béthanie, proche de Sherbrooke, Drummondville et Granby et pas si loin de Montréal et Québec.
Vendredi, sa commence tranquillement avec une soirée de courts métrages et la projection de l’excellent documentaire Montage of a heck, sur la courte vie de Kurt Cobain. Ce sera suivi de DJ sets.
Nous arriverons le samedi. Ça débute à midi avec Gabrielle Papillon (ce sera une première pour ma part) et elle sera suivie d’une incroyable et éclectique brochette d’artistes: Bernhari, Face-T, Dear Denizen, Ponctuation, Heat, Milk & Bone, Koriass, Karim Ouellet, Loud Lary Ajust qui se succèderont sur scène sous un chaud soleil; la météo semblant vouloir coopérer pas à peu prêt!! Ça se termine par le retour sur scène de Malajube après 3 ans d’absence. Si on se fie aux entrevues données cette semaine par les membres du groupe, ce sera un spectacle assez unique, avec un setlist mélangeant les pièces que les membres du groupe préfèrent jouer en concert avec quelques nouvelles chansons un peu grunge (selon Julien Mineau) et assez complexes (selon Francis Mineau). Les vidéoclips du Jus de Citron et du Blizzard avez été tous deux tournés dans le bois d’ailleurs… un présage?
Existe-t’il un mot pour décrire à quel point on a hâte?
Grosse journée aujourd’hui alors que Julien et Jacques arpentaient les scènes du FEQ et que les filles de l’équipe étaient presque toutes au OFF. Compte rendu :
Julien Sagot
(par Julien Baby-Cormier) C’était encore tranquille dans le théâtre Impérial à l’arrivée sur scène de Julien Sagot, ancien percussionniste de Karkwa. C’était aussi l’artiste que je ne voulais pas manquer hier soir. Le souvenir du concert qu’il avait présenté au festival Off en 2012 en était un excellent et son dernier disque Valse 333 est un coup de coeur franco de l’an dernier. C’est une percutante et impeccable version d’Avion qui nous a été offerte en entrée de scène; rythme électro, percussions enflammées, voix rauque, la table était mise. Par la suite, c’est devenu étrange. Déjà assez champ gauche musicalement, les interventions de Sagot étaient parfois empreintes de malaises; théâtralité ou maladresse? La performance vocale de sa claviériste laisse parfois perplexe, le style « opéra » ne se mariant pas toujours bien aux pièces sombres de Sagot. Puis il y a sa voix qui était enterrée dans le mix rendant difficile la compréhension des paroles. Par contre, il faut donner crédit aux deux percussionnistes qui ont offert une performance éclatante. Concert imparfait certes, mais force est d’admettre que la proposition de Sagot est différente et mérite le détour. Vous pourriez d’ailleurs vous en faire une tête alors qu’il reprend la scène ce soir au Petit Impérial à 18h. Parfait pour un étrange apéro.
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Jérôme Minière
(par Julien Baby-Cormier) C’est devant une salle se remplissant que Jérôme Minière a fait son entrée. Le changement de ton fut drastique tant sa musique est lumineuse par rapport à celle de Sagot. La foule a semblé apprécier (bravo pour l’écoute quasi exemplaire, fait assez rare à l’Impérial durant le FEQ) les pièces presque exclusivement issues de son dernier disque Une Île. Moment touchant avant d’interpréter Dans ton oreille lorsqu’il nous parle de Lhasa de Sela et du signe qu’elle lui a transmis dans un magasin La Baie par le biais d’une de ses chansons. Il a tôt fait de mentionner qu’il ne croyait pas aux fantômes! L’enthousiasme de Minière est contagieux et nous avons passé un bon moment. Cependant, sa musique plus récente manque parfois de nuances, autant au niveau des mélodies vocales que des arrangements. Il suffit de réécouter son sublime disque live au Grand Théâtre (concert qui lui avait d’ailleurs permis de remporter un prix miroir du FEQ il y a exactement 10 ans) pour s’en convaincre. Quelques anciennes compositions auraient pu diversifier le programme.
La foule était encore plus compacte pour l’arrivée en scène d’Arthur H, mais je n’ai vu que les premières chansons. Il avait l’air fort heureux d’y être et ses musiciens (essentiellement le band de Patrick Watson+François Lafontaine) ont sans aucun doute donné une performance haute en couleurs.
