Arrivé au Cercle, je laisse mon 3/4 clope à l’entrée, je me suis fait dire que c’était interdit. J’y laisse aussi mon petit chiot, apparemment qu’il est interdit aussi. Ma palourde royale se cache doucement dans mes bobettes. Prêt pour Alaclair.
Les doigts commencent à plisser, j’ai dû les tremper dans ma bière, me les mettre trop longtemps dans ma bouche ou taponner une canisse de jambon un peu trop longtemps. Ma mère fait d’ailleurs cuire un jambon à l’instant. Il devait être en spécial au IGA. La chaleur intense me fait déjà suer à la première chanson. Il faut dire que la place est bondée.
Ça part bien, j’ai adoré Les Frères Cueilleurs, retour aux instrus plus mous, moelleux comme la peau des fans qui me touchent un peu continuellement. Je me retourne vers mon amie Corinne, je n’aime pas les contacts physiques, peut-être pourra t’elle chicaner les sauteux. Mais non! Ça part bien, ça va mal. Ils sont trop nombreux, la chaleur monte encore, les murs suintent, je me surprend à danser malgré mon complet-cravate de critique sérieux. Je renverse du cidre.
KenLo, mon crush, est particulièrement solide sur ses verses, Maybe, Ogden et Eman tout autant, remplissent la majorité de l’espace sonore. On les dirait presque chorégraphiés (ça l’est? peut-être? à quand Alaclair au Match des Étoiles. cc. Normand Brathwaite (normand.bum.brathwaite@gmail.com)). Claude Bégin danse et fait quelques back vocals en étant beau pas mal sur la scène.
Les sauteux sautent encore, je sors dehors après Sauce Pois, on m’offre une cigarette, je fume pas désolé. Sauce Pois était incroyable, point marquant du spectacle à date, j’en ai peut-être manqué des meilleures, mais il y a des limites à l’humidité quand même.
Retour après quelques minutes, pour attraper les dernières pièces. De la mezzanine cette fois. On peut apprécier encore mieux l’énergie du groupe sur la scène, et la cohésion de la foule qui saute ensemble, comme un petit plaxmol.
La ventilation dégoutte. Je suis sérieux. Il pleut au Cercle. Une chance que j’ai amené mon parapluie. Je pars du Cercle content, je rencontre une amie, je suis plus capable de parler convenablement, je lui parle en citant des paroles.
« Simon: Coucou les coucous ! mon nom c’est buvard boy, on va s’promener en bédaine?
Amie: Non merci »
échec relationnel. j’ai sans doute les cheveux trop mouillés pour séduire.
Pour pouvoir se mettre à l’œuvre et manier « effectivement »,
c’est-à-dire se « perdre »
dans le monde d’outils, le Soi-même doit
nécessairement s’oublier
– Heidegger
La critique de spectacles est un art dépassé. Vulgaire guerre de clics pour faire plaisir à deux ou trois artistes indépendants un peu mauvais mais pas trop.
Vous comprendrez évidemment que je suis allé voir des spectacles, section VIP, et que j’ai osé dépasser la critique musicale contemporaine. J’ai osé la métacritique, soit la critique de l’expérience, de l’affectivité et de l’intériorité.. Une critique osant l’oubli de ses référents culturels et de soi. Surtout l’oubli de l’être. Faisant ainsi mon grand post-critique, je me suis oublié. Et j’ai oublié les concerts que j’ai vu. Voici donc une récapitulative romancée de mon expérience interne, question de dépasser un peu mes contemporains. Question d’être à l’avant-garde.
Cette aventure s’étale sur deux spectacles. À l’un j’étais ivre, et au second, j’étais musicien. Dans les deux cas, une situation non-recommandable pour bien faire son travail de journaliste culturel impartial. Oups.
Je les aime beaucoup, ils sont bons, ils sont gentils, ils ont une Space Station de Digitech. Mertin et Gabriel sont énergiques, hilarants et généralement très appréciés par le public, sauf peut être les quelques parents qui comprennent un peu moins. L’expérience CBRAE est complète, et on retourne dehors fumer une cigarette avec la conviction qu’on doit manger plus de légumes.
Mais sérieusement j’étais vraiment très nerveux, peu attentif et j’écoutais d’une oreille en vomissant de l’autre. Les pièces, tirées principalement de leur album Anti-Vague, se succèdent dans un vent d’extase étrange. Ils invitent même l’ami PL chanter le hit Nouveau Document sur scène. Gros fun, gros stress, mais pourquoi es tu nerveux comme ça Simon? Est-ce ton énervement naturel, ou se passe t’il quelque chose de plus?
