Retenez bien ce nom : Pomme. Vous risquez d’en entendre parler pendant un bout. La jeune Lyonnaise n’effleure que la vingtaine, mais elle montre avec son premier maxi intitulé En Cavale une maturité et un potentiel fort étonnants.
Bien sûr, quatre chansons, c’est fort peu pour se faire une bonne idée du talent d’une personne. Mais dès les premières notes de J’suis pas dupe, on remarque, en entendant le banjo, que la jeune femme n’est pas qu’une autre néo-chanteuse française. Il y a une bonne couche de folk sous ces chansons quand même classiques. Sur En Cavale (la pièce-titre), l’influence anglo-saxonne est évidente : cette chanson semble avoir été écrite en pensant à Julia Stone. Sur Sans toi, c’est à Basia Bulat qu’on pense… avantageusement. Quant à Jane et John, qui clôt ce mini-album un peu trop court, elle a un petit côté familier qui nous accroche tout de suite.
Lorsqu’elle était en tournée promo au Québec l’automne dernier, elle nous a beaucoup parlé de ses influences américaines et… québécoises. Des influences qui l’ont bien servie, on dirait. La jeune femme a du talent et elle a su s’entourer de gens qui lui ont offert des mots et des notes qui lui vont à ravir. On a bien hâte d’entendre la suite.
Si l’enregistrement de leur dernière composition À chacun son gibier s’est déroulé dans une écurie désaffectée, cette fois, le trio est-ontarien Pandaléon, formé de Jean-Philippe Levac (batterie, voix) Marc-André Labelle (guitare) Frédéric Levac (claviers, voix), a plutôt transformé leur désuète école secondaire de Saint-Bernardin en studio d’enregistrement pour créer leur troisième album Atone.
À la première écoute, on est plongé dans un univers rock atmosphérique ayant par moments une touche industrielle. Dès les premières notes on remarque un effet de grandeur et de vide qui semble provenir de l’espace physique de cette ancienne école, ce qui lui donne litéralement une seconde vie. Les chansons qui se terminent plus abruptement laissent d’ailleurs résonner quelques notes dans les interstices de l’établissement. Toutefois, lorsque plusieurs instruments se superposent (clavier, guitare, basse, vocal et percussions), une certaine cacophonie prend forme dans un surplus d’écho abusif. On y distingue difficilement la précision et le détail des harmonies parfois trop planantes.
Contrairement à leur dernier album À chacun son gibier, Atone nous glisse dans un univers onirique plus digital et moins cru. Il y a certes une recherche musicale et une démarche artistique plus approfondie et recherchée, autant sur le plan des sons des instruments que des mélodies. La dichotomie entre la lourdeur et le côté terre-à-terre des basses fréquences électroniques vient s’opposer diamétralement aux chants astraux de Frédéric Levac, ce qui nous laisse en équilibre dans leur musique éthérée.
La première pièce se démarque notamment par une mélodie accrocheuse qui se laisse facilement chantonner. Cependant, on perd peu à peu cette ligne directrice et, ce qui semble être un ver d’oreille devient plutôt un album ambiant qui se transforme en musique de fond, qui pourrait facilement accompagner un long métrage dramatique.
On retrouve deux compositions plus massives (Bulk Tank 6:50 et Atone 7:46) qui se distinguent par leur côté progressif et une énergie différente de leur consoeurs, qui nous transportent agréablement sur leur long parcours.
Bref, le trio Pandaléon nous offre Atone, un album portant bien son nom puisque leur musique inspire effectivement le relâchement de notre tonus quotidien pour cibler notre côté chimérique et nous suggérant ainsi un relâchement. Un travail plus raffiné au niveau du son aurait été souhaitable, mais le résultat mature semble près de leur aspiration.
Le premier album d’IDALG (que vous connaissez peut-être sous le nom Il danse avec les genoux) est disponible depuis déjà quelques mois, mais comme le lancement officiel avait lieu cette semaine, nous trouvions que c’était le moment idéal de rattraper notre retard et de vous parler de ce délicieux album irrévérencieux, qui résiste à toutes les étiquettes qu’on aimerait lui coller et qui a assez charmé l’étiquette française Teenage Ménopause pour que celle-ci signe le groupe.
IDALG, c’est du rock garage, psychédélique, qui se trouve quelque part entre le Pink Floyd de Syd Barrett, les Velvet Underground et autres groupes adorateurs du Grand Fuzz. À la fin de l’année 2015, le groupe, mené par les voix unies de Yuki Berthiaume et Jean-Michel Coutu, lance Post-Dynastie. Un album qui ne laisse personne de glace. Oh que non!
