Alexandre Larin et David Bastien sont «un amour de jeunesse». Musicalement parlant. De leurs jams chez le papa d’Alexandre à St-Eustache est subtilement né Rust Eden puis, lors de leur colocation en sol montréalais, leur deuxième opus, Apartment Green s’est progressivement construit. Premier projet signé sur la jeune étiquette Chivi Chivi, Rust Eden est le point de convergence du rock, du psychédélisme mid-sixties et de l’esprit seventies. Mais, oubliez les clichés, car, rien n’est forcé. Leur oeuvre est simplement le reflet de leur personnalité.
7 mai 2016 : Le soleil de plomb réchauffe un Divan Orange bondé pour le lancement d’Apartment Green en formule 5 à 7. Au sous-sol, entourés d’un chaos visuel éclectique, Alexandre (chanteur et guitariste), David (bassiste) et moi discutons. Les gars s’apprêtent à monter sur scène en compagnie du batteur Marc-Antoine Sévégny, du guitariste Étienne Broué et du claviériste Benoît Parent qui complètent la formation live.
Assis sur le divan orange, leur façon de gérer le stress, diamétralement opposée, laisse immédiatement transparaître leur complémentarité. Alexandre, plutôt agité, évacue la tension en désarticulant un Spiderman en plastique, alors que David, calme, réservé et armé de son Red Bull, semble tout garder à l’intérieur. Leur univers m’intrigue et je veux en connaître davantage.
Alexandre et David me racontent qu’ils se connaissent depuis la fin du secondaire et qu’ils ne se souviennent pas avoir eu de projets musicaux distincts. «On a pas mal commencé ensemble», souligne David. «Je savais qu’Alexandre jouait de la guit, je me suis acheté une basse. Je jouais du drum quand j’étais tout petit, je voulais aller vers quelque chose de plus mélodique». «Dès qu’on s’est rencontrés, on a commencé à jammer. […] Ça a cliqué tout de suite», affirme Alexandre.
Ce dernier vient d’une famille où la musique est très présente. «Mon père et mon grand-père étaient musiciens. Y’a toujours eu des instruments à la maison, ça a toujours été une bonne place pour jammer». Mais, le véritable élément déclencheur, c’est lorsque le père d’Alexandre a fait l’acquisition de matériel pour un studio maison. «Ça a réveillé de quoi parce qu’on pouvait enregistrer toutes nos idées. On en a enregistré en tabarouette», poursuit le chanteur.
Le concret
Rust Eden n’a pas vu le jour immédiatement. «Ça a pris un méchant bout avant qu’on ait un band. On était juste deux, on faisait nos tounes», se rappelle Alexandre. «On était ben gênés, on montrait ça à personne», renchérit David. «Même notre famille savait pas trop. Elle savait qu’on faisait de la musique, mais on ne leur faisait pas trop écouter. On était ben autocritiques», se remémore Alexandre. «Un moment donné, on a fait bon, ça va faire le niaisage. On a déménagé à Montréal pis on a réussi à se trouver des musiciens pour faire des shows. On voulait sortir un peu du studio».

Contraste entre la pureté qu’évoque l’Éden et le côté sale de la rouille, le nom du groupe résulte de la fusion partielle de titres d’albums marquants pour la formation. «Rust, ça vient de Neil Young. On est des gros fans pis un de ses albums s’appelle Rust Never Sleeps. On cherchait un autre mot pour aller avec ça. Ça vient d’un album qu’on écoutait pas mal quand on est arrivés à Montréal qui s’appelle Spirit of Eden de Talk Talk», explique David. «On avait de la misère. On a un bon sens du ridicule là-dessus donc l’inspiration qu’on avait pour les noms de bands, c’était affreux», rigole Alexandre.
Le petit deuxième
Apartment Green représente l’entité de leur ancien appartement montréalais où a été composée la majeure partie de l’album. Un dérivé colorimétrique d’un genre de «blues d’appartement». «On faisait juste composer tout le temps, on n’avait rien d’autre à faire en fait. C’était vraiment un trip très introspectif dans ces années-là, on sortait pas beaucoup pis on était comme dans notre trip ben ben personnel, ben deep. C’était juste la façon d’exprimer cet appartement-là. C’est autant des trips ben abstraits que des affaires ben concrètes», mentionne Alexandre.
«C’est ben personnel, plein de situations dans nos vies mises en musique, en chansons», poursuit David. «Cette période-là dans l’appartement, c’était pas mal des hauts pis des bas, comme l’album dans le fond. Y’a des bouts que c’est beaucoup nostalgique, d’autres que c’est plus fonceur.»