Le problème avec La Fête c’est que c’est moi à la guitare. Je vous parlerai donc de mon expérience. L’intériorité pi toute, on en jasait tantôt! Comme j’ai dit, évidemment j’étais sur le gros nerf, le projet est nouveau, c’est le troisième spectacle à notre actif. Je me fais confiance, blindé devant un mur d’ampli et une petite station spatiale de pédales. J’ai un haut-parleur qui lâche juste avant le show mais bon, ça sert à quoi. c’est une question rhétorique. ça sert à rien les hauts-parleurs, on les arrange simplement sur scène pour faire beau.
Le son est cool, j’ai du plaisir, je ne suis pas saoul. Il y a tout de même un moment dans le spectacle où j’ose attraper une bière entre mes dents pour la caler adroitement, mais bon, c’est pour le show biz. Ça et puis déposer doucement un ampli dans la foule et grimper nonchalamment sur la grosse caisse. show biz. Jean-Michel Letendre-Veilleux fait aussi dans l’intensité aux basses fréquences alors qu’Antoine Provencher danse beaucoup derrière les micros et les guitares et que Samuel Gougoux danse un peu derrière sa batterie.
J’ai fini la soirée au Jos Dion beaucoup trop tard et j’ai dormi sur un des divans du Pantoum avec mon manteau comme couverture. Mais avant ça j’ai vu Fet.Nat. woo.
On ramasse notre matériel, on fait de la place. Ils s’installent. Séquenceur, deux caisses claires, attirail impressionnant de pédales d’effets, slogans cartonnés, DL4. La transe se prépare, la foule, maintenant compacte, survoltée, se prépare à boire les mots de JFNo.
Chanteur, ex-mascotte, homme à tout faire. Il en fait beaucoup déjà, mais il n’est pas seul. Les rythmes d’Olivier Fairfield (Timber Timbre, Last Ex, La Mort à La Mode, J’envoie) sont déjantés, irréguliers, mais toujours fondamentalement groovys et dynamiques. Sérieusement un des meilleurs percussionnistes que j’aie eu le plaisir de voir jouer. Il en manque deux, la section mélodique du lot. Linsey Wellman (Kobo Town, Craig Pedersen Quartet)s’inspire des grands du no-wave et du free jazz et nous donne un exercice de respiration continue constant. Inébranlable. Composant en contrepoint avec les guitares aiguisées, haletantes et les échantillonnages de Pierre-Luc Clément (J’envoie).
Je vous le dis : il faut encore porter en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. Je vous le dis : vous portez encore un chaos en vous
– NIETZsCHE
Bon, c’est ici que ça dégénère par contre. Je suis allé voir quelque chose il y a quelques semaines. C’était Renard Blanc et Les Avalés. Je sais pas ce qui s’est passé. En ce moment, j’ai un café, on est le matin, j’écoute l’excellent nouvel album de Frankie Cosmos et j’essaie de me souvenir du spectacle. Ça ne fonctionne pas du tout. C’était le 4 mars. Maudit.
Les Avalés lançaient Jean-Denis Vol.1, l’album le plus sous-apprécié de l’année.
Assumons à 100% la métacritique et lisons ensemble des extraits de mes notes de la soirée. Êtes-vous prêts?
C’était bon Renard Blanc, je m’en souviens un peu. Et Empire Onirique est franchement excellent.
Soyons honnêtes deux minutes. J’ai manqué les 10-15 premières minutes. Le froid a dû me faire marcher trop lentement, ou bien c’est peut être la bière que j’ai pris pour me réchauffer qui s’est un peu éternisée. J’en ai pas manqué trop quand même! J’ai eu le temps de voir assez de Harfang pour vous en parler d’une manière selon moi plus qu’adéquate!
Et justement, Harfang ont été plus qu’adéquats, impeccables même. La guitare électrique est réverbérée, houleuse, une toile sur laquelle pouvaient glisser les harmonies de Samuel Wagner et Antoine Angers. La voix d’Antoine semblant d’ailleurs prendre une place moins effacée, plus assumée qu’auparavant, contrastant doucement avec le fausset de Samuel. Je vais essayer de ne pas trop comparer avec le passé, pour les nouveaux venus à Harfang (il doit en rester 4 ou 5 à Québec), mais je dois mentionner le glissement subtil du son folk, qui s’efface un peu pour laisser paraître un rock planant, mature et franchement plus intéressant, intégrant les guitares acoustiques comme élément de texture sonore plutôt que comme élément central du groupe. Je dois admettre mon biais par contre, je suis l’escroc bien élevé du rock indépendant à Québec (Simon calme toi) alors je préfère un peu les sons plus croquants, plus assumés, les percussions fortes, l’influence métal de Mathieu Rompré aux percussions, la guitare au look rockabilly de David Boulet-Tremblay… ad infinitum.
