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  • [ALBUM] Richard d’Anjou – «Beautiful Me»

    [ALBUM] Richard d’Anjou – «Beautiful Me»

    Douze ans après le dernier album de son groupe Too Many Cooks, Richard d’Anjou a lancé il y a quelques jours son premier album solo, Beautiful Me.

    L’album, réalisé avec l’aide du bassiste Jean-François Lemieux, déplace de l’air. La pièce Free débute l’album sur les chapeaux de roues. Les guitares bûchent, et d’Anjou n’a rien perdu de son amour du rock. Beautiful Me a du potentiel radio et elle vous fera monter le son.

    Dans une pièce un peu plus folk, Slave, c’est la guitare acoustique qui accompagne d’Anjou. Le chanteur nous embarque dans son univers et nous raconte le tourment et la décadence qu’il a vécus. On chante la liberté et l’espoir, mais aussi l’amour.
    Le regard individuel d’Anjou se transforme en un regard sur le monde pour une vision plus collective sur I Keep Pushing.

    La vulnérabilité est un thème qui revient souvent dans l’album, mais Richard d’Anjou la travaille bien et se l’approprie.

    Le disque est entièrement écrit et composé par Richard d’Anjou, sauf This Place, dont la musique vient de Pascal Dufour. Les guitares sont riches et intenses. Les mélodies servent avec justesse les paroles et les émotions vécues par le chanteur.

    L’album solo est bien fait. La production laisse place à la voix du chanteur et aux guitares qui l’accompagnent. Cependant, je trouve que ces dernières se ressemblent et ne semblent pas se démarquer d’une pièce à l’autre.

    C’est un beau premier album solo qui présente différentes facettes de l’auteur-compositeur.

    [bandcamp width=100% height=42 album=523372510 size=small bgcol=ffffff linkcol=0687f5]

     

    Marie-Ève Duchesne

    13 avril 2017
    Albums
    Richard D’Anjou
  • [ALBUM] Samuele – «Les filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent»

    [ALBUM] Samuele – «Les filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent»

    C’est le vendredi 7 avril qu’est paru le premier long jeu de Samuele Les filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent. La jeune auteure-compositrice-interprète, que l’on a pu voir aux Francouvertes en 2015 et qui a remporté le Festival international de la chanson de Granby en 2016, signe un album de 12 pièces fort intéressantes.

    Une belle découverte pour l’amatrice de musique folk en moi. J’ai découvert une artiste très nuancée, qui ne se limite pas dans l’exploitation de ses talents musicaux. Les chansons ont toutes des couleurs propres, ne se ressemblent pas nécessairement, mais conservent une belle cohérence.

    Le titre évocateur de l’album fait sans aucun doute référence à l’ouvrage de Ute Ehrhardt «Les filles sages vont au ciel… et les autres où elles veulent» ou pourquoi la gentillesse ne mène à rien. À la description du livre on comprend immédiatement « Montrant par quels mécanismes elles s’interdisent de mener une existence épanouie et librement choisie, Ute Ehrhardt trace une voie royale pour sortir des schémas destructeurs » tout cela en parlant des pièges mentaux qui compliquent la vie des femmes.

    Elle nous agrippe tout de suite avec la première pièce, spoken word très engagé qui explique la raison du titre de l’album. Dans Égalité de papier, elle aborde le sujet de l’égalité de la femme dans la société contemporaine, qui a encore de la misère en enlever de la bouche la connotation péjorative de l’adjectif « comme une fille ». Étonnamment, ça teinte les autres chansons de l’album, mais les sujets ne sont pas tous dans l’optique d’émettre des propos aussi forts que ceux-là.

    La sortie, qui se retrouvait sur son album Z’ALBUM paru en avril 2015 reste dans la tête et je me suis surpris à fredonner rapidement le refrain. La guitare électrique aux sons blues ajoute une belle profondeur à la mélodie. À la première écoute de l’album, j’ai accroché tout de suite. Les paroles sont en continuité avec la titre de l’album et la première pièce, mais elle y va d’image et de référence à la ruche des abeilles.

    C’est la rythmique de batterie alliée à celle de la guitare qui séduit sur la pièce cœur de tôle alors que Cours toujours commence plus lentement, et graduellement augmente, ce qui est cruellement efficace avec le titre de la chanson.

    On découvre autre chose sur Compter sur ça, alors qu’elle utilise le Ukulélé qui permet de voir ressortir sa voix très modulée et douce. Les instruments à vent sont également bien présents et complète merveilleusement la mélodie.