Enregistré au Studio B à Montréal, cet opus représente une évolution musicale par rapport à l’instrumentation plus simple du précédent. «On s’est vraiment pété un trip de psychédélique, des synthétiseurs pis tout le kit. On voulait que tous les aspects de l’album soient bien travaillés, qu’à tous les aspects, on y aille au maximum de ce qu’on peut faire en DIY», indique Alexandre. «C’est un peu sensoriel aussi, le côté psych qui rejoint la musique», ajoute Benoît qui se glisse discrètement dans la discussion.
Effectivement, Rust Eden joue avec nos sens en créant autant une expérience visuelle, à l’aide de projections, qu’auditive pour le spectateur. «On a toujours tripé sur des bands comme Pink Floyd, Genesis. C’était des espèces de mises en scène super fuckées. Sans refaire ça, je pense que d’avoir des petits éléments qui font juste rajouter au spectacle, c’est juste cool. Je trouve que ça ajoute à l’expérience d’avoir un peu de visuel en show», soutient Alexandre.
Le prog, le doute et les chemises fleuries
Dans la création, Alexandre et David font la paire. «On travaille tout le temps pas mal tout ensemble», indique David. «On compose juste à deux pis les gars ajoutent leur touch», explique Alexandre. Se considèrent-ils comme un duo ou un quintette? «J’aime ça le voir comme un band. Sans les gars, on ne serait pas capable de faire quoi que ce soit tant qu’à moi. C’est tellement important d’avoir cette gang-là. Je les vois plus que juste des musiciens engagés parce qu’anyway, sont pas ben ben payés. (rires)»
Les images VHS, les turtlenecks, le son un brin rétro. Avec Rust Eden, on a l’impression de vivre l’ambiance sixties-seventies. Les gars m’assurent qu’ils ne sont pas nostalgiques de cette époque, que c’est simplement ce qui les attire naturellement. «J’ai l’impression qu’en 2016, on a le recul pour choisir le style qu’on veut. J’ai toujours aimé ça, j’ai toujours été comme ça, j’ai toujours porté des esties de chemises fleuries. Au secondaire, tout le monde était skate pis moi j’avais les cheveux longs…C’est ça qui nous ressemble le plus», précise Alexandre. «Ça aurait pu être n’importe quelle époque, c’est juste qu’on aime les trucs ben éclatés qui sont plus deep, vrais, pas trop fla-fla pop… des trucs qui veulent dire de quoi pis qui font voyager. Veux, veux pas, ça adonne que les années 60-70, c’est beaucoup de ça.»

Parmi leurs albums chouchous, on retrouve The Lamb Lies Down On Broadway de Genesis et 13 de Blur. «Le côté prog, oui on en a écouté, pis oui on a voulu faire de quoi de différent qui est un peu une réponse à ça, d’y aller plus court, mais tout en ayant des concepts intéressants. C’est ça qu’on a essayé de garder du prog. Le monde associe souvent le prog à des affaires super quétaines, cheesy : ah du prog, c’est genre y’a une moustache avec une cape. Nous autres, on voulait quand même être plus hot que ça, tsé. (rires) Mais ça nous a beaucoup influencés quand même parce que ça nous a montré une genre d’ouverture musicale assez débile», explique Alexandre.
Malgré la confiance qu’il affiche, le leader du groupe a aussi ses moments de doute. Il me raconte une anecdote en lien avec la création de la chanson Up Town, qui se retrouve sur Apartment Green. «On était un petit peu avancés cette soirée-là disons, pour être polis. On a commencé à enregistrer la toune pis moi j’étais sur un bad trip, ben tsé j’étais pas bien. J’angoissais, pis Dave lui, y’était super cool. Il faisait son riff pis tout allait ben. J’étais comme c’est de la marde, j’ai perdu totalement le talent de composer, chu pu capable, chu à chier…», se souvient-il.
«Le lendemain matin, je me réveille, je vais écouter la toune. Je suis comme crisse, c’est bon ça! (rires) La toune est sur l’album. Ça m’a donné confiance. Arrête de t’en faire, fais juste des tounes pis ta gueule!»
Rust Eden fera quelques spectacles estivaux avec la mission de «spread the love!» Gens de Québec, une date chez vous pourrait être annoncée bientôt! Restez à l’affût!
18 juin 2016 – Zénob, Trois-Rivières
9 juillet 2016 – Casa Del Popolo, Montréal