Enchaînant surtout les pièces de Flood, et, si mes oreilles ne se trompent pas, quelques nouvelles pièces, on voyait un groupe confiant, solide, qui connaît et aime son matériel. Ils se sont d’ailleurs gâtés avec un cover de Perth de Bon Iver, jouée justement, avec émotion, mais sans plus. J’aurais voulu entendre plus de Harfang, plus de changements dans la pièce, une touche plus personnelle! Mais bon, le beau Alexis dansait avec sa basse alors que demander de plus.
Donc, Harfang c’est beau, mais on les connaît, il faut passer à la pièce de résistance.
Mouse on the Keys est un trio, formé d’Akira Kawasaki aux percussions, et d’Atsushi Kiyota et Daisuke Niitome, tous deux aux claviers! Ils étaient accompagnés sur scène d’une excellente trompettiste et d’un habile projectionniste aux noms inconnus! Ils sont vêtus de noir, la scène est éclairée très timidement, le Cercle devient monochrome, les introductions sont faites.. ça sonnait comment?
Si ma mémoire est bonne, ils ont ouvert avec Spectres de Mouse, tirée de leur album le plus connu,An Anxious Object. Allez écouter ça, vous allez avoir une bonne idée. Mais bon, je vais faire mon travail quand même et vous le décrire! Je vais crier un brouillon d’influences, faites-en ce que vous en voulez et ensuite on pourra parler de leur performance scénique!
Donc, sans ordre précis, j’ai entendu, ou ressenti:
Une base jazz assez bien assumée, voire même une touche de fusion, mais sans le kitsch. Une attitude et une fougue tirant définitivement vers le punk. Un look et des éléments échantillonnés rappelant le japanoise (ジャパノイズ pour les intimes). Une émotion presque trip-hop par moments avec des progressions dynamiques et harmoniques qui rappellent Reich et les autres grands du classique contemporain. Je sais, ça semble incompréhensible.. et en relisant les notes je me dis la même chose, mais le spectacle était assez incompréhensible aussi!
Le visuel, de son côté, était impeccable. Avec 4 ou 5 projecteurs, derrière le groupe, sur le groupe et sur les murs, contrastant avec la noirceur, on avait des projections géométriques, monochromes en noir et blanc, haletantes et dynamiques. Un bel ajout à l’expérience déjà surréelle. Parlant de surréalisme, la performance instrumentale était hors de ce monde. Les interactions entre les deux claviéristes, se répondant, mélangeant leurs mélodies, remplissait l’espace sonore comme les pâtes alphabet dans une soupe qui a déjà beaucoup de légumes, un mélange consistant et savoureux.
Si les claviers sont légumes et pâtes, les percussions font le bouillon. Alternant les métriques et les tempos, sans jamais qu’on ne s’en rende compte ou qu’on arrête de danser, jouant avec les dynamiques, les intensités, les références au jazz, au hip-hop, au math rock, Akira Kawasaki était sans contredit le meneur du groupe sur la scène, celui que l’on regarde, et avec raison!
Le spectacle s’est déroulé comme un rêve, une expérience qu’on ne peut comprendre, qu’on ne peut qu’observer en pâmoison, en pleurant, probablement. Je rêve souvent en pleurant. On ne s’est réveillés qu’à la dernière chanson du rappel, où le projectionniste est allé derrière les tambours pendant que Kawasaki grimpait les murs du Cercle et imitait les DJs. Comme quoi on peut être hilarant même si vêtu que de noir.
Bon, je me perds vraiment dans mes mots en ce moment, l’article s’éternise!. Tout ça pour dire: J’ai adoré!
Pour moi, la barre est mise pour l’année 2016, et elle est mise haute.
Les jolies photos agrémentant l’article ont été prises par François-Samuel Fortin. Sauf celle de soupe, évidemment.
Encore. Encore les oreilles au vestiaire. Perpétuel enfermement des manteaux, des sacs, des beaux sourires des beaux gens qui viennent au Pantoum. On les aime, ils sont contents d’être ici, ils nous disent des bonjours très agréables, mais ils sont pas parfaits quand même!
Vous connaissez l’odeur de quelqu’un qui a un peu sué dans un manteau, mais tsé, il/elle le lavera pas juste pour ça. Le tissu est comme semi perméable, l’humidité s’installe sur les cintres. Ça sent ça dans un vestiaire de salle de spectacle. C’est pour ça qu’ils sont pas parfaits. Mais je ne demande pas la perfection non plus, je suis personnellement quelqu’un qui ne sent pas toujours bon.
Juste pour vous mettre a jour sur mon vécu sensoriel.