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Akawui
(par Jacques Boivin) Le Montréalais aux racines chiliennes Akawui, qui a remporté le Syli d’or de la musique du monde présenté par le festival Nuits d’Afrique de Montréal, a pu montrer son savoir-faire aux curieux venus luncher au soleil. Les rythmes d’Akawui, un savant mélange de rythmes latins, de sonorités amérindiennes et de hip-hop (avec quelques autres influences latines) ont tôt fait de faire danser de nombreuses (disons-le, c’était surtout des femmes) employées du secteur, trop heureuses d’avoir un nouvel ami très entraînant. Ce n’est certainement pas son dernier passage à la scène Hydro-Québec.
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#PopUpFEQ avec Family of the Year
(Par Jacques Boivin) Belle surprise de la part du Festival d’été que cette prestation impromptue à la fontaine de Tourny. Prestation 100 % acoustique que les cinq musiciens ont assurée à la bonne franquette malgré le soleil de plomb qui ne manquait pas de leur brûler le pauvre coco. La centaine de curieux a bien apprécié les quelques chansons données, comme ça, dans un des cadres les plus enchanteurs de Québec.
Julie Blanche
(Par Jacques Boivin) Retrouvailles avec la talentueuse Julie Blanche, qu’on avait vue au même endroit il y a trois mois aujourd’hui. Cette fois-ci, le public n’avait pas payé pour aller la voir, il y avait de nombreux curieux (bien qu’à la première rangée, il y avait également de nombreux fans), ce n’était pas dans la poche d’avance. Pourtant, c’est fou combien on peut gagner en assurance en trois mois! Faut dire que les chansons de l’album homonyme de Julie ont joliment évolué. Et faut l’admettre, Julie a beaucoup gagné en assurance! Sa douce voix en particulier. En plus de ses chansons, la chanteuse nous a offert une belle version d’une chanson de Philippe B, Petite leçon de ténèbres, une chanson qui lui va comme un gant et qu’elle a donc dû avoir du plaisir à réarranger! Une belle évolution.
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Émile Bilodeau
(Par Jacques Boivin) Le jeune auteur-compositeur-interprète avait remporté le prix FEQ au Festival de la chanson de Granby et il est absolument partout cet été. Comme tout le monde, nous étions curieux de comprendre le buzz qui entourait ce jeune homme. Bilodeau est rempli d’humour et n’a pas la langue dans sa poche. À un point où ça devient un brin agaçant. Chante, mon homme, chante! T’as 45 minutes pour nous séduire, c’est pas le temps de faire du cabotinage! Mettons ça sur le coup de la nervosité, parce que quand Bilodeau chante, oh là, ça devient plus qu’intéressant. Philippe Papineau du Devoir parle d’influences de Philippe Brach et d’Adamus et on ne peut qu’être d’accord avec lui.
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Last Train
(Par Jacques Boivin) Ils viennent de Mulhouse en France et ils ont pris tout le monde par surprise avec leur espèce de rock décapant sorti tout droit du milieu des années 1990. Si on avait vraiment su la claque au visage qu’on allait manger hier soir, on en aurait informé les rockeurs, qui auraient eu une méchante belle découverte à se mettre sous la dent. Les membres du groupe étaient déchaînés, le chanteur, visiblement ému, est allé partager sa guitare avec les fans massés sur le bord du rail de sécurité et les personnes qui n’ont pas eu peur du torrent de décibels laissé par le groupe en ont eu pour leur argent. Découverte incroyable. On comprend pourquoi ils ont remporté le prix FEQ au Printemps de Bourges!
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Salomé Leclerc
(Par Jacques Boivin) Au tour de l’Espoir FEQ 2014 de se présenter sur scène et ma foi, Salomé Leclerc était fort attendue si on se fie à l’accueil réservé par les fans! C’était quoi, la troisième fois que je voyais Salomé, la deuxième depuis le lancement de 27 fois l’aurore. Leclerc a encore tripoté ses chansons pour les adapter à un cadre festivalier. Tout était plus groovy, tout bougeait davantage, même ses chansons les plus aériennes donnaient envie de se déhancher. Salomé était plutôt avare de mots, mais elle n’avait pas besoin de se perdre en palabres, on était là pour ses magnifiques chansons et ma cinquième version différente de Tourne encore (elle pourrait probablement faire un disque complet – et intéressant – juste en réarrangeant cette chanson-là une dizaine de fois), pour sa magnifique reprise de Vingt ans, de Léo Ferré, et pour nous rappeler qu’il y a bel et bien de la graine de Yorke-Godrich chez Leclerc-Brault. Une charge émotive qui a achevé votre humble serviteur, qui est ensuite allé au lit.