Créé en deux volets, comme les deux côtés d’un disque ou d’une cassette, Post-Dynastie nous lance dans un univers coloré aux mélodies accrocheuses (Demi-Serpents, qui démarre l’album sur les chapeaux de roues, en est un exemple) et aux rythmes endiablés (la pièce-titre est assez essoufflante) parsemé çà et là de savoureuses instrumentales (envoûtante Le Destin de Tula).
Aux côtés garage et psychédélique du groupe s’ajoute, dans la deuxième partie, des éléments clairement progressifs qui nous poussent dans nos derniers retranchements. Non, personne ne peut se sauver d’IDALG!
D’autres albums de la même mouvance pourraient être considérés plus punchés, mais cette offrande d’IDALG a un petit côté intello chic tout à fait charmant. La musique, on ne fait pas que l’entendre ou la sentir, on la voit, on l’imagine, on se la raconte avec les mots crus de Berthiaume et Coutu.
Petit avertissement : si vous n’aimez vos albums que lorsque Alan Parsons est derrière la console, vous risquez de grincer quelque peu des dents.
Black Matter est un album qui est passé sous plusieurs radars cet automne. Peut-être est-ce le format EP qui a relégué l’oeuvre de Thus Owls aux oubliettes. Pourtant avec ses 6 chansons qui s’étirent pratiquement sur 30 minutes, il y a là autant de substance que bien des albums complets. C’est donc une 4e parution pour le groupe suédo-montréalais dont l’âme repose sur la complicité entre Erika et Simon Angell. En 2014 ils avaient d’ailleurs lancé Turning Rocks, un album accompli qui laissait entrevoir des sonorités parfois un peu plus électro.
Black Matter s’ouvre directement sur la voix singulière de la Suédoise qui est subtilement accompagnée de claviers. Les arrangements se déploient par la suite avec beaucoup d’élégance, laissant l’auditeur baigner dans l’univers onirique du groupe. S’en suit un crescendo soutenu par des cordes qui accompagne inlassablement Erika qui chante: » I will give myself to you when i’m able », superbe. Il faut souligner le fabuleux travail aux percussions de Liam O’Neill (ex The Stills) tout au long du disque.
La chanson suivante, pièce-titre de l’album, en est aussi la pièce centrale. Le rythme à la fois envoûtant et inquiétant de la pièce est encore bâti autour d’une batterie inventive. La guitare s’immisce çà et là par le biais de curieux sons; puis la présence de Simon Angell se fait enfin sentir en épilogue. C’est exactement le genre de morceau où brille la voix singulière d’Erika Angell.
L’amalgame entre les mélodies folk et les sonorités électroniques se poursuit ensuite sur Shields et Turn Up the Volumes. Cette dernière est un excellent exemple de la richesse de la palette sonore du couple. Les arrangements de cordes par Daniel Bjarnason sont habilement intégrés; il faut dire que j’ai toujours eu un faible pour le pizzicato.
Vector est une courte pièce instrumentale qui fait office d’introduction pour la dernière pièce de ce EP. We Leave / We Forget est une douce ballade construite en crescendo. S’il s’agit d’un épilogue serein et réussit, ce n’est pas non plus le moment fort du disque.
Thus Owls a donc sorti un des excellents EP de 2015. Mon seul souhait serait de profiter encore davantage de la présence de Simon Angell à la guitare (sa présence est plus importante sur scène qu’en studio) puisqu’il s’agit d’un des guitaristes les plus inventifs de la scène musicale montréalaise. Avec Erika au chant, le groupe devrait sans doute s’imposer lors de la sortie du prochain opus complet.
Quatre ans après Small Reveal Aidan Knight, sort le 22 janvier 2016 son troisième album Each Other sur Internet et chez vos bons disquaires. Comparativement aux deux albums précédents, celui-ci met de l’avant une évolution dans le son du groupe. Le folk des premiers albums fait place à des synthétiseurs, guitares, basses et plus d’arrangements sonores.
Enregistré en studio à Bath, Ontario, pendant deux semaines, Knight a travaillé avec Marcus Paquin (Stars, The National) pour la réalisation et la production de cet album. On sent l’influence de ce dernier dès la première chanson « Each Other », qui parle de la paternité. Marcus Parisian, qui a travaillé avec Patrick Watson et Karkwa, a fait le mixage de l’album. Le son y est plus texturé, par les arrangements sonores de Paquin et du groupe de Knight. Le single « All Clear » propose quant à lui un univers plus planant, légèrement psychédélique.