J’ai mis du Yuck, le EP Weakend. Dans le temps où c’était encore bon. Ensuite, DJ Vincent Dufour (oui oui, celui qui joue dans Medora) nous a mis du Carly Rae Jepsen. On a dansé. La musique a continué, genre de DJ set tout croche et trop fort pour se désennuyer entre les manteaux.
Dans les moments tranquilles, je monte les escaliers, l’ambiance est feutrée. Il y a des textiles sur la scène, il y a un divan pour ceux qui se sentent un peu mous, mais qui veulent un peu se faire voir quand même. Des matelas. La douceur est bien installée et la bande de PopLéon commence la musique. Tommy Bureau et Sarah-Jane Johnston sont proches de nous, devant la scène, pendant que Simon Tam et Pier-Philippe Thériault construisent la toile instrumentale derrière. Et justement, je suis impressionné par la justesse de l’instrumental. Les claviers s’envolent, la basse de Tommy donne l’envie de subtilement bouger le bassin. Pas trop quand même, ça reste très lounge, plus une expérience émotionnelle qu’autre chose. Les penchants trip hop de Simon Tam, les notes longues de Pier-Philippe, et ses petits solos venant rappeler que le groupe reste un groupe rock dans son essence. Les voix aussi, souvent en harmonie, se répondent, se mélangent et contribuent à la douce ambiguïté du groupe. Définitivement très agréable.
Je redescend entre les deux performances, oui! ils en ont fait deux. Je manque les sélections de DJ Charny pendant la pause cigarette des spectateurs, mais ça devait être très bon, comme d’habitude. Il m’a offert une 4Loko alors je dois glisser un bon mot.
Je reste assis pendant que mes collègues travaillent, les attraits de l’internet plus grands que ceux des vieux sacs.
Je remonte, je suis fatigué, PopLéon reprend la scène. Ils me bercent avec quelques autres pièces, je m’endors presque, mais on voit peut être un peu plus d’énergie dans cette deuxième section, ça fait du bien. Ils ont joué beaucoup de pièces (toutes? peut être.) de leur nouveau EP, Insomniaq, qui est, soit dit en passant, le haut lieu de leur carrière à date!
C’était un lancement quand même!
Je ne reste pas longtemps, la soirée glisse vers sa fin, le vestiaire m’appelle, j’entends les frivoles notes d’Anderson .Paak en bas. Je retourne aux tissus.
Je suis tissu et je retournerai aux tissus. J’étais d’ailleurs vraiment bien habillé.
Maryon m’a pris en photo pi toute pi toute. Mais ça a pas fait la cut! La prochaine fois je m’adonnerai au plaisir des autoportraits.
Officiellement une belle soirée. Vous êtes tannés de me lire et vous voulez voir les photos de Marion Desjardins n’est-ce pas? Les voici!
Hydre monstrueux du folk qui rock québécois. Routier des salles depuis déjà 20 ans. Il avait déjà fait quatre des albums, il nous en offre un cinquième. Généreux de même, ben oui! Fidèle à ses habitudes, Fred Fortin a enregistré Ultramarr à moitié dans un chalet et il l’a fait avec des habituels collaborateurs, Olivier Langevin à la basse, François Lafontaine aux synthétiseurs, Sam Joly à la batterie. S’ajoutent à la bande habituelle les frères Andrew et Brad Barr qui font résonner acier à pédale et flisser des bouteilles de verre sur des guitares.
Il a sorti une pièce à date, 10$, et je me permet la critique rapide. Wow. On trouve l’humour, la vivacité qu’on aime et qu’on connaît, on trouve la base folk qui se retient pas d’avoir une teinte blues rock. On trouve tout ça, mais on trouve aussi une finesse instrumentale incroyable, les passages de clavier, les envolées de guitare.. je capote assez fort en ce moment. Si la pièce est un présage pour l’album, ce sera probablement l’album de l’année. Et si il fait juste un show de boucane, ben ça en aura été un maudit beau.
Ultramarr sort le 18 mars 2016. C’est lancé à Montréal le 16 mars au Fairmount. On verra bien s’il fait un tour en région aussi.
Vous pouvez écouter 10$ ici, ou précommander le tout sur iTunes ou bandcamp.
Et oui! Ils sont revenus! Vus pour la dernière fois au Festival d’Été de Québec, et ayant depuis fait un périple en terre française, les revoilà! Et ils sont à l’Anti Bar et Spectacles ce jeudi même! Le 3 décembre, accompagnés de Saam et de La Fête! D’ailleurs, minute de franchise, je suis moi-même musicien et guitariste dans ladite Fête. C’est donc d’un œil intéressé que j’ai appelé Guillaume, chanteur et guitariste de Ponctuation, pour une coquette entrevue! En espérant que ça vous convainque de venir voir tout ça jeudi. Côté mise en page de tout ça, quand c’est moi qui parle, c’est en gras, pour souligner mon amour de la Poutina, et quand Guillaume parle, la typo redevient normale! Il est grand et maigre quand même.