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On vous revient un peu plus tard avec le programme de la journée! Encore plein de ♥ à distribuer à messieurs Bellavance et Cordier! 😉
L’été, synonyme d’euphorie des festivals, est aussi une période généralement tranquille côté sorties de disque. Si quelques groupes (Tame Impala, Ratatat, Mac DeMarco, Iron & Wine en duo Ben Bridwell pour un album de reprises) sortiront des albums pendant la saison chaude, il faudra généralement attendre l’automne pour être à nouveau aspiré dans le tourbillon de nouvelles offrandes. En attendant, le mélomane averti pourra faire du rattrapage avec quelques suggestions bien personnelles.
Sufjan Stevens – Carrie & Lowell (Asthmatic Kitty, 2015) : Splendide album qui ramène Sufjan sur un terrain folk, cette fois plus intimiste. Si certains pourraient qualifier cet album de retour aux sources, d’autres conviendront qu’il s’agit d’un grand pas en avant. L’album est beaucoup plus concis que ce à quoi il nous avait habitué et sa donne un des albums les plus remarquables de ce début d’année.
Elvis Perkins – I Aubade (MIR recording, 2015) : Certains albums semblent parfois complètement ignorés par la presse spécialisée comme ce I Aubade d’Elvis Perkins. Ce nouveau disque sort après 6 longues années de gestation. C’est un album délicat, exigeant et tout à fait magnifique qui mérite une écoute soutenue. Voici un folk complexe, enregistré avec sobriété, mais comportant beaucoup de subtilités. Superbe prestation dans une station de radio de Seattle ici.
Bjork – Vulnicura (One Little Indian, 2015) : Bjork s’est servie de la musique comme exutoire pour passer à travers une séparation avec son conjoint de longue date. Ça donne un album fragile et beau; un retour réussi pour une artiste talentueuse qui a aussi le don de bien s’entourer (Haxan Cloak et Arca). Si le poil ne nous dresse pas sur les bras comme à l’époque d’Homogenic ou de Vespertine, force est d’admettre que l’Islandaise est toujours pertinente à l’aube de ses 50 ans.
Built To Spill – Untethered Moon (Warner Bros, 2015) : Groupe pionnier de la mouvance Indie-rock américaine dans les années 90, le groupe de Doug Martsch revient à la charge avec un excellent album en phase avec le reste de leur discographie, mais diablement efficace. Les riffs solides et la voix singulière de Martsch sont particulièrement efficaces en début et en fin d’album. À voir au Club Soda dans le cadre de Pop Montréal le 19 septembre prochain.
Father John Misty – I Love You, Honeybear (Subpop, 2015) : Un autre disque folk grandiloquent pour Joshua Tillman (alias Father John Misty). C’est un second album fort pertinent pour l’artiste qui nous convie à l’intérieur de sa curieuse psyché; et que dire de cette voix… C’est foisonnant et on aime.
Fontarabie – Éclipses (Grosse Boite, 2015) : Ep de 5 chansons faisant suite à l’excellent disque éponyme paru en 2014. Julien Mineau présente de délicates chansons assez mélancoliques. La pièce d’ouverture Vent Blanc est particulièrement sublime. L’instrumentale Éclipses rappelle quant à elle les élans rock de Malajube. On reconnait le style de Mineau, mais l’instrumentation utilisée pour son projet Fontarabie est plus variée et poussée. C’est parfait en attendant le prochain disque (Malajube ou Fontarabie?) du clan Mineau.
Viet Cong – Viet Cong (Jagjaguwar, 2015) : Des ex-membres du groupe de Calgary, Women ont sorti en janvier un album habillé de post-punk et de rock fuzzé fort pertinent. La voix n’est pas spécialement puissante et elle est souvent enterrée par un mur de guitares. 7 pièces seulement, dont la dernière, Death; 11 minutes de défoulements jubilatoires. À voir en première partie d’Interpol le 17 juillet au FEQ.
