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    [ALBUM] We Are The City – « Above Club »

    wearethecity1J’admire les bands qui font les choses différemment, les bands qui ont une idée fixe et qui l’exploitent à fond, sans peur de secouer les oreilles sensibles. Cependant, ceux que j’admire d’avantage sont les groupes qui se permettent de renouveler constamment l’idéologie de leur propre musique. Malheureusement, l’industrie de la musique n’étant plus ce qu’elle était, ces bands sont souvent contraints à ne se fier qu’à eux-mêmes pour concrétiser leurs idées un peu marginales. C’est pourquoi je n’ai pas été surpris d’apprendre que le dernier album de We Are The City a été entièrement auto-produit, à l’Est de Vancouver, dans l’entrepôt d’un bike shop.

    Composée de Cayne McKenzie à la voix et aux claviers, de David Menzel à la guitare et d’Andrew Huculiak à la batterie, la formation dévoilait vendredi leur troisième album: Above Club. Depuis quelques semaines, on pouvait avoir un avant-goût de ce que le groupe allait nous balancer: en septembre dernier, le trio nous a dévoilé Keep On Dancing, le troisième titre du disque. Avec Above Club, on a droit à quelque chose de plus lourd que précédemment: des percussions imposantes, des voix sales et perdues dans un écho qui donne un ton un peu psychédélique à l’album.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=Cguy9-W5O2g&w=560&h=315]

    Take Your Picture With Me While You Still Can ouvre le disque d’une façon intéressante. La chanson commence avec un synthétiseur perçant qui laisse rapidement place à des accords de piano, une batterie timide et une ligne de voix très mélodique. On se laisse rapidement bercer par la rythmique simple et la voix inspirante de McKenzie puis, quand on pense avoir une idée de la pièce, Huculiak nous prend de court avec un drum violent à souhait qui en transforme complètement l’esthétique. Je dois avouer que j’ai été agréablement surpris et que j’ai compris que j’avais affaire à un groupe qui voulait en mettre plein les oreilles.

    C’est avec Sign My Name Like Queen que l’album atteint l’apogée de sa lourdeur. Dans cette pièce, aucun instrument n’échappe à la distorsion. On se trouve devant un véritable mur de son, sans aucun répit, pendant les deux minutes complètes de la chanson. C’est ce qu’on appelle «court mais efficace».

    Pour ceux qui connaissaient déjà We Are The City, les titres Cheque Room et Lovers In All Things vous ramèneront en terrain connu. En effet, ils rappellent un peu ce que la formation nous avait offert avec Violent, leur album précédent. On y retrouve des rythmiques plus saccadées et des structures plus éclectiques. De plus, si l’on compare au reste de l’album, la guitare et la voix ont davantage d’espace.

    Club Music nous livre un moment instrumental qui est vraiment bien fait. On y exploite encore des percussions massives, mais, cette fois-ci, on y juxtapose des chants et des synthétiseurs planants et lointains. Le tout donne l’effet réussi d’une musique ambiante qui a bien du caractère.

    Les titres Heavy As A Brick, Keep On Dancing et Kiss Me, Honey, quant à eux, se veulent plus accessibles, avec des structures plus standards. Je n’ai toutefois pas l’impression qu’elles ont été moins travaillées. À vrai dire, je trouve que ces pièces sont les plus efficaces sur le disque — leurs mélodies reste en tête et leurs arrangements sont fignolés dans les moindres détails.

    Le nouvel album de We Are de City est très bien fait. Les gars ont su renouveler leur son et pousser l’audace jusqu’au bout. Par contre, écouter l’album d’un bout à l’autre peut sembler redondant, surtout si on l’écoute en musique de fond. Les percussions, presque toujours dans le tapis, peuvent finir par agacer l’oreille. À l’inverse, quand on porte attention à chacune des pièces, leurs détails nous gardent à l’écoute. Elles donnent un album qui a un son bien à lui et qui est cohérent d’une chanson à l’autre.

    Pour l’instant, aucune date de spectacle n’est annoncée pour le Québec. On reste à l’affût!

    Samuel Wagner

    16 novembre 2015
    Albums
    Above Club, We Are The City
  • [ALBUM] Joanna Newsom – « Divers »

    [ALBUM] Joanna Newsom – « Divers »

     

    Joanna Newsom est, à mon avis, une artiste importante de la scène avant-gardiste. La chanteuse, pianiste et harpiste n’a pas peur de sortir des sentiers battus. Parfois déroutante, parfois sécurisante, elle sait nous guider de façon habile entre des sonorités surprenantes et des mélodies qui nous bercent.

    Elle s’est toujours distinguée par sa voix particulière qui peut se comparer entre autres à celle de Bjork: une voix qui semble parfois un peu maladroite, mais qui est bien contrôlée et qui alterne entre une belle fragilité et une puissance tranchante. En 2009, elle a dû arrêter complètement de parler et de chanter pendant deux semaines à cause d’un trouble des cordes vocales. Sa réhabilitation aurait changé définitivement son timbre de voix.