Ahhh pi en passant, quand j’entrevue, je paraphrase pas mal, si je mens, vous m’excuserez, j’essaie le moins possible!
C’était comment, la vieille patrie?
C’était super! C’était notre deuxième fois, alors on avait plus de contacts, on a fait plus de dates. 15 en fait! L’accueil est vraiment différent d’ici, même qu’en Amérique au complet! On est toujours logés, nourris, avec l’alcool à volontés, les cachets sont bons, alors ça rend toute l’expérience plus agréable!
L’influence yéyé, ça les a convaincu?
Il y a une grosse scène garage et psychédélique, mais le yéyé c’est un peu ringard. En fait toute la musique en français c’est ringard. Les groupes français chantent dans un anglais approximatif. C’est vraiment surprenant pour eux quand nous ou Chocolat arrivent et qu’on chante en français et que ça marche! Ils sont surpris et contents de voir que c’est possible.
Parlant d’influences, le psyché et le krautrock sur La Réalité me Suffit, j’aimais ça! Ça va continuer?
On écoute tellement de choses variées, c’est difficile de dire. Le prochain va sans doute être encore dans une lignée psychédélique. Ça va peut-être aller plus loin encore, ou pas, on veut vraiment changer le son d’album en album. On se dit jamais ça d’avance!
Tu as collaboré à Open House Qc de Beat Sexü! Tes impressions?
Ce sont de super bons amis et j’aime beaucoup leur initiative. J’aime vraiment leur réinterprétation de Ciao Bye Ciao, le ton sexu c’est super cool, c’est une ambiance et une vibe qu’on aurait jamais imaginés nous-mêmes. L’album sonne et je suis super content d’avoir fait partie de ça!
Vos amis et designers viennent de gagner la pochette de l’année au GAMIQ!
Oui! On est super contents! Le visuel est vraiment quelque chose d’important pour le groupe. On collabore toujours avec des gens différents. L’idée de base c’était que Louis-Alexandre Beauregard nous fasse un dessin, et que Thomas Blague Martin transforme ça en quelque chose de graphique. Pour nous le prix va à eux, ils le méritent beaucoup et on est contents de célébrer avec eux!
Parlant de ça! Le clip de Mon Corps est une Planète est génial! Avez vous laissé carte blanche à Phil Console?
Oui exact! On marche beaucoup comme ça, c’est le 2e clip qu’il faisait pour nous et on l’a choisi parce qu’on aime beaucoup ce qu’il fait. Il a tourné juste avant qu’on parte et on a vu le résultat pendant qu’on était en France, on a été impressionnés par le résultat. On trouve des artistes qu’on aime alors on est jamais déçus.
Ça fait longtemps à Québec, avez vous hâte de rejouer localement?
On aime toujours jouer à Québec, nos amis sont ici et c’est toujours vraiment agréable. À part la formule quintet ce sera pas différent de d’habitude, les deux autres groupes sont locaux aussi et on a hâte de mélanger ces univers là!
En formule quintet?
On mijotait ça depuis longtemps, mais on l’a pas ébruité. 2 musiciens de plus pour célébrer les deux derniers shows de la fin d’année! Avec les instruments de plus on peut recréer les arrangements qu’on a fait sur l’album!
On peut s’attendre à quoi pour l’avenir?
Il y a les deux spectacles! Ensuite on se prend 2 mois tranquilles pour écrire. On aimerait sortir un album début 2017, mais on se donne pas de date et on ne se met pas de pression. On se laisse porter par les événements. Maxime et moi on a plein de projets; je commence à enregistrer des groupes et à réaliser des disques dans un nouvel espace au Pantoum où je peux mixer.
C’est encore « full-Tascam » comme votre album?
NDLR: Tascam est une marque de console multi-piste analogique reconnue pour un son moyenne fidélité et 8 bandes d’enregistrement.
La Tascam c’est un outil, c’est ce que j’ai pour l’instant pour l’analogique. J’aimerais bientôt avoir un 24 bandes analogique, mais je peux encore en faire beaucoup avec la Tascam, Il y a tellement de choses que j’ai pas essayé pour ce truc là. J’aimerais mélanger des chansons lo-fi sketchs avec des chansons mieux produites. Voire même acheter un 4 bandes pour d’autres choses! J’ai récemment enregistré Les Indiens, et la basse et la batterie sont dans la Tascam, pour utiliser les forces de l’analogique et du digital! J’aimerais tout faire à l’analogue, comme la batterie par exemple, ce n’est plus envisageable de faire ça numériquement!
