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  • [ALBUM] Donnie Trumpet & The Social Experiment – Surf

    [ALBUM] Donnie Trumpet & The Social Experiment – Surf

    Ce qui rend le rap fascinant, c’est sa rapidité (suis-moi bien, icitte là..). Tout va trop vite! Un projet n’attend pas l’autre et les canaux de communications sont de plus en plus accessibles. En effet, souvent, les meilleurs albums qu’on peut se procurer sont souvent ceux qui sont (légalement) gratuits. Le danger, dans cette façon de procéder, c’est ce que j’appelle (j’dois pas être le seul, mon analogie est boiteuse, anyway) le phénomène de « l’étoile filante » : mourir en-dessous de son hype. C’est pour cela que les rappeurs doivent être des plus créatifs afin de non seulement cultiver leur image, mais aussi rendre leur musique plus intéressante afin de ne pas voir leur carrière mourir dans les méandres des forums d’opinions. C’est dans cette optique, après #10Day et Acid Rap, que Chance the nous offre Surf, en compagnie de Donnie Trumpet & The Social Experiment, le premier (?) album gratuit offert sur iTunes le 29 mai dernier.

    SurfC’est quoi The Social Experiment (SoX, pour les intimes. s/o au White Sox)? C’est le backing band de Chance the Rapper lors de ses live shows, simplement. C’est qui Donnie Trumpet? Le trompettistes (ouin, c’est poche de même). C’est donc un album de rap sans 808 drums, ce qui est rafraichissant, mais correspond à une certaine tendance actuelle où les rappeurs veulent prouver leur potentiel de musicalité (voir : Koriass orchestral). Par contre, ce ne sont pas TOUS les rappeurs qui peuvent se permettre ces écarts de conduite, si je peux me permettre, puisqu’il faut avoir un certain sens de la mélodie et une bonne oreille. Comme indiqué plus haut, le dernier projet de Chance était Acid Rap, un album qui nous avait « jetés sur le cul » (c’est l’expression appropriée) et Surf est une suite logique de ce dernier opus sur le plan des paroles.

    Chance a un avantage majeur sur beaucoup d’autre rappeurs (et artistes) : sons sens inné de la mélodie. Sa voix chantée n’est pas vilaine et il l’utilise sur Surf afin que ses bars (#BARS) soint bien ancrés dans des mélodies parfois mélancoliques, parfois plus soul, mais jamais agressives, ce qui est très nouveau et intéressant provenant de Chicago, capitale du gangstérisme américain et du ultra-agressif drill (voir : Chief Keef, GBE, etc.). Chance the Rapper, étant encore jeune, communique une certaine détresse post-adolescent qui est charmante et qui est très facilement comprise par de nombreux auditeurs. L’accessibilité de ses diverses paroles, sans pour autant abrutir ses auditeurs, nous démontre un potentiel « mainstream » ultra-intéressant, comme démontrée sur son ultra catchy « Wanna Be Cool », un hymne à la différence et à la marginalité qui définit très bien l’oeuvre de Chance the Rapper jusqu’à maintenant.

    Musicalement, on retourne vers une forme de néo-soul qui faisait la pluie et le beau temps à l’époque (R.I.P Dilla), mais modernisé, avec des accents un peu plus funk par moments. On laisse beaucoup de place à Donnie Trumpet, qui utilise brillamment son instrument afin d’ajouter cette touche « magique » (oui, j’vais là) pour bonifier la chanson. Chance, même s’il est compétent, laisse la place à de nombreuses collaborations avec le who’s who de la scène rap contemporaine et quelques vétérans afin que le SoX puisse être la vedette. Ce que l’on constate avec cette album, c’est un désir d’avoir purement et simplement du plaisir au profit de l’art. Chance et sa bande semblent apprécier le moment présent et il témoigne à travers un album (gratuit, je le respécifie) qui s’écoute bien, sans plus. Sans réinventer le genre, Chance, Donnie et le groupe le bonifie et ajoute une nuance de plus à ce style fondamentalement mal-aimé (JE DÉCROCHE PAS!). Bref, Surf porte bien son nom : un album chill (OUF ! Oui, J’ai fait cette connexion douteuse …)