    Dignes d’une chanson classique de blues, Tous les blues va chercher une émotivité et une mélancolie qui apparait moins sur les premières pièces. On découvre également une fragilité dans la voix de Samuele qui est vraiment prenante.

    Dactylo, quant à elle, donne plus dans le folk doux alors qu’elle s’ennuie des bras de quelqu’un avec qui ça n’a visiblement ça ne peut pas fonctionné. J’y aime la belle sensibilité de sa voix. En ce qui concerne Le lest, au tempo de valse, la trompette y est magnifique et elle m’évoque un changement, alors que Toune d’hiver est sensuelle et parle plutôt de chaleur entre deux corps.

    Dans La couleur de l’orage, c’est là qu’on découvre une Samuele à fleur de peau, très sensible. À sa suite, une chanson cachée se retrouve à 8 minutes 37 secondes (désolé de dévoiler le punch!) qui termine l’album sur une note plus joyeuse avec Hochelaga mon amour (j’ose croire que c’est ça le titre de la chanson!).

    Il est indéniable que le long jeu de Samuele s’écoute à merveille de par ses mélodies folks rock et parfois même blues. Ses textes sont très imagés et démontrent une belle profondeur. On sent qu’elle a des opinions très féministes, mais elle les exprime de manière très diplomate.

    Les musiciens qui l’accompagnent font également une différence. On songe notamment à Jean-Sébastien Brault-Labbé qui porte bon nombre de chapeau dans la création. Également Alex Pépin, à la contrebasse, basse, percussions, etc. Julie Miron s’additionne à l’équation avec une autre guitare électrique, du lapsteel, entre-autre. Finalement, Gabrielle Smith et Élizabeth Rogers complètent les mélodies avec les instruments à vent.

    [bandcamp width=100% height=120 album=560911657 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small]

    Caroline Filion

    11 avril 2017
    Albums
    Albums, Samuele
  • [ALBUM] Father John Misty – « Pure Comedy »

    [ALBUM] Father John Misty – « Pure Comedy »

    Faire la critique du nouveau Father John Misty, c’est plutôt intimidant : le pseudonyme que s’est donné Josh Tillman est celui de son alter-ego-qui-n’en-n’est-pas-un, un moyen de pouvoir jouer le dandy désabusé et prétentieux et, paradoxalement, d’impudiquement dévoiler sa pensée la plus personnelle, ce qui fait en sorte que ses paroles sont souvent teintées de pseudo-supériorité intellectuelle. Rien de bien nouveau, alors! Ses deux précédents albums, tous deux magnifiques, nous avaient déjà introduits au personnage. Complexe univers qu’est celui de Father John Misty…

    Pure Comedy, son dernier opus, est toute une expérience. De tous ses albums, c’est probablement le plus grandiloquent de l’artiste. Le thème majeur est l’humanité avec un grand H, ce qui est autant savoureusement immodeste qu’approprié pour un projet de Father John Misty. En ce sens, c’est un album-concept, comme les derniers. Dans une entrevue, le chanteur et multi-instrumentaliste a expliqué que son premier disque, Fear Fun, se voulait une introduction à Father John Misty, que son deuxième, I Love You Honeybear, était une exploration de ses sentiments romantiques et viscéraux à l’occasion de son récent mariage et que ce troisième serait une profonde réflexion sur l’humanité et tout ce que cela implique. Ceci dit, je dois évidemment paraphraser les mots du maestro, car ses dires sont infiniment plus obtus.

    Cyniques tout en étant étrangement touchantes, les paroles de Misty, bien que poétiques, ont toujours eu un petit manque de nuance attachant (et maintenant caractéristique) qui surprend toujours. Cette «pure comedy», c’est l’absurde d’ici-bas, et Misty connaît son Camus. L’album regorge de personnages pathétiques, de questionnements politiques, de critiques acerbes et d’observations nihilistes. Dans un des moments les plus émouvants, Misty chante :

    My first memory of music’s from
    The time at JCPenney’s with my mom
    The watermelon candy I was choking on
    Barbara screaming, « Someone help my son! »
    I relive it most times the radio’s on
    That « tell me lies, sweet little white lies » song
    That’s when I first saw the comedy won’t stop for
    Even little boys dying in department stores

    Ces vers, chantés avec une sincérité assez désarmante, sont les plus personnels que Misty n’aie jamais chantés. Comme quoi le personnage s’efface peu à peu à chaque album… Mais Misty n’est pas prêt de se départir de ses tics : il y a encore un peu de provoc’ dans les paroles, ça va de soi, mais celle-ci est toujours traitée avec humour. Cet humour, souvent kaufmanien et sardonique à souhait, fait partie intégrante de l’expérience.