On s’est laissés sur ces mots geekys d’enregistrement! Tout ça pour dire que Guillaume enregistre avec passion et compose avec tout autant de passion! On a hâte de voir et revoir le groupe jeudi!
Rendez-vous officiel à l’Anti! S’il-vous-plaît. Je vais jouer aussi. <3
De par ma tradition de commentaires climatiques, je me dois de vous dire qu’il a fait chaud en novembre cette année. Le mois festif a enfilé sa veste de polar grise, encore un peu humide, même si elle a passé la nuit sur le calorifère. Au moins, il ne vente pas beaucoup; quand il y a trop de vent, les fenêtres calfeutrées DIY du Pantoum implosent vers l’intérieur dans un fracas hallucinant qui nous gâche un refrain.
Je suis d’ailleurs arrivé plus tôt qu’à mon habitude. Je suis en effet confiné au vestiaire et je dois donc commencer ma soirée à l’heure matinale de 19h30. Emmêlé dans les manteaux mouillés par une humidité ambiante, jonglant avec les gants, les mitaines et les coupons numérotés. Je continue, vaillant bénévole, dévoué à ma scène locale, alors que la salle se remplit en haut de ma tête.
Les bands mangent une soupe maison coriace, préparée avec amour. On discute, ils sont gentils. On parle du dernier passage de Walrus, et de WTCHS, tous deux ayant jadis joué avec mon ancien groupe, Nimbes. On me parle de Long, Long, Long, du dernier album d’Each Other. On reprend le temps perdu dans la longue route canadienne. Albatros tentent tant bien que mal de crever un ballon avec un fusil à ventouses. Ils doivent partir. Le spectacle va commencer.
Je les écoute au travers du plancher de faux bois, réverbérés dans les hauts plafonds du studio. Ces échos que j’entends plaisent à merveille au rock psychédélique de Walrus. Ressortissants des vintages 13th Floor Elevators, des modernes Tame Impala et Pond et tout autre fou psychédélique, le groupe a sans aucun doute donné une performance exemplaire. J’entends, au travers des lattes et du préfini, des échos, des phases, des guitares s’emmêlant autour de batteries motoriques, peut être un peu plus post-punk qu’à mon souvenir, mais c’est tant mieux. Un succès retentissant dans les poutres du Pantoum.
Pause cigarette.
Les gens courent dans les escaliers et s’étendent las sur le trottoir devant l’immeuble. J’accompagne une amie rapidement, et on parle un peu trop longtemps pour que je puisse qualifier mon bénévolat de compétent. Cigarettes à la bouche, la fumée envahit Saint-Vallier au dessus des fumeurs cools du Nouvo Saint-Roch. Albatros commence.
Je redescends avertir les fumeurs oisifs. La salle semble bien remplie, je monte pour quelques chansons. Je suis encore impressionné par les vents qui soufflent l’emo / post-hardcore de la troupe. Utilisés en grande pompe, en mélodies directes, une fraîcheur agréable. Alexandre Landry, en plus de sa voix, manie une guitare au manche d’aluminium, une ECG, peut-être. Je devrais lui demander. On danse, on saute. C’est la fête, mais je dois redescendre. J’ai mangé un grilled cheese à l’hummus et bu une autre bière. Peut-être en trop. On verra.
La soirée des «peut-être» se termine tristement, avec la sortie tranquille, aux heures tardives, de plusieurs spectateurs. Il me semble ne pas avoir vu WTCHS passer. Je n’ai pas pu monter, et je n’ai entendu qu’à moitié leur habituel tonnerre fracassant qui me plaît tant. Les commentaires positifs ont pourtant envahi mes oreilles, et les gens sortaient, prenaient leurs manteaux et allaient se coucher le sourire aux lèvres. La prochaine fois, je veux danser dans la salle. Comme Marion Desjardins, qui a pris de magnifiques photos, encore une fois!
C’est sans photographe et sans talent photographique que je suis descendu au Sous-Sol du Cercle pour écrire un article un peu sec.
Les photos ont la capacité de bien mouiller l’écran, de rendre l’expérience joviale et dynamique. Je tâcherai de le faire en n’utilisant que mes mots, opaques et sans envergure.
Revenons à notre soirée. Saveur locale au Sous-Sol ce samedi, et mon opinion biaisée se force à être objective. J’ai une confessions à faire. J’ai été guitariste dans Medora pendant deux ans, avant de voler et m’écraser nonchalamment de mes propres ailes. Je ne sais pas si je serai trop critique ou trop amoureux des beaux garçons, alors on peut prétendre que je suis neutre!
Pour Babylones par contre, c’est sans biais que je les ai vu! Le chanteur a coupé ses cheveux et du métal progressif un peu banal jouait en haut. Il en fallait donc beaucoup pour me convaincre. Et j’ai été convaincu! Croyez le ou non!