    http://www.youtube.com/watch?v=xdcW70M1h_Q

    Simon Belley

    10 juin 2015
    Albums
  • [ALBUM] Jamie XX – In Colour

    Je me souviens d’une interview avec Tyler, the Creator où il justifiait cette ligne au début de IFHY : Add more yellow. Il affirmait qu’il associait des mélodies, des sons, à des couleurs qui les définissent. Certes, il n’y pas de chartes qui existent puisque c’est sa façon à lui de rendre concrète son œuvre, mais c’est quelque chose qui m’as toujours fasciné et qui m’a rejoint au final. Le tout m’influence et je tente d’associer certaines mélodies, certaines chansons à des couleurs pour m’aider à comprendre ce que j’écoute. L’album In Colour du britannique Jamie XX ne pouvait mieux tomber puisque je crois enfin avoir réussi.

    8f09545cSon premier opus (hormis ses deux efforts précédents avec The XX) porte bien son nom puisque que Jamie Smith nous montre l’éventail de sont talent, ses diverses « couleurs », à travers 11 titres (un peu court). Ne se fiant pas aux standards des albums de musique électronique actuels, peu de collaboration, sauf avec ses compatriotes de The XX et la très surprenante et entrainante I Know There’s Gonna Be (Good Times) où Young Thug (RICH GANG!) et Popcaan se complètent à merveille dans ce que l’on peut appeler un Summer anthem, sans gêne.

    En fait, je considére que Jamie XX transforme tout ce qu’il touche en or, comme le mythique Midas (pas Midaz …) en construisant des petits bijoux de mélodies accrocheuses, sans trop sombrer dans le cliché des immense breakdown du EDM. Sa façon de faire de la musique électronique nous permet de rapidement connecter et vivre des émotions concrètes et diverses. Le tout reste très organique. La géniale Sleep Sound (et son magistral clip, qui me rappelle le clip Svefn-g-englar de Sigur Ros) en est un bon exemple où on communique rapidement un sentiment, une émotion, une couleur.

    L’album est très varié au niveau des sonorités, sans dénaturer ce que l’on connaît déjà de Jamie XX : des productions relativement ambiante, lo-fi par moments. Il ne tombe jamais dans l’excès ce qui nous donne une effort soutenu, qui suit une certaine logique au niveau de la structure et de l’ordre des titres de l’album. Tout ça pour dire que Jamie XX ne déçoit pas en nous offrant un des rares albums de musique électronique bien structurés (ahem, Brodinski, ahem), diversifiés et avec un certain sens, malgré le peu de collaboration. Un album à garder en tête lorsqu’il sera temps de faire votre Top des meilleurs de 2015, je vous le jure !

    Simon Belley

    3 juin 2015
    Albums
  • [ALBUM] My Morning Jacket – « The Waterfall »

    [ALBUM] My Morning Jacket – « The Waterfall »

    The_WaterfallÇa fait déjà près d’un mois que Jim James et sa bande ont publié leur dernier album et ça fait près d’un mois que je reporte la critique de celui-ci par manque de temps. Pourtant, ce n’était pas l’envie qui manquait de vous parler de cet album qui marque un tournant dans la prolifique carrière de la troupe du Kentucky, qui fait un rock aux accents très roots.

    Nous voilà donc avec The Waterfall, le septième album de My Morning Jacket, le premier depuis l’excellent Circuital paru à la fin de 2011. Les Jacket y sont toujours aussi éclectiques qu’avant, mais c’est la première fois qu’ils enregistrent un album qui forme un tout aussi cohérent et chaleureux. Il est vrai que les quêtes spirituelles de Jim James apportent beaucoup d’eau au moulin. Son magnifique album solo Regions of Light and Sound of God en témoigne. D’ailleurs, on peut voir The Waterfall comme une espèce de suite logique à Regions of Light…

    Si les albums précédents des Jacket fourmillent de pièces dignes d’une prestation de tête d’affiche de près de quatre heures à Bonnaroo (c’est déjà arrivé), The Waterfall est plus intime et personnel. Oui, des chansons comme Thin Line et Believe (Nobody Knows) (que certains interprètent comme un hymne à la liberté religieuse) vont offrir d’excellents moments en concert, Big Decisions est une chanson qui ne demande qu’à être jouée dans des stades, il reste cependant que les principaux thèmes traités par James sur cet album sont infiniment personnels. Get the Point est au je et au tu. On s’accroche au récit de cet homme qui veut mettre fin à une liaison qui ne marche plus. S’il n’y avait pas cette voix incroyablement soul de James, je ne sais pas si on s’y accrocherait autant. Mais ça semble tellement sortir tout droit du coeur…

    Rien à dire sur la réalisation de cet album, sinon qu’elle est magnifique. Son impeccable, arrangements complexes, les bons instruments (y compris la voix de James) sont mis en valeur au bon endroit, au bon moment et au bon niveau.