Pour « Funeral Singers », c’est la ligne de basse et la batterie qu’on entend en premier. Les deux instruments sont bien présents tout au long de la pièce. On tape du pied. C’est définitivement une de mes préférées dans l’album et une bonne carte de visite pour l’artiste.
L’album se veut aussi comme un journal intime pour Knight. Il tire de l’inspiration de la vie de tous les jours. Par exemple, deux strophes des chansons « Funeral Singers » et de « You Are Not Here » ont été composées à l’urgence de l’hôpital McGill.
Sur « What Light (Never Goes Dim) », Aidan Knight chante « I’m not in love with the sound of my voice », quelque chose que je ne peux pas comprendre. Le piano y est présent et les histoires du chanteur font penser à celles de Damien Jurado. Il s’agit d’une de mes préférées avec « Funeral Singers ».
« The Arp » est le deuxième extrait totalisant presque sept minutes. Il possède davantage d’amplitude qu’All Clear et montre la versatilité de l’artiste. Le registre folk acoustique des derniers albums est abandonné, mais ce changement sonore va bien à Knight et son band.
« St Christina » est la plus courte de l’album. Elle met en valeur les textes de l’auteur-compositeur-interprète avec seulement la guitare et la voix comme accompagnements.
L’univers dénudé de « St Christina » est abandonné pour aller vers « You Are Not Here ». Un rythme plus pesant, sans être désagréable. Puis, vient « Black Dream », le dernier morceau de l’album, avec Knight accompagné d’une guitare et d’un piano. C’est un autre moment fort.
Cet album réchauffe le cœur et l’âme durant l’hiver froid. Aidan Knight recommande d’ailleurs d’écouter l’album avec vos caisses de son ou vos bons écouteurs. En effet, la richesse de l’album en ressortira davantage. Selon moi, le tracking ne s’essouffle pas et il y a beaucoup de moments forts dans cet album. J’en aurais définitivement pris beaucoup plus.
Aidan Knight est selon moi un artiste à suivre en 2016. Qui sait peut-être qu’il s’arrêtera à Québec lors d’une prochaine tournée.
Moments forts : All Clear, Funeral Singers, What Light (Never Goes Dim) et Black Dream. Étiquette : Outside Music (Canada)
Elle commence à peine la vingtaine, mais elle peut maintenant déjà se vanter d’avoir un (très bon) album derrière la cravate : Kristina Cormier, alias Novambre, a lancé le 11 décembre dernier Au nord à l’est, un album de folk-pop qui, sans réinventer la roue, apporte une certaine fraîcheur.
L’automne a apporté son lot de jeunes auteures-compositrices-interprètes dans la vingtaine : Safia Nolin, La Valérie, qui sont débarquées avec un regard triste, voire sombre. Novambre a choisi une autre voie, quelque part entre la candeur d’une Sylvia Beaudry et la naïveté d’une Lynda Lemay.
Évidemment, les thèmes ne surprennent pas énormément : le déracinement, la jeune femme pas facile à vivre, le quotidien rempli de hauts et de bas que Novambre a su mettre en mots et en musique.
La réalisation a été confiée à Martin Aubin (qu’on a pu voir récemment avec Michael Sea), qui a su guider (et surtout, rassurer) la jeune femme tout au long du processus. Derrière des chansons toutes simples, qui se chantent guitare-voix, on a su ajouter des arrangements riches et soignés qui ajoutent une belle couleur à l’album. Ici, c’est l’influence des Soeurs Boulay qui ressort!
Une première carte de visite réussie. L’avenir semble prometteur pour Novambre.
Ces dernières années, plusieurs groupes indie folk ont pris le Québec d’assaut avec leurs pièces aux mélodies atmosphériques. On n’a qu’à penser aux Half Moon Run (Montréal), Bears of Legend (Trois-Rivières) ou Harfang (Québec). À ce groupe, on peut également ajouter la formation rimouskoise Equse, qui a lancé en novembre un troisième album intitulé Like a Whisper. Le groupe composé de Jean-Raphaël Coté, Alexandre Robichaud et Gabriel Turcotte (accompagnés par Antoine Létourneau-Berger) offre ici un album fort joli, mais sans grande surprise, comme si, en aplanissant les faiblesses, on avait aussi roulé sur les forces, quitte à laisser certains passages un peu tièdes.