    Sur le plan musical, on a droit à du folk doux agrémenté d’arrangements symphoniques toujours captivants (on pense ici à la splendide «Leaving L.A.», qui dure 13 minutes!) des bribes d’Americana, des passages plus atmosphériques…  et beaucoup de fétichisme de piano-rock de années soixante-dix. Les rythmes sont particulièrement lents, chose plus ou moins inhabituelle pour Misty, sans doute pour mettre davantage l’emphase sur les paroles. On ne s’en plaint pas. Toutefois, la variété prend un peu le bord : exit les rythmes rock, les guitares grunge et les éclectismes électro de ses meilleurs chansons.

    Bien qu’I Love You Honeybear reste mon préféré, ce nouvel album de Father John Misty n’en demeure pas moins excellent. Quand la personnalité d’un artiste est si forte, si singulière, et que la musique qui l’accompagne est à ce point efficace, il est difficile de ne pas tomber sous le charme.

    [bandcamp width=100% height=120 album=1125059352 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small]

    Thierry Larose

    11 avril 2017
    Albums
    2017, Father John Misty, Pure Comedy, Sub Pop
  • [ALBUM] Timber Timbre – «Sincerely, Future Pollution»

    [ALBUM] Timber Timbre – «Sincerely, Future Pollution»

    Taylor Kirk, le compositeur derrière le projet Timber Timbre, nous a habitués à enrichir ses sonorités au fil des albums. Il faut dire que s’il jouait quasi solo sur ses trois premiers disques, tout ça s’est transformé en projet à géométrie variable formant un solide noyau avec le multi-instrumentiste Simon Trottier (Fontarabie, Avec Pas d’Casque) et le claviériste Mathieu Charbonneau (Avec Pas d’Casque, The Luyas et Torngat). S’ils en sont déjà à leur troisième album ensemble, c’est le premier sur lequel ils font un virage important. Les guitares aux accents désertiques font place à des sonorités plus urbaines; on nous transporte tantôt au coeur d’une ville en déchéance, tantôt dans un petit village glauque. La musique prend une teinte très eighties et tend, avec les mélodies sombres de Kirk, à évoquer l’univers de David Lynch, en particulier la musique d’Angelo Badalamenti pour Twin Peaks.

    La pièce d’ouverture, aussi premier extrait de l’album, Velvet Gloves & Spit, est un parfait exemple de cette atmosphère. Ensuite, la très « Bowiesque » Grifting est une réussite, avec sa ligne de clavier à contretemps. Musicalement c’est ce qui s’éloigne le plus du son habituel de Timber Timbre; mais c’est bien incarné et la pièce donne un souffle à l’album. L’instrumentale Skin Tone et la pièce Moment nous replongent dans l’esthétique des années 80, avec en prime une voix robotique qui vient appuyer l’accrocheur refrain. Je saisis mal l’amour que porte de nombreux créateurs actuels pour cette période sombre de la musique (je dis ça malgré l’avénement essentiel de Jesus & Mary Chain, Pixies et Joy Division, entre autres), mais je dois admettre que Timber Timbre le fait plutôt bien et que ça injecte une certaine fraîcheur dans le projet. Les moments les plus forts surviennent en milieu de parcours, d’abord avec la langoureuse Sewer Blues, puis surtout avec Western Questions, qui est possiblement le morceau le plus proche du son habituel du groupe. Si l’effet vocal sur la pièce Moment fonctionne bien, la pièce Bleu Nuit, malgré sa musique irrésistiblement dramatique, peut rendre perplexe par l’utilisation agressive d’un filtre sur la voix du chanteur.

    Côté paroles, on sent une désillusion poétique face à l’état du monde actuel et aux chances de s’en sortir. Ce n’est pas particulièrement optimiste, mais ça semblait nécessaire et c’est cohérent tant l’écriture ne semble pas forcée. Dans Western Questions, cette tendance à la poésie politique est particulièrement criante :

    Western questions, villages moving, the visitor sailing in

    Drifters, grifters, spanning sifters looking for a flash in the pan

    International witness protection through mass migration

    The imminent surrender of land

    Tucked in safety at the counter of a luxury liner with a noose in my hand

    Au final, l’amateur fidèle se retrouve avec un album qui présente une nette évolution dans le son du groupe. Le mélomane le plus récalcitrant réussira aussi probablement à apprécier le clavier cheesy grâce au son qui s’inscrit dans un univers plus sombre et inquiétant. D’ailleurs, impossible de passer sous silence la puissance évocatrice du titre : Sincerely, Future Pollution. Wow!