    The Waterfall est probablement l’album qui va permettre à My Morning Jacket de sortir de son relatif anonymat. Je dis relatif parce qu’ils sont capables de jouer devant des dizaines de milliers de personnes dans les grands festivals américains. C’est juste qu’ils sont encore dans la sphère indé et qu’ils ont tous les atouts devenir un des grands groupes rock de notre époque. Si jamais ils passent près de Québec un jour, ne les manquez surtout pas. C’est sur la scène que ce groupe-là est à son meilleur.

    Avec l’album que Jim James et sa bande viennent de nous donner, je suis optimiste pour leur spectacle à Field Trip le 6 juin prochain.

    (ATO / Capitol)

    Jacques Boivin

    28 mai 2015
    Albums
    ATO, Capitol, Field Trip, My Morning Jacket, The Waterfall
  • [ALBUM] A$AP Rocky – A.L.L.A (At.Long.Last.A$AP)

    AtLongLastASAPCoverQue le monde de la musique réussisse à me surprendre en 2015 relève de l’exploit. C’est une des raisons majeures de mon amour inconditionnel de la musique rap : l’effet de surprise. Kanye avec Yeezus (pas de cover art, d’un minimalisme pur, sortie quelques temps après son annonce). Drake avec son If you’re Reading this, It’s too late qui sort de nulle part, durant la nuit (because Drake, obviously). A$AP Rocky peut maintenant se targuer d’être dans cet lignée de rappers contemporains empruntant cette voie pour que son produit soit accessible (la fuite m’avait donné des indices, tho’) en sortant hier A.L.L.A (At.Long.Last.A$AP) à minuit, cette nuit.

    D’emblée, 18 titres, c’est beaucoup, mais pas surprenant du tout pour lui puisqu’Il semble emprunter beaucoup des bribes de l’esthétique du rap des années 90 avec des album denses et des clips à couper le souffle, entrecoupé d’autres chansons de son album histoire de les hyper. Deux ans et demi se sont écoulés depuis LiveloveA$AP et ce n’est pas un euphémisme de dire que les attentes étaient élevées, surtout après le drame que le A$AP Mob à vécu cette année en la mort de son père spirituel, A$AP Yams (Yamborghini FTW).

    D’emblée, Holy Ghost impose le ton de l’album : un beat qui n’est pas traditionnel du style Houston via New-York imposé par le Mob au cours des années, avec une production léchée de Danger Mouse, qui sample les frères Coen. Cette chanson impose le ton aussi au niveau lyrical (« À tous ceux qui disent lyrical même si ça existe pas » – Maybe Watson) en abordant le thème d’une certaine rédemption face à la vie de vice que Rocky mène, sans pour autant discréditer tous ses aspects. Au fond, cette glorification absurde de certains aspects de la vie de rap star devient redondant de la part du leader du mob.

    Ce que l’on ne peut pas reprocher à A$AP Rocky, par contre, c’est son oreille musicale. Il déniche des beats qu’il ride à merveille et ne se laisse pas tenter vers l’appât du gain en impliquant tout les gros noms actuels qui circulent sur les albums de tous (Metro Boomin, Southside, DJ Mustard pour ne nommer que ceux-ci). Un mélange de modernité et des réussites du passé nous offrent un contenu varié mais équilibré, comme par exemple avec Wavybone qui nous offre un intéressant retour au rap du Sud des années 1990. surtout avec un couplet (j’en ai des frissons) du défunt Pimp C, qui accentue l’aspect « hommage » de cet album.