Certes, les arrangements sont soignés et les instruments, nombreux. Les gars d’Equse sont d’excellents musiciens, ça s’entend. Y’a du rythme, de la mélodie, ça pianote, ça gratte, ça fesse sur tout ce qui se trouve à portée de la main. Du côté des voix, rien à redire non plus. Jean-Raphaël Côté chante avec douceur et justesse et il est complété par de solides harmonies. On avoue avoir un faible pour Release Me, un morceau instrumental qui montre à quel point les influences du groupe vont dans tous les sens (on n’a pas pensé qu’à Half Moon Run ou Patrick Watson en écoutant l’album, loin de là! Y’a des petits côtés très jazz un peu partout). Après cette chanson, dès le début de la pièce titre, on retourne à cette prudence un brin frustrante. On a ici un groupe composé de musiciens extrêmement talentueux qui auraient pu foncer, repousser des frontières, mais qui semblent se complaire dans une certaine zone de confort.
Alors voilà, on se retrouve devant un très bon album qui aurait pu être excellent. Like a Whisper ne compte ni temps mort, ni longueur, on ne ressent pas le poids des 40 minutes que dure l’album. Seulement, on trouve un peu dommage que Côté, Robichaud et Turcotte aient joué d’une prudence telle qu’en évitant les temps morts, ils ont également évité de multiplier les moments forts. À ce sujet, on les sait capables, The Rain is Coming est une finale des plus savoureuses où toutes les forces des membres du groupe sont regroupées pour former un sept minutes des plus explosifs.
Enfin, après avoir passé plus d’une demi-heure à se dire « ouais, pas mal du tout… », on a l’occasion de dire « wow »!
On a bien hâte d’entendre ça sur scène. Parions que les wow viendront plus facilement.
Ça tombe bien, Equse sera au Cercle ce mercredi 9 décembre (premières parties : Casabon + Harfang). Les billets sont disponibles au Cercle et sur lepointdevente.com
La Valérie sera du côté de la Ninkasi à Québec, ce mardi 24 novembre pour le lancement « Quand les vêtements changent », un premier maxi de cinq chansons, disponible sur Bandcamp.
Avant même d’y prêter oreille, on se doute que ça fait un bout de temps que Valérie de Niverville, de son vrai nom, prépare sa sortie : visuellement c’est impeccable. La première écoute confirme ce sentiment, tout y est, ça sonne ! La réalisation de Charles Robert-Gaudette, collaborateur d’Alex Nevsky notamment, est sans failles.
Clairement, on est en terrain connu, la jeune artiste s’inscrit de façon marquée dans la tradition de la chanson folk indé québécoise. On entend Safia dans la voix et la mélancolie, Hotel Morphée dans les arrangements. Une vieille chanson de Malajubedans le nom, mais c’est peut-être un hasard.
Ceci dit, c’est par les paroles que l’album prend tout son sens et se démarque. La plume est subtile et chaque image mérite réflexion. À ce titre, le texte de la deuxième chanson joue avec les contrastes, dans une prose à la fois délicate et dure : « ta voix m’envahit, elle a fait voler le plafond pour voir les enseignes au néon et les étoiles en graffiti ». Dans La fable en carton, l’écriture est plus naïve, mais tout aussi touchante : « t’as poinçonné le ciel pour y mettre des étoiles, la magie restera plus belle la tête dans les nuages ». Les arrangements ajoutent à cet esprit de rêverie, à travers des envolées de cordes et de reverb de guitare électrique. Une formule bien maîtrisée, qui à défaut d’être parfois répétitive, apporte une cohérence dans l’atmosphère de chacun des morceaux.
J’avoue, j’ai écouté en boucle, à un point où on m’a bloqué l’accès sur Bandcamp (je vais l’acheter, promis), toujours le même sentiment de réconfort. Ça arrive pile-poile pour les temps froids et ça fait croire à la relève !
Avec Nous sommes le feu, l’auteure-compositrice-interprète originaire de Québec Maude Audet reprend là où ses chansons l’avaient menée sur son (excellent) premier album. Réalisé une fois de plus par l’infatigable Navet Confit (qui se laisse aussi aller sur la six-cordes), Nous sommes le feu est encore un mélange de chansons folk-pop axées sur les guitares et les magnifiques textes d’Audet, qui chante encore avec sa petite voix douce et éthérée. En soutien, on trouve des collaborateurs solides : Marianne Houle (violoncelle), Matthieu Vézio (batterie) et Frédérick Desroches à l’orgue et au piano.