    Julien Baby-Cormier

    9 avril 2017
    Albums
    Bonsound, Mathieu Charbonneau, Simon Trottier, Sincerly Future Pollution, Taylor Kirk, Timber Timbre
  • [ALBUM] Abrdeen – « Endless Nights and Dreamlike Mornings »

    [ALBUM] Abrdeen – « Endless Nights and Dreamlike Mornings »

    C’est vendredi. Vous avez une date et vous aimeriez ben gros que ça marche entre vous deux. Vous l’invitez chez vous, lui préparez un souper exquis, avez acheté un bon petit rouge sans prétention (en espérant que votre partenaire aime le rouge), les lumières sont tamisées, ne manque qu’une chose : la musique!

    Eh ben depuis ce matin, votre problème est réglé, et c’est un groupe de Québec qui vient à votre rescousse! Avec Endless Nights and Dreamlike Mornings, Abrdeen vous propose cinq chansons tout simplement aphrodisiaques, aussi sensuelles que punchées.

    Abrdeen, c’est le projet de Meggie Lennon (guitare et voix), accompagnée de Maxime Goudreau (batterie), David Saint-Germain et Pierre Désaulniers (guitares) et Laurence Gauthier-Brown (basse). Nul besoin de vous dire qu’on surveille ce projet depuis les tout débuts, et pour cause : il y a dans les chansons envoûtantes de Lennon un petit je-ne-sais-quoi qui vient nous chercher.

    Si on avait déjà entendu Secret Handshake (et vu le clip qui donne envie de ne plus retenir ses mains), on s’est régalé avec les autres pièces : une pièce rythmée comme Can’t Stop Us nous donne une envie irrésistible de danser collé pendant que Long Time, gros plain cochon (comme on disait dans mon temps), est le prétexte parfait pour les baisers langoureux (et plus, si affinités). La voix éthérée et sensuelle de Lennon, un brin désinvolte, retient notre attention qui a facilement été captivée par les mélodies accrocheuses.

    Il y a une petite touche fin-de-millénaire sur Endless Nights and Dreamlike Mornings, un petit air de « la fin du monde s’en vient, on s’en fout, partons en galère », et on le ressent plus que jamais sur King of the Night, qui aurait pu aisément se retrouver sur la trame sonore d’un film de David Lynch. Sur Star, Abrdeen garroche la totale : un brin lo-fi, une mélodie très sixties, des riffs accrocheurs, une attitude de rock star, tout y est. Finale parfaite.

    En cinq petites chansonnettes, Abrdeen réussit à nous faire faire un tour du jardin assez complet. Le genre de tour qui donne irrésistiblement le goût de frencher. Si on pouvait faire un seul reproche à Endless Nights…, c’est sa durée : 16 minutes, c’est à peine le temps de quelques doux baisers!

    On est capable d’en prendre bien plus!

    Abrdeen lance officiellement son EP le 13 avril prochain au Cercle. On va y être. Ça devrait être un moment juste assez décadent!

    [bandcamp width=100% height=120 album=3022019984 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small]

    Jacques Boivin

    7 avril 2017
    Albums
    Abrdeen
  • [ALBUM] Ghostly Kisses – «What You See»

    [ALBUM] Ghostly Kisses – «What You See»

    Margaux Sauvé, l’artiste qui se cache derrière le pseudonyme de Ghostly Kisses, nous prouve à nouveau qu’elle maîtrise le sens de l’esthétique et de l’ambiance. Ghostly Kisses a fait paraitre quelques chansons au fil des deux dernières années et celles-ci ne passèrent pas inaperçues, atteignant notamment deux millions d’écoutes sur Spotify. Avec ce premier EP, intitulé What You See, la chanteuse et violoniste Québécoise nous propose de revisiter trois de ses chansons déjà parues et d’en découvrir trois nouvelles.

    Dès la première chanson, «Garden», le son caractéristique de Ghostly Kisses est au rendez-vous : textures aériennes, rythmes effacés mais propulsifs, voix éthérées et feutrées ainsi que violons langoureux se font entendre et forment un paysage sonore très agréable. Ces éléments se retrouvent sur presque toutes les six chansons de cet EP, ce qui le rend très (trop?) cohésif, à la fois pop et ambiant. En effet, l’artiste ne dérogera jamais vraiment de cette formule. Je n’ai toujours pas décidé si je trouvais cela admirable ou un peu trop conservateur.