    En fait, Rocky se veut le pont parfait entre les puristes qui ne répondent que par l’âge d’or du rap et cette génération actuelle, qui expérimente plus au détriment des thématiques exploitées. Rocky est, à mon avis, un exemple concret de ce qu’est un rapper contemporain, une star moderne qui a su regrouper ses nombreuses et évidentes influences en un produit viable artistiquement, surtout, a pu créer son son particulier, sa marque de commerce. Un album important de l’année 2015 qui, maintenant, donne le ton. A.L.L.A est la réponse à cette question fondamentale : « Lord Pretty Flacko Jodye. Tell these fuck n***** how you been ».

    P.S. : Ah j’oubliais : Rod Stewart, of all people, a un featuring sur cet album …

    (ASAP Worldwide/RCA)

    Simon Belley

    27 mai 2015
    Albums
  • [ALBUM] Cabadzi – Des angles et des épines

    [ALBUM] Cabadzi – Des angles et des épines
    CABADZI_cover
    Cabadzi Des angles et des épines (SPACE / L’Autre Distribution)

    Lentement, mais sûrement, la francophonie semble reconnaître le potentiel artistique de la musique rap. De plus en plus de jeunes blancs, francophone, élevés avec Eminem, LMDS et Wu-Tang, tentent l’expérience et désirent (re)donner ses lettres de noblesse à un style musical fondamentalement mal-aimé (surtout par les Québécois) qui sont beaucoup trop obsédé par la verve (YÉ OÙ LE PROCHAIN DÉDÉ FORTIN, HEIN ? Y’EST OÙ CALVAIRE!). Dans ce contexte, Cabadzi offre Des angles et des épines, leur second opus qui sort aujourd’hui.

    C’est toutefois un effort honnête, sans plus. En effet, Cabadzi tente l’expérience du rap instrumental avec un certain panache, certes, mais l’aspect rap nécessite une amélioration. On voit un travail élaboré sur le plan de l’instrumentation, via une très orchestrale Féroces Intimes ou, la très « chaude » (oui, oui, j’utilise ce qualificatif) Cent fois où la guitare et les handclap se marient à merveille pour nous offrir une instru beaucoup plus groovy et lumineuse dans un album très sombre, où les thématiques des diverses chansons sont un peu répétitives.

    En fait, le principal défaut de cet album est l’entretien de clichés par rapport au rap francophone. Beaucoup de paroles centrées autour de la plainte, une poésie malhabile, mais intéressante pour tenter de toucher le créneau du « rap conscient ». Le MC a beaucoup de difficultés à rider les beats, qui sont en général bien construits. En fait, il peine à se démarquer puisqu’il maîtrise mal son instrument : son flow se rapproche beaucoup plus du slam, en fait et je crois fermement que, compte tenue de la qualité musicale, le style ne peut s’imposer.

    Par contre, comme je l’ai dit (au moins milles fois), nous avons affaire à de bon musiciens qui maîtrisent bien leurs instruments (même si le beatboxer est superflu). On tente d’intégrer plusieurs styles, imiter le sampling, à quelques occasions (dope échantillonnage sur Nous sommes deux femmes, d’ailleurs). Le tout me fait vaguement penser à Flobots dans la démarche.

    Mais, au final, l’effort est honnête et l’album reste un offre intéressante dans le paysage rap francophone. On voit que Cabadzi traite le tout comme de l’art et non comme une vulgaire parodie. Les puristes y trouveront leur compte!

    Simon Belley

    19 mai 2015
    Albums
    Cabadzi, Des angles et des épines, L’autre distribution, SIX Média, SPACE
  • [ALBUM] Baden Baden – « Mille éclairs »

    [ALBUM] Baden Baden – « Mille éclairs »
    Baden Baden Mille éclairs (naïve)
    Baden Baden
    Mille éclairs (naïve)

    On associe souvent le terme « pop » à quelque chose de péjoratif. Pour atténuer le choc de l’auditeur, on l’affuble d’un autre terme (genre « indie ») pour qu’on avale mieux la pilule parce que t’sais, c’est rough pour un critique musical de dire qu’il aime ça, d’la pop (s/o à Rajotte). Pourtant, un hit bien construit (s/o Carly Rae Jepsen) et pas trop vide de sens mérite qu’on s’y attarde. Bref, tout ça pour dire (j’m’égare, des fois, t’sais) que Baden Baden, groupe parisien, vient de sortir un album intitulé Mille Éclairs, leur troisième opus et leur premier depuis 2012.