Si le premier album me rappelait un peu la formation française Autour de Lucie première période, le deuxième est résolument pop avec ses mélodies fort sixties (Leur arsenal) et ses petits accents de chanson française (Nos gestes répétés), tout en n’hésitant pas à rocker au besoin (irrésistible On leur demande). Un album qui arrive juste à point, lancé en même temps que les sombres attentats de Paris, aussi personnel qu’universel dans son propos, sans tomber dans le cucul, ni le vulgaire. Un album qui marque cette fin d’automne un peu grise en lui apportant un peu de couleur et d’espoir.
J’admire les bands qui font les choses différemment, les bands qui ont une idée fixe et qui l’exploitent à fond, sans peur de secouer les oreilles sensibles. Cependant, ceux que j’admire d’avantage sont les groupes qui se permettent de renouveler constamment l’idéologie de leur propre musique. Malheureusement, l’industrie de la musique n’étant plus ce qu’elle était, ces bands sont souvent contraints à ne se fier qu’à eux-mêmes pour concrétiser leurs idées un peu marginales. C’est pourquoi je n’ai pas été surpris d’apprendre que le dernier album de We Are The City a été entièrement auto-produit, à l’Est de Vancouver, dans l’entrepôt d’un bike shop. Composée de Cayne McKenzie à la voix et aux claviers, de David Menzel à la guitare et d’Andrew Huculiak à la batterie, la formation dévoilait vendredi leur troisième album: Above Club. Depuis quelques semaines, on pouvait avoir un avant-goût de ce que le groupe allait nous balancer: en septembre dernier, le trio nous a dévoilé Keep On Dancing, le troisième titre du disque. Avec Above Club,on a droit à quelque chose de plus lourd que précédemment: des percussions imposantes, des voix sales et perdues dans un écho qui donne un ton un peu psychédélique à l’album.
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=Cguy9-W5O2g&w=560&h=315] Take Your Picture With Me While You Still Can ouvre le disque d’une façon intéressante. La chanson commence avec un synthétiseur perçant qui laisse rapidement place à des accords de piano, une batterie timide et une ligne de voix très mélodique. On se laisse rapidement bercer par la rythmique simple et la voix inspirante de McKenzie puis, quand on pense avoir une idée de la pièce, Huculiak nous prend de court avec un drum violent à souhait qui en transforme complètement l’esthétique. Je dois avouer que j’ai été agréablement surpris et que j’ai compris que j’avais affaire à un groupe qui voulait en mettre plein les oreilles. C’est avec Sign My Name Like Queen que l’album atteint l’apogée de sa lourdeur. Dans cette pièce, aucun instrument n’échappe à la distorsion. On se trouve devant un véritable mur de son, sans aucun répit, pendant les deux minutes complètes de la chanson. C’est ce qu’on appelle «court mais efficace». Pour ceux qui connaissaient déjà We Are The City, les titres Cheque Room et Lovers In All Things vous ramèneront en terrain connu. En effet, ils rappellent un peu ce que la formation nous avait offert avec Violent, leur album précédent. On y retrouve des rythmiques plus saccadées et des structures plus éclectiques. De plus, si l’on compare au reste de l’album, la guitare et la voix ont davantage d’espace. Club Music nous livre un moment instrumental qui est vraiment bien fait. On y exploite encore des percussions massives, mais, cette fois-ci, on y juxtapose des chants et des synthétiseurs planants et lointains. Le tout donne l’effet réussi d’une musique ambiante qui a bien du caractère. Les titres Heavy As A Brick, Keep On Dancing et Kiss Me, Honey, quant à eux, se veulent plus accessibles, avec des structures plus standards. Je n’ai toutefois pas l’impression qu’elles ont été moins travaillées. À vrai dire, je trouve que ces pièces sont les plus efficaces sur le disque — leurs mélodies reste en tête et leurs arrangements sont fignolés dans les moindres détails. Le nouvel album de We Are de City est très bien fait. Les gars ont su renouveler leur son et pousser l’audace jusqu’au bout. Par contre, écouter l’album d’un bout à l’autre peut sembler redondant, surtout si on l’écoute en musique de fond. Les percussions, presque toujours dans le tapis, peuvent finir par agacer l’oreille. À l’inverse, quand on porte attention à chacune des pièces, leurs détails nous gardent à l’écoute. Elles donnent un album qui a un son bien à lui et qui est cohérent d’une chanson à l’autre. Pour l’instant, aucune date de spectacle n’est annoncée pour le Québec. On reste à l’affût!