Wand – Golem (In the Red, 2015) : Le premier disque avait été produit par Ty Segallet même s’il n’a pas collaboré à ce deuxième effort, son spectre plane pas trop loin. On se retrouve ici avec un bijou de rock garage aux tendances psychélisantes, voire stoner. Le plaisir de ce disque croit avec l’usage puisqu’on en vient éventuellement à ne plus entendre les influences qui peuvent être dérangeantes à la première écoute. On profite alors de chansons très bien ficelées, agrémentées de riffs absolument addictifs.
Moriarty – Epitaph (Air Rytmo, 2015) : Moriarty est un groupe folk de France mené par la Franco-américaine Rosemary Standley. Ils sortent cette année leur 4e long jeu. S’ils ne révolutionnent rien ici (le groupe à longtemps fait de nombreuses reprises blues) le mélange des genres est intéressant et ce disque est un bel ajout à leur discographie. L’album semble être passé complètement sous le radar de ce côté de l’Atlantique et c’est bien dommage.
Corridor – Corridor (Indépendant, 2015) ; Le quatuor montréalais fait preuve de beaucoup d’audace sur ce premier album complet. (la formation avait un EP en poche sorti l’an dernier) Globalement, c’est rock (certaines pièces évoquent Deerhunter ou My Bloody Valentine, mais ce n’est pas si aisé à catégoriser et c’est bien tant mieux). C’est aussi et surtout bien des variations de ce rock et tout ça se fait en français. Dans cette mer de folk et de synth-pop, ça fait du bien de voir de nouveaux visages franco-rock pour appuyer les Ponctuation et autres Jesuslesfilles de ce monde. Le disque est bon, le potentiel lui est énorme.
En rétrospective, 2015 a fort bien débuté et nous avons plusieurs raisons de trépigner d’impatience pour la suite. Bonne mélomanie!
C’est aujourd’hui qu’Envol et Macadam a dévoilé sa programmation complète. Le festival se déroule toujours dans le décor urbain de l’îlot fleurie et accueillera encore cette année une pléiade de groupes principalement punk / hardcore et métal. Des vétérans internationaux comme Rise Against, Millencolin et les nouvellement ajoutés Bigwig partageront la scène avec des groupes locaux comme Mute et Yesterday’s Ring. Cette édition marque le 20e anniversaire du festival qui s’est promené à plusieurs endroits avant de faire sa niche sous les échangeurs Dufferin en 2008.
Passeport 39$ pour l’ensemble des trois jours en vente sur lepointdevente.
Pour plus de détails vous pouvez consulter l’ensemble de la programmation ici.
Vendredi soir, une partie des mélomanes de Québec ont été conviés au Morrin Centre, lieu inhabituel de concert, pour assister à la première performance de Plants & Animals à Québec en deux ans.
La scène était probablement un peu basse pour qui n’était pas dans les premières rangées, mais la magnifique salle a assurément aidé à ajouter un brin de magie dans l’expérience globale.
Celle-ci était pleine pour l’arrivée de la troupe de Warren Spicer qui nous annonce dès les premières secondes que nous entendrons beaucoup de nouveau matériel pendant la soirée. La première chanson, une savoureuse bombe folk de plusieurs minutes donnera le ton à un concert sans faille. M.Spicer, armé pour la vaste majorité des chansons d’une guitare 12 cordes, était en pleine possession de ses moyens. Les mélodies vocales des nouvelles chansons sont fortes, le côté plus rock est toujours assumé pour l’incroyable Nicolas Basque qui nous a balancé plusieurs excellents riffs. La section rythmique autrefois assurée par la seule présence de Matthew Woodley à la batterie bénéficiait hier de l’ajout de Mishka Stein qui officie habituellement au sein du groupe de Patrick Watson. Il va sans dire que cela permet d’ajouter de la profondeur aux chansons, surtout dans leurs moments plus intenses.
Le tour de force de la soirée aura été de garder l’auditoire aussi captif malgré le grand nombre de nouvelles compositions offertes par le groupe. C’est dire la qualité des pièces qui ne sera vraisemblablement pas chez nos disquaires avant le début de 2016. Le groupe semble vouloir en partie revenir à des structures de chanson plus complexes qui avaient fait sa renommée entre autres grâce à l’excellent Parc Avenue sorti en 2008. La plupart des chansons n’avaient pas encore de titre selon les dires du chanteur. Même si plusieurs étaient jouées pour la première fois, on sentait une assurance digne des fins de tournée, signe que la nervosité a parfois ses avantages.