    Qu’à cela ne tienne, la facture électro du projet, bien que subtile, agrémente très bien les compositions et ajoute un petit côté pop contemporain aux chansons, les rendant un peu moins abstraites. Je dis abstraites car ces chansons le sont évidemment par leur lyrisme, mais aussi par leur rejet apparent des normes de la pop vocale commerciale. Sauvé est dotée d’une voix alto toujours tendrement voilée, ce qui rend les paroles inintelligibles, soit, mais qui plane toujours doucement au dessus de la musique, ce qui créé un effet enivrant.

    Les paroles sont à l’image de la musique qui les accompagne : tristes, rêveuses, pensives et toujours un peu vagues. Les paroles du refrain de «Such Words» sont un bon exemple de ce que j’avance:

    Can it stay between us?
    (But we do not say such words)
    Among the other things you know
    (But we do not say such words)
    In this endless “in between”
    (But we do not say such words)
    I will never learn, I know
    (But we do not say such words)

    Le titre de cet EP est trompeur. Le plus captivant avec Ghostly Kisses, ce n’est pas ce que tu peux voir, mais bien ce que tu peux ressentir. On peut souvent deviner un sentiment de regret, mélancolique sans être viscéral, qui hante les paroles de Sauvé. Les journées pluvieuses n’auront jamais eu d’aussi parfaites trames sonores.

    Thierry Larose

    5 avril 2017
    Albums
    Ep, Ghostly Kisses, Margaux Sauvé, quebec, What You See
  • [ALBUM] Sagot – «Bleu Jane»

    [ALBUM] Sagot – «Bleu Jane»

    Un constat s’impose rapidement à l’écoute de Bleu Jane, le dernier né de l’artiste Julien Sagot : il faut être prêt à subir de nombreux imprévus musicaux et à se laisser guider dans les méandres obscurs d’une musique chargée dramatiquement et d’une poésie concise. Si l’artiste évoque toujours de grands artistes français, il le fait en habillant ces pièces d’une musique à la fois moderne et intemporelle.

    La pièce d’ouverture, Les racines au ciel, sorte de lettre d’amour pour la Louisiane, débute sur des percussions frénétiques et inquiétantes avant de basculer soudainement dans un état onirique soutenu par de riches arrangements. Plus loin, la surprenante Bleu corail électrique s’ouvre sur une ligne de basse subtilement soutenue par un rythme électronique avant de transporter l’auditeur dans un surprenant segment instrumental aux accents caribéens. L’introduction fuzzée de  Désordre et désordre représente un moment fort de l’album, et le rythme électro qui s’en suit prouve une fois de plus la richesse de la palette sonore de l’artiste. Par la suite, chaque morceau pourrait également être un fait saillant. Que ce soit le premier simple, Les sentiers de terre, sur laquelle Sagot chante en duo avec Frannie Holder une douce chanson qui ne respecte aucune convention de la ballade traditionnelle, ou plutôt Vacille, une pièce plus rythmée sur laquelle l’ancien complice de Karkwa François Lafontaine exécute un inoubliable solo de piano, ou encore l’inquiétant groove d’Autour des oeuvres de Exing Saong, Sagot surprend, défie et touche inévitablement l’auditeur. Tout ça culmine avec l’incroyable pièce titre construite autour d’un motif de piano redoutable où le contraste entre le drame et la beauté culmine en un crescendo d’instruments se répondant dans une virtuosité qu’on associe plus au jazz qu’à la chanson francophone.

    Une des grandes forces de ce disque réside en cette capacité qu’a Sagot de présenter l’incroyable foisonnement de ses idées en si peu de temps (l’album fait à peine 30 minutes) tout en n’ayant pas l’air de s’éparpiller. C’est un disque incroyablement riche et concis qui se dévoile au fil des écoutes et qui saura captiver les mélomanes avides d’originalité. Il fait tout ça sans nécessairement s’aliéner les auditeurs moins pointus, l’album regorgeant de lignes accrocheuses. Bleu Jane est donc un nouveau sommet dans l’évolution de Sagot, qui avait déjà sorti deux albums intéressants, mais parfois inégaux. On aura rarement autant apprécié entendre nos artistes prendre des risques.