![[ENTREVUE] Rust Eden](https://archives.ecoutedonc.ca/wp-content/uploads/2016/05/DSCN0970.jpg)
![[ENTREVUE] Plants & Animals](https://archives.ecoutedonc.ca/wp-content/uploads/2015/06/IMG_7534.jpg)


![[ENTREVUE] SOLIDS : ELSE AND OTHER THINGS](https://archives.ecoutedonc.ca/wp-content/uploads/2016/04/FullSizeRender-2.jpg)

[Xavier]

![[Entrevue] Suuns](https://archives.ecoutedonc.ca/wp-content/uploads/2016/04/IMG_1455.jpg)
À l’aube de lancer leur 3e album Hold/Still, le groupe montréalais Suuns s’embarque dans ce qui sera sans doute une éreintante tournée. Des mélomanes partout en Amérique du Nord et en Europe vibreront dans les prochains mois au son de la musique oppressante, entêtante et singulière du quatuor. À l’écoute de ce 3e chapitre, un disque exigeant, mais tout aussi magistral que le précédent, il semble que le groupe n’avait qu’un but: outrepasser ses propres frontières. J’ai eu l’opportunité de rencontrer Ben Shemie (chanteur et guitariste) et Joseph Yarmush (guitariste et bassiste) avant une représentation à la sympathique taverne de Saint-Casimir.
Si le groupe avait enregistré les deux disques précédents à Montréal, ils ont cette fois décidé de sortir de leur zone de confort et d’aller enregistrer au Texas dans un modeste studio. «Nous avions l’option d’enregistrer n’importe où, mais l’idée était de sortir de Montréal pour nous concentrer 100% sur l’album chaque jour», explique Ben. Ils ont enregistré avec John Congleton, un réalisateur réputé (il a réalisé des albums pour des artistes de tout acabit, tels War on Drugs, St Vincent, Erykah Badu ou Sigur Ros). Questionné à ce sujet il poursuit: «On l’avait rencontré une ou deux fois, c’était un fan, il nous avait contactés pour nous dire qu’il voulait travailler sur notre prochain album. C’était super.» Le groupe a aussi modifié sa façon d’enregistrer, essayant de donner vie aux chansons en direct dans le studio plutôt que d’y aller avec des superpositions (overdubs). «Les chansons, nous les avions jouées, mais ce n’était pas des versions finales, on espérait que John nous aide à les finir et à choisir les meilleures versions(…) c’était plus comme des répétitions enregistrées». En parlant du processus de sélection, on apprend que certaines pièces dataient des débuts du groupe. «Translate (le premier extrait) par exemple était complètement différente, on l’avait déjà enregistré 3 fois», explique Joseph. Ils ont ainsi considéré autour de 17 chansons pour arriver à ce tout extrêmement cohérent et concis
Le groupe voyage énormément pour supporter ses albums et si pour la première tournée (pour le disque Zeroes QC) le groupe faisait surtout des premières parties, celle derrière Image du Futur à vu le groupe être propulsé en tête d’affiche dans la plupart des grandes villes où il passait. Lorsqu’on leur demande s’ils avaient hâte d’embarquer dans cette tournée, Ben se fait convaincant: «on fait tellement de « prod » sur l’album et là c’est beaucoup de presse et de (répétitions) prétournée que je me dis : Let’s just fucking play some shows, et on est habitués maintenant (aux multiples allers-retours)». Suuns tente aussi de modifier la grille de chansons tous les soirs pour tenter de capter l’énergie parfois très changeante du public avec en trame de fond le désir de ne pas sombrer dans la facilité. «Ce ne sont pas toujours les mêmes chansons qui fonctionnent d’une place à l’autre», explique-t-il. Lorsqu’on leur demande quel a été le spectacle le plus marquant de la précédente tournée, ils élaborent sur un festival européen en particulier: «Glastonbury