Armés d’un guitariste supplémentaire, les musiciens était en parfait contrôle de leur indie pop/rock bien montréalais. Les nouvelles chansons du groupe sont efficaces, très bien composées, et pleines d’énergie. Le chanteur, Benoît, ou Benny pour les intimes, nous fait des blagues, nous met à l’aise, et agrémente beaucoup le spectacle. Personnellement, j’ai trouvé une petite faiblesse dans les plus vieilles pièces, le groupe jouant ensemble depuis très longtemps, mais cette légère déception ne donne que plus envie d’entendre les nouveaux morceaux! Une salle assez pleine semble partager mon avis, du moins l’aspect positif! On voit beaucoup de sourires, de danseurs au pas hésitant, de regards complices.
Petite pause café, pour l’arrivée un peu nerveuse de Medora. Qui enclence la soirée avec Sillage, une des pièces de son dernier EP, Ressac. Parlons d’ailleurs d’enregistrement, la bande travaille présentement sur un nouveau EP, Les Arômes, avec Jean-Étienne Collin-Marcoux derrière les consoles du Pantoum.
Les premières pièces se passent avec un son quelque peu hésitant, mais la technicienne en chef du Sous-Sol arrange rapidement les choses, et dès la troisième chanson, tout est arrangé. Sauf que Charles, guitariste armé d’un Deluxe Reverb, a un peu de difficulté à apprivoiser son ampli dans une petite salle! On le pardonne par la créativité de son jeu de guitare, qui donne un beau souffle d’énergie au groupe. Les amis semblent d’ailleurs vouloir s’affranchir de leurs vieilles peaux et explorer des directions nouvelles. Montées progressives, influence post-rock assumée, rejet partiel du son indie rock plus conventionnel, tout en embrassant de leurs grosses lèvres une pop intelligente et envoûtante.
Je ferai par contre écho à certain détracteurs, en affirmant une certaine inégalité dans l’émotion et l’assurance du groupe. Vincent, au chant, a pris une confiance impressionnante, mais semblerait-il qu’il ne l’applique pas toujours. Visiblement nerveux dans ses interactions avec la foule, on a malheureusement pu sentir sa nervosité dans certaines pièces. Ils se rattrapent avec un charisme et un entrain explosif.
Les explosions sont d’ailleurs un thème récurrent avec Medora. Quand ils frappent, ils frappent très très fort, mais on se perd parfois un peu dans les décomptes et les méandres hésitants, surtout dans les plus vieilles pièces. Les nouvelles, elles, comme celles de Babylones, se déroulent comme de petits fils continus d’explosifs et donnent un profond et bel espoir en l’avenir.
La finition viendra sans doute avec l’âge. Après tout, ils ne sont pas vieux comme leur réalisateur Jean-Étienne, qui croûle du haut de ses 47 ans.
Le retour de l’automne, en plus des feuilles mortes, de la tristesse, du froid, de la désolation, des migrations d’oiseaux, annonce aussi le retour du Pantoum. Haut-lieu, 3e étage sacré, de la musique indépendante à Québec qui, malheureusement, fait un coup de chaleur pendant l’été, mais c’est sans doute pour nous revenir en plus grande forme encore.
Ce soir, pourtant, on est dans une ambiance étrange, hors normes. Certains habitués sont là, mais on voit aussi plusieurs nouveaux visages, plusieurs casquettes à l’envers et plusieurs nouveaux sourires. Initierons-nous ce soir certains à la scène locale? Du moins, il semble que, pour ce soir du moins, on ait réussit à briser la relative stabilité de la musique underground de Québec. Un pas vers une solution aux salles plutôt vides? On débat en écoutant un habile DJ set de Louis-Étienne Santais, célèbre via Fjord, alors que la salle tarde à se remplir d’une foule universitaire. Il semblerait que le duo Montréalais Beat Market ait impressionné lors de son passage au Spectacle de la Rentrée de l’Université Laval. Les bières sont mises au froid, la foule grandit peu à peu, on retrouve l’ambiance habituelle du Pantoum.
Le DJ set se termine sur quelques hits réussissant à faire bouger les récalcitrants, notamment du Daft Punk et de jolis remixs de Radiohead. Mais tous attendent le plat de résistance, gracieuseté de Lisbon Lux Records, l’étiquette électro montante de Montréal. La salle est maintenant pleine comme mon ventre, qui s’est gavé de deux grilled cheese. La gentille Max m’offre un grilled cheese au pâté de foie, que je refuse poliment.
La musique se calme, le duo prend place, on voit sur scène une batterie complète, quelques pads, plusieurs synthétiseurs alléchants et le fidèle ordinateur. On se doute que la soirée sera bonne.