Après un set d’environ une heure, le groupe est revenu jouer une autre énergique nouveauté (Jamaica?) avant de conclure avec une jouissive version de Light Show, seule pièce du dernier disque The End of That au programme ce soir. Le concert semblait terminé, mais la foule n’avait visiblement pas le goût de partir sans entendre une autre « oldies ». Plants & Animals est donc revenu entonner Feedback in the field, parfait épilogue d’une merveilleuse soirée.
En première partie, le Aurian Haller Band a bien fait, peinant toutefois à imposer le silence chez les spectateurs. Leur folk aux tendances country est bien rendu pour les amateurs du genre. Honnête.
Setlist Plants & Animals (entre parenthèses, les nouvelles chansons et leur titre de travail)
(Québécoise)
(Euro)
(Shuffle)
(Flowers)
Faerie Dance
À l’Orée des Bois
(Colombus)
(Green Eyes)
(Mexican)
(Scooby)
(Burlington)
S’agit-il d’un hasard si Secret City et/ou Patrick Watson ont encore profité de l’arrivée du printemps pour sortir le nouvel album du groupe? C’est que les deux efforts précédents étaient sortis en avril et force est d’admettre que la musique onirique de la troupe sied bien à cette explosion de verdure.
Ce nouveau cru de l’adorée troupe montréalaise a d’ailleurs été présenté sur scène dans quelques villes déjà. Comme mélomane, cela représente l’une de mes plus grandes et assez rare joie que de pouvoird’abord découvrir sur scène les nouvelles pièces d’un groupe que j’affectionne. J’étais sur place pour l’un des deux concerts donnés à Lévis où Watson et son groupe ont joué l’intégralité de Love Songs For Robots. L’impression générale avait d’ailleurs été assez positive avec plusieurs solides pièces pourtant encore en rodage.
Cecinquième album marque une certaine rupture par rapport à l’oeuvre du groupe. D’abord, Simon Angell qui apportait une touche si singulière au groupe a quitté pour se consacrer entièrement à son projet Thus Owls. Il est remplacé par Joe Grass qui a démontré beaucoup de flegme et de virtuosité lors du spectacle. Par contre, son apport, bien que majeur, me semble un peu plus « traditionnel », ce qui fait qu’on perd une touche de singularité dans le son du groupe. Le piano acoustique, si présent dans l’univers de Watson, ce fait plus subtil au profit d’autres instrumentations. Il s’aventure aussi, quatre fois plutôt qu’une, dans de longues pièces de plus de six minutes.De plus, l’album a été enregistré en grande partie à Los Angeles de façon « live » ce qui est aussi une approche différente des efforts précédents.
L’album s’ouvre délicatement avec la pièce titre; une des rares pièces où le piano est à l’avant. Good Morning Mr Wolf vient ensuite annoncer les couleurs de l’album avec ses percussions inventives et un somptueux riff de slide-guitare qui donne beaucoup de mordant au refrain. Bollywood est d’abord porté par la basse de Mishka Stein avant d’exploser dans de complexes arrangements où guitares, et claviers viennent créer d’habiles ruptures dans le rythme. Le ton est donné avant un retour en terrain connu avec les efficaces Hearts et Grace.
In Circles, courte pièce à la limite de l’intermède, ouvre merveilleusement la deuxième moitié de l’album avec l’une des plus belles lignes mélodiques de l’oeuvre. Le rythme jusque là intéressant s’essouffle ensuite. Turn Into Noise est pourtant une pièce réussie; à la fois grandiose et délicate; probablement un des meilleurs exemples montrant l’éventail des possibilités de la voix de Patrick Watson. Est-ce son placement sur l’album qui fait défaut? Il y a aussi le cas de la chanson Know That You Know, trop longue et moins inventive que ce à quoi le groupe nous a habitués. L’album se conclue avec une pièce mémorable, Place You Will Go qui avec son rythme syncopé vient insuffler une nouvelle dose d’énergie pour la finale.
Dans l’ensemble, l’album est une réussite et la première impression en spectacle est similaire à l’idée que je m’en fais après quelques écoutes. Les nouvelles explorations sont vraiment réussies et même si certaines pièces à mi-parcours sont moins surprenantes, on embarque sans problème dans l’univers (avec des subtiles incartades dans un monde de science-fiction) proposé par le groupe.