    [bandcamp width=100% height=120 album=3868641037 size=large bgcol=ffffff linkcol=e99708 tracklist=false artwork=small]

    Julien Baby-Cormier

    4 avril 2017
    Albums
    Bleu Jane, François Lafontaine, Julien Sagot, Sagot, Simone Records
  • [ALBUM] Albin de la Simone – « L’un de nous »

    [ALBUM] Albin de la Simone – « L’un de nous »

    Il y a quelques semaines déjà que l’album L’un de nous de Albin de la Simone est sorti, mais nous ne pouvions pas passer à côté de l’opportunité de vous en faire la critique.

    C’est en janvier qu’il commençait à nous titiller avec 5 épisodes d’une minisérie de vidéos afin de faire la promotion de son album qui est sorti le 24 février. Ça m’a bien accroché l’oreille et ça m’a donné le goût de porter une attention particulière sur son dernier œuvre.

    Cet album, L’un de nous, parle de la femme et des relations avec les hommes. Ce jongleur des mots parle du grand amour tout comme de la séparation ou des deuils.

    C’est d’ailleurs la pièce Le grand amour qui débute l’album, en naviguant entre la nostalgie et le grand questionnement de ‘’L’amour c’est quoi ?’’. Rapidement, il enchaîne avec Dans la tête et offre des airs un peu plus jazz qui donnent envie de claquer des doigts, de ne pas s’en faire avec la vie et de saluer les gens d’un geste de chapeau.

    Une femme, le genre de chanson qui me fait me penser dans un champ de fleurs en train de me promener au gros soleil. C’est imagé et quétaine, je le sais, mais c’est le sentiment de légèreté que ce court morceau me donne lorsqu’il chante ‘’L’aimer la vie entière, au moins l’aimer bien’’.

    La mélodie qui revient sur La fleur de l’âge m’a beaucoup accroché et m’a donné envie de la réécouter plus d’une fois avant de passer à la suivante. C’est beau, c’est doux et ça me donne le goût de m’assoir et de regarder la pluie tomber toute une journée.

    L’un de nous, la pièce titre de l’album, comporte des drôles de passages non censurés comme:

    « Puis une scène un peu longue, un monologue en latin, Où tu parles de ta tombe à un vagin »

    et

    « En position du lotus, une chorale à trois cuisses, Chante l’amour de l’anus à coulisse ».

    Surprenant ce Albin ! Après cette rafraîchissante chanson qui ressort un peu du lot, on glisse vers À quoi. J’avoue avoir rarement entendu deux voix autant en symbiose que celles de Albin de la Simone et de Sabina Sciubba sur cette chanson. Ça donne même des frissons dans le cou lors de certains passages.

    J’ai vraiment l’impression que c’est un album que je vais avoir envie d’écouter lors des douces soirées de printemps. Chaque chanson est une histoire et ce sont des histoires qui peuvent arriver à tout le monde, heureusement ou malheureusement. Ce que j’aime de cet artiste, c’est qu’il prend le temps de nous faire vivre calmement chacun des mots et des notes pour que ça nous rentre dans la peau.

    C’est un album plein d’émotions lorsqu’on prend bien le temps de s’attarder aux textes. Ce que je me rends compte, c’est que c’est un album qui coule bien d’un bout à l’autre, certes, mais c’est surtout un album qui se prend bien de façon déconstruite, c’est-à-dire à l’envers, entrecoupé de d’autres chansons ou en écoute répétitive pour certaines chansons. Ce n’est pas l’album typique que tu écoutes d’un bout à l’autre. Il y a tellement d’histoire que tu as envie de t’accrocher à chacune d’elles. Ça ne donne parfois même pas envie d’aller faire autre chose ou même d’aller écouter une autre pièce parce qu’on est tellement juste bien avec celle qui joue sur le moment.

    J’ai été un grand amatrice de l’album Un homme sorti en 2013. C’est toujours dur de tourner la page lorsqu’on aime  autant. L’un de nous ne fait pas le même effet et je sais déjà qu’il ne m’accompagnera pas de la même façon, cela ne veut pas dire qu’il n’est pas bon pour autant. C’est bien de se réinventer, tout en ne perdant pas de vue l’âme qui donne le goût de revenir écouter les mélodies d’Albin de la Simone.

    Faits intéressants, l’album a été enregistré sous la forme piano-voix. Ce n’est que par la suite que les pièces ont été étoffées par Maëva Le Berre et Anne Gouverneur au violoncelle et au violon. Ce sont ajouté les notes de François Lasserre à la guitare, Sarah Murcia à la contrebasse, Milamarina à la harpe et Mara Carlyle à la scie musicale. On y aperçoit même la voix de Vanessa Paradis sur la dernière pièce de l’album, L’ado.