Premières impressions Daft Punkiennes. Les musiciens, armés de casque LEDs sont impressionnants, mais moins propres que le duo Français, heureusement! L’ambiance est plus rétro-futuriste, plus diy, plus déglinguée, et c’est parfait comme ça. La musique, elle, ne tombe pas trop dans les clichés rétro-néo-futuro-discos. Et tant mieux! En tant que vieux critique rabougri, je me tanne vite de la science-fiction. On entend quelques mélodies à la Boards of Canada, parfois même franchement prog, et le spectacle commence dans une douche ambiance spatiale. Mais après quelques minutes, on perd, tout en douceur, l’ambiance sci-fi pour se retrouver dans le monde du Big Beat à l’anglaise, avec un brin allèchant de tech house. Un impressionnant étalage de référents culturels pour un groupe instrumental!
Les chansons se suivent sans se ressembler, avec un belle variété, mais surtout une très belle énergie! Les deux membres ont constamment le sourire au lèvres, la foule saute, crie, demande un rappel, et un autre! Je suis d’un naturel plutôt calme (et grincheux 🙂 ) lors des spectacles. Je dois admettre ne pas avoir rejoint la foule dans son énergie et son délire, mais quel bon vent de fraîcheur se fut de voir nos salles pleines de nouveaux visages et de nouveaux sons.
Rares sont les traîneux de sous-sol de Cercle qui ne connaissent pas Viet Cong. Au paroxysme du post-punk, le groupe s’attire les foudres amoureuses de la critique et du public. Les grands festivaliers ont pu les voir en première partie d’Interpol au FEQ cet été, les petits festivaliers eux, les ont entendu et vu les têtes de ceux qui ont mangé plus de croûtes. Forts de deux sorties, une cassette et un LP, le groupe sera au Cercle ce lundi 14 septembre, en compagnie de Greys.
J’ai rejoint Viet Cong, au milieu de leur ritournelle européenne, par email, pour leur poser quelques courtes questions. La hâte à lundi me tracassant déjà assez l’esprit.
Votre album éponyme est plutôt court, vous êtes vous restreint intentionnellement?
Non, nous avons suivi le rythme de nos chansons. Nous en avions quelques autres qui ne correspondaient plus à la direction que nous avons prise avec l’album. Ceci étant dit, j’aime les albums plus courts et j’ai été très satisfait de sa longueur à la fin du processus.
Vos paroles sont très intéressantes, vous utilisez souvent des thèmes et des constructions inhabituelles, quel est votre processus habituel, si vous en avez un?
Je tire souvent nos paroles de conversations, ou d’observations sombres sur l’état des choses. Mais on doit tout prendre avec humour bien sûr.
Les années 70 et 80, avec Bowie, Bauhaus, New Order et compagnie, semblent vous influencer beaucoup. Vous avez d’ailleurs couvert Dark Entries de Bauhaus sur Cassette. Comment est-ce que ça influence votre composition? Y a t’il d’autres influence que mes lecteurs pourraient ne pas connaître?
Je ne sais pas exactement comment ça peut m’influencer, mais c’est vrai que nous écoutons beaucoup de musique de ces périodes et c’est certain que ça paraît dans nos chansons. Pour ce qui est des autres influences, nous aimons tous beaucoup This Heat. J’y retourne souvent et je trouve toujours quelque chose de nouveau, que ce soit dans la voix, l’instrumental ou dans la production. Ils ont fait deux albums, un EP et deux sessions en direct. Tout le monde devrait assurément les écouter et les découvrir. J’écoute aussi beaucoup de vieille musique de synthétiseurs avant-garde et ça affecte beaucoup notre écriture dernièrement.
Vous faites beaucoup de blagues sur scène pour un groupe aussi sombre! Êtes vous plutôt sérieux et sombres dans vos vies de tous les jours?
Non, pas du tout! Je dirais que nous sommes de gens biens et amusants? Les blagues nous représentent définitivement mieux que notre musique!
Vous jouez à Québec ce lundi, comment vous sentez vous face à la scène musicale canadienne et de la place du Québec dans celle-ci?
J’aime toujours aller à Québec, la ville ajoute vraiment quelque chose de spécial au Canada. C’est génial d’avoir deux villes aussi différentes que Québec et disons, Calgary ou Vancouver, dans le même pays. Pour ce qui est de la scène, je crois que l’entre influence et le mélange de différentes cultures créé un paysage musical très diversifié.
Vous faites la tournée avec Greys, qui me semblent très intéressants, comment pourriez vous convaincre mes lecteurs de venir les voir ou d’acheter leurs albums?
Ils doivent vraiment venir les voir, ils seront conquis immédiatement!