Metz, trio torontois signé sur la prestigieuse maison de disque Subpop fait suite à son premier disque éponyme sorti fin 2012 et acclamé par la presse spécialisée. Avec cette deuxième offrande, simplement intitulé II, il semble évident que la brique n’est pas tombée loin de l’arbre. Le groupe aborde l’album de façon brutale et le termine 30 minutes plus tard sans n’avoir jamais baissé la cadence. Si on compare souvent le groupe aux Melvins ou à Nirvana époque Bleach, il va sans dire qu’on pense plutôt aux incarnations plus lourdes de ces groupes; aucune chanson ne s’approchant ici du format ballade.
Nous avons droit à un mélange de rock, de punk et de hardcore savamment orchestré par les guitares saturées et abrasives du chanteur Alex Edkins. Il chante avec colère la vision de son monde torturé. Sans être particulièrement revendicateur, il pousse parfois l’auditeur à la réflexion, entre autres sur la chanson I.O.U. qui parle de la médication donnée aux enfants hyperactifs. À l’écoute de l’album, il est dur de passer sous silence l’apport majeur du batteur Hayden Menzies qui joue comme un déchainé et qui réussit souvent à nous sortir des sentiers habituellement empruntés par la musique punk. Petit bémol au niveau de la basse de Chris Slorach qui gagnerait à être plus présente, à défaut d’être inventive.
On retient surtout la puissance de II. Le groupe a développé entre les deux albums son sens mélodique ce qui bonifie ce que l’on pouvait entendre sur l’offrande précédente. La piste Spit You Out est un excellent exemple de chanson à la fois accrocheuse et corrosive. Pour ceux qui mettront la main sur la version vinyle, le côté B est particulièrement réussi avec l’enchainement des trois dernières pièces Wait In Line, Eyes Peeled et Kicking a Can of Worms qui est la seule pièce se rapprochant d’un moment « calme ». Les guillemets étant ici essentiels.
Le groupe une excellente réputation en ce qui a trait à la performance en concert. Il sera d’ailleurs possible de le constater par nous-mêmes alors que Metz sera au programme d’une soirée punk/rock/garage le 12 juillet à l’Impérial dans le cadre du FEQ. Ils défendront les pièces de cette bombe en bonne compagnie puisque c’est le groupe de Québec Ponctuation (qui présentera également son excellent deuxième disque) et les Black Lips qui partageront la scène. Cette future agression pour nos tympans est assurément un des bons coups du festival.
Critiquer un album n’est jamais un travail objectif. Il faut donc tenter de trouver une perspective qui soit la plus proche de ce qui pourrait y ressembler. Pour cette critique, ce sera impossible. Modest Mouse est un groupe âme soeur avec lequel je connecte presque aveuglément. Pour les néophytes, il faudra regarder du côté de Lonesome Crowded West paru en 1997 ou de Moon & Antarctica en 2000 pour goûter au fruit de leurs réalisations les plus adulées.
Ce nouvel opus, Strangers To Ourselves, s’est laissé désirer. Plusieurs chansons de l’album sont performées en spectacle depuis 2010, mais l’album vient tout juste de paraître, 8 ans après la dernière offrande We We’re Dead Before The Ship Even Sank. Modest Mouse est un groupe a géométrie variable et ils ont perdu l’un des trois membres fondateurs dans le processus, le bassiste Eric Judy ayant décidé de quitter son poste, remplacé par Russell Higbee (ex Man Man). La construction de leur propre studio à Portland combiné au souci du détail quasiment maniaque de son leader Isaac Brock explique donc le long délai entre les deux derniers albums. 15 chansons c’est beaucoup à digérer et il faut admettre que cette fois la cohésion n’est pas toujours présente. Par contre, individuellement, les chansons fonctionnent et l’album permettra d’ajouter d’excellentes chansons au catalogue déjà bien garni. D’autant plus qu’en spectacle le groupe change sa liste de chanson tous les soirs pigeant dans tous les recoins de leur discographie.