    Faire de la pop est un art en soi puisqu’il y a une fine ligne entre les désirs grandioses et artistiques et les désirs d’accessibilité. Baden Baden navigue bien entre les deux, sans pour autant réinventer la roue, ce qui est fort dommage puisque leur offre ne se différencie pas dans un vaste paysage musical. D’ailleurs, rapidement, on peut les comparer à d’autres offres de qualité supérieure. En fait, soyons honnêtes (désolé, guys), le tout est un peu terne. Voilà le défaut majeur de cet album : il n’apporte rien de nouveau sur la table.

    Pourtant, la recette indie pop y est bien maîtrisée, ici : des mélodies accrocheuses, à saveur contemporaine (clavier FTW). Même si les thèmes des chansons ont été exploités jusqu’à la corde, le tout est fait dans l’optique d’être accessible, sans être abrutissant. Baden Baden sait comment bien construire une chanson pour que celle-ci soit accrocheuse. Ils forment un tout harmonieux. Par moment, le groupe me fait penser à Monogrenade (comme sur Finalmente) et Beach House, sur M.A.C. (ma préf’, d’ailleurs) où ils semblent emprunter la voie du dreampop planant de leurs (en fait la chanteuse) comparses franco-américains.

    Par contre, comme mentionné plus haut, le groupe ne se démarque pas. Ils ne sont pas intemporels. Ils sont ce que l’on (en fait, juste moi pour le moment, là. On gossera pas su’ des détails, t’sais) appelle de la « blog music ». Aussi, le groupe gagnerait à utiliser plus d’éléments liés à à la musique électronique puisque cela bonifie leur musique. Baden Baden doit trouver une façon de se différencier des autres groupes s’affublant du même qualificatif musical. Mille Éclairs est un album normal, sans plus. Rien de vilain, certes, mais rien de grandiose. Une recette bien maîtrisée, mais qui manque un peu de saveur!

    Simon Belley

    19 mai 2015
    Albums
    Baden Baden, Mille éclairs, naïve
  • [ALBUM] Yardlets – « Good Hangs »

    [ALBUM] Yardlets – « Good Hangs »

    C’est en juillet 2012 que Yardlets fait son apparition sur la scène musicale montréalaise. Considérés comme un supergroup (comme le disent si bien les anglophones), les deux membres du duo ont déjà une carrière bien établie dans le monde de la musique. Sam Goldberg Jr. est membre du groupe Broken Social Scene et de The Krooks (le groupe qui suit la charmante Kandle en tournée) et Jeff Edwards est connu pour son implication dans Shot While Hunting. Sur le premier album, le batteur de la formation n’est nul autre que Sebastien Grainger de Death From Above 1979! Le duo s’est entouré de plusieurs autres artistes, dont David Deias à la batterie en remplacement de Sebastien Grainger sur cet album et Tim Fletcher (The Stills) à la basse.

    Yardlets - Good Hangs
    Yardlets – Good Hangs

    Le concept reste le même que sur Middle Ages (2012), soit de faire de la musique de façon simple et minimaliste pour avoir un résultat accrocheur et réel. Oubliez la réalisation léchée et les longues heures de travail au studio sur Good Hangs. Le duo nous offre plutôt une performance rock garage, parfois punk, parfois shoegaze, pour le plus grand plaisir des amateurs de musique de garage. Enregistré au mythique Studio Breakglass dans la Petite-Italie, à Montréal, l’album qu’a voulu créer Yardlets est simple, mais efficace. Le fait que l’album soit tourné en studio vient quand même ajouter un aspect moins logique de la vocation du groupe. Le duo a essayé de faire fi de l’aspect studio et il a tenté de recréer cet aspect garage de son son. C’est réussi, mais c’est moins garage que leur premier opus. La réalisation de Jace Lasek  (Besnard Lakes) est minime, mais présente. Nous ne sommes pas dans la même ligue que l’album de 2012 enregistré sur un ordinateur portable.