    Une belle équipe pleine de talents ne peut que donner un beau résultat, non?

    Karina Tardif

    21 mars 2017
    Albums
    Albin de la Simone, album, amour, femmes, hommes, l’un de nous, Tôt ou tard
  • [ALBUM] Jacques Jacobus – « Le retour de Jacobus »

    [ALBUM] Jacques Jacobus – « Le retour de Jacobus »

    Radio Radio : ce groupe qui perd un membre par album (environ). Pas cette fois-ci : Jacques « Jacobus » Doucet s’éloigne du projet, mais sans s’en séparer. Une réunion avec Maleco et Alexandre Bilodeau (aka Arthur Comeau) aux Francos et hop! Jacobus est de retour, mais pas tout à fait. Le retour de Jacques Jacobus se veut une synthèse de l’artiste, une démonstration de la dualité qui l’habite entre le Jacques Alphonse Doucet actuel et le Jacobus de son passé.

    C’est un peu le problème global de cet album : ce mélange, ce désir de vouloir montrer deux facettes. Ce désir fait en sorte que l’appréciation de l’album dépend beaucoup de l’auditeur : veut-il retrouver le bon vieux Radio Radio, ou peut-il découvrir le passé et être plongé dans l’univers de Jacobus? J’ose croire que c’est ce que voulait créer Jacques Jacobus dans son premier opus.

    Je vais avouer que, d’emblée, Arthur Comeau me manquait. Il est responsable en grande partie du charme des premiers albums de Radio Radio. Un son que l’on entendait nulle part ailleurs dans la francophonie (et au-delà). Avec À la longue, on installe les bases du projet et on clarifie les thèmes, le ton. Tel qu’indiqué plus haut, l’appréciation des premiers titres de l’albums dépend beaucoup de ce que l’on veut rechercher du projet. De mon point de vue personnel, le désir de plaire à tout prix et de ne pas brusquer les auditeurs domine et altère la qualité des pistes. Malgré que Ma vie s’t’un movie est une recette efficace, on ne change pas la donne (s/o à Luc Langevin sur Magie contemporaine, tho).

    Par contre, Robot mécanique est un point tournant pour moi : l’auditeur s’est rendu là et maintenant, il devra accepter ce qui s’en vient. Un beat plus qu’intéressant de Bilodeau. Un titre qui semble écrit autour dudit beat, où Jacobus le ride à la perfection. Les pistes suivantes suscitent un intérêt avec des thématiques plus définies, comme So Lovely, qui explore l’ouverture d’esprit, l’acceptation des différences. Le concept de la dualité est exploité à son maximum sur  Dr. Jacobus & Mr. Doucet, où chaque couplet est une confrontation entre les deux personnalités de Jacques Alphonse Doucet, une sorte de confrontation entre l’ignorance et la conscience : deux concepts très opposés dans la communauté hip-hop et qui semblent s’opposer aussi chez lui.

    Comme je l’ai mentionné plus haut, c’est un album qui s’apprécie selon vos attentes. Si vous vouliez une extension du projet Radio Radio, vous serez comblés par les diverses sonorités qu’Arthur Comeau vous aura concoctées puisqu’elles ne vous dépaysent pas trop, avec des beats très créatif, dansant. Une version accessible de ses projets solo et de ce qu’offre son label TIDE School. Jacques Jacobus semble, à travers ses textes, être conscient de cet intéressant clash, de ce conflit de personnalité, et fait un effort afin de définir sa propre identité. Ce n’est pas parfait mais c’est honnête, et le tout rend légitime Jacques Jacobus comme artiste solo et surtout, pour moi, comme un rappeur de qualité.

    Simon Belley

    17 mars 2017
    Albums
    hip-hop, jacobus, Jacques Jacobus, Radio Radio, rap, tide school
  • [ALBUM] Mat Vezio – « Avant la mort des fleurs cueillies »

    [ALBUM] Mat Vezio – « Avant la mort des fleurs cueillies »

    On a envie de crier IL ÉTAIT TEMPS!

    Après nous avoir donné un avant-goût prometteur l’année dernière au Cabaret Festif! de la relève (« Le genre de prestation qui nous fait dire J’ai hâte à l’album, je vais pleurer tout le long en l’écoutant »), Mat Vezio nous présente enfin Avant la mort des fleurs cueillies, une magnifique collection de douze pièces logées à l’enseigne de la pop de chambre.