En ouverture, la pièce Strangers To ourselves est une délicate ballade habilement teintée de violon par Lisa Molinaro, une addition bienvenue au son du groupe. On reconnait ensuite le son typique du groupe grâce au premier simple Lampshades on Fire et à la pièce suivante Shit In Your Cut. L’écriture de Brock pour cette dernière est assez représentative de son univers (when the doctor finally showed up / his fur was soaking wet / he said that « this should do the trick » / we hadn’t told him what the problem was yet). Ansel, dans une rare excursion en territoire clairement biographique, raconte la dernière rencontre de Brock avec son demi-frère avant sa mort tragique. Les accents hawaïens de la chanson détonnent d’une surprenante façon avec le sombre propos des paroles. Le coeur de l’album (Ground Walks, Coyotes et Pups To Dust) est mélodiquement irréprochable, cette dernière étant bâtie sur un des riffs les plus intéressants du disque. L’album se poursuit avec plusieurs pièces explosives telles la carnavalesque Sugar Boats, Be Brave, The Best Room, ou la très réussie The Tortoise and the tourist avec ses explosions de guitares torturées si typiques du style de Brock. L’épiloque Of Course We Know surprend avec une réalisation minutieuse et de nombreuses couches d’instrumentation qui viennent enrichir une mélodie à la fois répétitive et obsédante. Malgré toutes ces réussites, il y a aussi quelques chansons polarisantes qui viennent parfois briser un peu la cadence établie, on pense à Pistol (que j’aime bien personnellement) et Wicked Campaign. Avec plus de 8 musiciens sur l’album, les possibilités sonores sont vastes et pourtant on reste parfois avec l’impression qu’ils pourraient s’éclater davantage.
Ça reste un retour réussi et un album généreux. La force du groupe étant justement d’apporter l’auditeur dans un voyage sonore tortueux. On regrette l’absence d’une pièce de 7-8 minutes qui sied si bien aux albums du groupe.
Ludovic Alarie n’a que 21 ans, mais déjà il commence à laisser sa trace dans le paysage musical québécois. Il a d’abord, avec son groupe The Loodies, sorti un premier disque anglophone en 2012 faisant notamment la première partie de Plants & Animals et tournant également sur le vieux continent. Puis, l’an dernier, il a délivré un disque solo, bien reçu pour la critique, en français cette fois-ci, d’une délicatesse désarmante rappelant parfois Elliott Smith. Le tout parsemé de subtils, mais riches arrangements.
Cette fois Alarie revient entouré de son groupe (Lysandre Ménard aux claviers, Jérémy Delorme à la guitare électrique, Étienne Dextraze-Monast à la basse et Sasha Woodward à la batterie) The Loodies. Ce second disque, éponyme cette fois, emprunte une trajectoire similaire à son album solo. Mélodies vocales pratiquement susurrées à nos oreilles, arrangements à la fois somptueux et délicats. Alarie a mentionné dans une entrevue donnée à La Presse l’apport important de Warren Spicer (chanteur de Plants & Animals) à la réalisation. Il y a une belle minutie à la réalisation et les petits détails récompensent l’auditeur qui écoutera l’album d’une oreille attentive.
Après une délicate pièce instrumentale en ouverture, on reconnait rapidement sur Dry le style mélodique préconisé par Alarie sur son album solo. Les claviers proéminents et l’inventif pont au coeur de la chanson donnent le ton à l’album. En entrevue, le groupe mentionnait s’être inspiré de l’esthétique de Blonde Redhead (version Misery is a Butterfly) pour la réalisation. Ça s’entend particulièrement sur la troisième pièce Myodesopsia. Cette dernière, richement orchestrée (violons et xylophone), est aussi l’une des plus réussies de l’album. À mi-parcourt, la pièce Light-Year, mon coup de coeur, vient happer l’auditeur grâce à une série d’accords inventive supportée par une très belle mélodie vocale. Vers la fin, Tell-Tale, une des chansons les plus rythmées vient donner un second souffle à l’album. C’est une chanson qui fonctionnera en formule concert. Shift vient clore cet album concis (à peine plus de 30 minutes) d’une douce et belle manière. Ce qui étonne concernant cet album, c’est la capacité des musiciens du groupe à faire preuve de leur talent sans porter ombrage à l’efficacité des différentes ballades de l’album. Garder l’album court était d’ailleurs une sage décision; l’album bénéficiant de quelques écoutes successives et attentives. C’est donc une bonne offrande même si on reste avec l’impression que le groupe pourrait offrir des pièces encore plus percutantes malgré la timide voix d’Alarie. Le meilleur est-il à venir?