    La simplicité de cet album est, certes, la force du groupe. Tout au long de l’écoute, nous sentons l’esprit punk garage du groupe. C’est accrocheur, les rythmes sont soutenus, la réalisation est minimaliste : nous écoutons un vrai album sale. C’est accompagné d’une belle touche d’humour et de dénonciation cynique dans l’esprit punk. Par contre, les paroles peuvent parfois sembler inutiles et seulement être un passage obligé… Certaines paroles, dont cet extrait tiré de UnModern Man, démontre une insouciance du texte de la part du duo…

    Don’t ask why i like Star Trek 
    My toilet is filthy 
    I have a pizza under my loveseat 
    I drive a white Chevy Malibu 
    I have a black belt in Kung Fu

    C’est la plus grande faiblesse de cet album. Il faut souvent faire fi des parole pour apprécier la musique du groupe. Par contre, il y a de belles pièces qui sauront faire sourire les rockeurs de Montréal, dont cet extrait tiré, encore une fois, de UnModern Man.

    My favourite concert was 
    Metallica and Guns and Roses 
    At the olympic stadium 
    Faith No More opened 
    James burnt his face off 
    In a pyro accident 
    And when the Guns ended short 
    The city went to shit 

    [bandcamp width=100% height=120 album=566186059 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small track=856824103]

    Au total, on retrouve onze pièces qui totalisent près de 45 minutes. Le son punk est très intéressant et fait du bien au paysage musical de Montréal, qui, au cours des dernières années, est très axé vers la musique alternative. La voix de Jeff Edwards est très sombre et mystérieuse, ce qui vient ajouter une touche de noirceur à l’album. Elle est souvent faible et retirée pour laisser place aux instruments.

    Nous sommes loin d’un grand album avec Good Hangs. Par contre, l’écoute en vaut la peine. La musique simple et sans grande réalisation est de plus en plus rare en 2015 et c’est très intéressant d’entendre ce qui pourrait être (pour certaines pièces) des ébauches de chansons à retravailler plus tard. Attention, c’est loin d’être négatif comme propos. C’est ça Yardlets : des pièces sales, peu travaillées et enregistrées en peu de temps pour que l’on ressente, en tant qu’auditeurs, l’esprit qui régnait lors des répétitions et en studio.

    [bandcamp width=100% height=120 album=566186059 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small track=128935077]

    Yardlets viendra nous présenter Good Hangs au sous-sol du Cercle le 21 mai prochain à 21 h (portes : 20 h). L’esprit du sous-sol du Cercle est parfait pour la musique de garage du groupe. En prime, les premières parties (Elsa et Doloréanne) seront satisfaire vos oreilles avant le groupe principal. Les billets sont seulement 10 $ (+ frais) en prévente, 12 $ à la porte. Ils sont disponibles au Knock-Out, à la billetterie du Cercle et sur lepointdevente.com. Le concert est présenté par Le Cercle – Lab Vivant et District 7 Production.

    Matthieu Paquet-Chabot

    18 mai 2015
    Albums
    Broken Social Scene, Death from Above 1979, DFA 1979, District 7, District 7 production, Kandle, Le Cercle, Le cercle – lab vivant, The Besnard Lakes, The Stills, Yardlets
  • [ALBUM] Jane Ehrhardt – « Terminus »

    [ALBUM] Jane Ehrhardt – « Terminus »
    Jane Ehrhardt Terminus (La Palette)
    Jane Ehrhardt
    Terminus (La Palette)

    Jane Ehrhardt a enfin plongé! La folkstress originaire de Moncton, mais bien enracinée à Québec, nous offre sa première collection de chansons toutes en français sous la forme d’un maxi intitulé Terminus. Un maxi qui n’a qu’un seul gros défaut : on en aurait pris davantage tellement ces 22 minutes passent vite!

    Coréalisé par Ehrhardt et Simon Paradis, Terminus est un recueil de six pièces fort différentes, mais vraisemblablement composées dans le même état d’esprit. Le titre de l’album est évocateur : on fait table rase (entraînante Effacer), mais à la fin, il y a un peu d’espoir (superbe L’aurore). La plume d’Ehrhardt est franche et directe et mérite qu’on y prête attention. Le parallèle avec les soeurs McGarrigle ne serait pas si fou que ça, finalement. Pendant qu’on vise souvent le plus bas dénominateur commun du côté des paroles, Ehrhardt, de son côté, n’hésite pas à rehausser son niveau de langage. Il y a beaucoup de richesse dans les paroles de Parvis céleste.