    En effet, avec la sortie de Divers, qui a eu lieu le 23 octobre dernier, la chanteuse de 33 ans dévoile une voix plus mature, qui a plus de coffre et qui semble plus assurée. Ça coïncide d’ailleurs avec la direction que prend l’œuvre de Newsom sur son nouvel album. On y découvre des pièces plus chargées, une instrumentation plus variée et des arrangements beaucoup plus ambitieux que ce à quoi elle nous avait habitués sur ses albums précédents. Elle et son coréalisateur Noah Georgeson ont d’ailleurs travaillé avec plusieurs arrangeurs pour les différentes chansons de l’album. Parmi ces arrangeurs, on retrouve Nico Muhly, qui a travaillé entre autres avec Bjork et avec Grizzly Bear (pour leur excellent album Veckatimest).

    Avec Divers, on a affaire à des pièces plutôt folk qui ont des structures très progressives, un peu comme on pouvait l’entendre au début des années 70. Comme pour les grands classiques du genre, on a droit ici à une instrumentation bien large. On juxtapose des ensembles de cordes, de cuivres et de bois à des lignes de piano ou de harpe bien fignolées. On peut même y entendre du clavicorde, du clavecin électrique et de l’orgue. Je ne peux m’empêcher de saluer le mélange très efficace et subtil des quelques synthétiseurs (mellotron et minimoog) avec les instruments organiques. Le tout se fond à merveille et évoque le style qui a fait le succès de formations telles que Harmonium ou Genesis, auquel on aurait ajouté une saveur contemporaine.

    L’album commence avec Anecdotes, une pièce qui a vraisemblablement pour objectif de nous plonger doucement dans le monde de Newsom. Elle débute avec un piano, une harpe et une mélodie vocale accrocheuse et facile à apprivoiser. Puis, les éléments se complexifient progressivement pendant que les bois et les cordes font leur apparition. S’en suivent un peu plus de trois minutes d’immersion dans un univers qui dresse le portrait de Divers. Une fois la table bien mise, Joanna nous fait revenir en terrain connu avec un doux rappel du début de la pièce. Ce voyage de six minutes et demie est une démonstration forte de la capacité de l’ancienne étudiante en composition à créer des tensions qui nous font perdre nos repères et à nous rattraper avec brio.

    Je tiens à mentionner l’arrangement des voix dans la deuxième partie de Sapokanikan, (l’un des deux titres qui avaient été dévoilés vers la fin de l’été). Dès la première écoute, leur aplomb et leur montée en intensité m’ont littéralement fait lever le poil sur les bras. D’une certaine façon, ces voix me rappellent l’aspect céleste d’un orgue, comme l’a exploité Hans Zimmer dans la bande originale d’Interstellar.

    Leaving the City a un esthétisme vraiment particulier. À un point tel où je me demande si ce choix ne nuit pas un peu à l’efficacité du morceau, qui pourtant est très bien composé. Le problème se remarque surtout dans le refrain, où tout semble soudainement coincé. À mon avis, l’effet est trop subtil pour donner l’impression qu’il est désiré. En fait, le rendu semble négligé. De plus, pourquoi le rythme est-il ralenti dans le deuxième refrain? On dirait que l’ensemble des instruments devient plus confus et on perd significativement la « groove » qu’on retrouvait dans le refrain précédant. Choix esthétique? Peut-être. Cependant, quand on isole le deuxième refrain de Leaving the City, ces deux variables additionnées donnent l’impression qu’on est face à une production un peu « boboche ».

    Ceux qui ne souhaitent pas se casser la tête aimeront les titres Goose Eggs et Waltz of the 101st Lightborne. Ce sont deux pièces aux sonorités folk plus standard qui sont assez bien foutues et qui ont des arrangements moins marginaux. C’est d’ailleurs dans ces deux morceaux qu’on pourra entendre les seules lignes de guitare électrique de l’album.

    La pièce Divers, comme plusieurs autres chansons du disque, devient de plus en plus intéressante à mesure qu’on l’écoute. Appuyée surtout par le piano, elle progresse lentement et nous garde attentifs jusqu’à sa toute fin, de sorte que ces sept minutes passent en un claquement de doigts.

    De façon générale, le nouvel album de Joanna Newsom est superbe. Les textes, qui nous submergent dans différentes atmosphères, ont pour point commun une écriture fine – on sait que Newsom a étudié en écriture créative au Mills College à Oakland. Même si, sur le plan sonore, Divers ne se démarque pas par rapport aux autres disques du genre, il a une belle dynamique et il est composé de façon remarquable. En somme, c’est une œuvre qui vaut la peine d’être écoutée et réécoutée pour découvrir, à chaque fois, de nouveaux trésors cachés.

     

    Samuel Wagner

    25 octobre 2015
    Albums
    Joanna Newsom

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