    Pour l’occasion, Vezio s’est drôlement bien entouré : Antoine Corriveau à la réalisation et à divers instruments, Mélanie Boulay et Amylie aux choeurs, Marianne Houle au violoncelle et aux arrangements de cordes, ainsi que quelques autres musiciens talentueux se sont joints à lui pour enregistrer l’album.

    Dès les premières notes d’Au nord, on devine assez bien où Vezio veut s’en aller et on monte sans réserve dans le train. Les choeurs d’Amylie et de Mélanie Boulay rappellent ceux qu’on peut retrouver sur certaines pièces de Cohen. Vezio, lui, chante un brin nonchalemment. C’est doux, c’est beau, et ça contraste joliment avec Fukushima, un folk langoureux aux guitares bluesées (salut Louis-Philippe Gingras).

    L’étiquette « pop de chambre » colle particulièrement à La mort est une comédienne qui vous ignore, avec ses cordes luxuriantes qui accompagnent la voix de Vezio (qui me rappelle Stuart Murdoch de Belle and Sebastian, ici). Y’a de la couleur ici, ça complète bien les paroles tristounettes. Sur L’automne de Buffalo, Rose Normandin ajoute beaucoup de chaleur avec son cor français. Le mélange avec les cordes se fait savoureux tout en étant complètement différent de ce qu’on pouvait entendre la dernière fois qu’on avait entendu pareille combinaison (salut Antoine Corriveau). On se sent léger.

    On avait déjà entendu Ce jour-là, le premier extrait de l’album qui nous a déjà fait verser quelques larmes. Cette chanson-là, elle serait déjà parfaite juste guitare-voix, mais on est content que Corriveau ait convaincu Vezio d’ajouter quelques textures à ses compositions. Les choeurs sont encore parfaits et ajoutent beaucoup d’émotion au texte déjà assez chargé.

    L’ambulancière est un oreiller

    L’ambulancière est une orchidée

    Après tant de légèreté musicale, il fallait bien quelque chose d’un peu plus lourd. Encore une fois, Gingras se joint à la bande pour jouer de la guitare électrique sur Adèle, probablement le morceau le plus rock de l’album. De son côté, Ton cinéma réussit à être à la fois aérienne et groovy. On se ferme les yeux, on tape du pied, on écoute Vezio inviter son interlocuteur à regarder en avant et prendre son temps.

    Pour Les appeaux, Vezio a invité Laura Sauvage à l’accompagner. Belle chanson toute dépouillée qui laisse toute la place aux deux chanteurs et au texte fort imagé.

    Une réflexion s’impose une fois arrivé à la chanson Les files d’attente : on voyage beaucoup sur cet album. Après être allé à Fukushima, on parle d’avions, de files d’attente, de l’Île des naufragés, de l’Arizona… tout ça avec une toute petite touche de country dans le ton. Réparer les départs a un titre assez évocateur. Ça commence en douceur, mais cette fois, le refrain gagne en intensité et prend un petit air de Beck période Morning Phase. C’est aussi hot que ça en a l’air. Assez en tout cas pour réussir à mettre le feu à l’eau.

    L’album se termine sur Paranoïa, une autre chanson qui serait parfaite toute nue, mais qui prend une tournure majestueuse avec l’ajout du piano et du cor français.

    Mat Vezio a travaillé trois ans sur cet album. Ça paraît. On doit chercher très fort pour trouver des points faibles, soulever tous les tapis pour trouver un brin de poussière ou deux. Vezio a composé de belles chansons qui auraient sûrement été très satisfaisantes sans tous les riches arrangements qui les accompagnent. Mais voilà, ces arrangements, ils semblent s’être intégrés tout à fait naturellement. Il n’y en a pas trop, et il n’en manque pas du tout non plus. Elles ajoutent une grande valeur à la proposition, tout en permettant à Vezio de les jouer seul à la guitare si jamais le coeur lui en dit.

    Avant la mort des fleurs cueillies est un bel album, tant sur le plan de la musique que des textes, qui révèlent que Vezio ne sait pas manier que des baquettes, il est également très bon avec une plume. Pour un premier opus complet, c’est une maudite belle réussite. OK, les attentes étaient quand même élevées, Vezio n’est pas une recrue sur la scène musicale, loin de là. Il est toutefois allé chercher les bonnes personnes pour l’accompagner et créer avec lui un univers qu’on a envie d’explorer. Un univers bien à lui, par dessus le marché.

    À écouter pendant qu’on rêvasse en regardant la neige fondre doucement.

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    Jacques Boivin

    17 mars 2017
    Albums
    Avant la mort des fleurs cueillies, Mat Vézio, Simone Records
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