    Sur le plan de la musique, Ehrhardt se gâte. En plus de sa propre voix, de sa guitare et de son piano, ainsi que de ses collaborateurs habituels Hugo LeMalt (toujours redoutable à la guitare) et Renaud Pilote (à la batterie), elle a pu compter entre autres sur Claudia Gagné (L’Octopus) à la basse, Kim Drouin-Radcliffe (Two Birdz) au violoncelle et Sarah Jane Johnston (Pop Léon) aux choeurs. Si la pièce-titre est de nature plutôt classique et Effacer est une chanson très rythmée, le reste de l’album est beaucoup plus atmosphérique (Reine de rien, où la guitare de LeMalt s’envole, Parvis céleste et ses cordes qui nous bercent les tympants) et introspectif (Sable brûlant).

    Mais sérieusement, L’aurore. Magnifique fois mille.

    Heureux est celui qui trouve l’amour,
    qui a attendu des années son tour.

    Et la musique. La lente montée en richesse et en complexité. Les cordes. Les harmonies. L’espoir qui renaît.

    On n’en demandait pas tant. Mais on en aurait pris plus. Heureusement, on peut écouter Terminus une deuxième fois sans se lasser. 🙂

    Jane Ehrhardt lance son album ce jeudi 14 mai au Pantoum avec une séance d’écoute sympathique en formule 5 à 7. Entrée libre, BYOB. Elle lancera son album de façon plus spectaculaire (des invités!) à l’AgitéE le 29 mai prochain à 20 heures.

    [bandcamp width=100% height=120 album=3100920098 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small]

    Jacques Boivin

    14 mai 2015
    Albums
    Jane Ehrhardt, La Palette, Terminus
  • [ALBUM] Patrick Watson – « Love Songs For Robots»

    [ALBUM] Patrick Watson – « Love Songs For Robots»

    S’agit-il d’un hasard si Secret City et/ou Patrick Watson ont encore profité de l’arrivée du printemps pour sortir le nouvel album du groupe? C’est que les deux efforts précédents étaient sortis en avril et force est d’admettre que la musique onirique de la troupe sied bien à cette  explosion de verdure.

    Patrick Watson Love Songs For Robots Secret City
    Patrick Watson Love Songs For Robots (Secret City / Domino)

    Ce nouveau cru de l’adorée troupe montréalaise a d’ailleurs été présenté sur scène dans quelques villes déjà. Comme mélomane, cela représente l’une de mes plus grandes et assez rare joie que de pouvoir  d’abord découvrir sur scène les nouvelles pièces d’un groupe que j’affectionne. J’étais sur place pour l’un des deux concerts donnés à Lévis où Watson et son groupe ont joué l’intégralité de Love Songs For Robots. L’impression générale avait d’ailleurs été assez positive avec plusieurs solides pièces pourtant encore en rodage.

    Ce  cinquième album marque une certaine rupture par rapport à l’oeuvre du groupe. D’abord, Simon Angell qui apportait une touche si singulière au groupe a quitté pour se consacrer entièrement à son projet Thus Owls. Il est remplacé par Joe Grass qui a démontré beaucoup de flegme et de virtuosité lors du spectacle. Par contre, son apport, bien que majeur, me semble un peu plus « traditionnel », ce qui fait qu’on perd une touche de singularité dans le son du groupe. Le piano acoustique, si présent dans l’univers de Watson, ce fait plus subtil au profit d’autres instrumentations. Il s’aventure aussi, quatre fois plutôt qu’une, dans de longues pièces de plus de six minutes.  De plus, l’album a été enregistré en grande partie à Los Angeles de façon « live » ce qui est aussi une approche différente des efforts précédents.

    L’album s’ouvre délicatement avec la pièce titre; une des rares pièces où le piano est à l’avant. Good Morning Mr Wolf vient ensuite annoncer les couleurs de l’album avec ses percussions inventives et un somptueux riff de slide-guitare qui donne beaucoup de mordant au refrain. Bollywood est d’abord porté par la basse de Mishka Stein avant d’exploser dans de complexes arrangements où guitares, et claviers viennent créer d’habiles ruptures dans le rythme. Le ton est donné avant un retour en terrain connu avec les efficaces Hearts et Grace.

    In Circles, courte pièce à la limite de l’intermède, ouvre merveilleusement la deuxième moitié de l’album avec l’une des plus belles lignes mélodiques de l’oeuvre. Le rythme jusque là intéressant s’essouffle ensuite. Turn Into Noise est pourtant une pièce réussie; à la fois grandiose et délicate; probablement un des meilleurs exemples montrant l’éventail des possibilités de la voix de Patrick Watson. Est-ce son placement sur l’album qui fait défaut? Il y a aussi le cas de la chanson Know That You Know, trop longue et moins inventive que ce à quoi le groupe nous a habitués. L’album se conclue avec une pièce mémorable, Place You Will Go qui avec son rythme syncopé vient insuffler une nouvelle dose d’énergie pour la finale.

    Dans l’ensemble, l’album est une réussite et la première impression en spectacle est similaire à l’idée que je m’en fais après quelques écoutes. Les nouvelles explorations sont vraiment réussies et même si certaines pièces à mi-parcours sont moins surprenantes, on embarque sans problème dans l’univers (avec des subtiles incartades dans un monde de science-fiction) proposé par le groupe.

    Julien Baby-Cormier

    11 mai 2015
    Albums
    Love Songs For Robots, patrick watson, Secret City Records
  • [ALBUM] Félix Dyotte – « Félix Dyotte »

    [ALBUM] Félix Dyotte – « Félix Dyotte »
    Félix Dyotte Félix Dyotte Coyote Records
    Félix Dyotte
    Félix Dyotte (Coyote Records)

    Vous avez probablement connu Félix Dyotte au sein de Chinatown, dont il était un membre fondateur. Plus récemment, vous l’avez peut-être croisé alors qu’il faisait partie de l’équipe de Pierre Lapointe. Voyez-vous, ça fait quand même près de 20 ans que Dyotte roule sa bosse dans des groupes ou avec d’autres artistes. Aujourd’hui, c’est à son tour de briller, et il le fait de belle façon avec un premier album solo homonyme qui arrive juste à temps pour mettre de l’ambiance dans votre cour arrière, sangria bien fraîche à la main.

    L’auteur-compositeur-interprète n’y est pas allé de main morte : s’il s’agit de son album à lui, il n’a pas hésité à demander un coup de main à ses talentueux camarades! On trouve sur cet album un quatuor à cordes supervisé par Philippe Brault, la voix de Kandle Osborne, ainsi qu’une petite touche de Francis Mineau (Malajube).

    Le résultat est cet album romantique et coloré, qui peut passer de la pop de chambre à la synth-pop dans la même chanson. À la première écoute, si ce n’était pas de l’accent typiquement québécois de Dyotte, on aurait pu croire qu’un nouvel artiste français s’essaie à la chanson! Ce sentiment est renforcé par la voix de Dyotte, un filet doux, mais grave, qui rappelle énormément celle d’Étienne Daho (allez écouter une pièce comme Saudade de Daho après Calme-toi de Dyotte, c’est frappant!). Et comme la légende française, Dyotte passe avec une grande aisance d’un genre à l’autre.

    On le savait déjà, mais Dyotte manie habilement la plume. Sans être spectaculaire, il est efficace. Faut dire que les relations difficiles et la déprime sont des sources intarissables de chansons, mais encore faut-il savoir les écrire en maintenant l’intérêt de l’auditeur. Dyotte y arrive facilement.

    Pour accompagner ces paroles tristounettes, Dyotte nous fait le coup des mélodies légères où les cordes se mélangent fort bien aux guitares et aux synthés. Le refrain de Les gens sont décevants est un ver d’oreille qui s’incruste joyeusement dans nos têtes. Hologramme a un petit côté rêveur loin d’être désagréable. On valse sur Feu nous deux. Et Petite esthète pourrait devenir un classique des feux de joie chez les hipsters.

    Cet album de Dyotte, à la réalisation impeccable, est fort généreux selon nos standards actuels : 47 minutes de chansons de toutes sortes se succèdent jusqu’à plus soif.

    En résumé, le premier album solo de Félix Dyotte devrait se trouver une place privilégiée dans nos listes de lecture estivales. Sur la route, à la plage, dans le potager, c’est un match parfait. Avec un petit verre de cidre sur une terrasse, c’est encore mieux. Que ce soit pour les mots ou pour les mélodies, chacun devrait y trouver son compte.

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    Jacques Boivin

    8 mai 2015
    Albums
    Coyote Records, EnVedette, Félix Dyotte
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