![[ENTREVUE] Hein Cooper](https://archives.ecoutedonc.ca/wp-content/uploads/2016/04/08HeinCooper.jpg)
Hein a été éveillé à la musique assez jeune. Il me raconte que sa mère pianiste jouait souvent pour son frère et lui alors qu’ils étaient enfants. Mais tout s’est concrétisé au secondaire, lorsque son meilleur ami de surf a commencé à jouer de la guitare. «J’étais très compétitif avec ce garçon. Il s’est acheté une guitare, donc j’en voulais une aussi. Deux ans plus tard, il a arrêté de jouer et moi, j’ai continué car j’aimais vraiment ça», explique-t-il.
Le titre de l’album, The Art of Escape, s’est imposé par lui-même. «Je sens que c’est un thème récurrent dans ma vie. C’est essentiellement une question à la quête d’une réponse d’évasion, à savoir où je peux la trouver.»
Malgré son jeune âge, Hein semble être d’une grande maturité. À travers ses publications sur les réseaux sociaux, il glisse souvent des messages empreints d’une certaine sagesse. «Je ne sais pas si je suis sage. Je ne suis pas sage, j’ai fait beaucoup de choses stupides…peut-être que ça explique ma sagesse», plaisante-t-il.









![[ENTREVUE] Entrevue avec I.D.A.L.G pour les festivités des 25 ans de CISM 89,3](https://archives.ecoutedonc.ca/wp-content/uploads/2016/03/12227798_981092978603877_7155332979096657212_n.png)
![[ENTREVUE] Brun Citron + Lancement d’album au Knock-Out](https://archives.ecoutedonc.ca/wp-content/uploads/2016/03/DSC6058.jpg)
En janvier dernier est apparu une image de jambes féminines sur un fond bleu cyan et une inscription toute discrète annonçant le nouvel album Vaginite pour un dur à cuire de
On sait que Brun citron, c’est un projet solo entre un ukulélé et toi, sauf qu’aujourd’hui, tu étais avec Nicolas et David. Sur ce nouvel album, on parle aussi de la participation de Benoit Pinette (Tire le coyote), Dan Santos (Scream Elliot) et Benoit Poirier (Jesuslesfilles, Le monde dans le feu). Peux-tu m’en dire un peu plus sur leur implication et le procédé derrière sa création ?























![[ENTREVUE] JASON BAJADA](https://archives.ecoutedonc.ca/wp-content/uploads/2016/02/DSC9939.jpg)
Précédé de Le résultat de mes bêtises (2013), Volcano est le deuxième album francophone en carrière pour Bajada. Oscillant entre l’anglais et le français, il croit qu’il est extrêmement difficile ou extrêmement facile d’écrire dans les deux langues: «Il y a des périodes de 5 mois pendant lesquelles je n’écris pas du tout alors qu’il y a des chansons sur l’album qui ont été écrites en un après-midi. Ce n’est jamais la même chose. Ça dépend du moment.» Il reconnait toutefois que c’est un Art d’écrire et qu’il a hésité longtemps avant de le faire en français, croyant qu’il ne le maîtrisait pas assez bien. «Pour chaque Leonard Cohen, il y a un Alain Bashung», dit-il. Au départ, il avoue avoir souffert du syndrome de l’imposteur jusqu’à ce qu’on le rassure sur la qualité de ses textes et qu’on lui rappelle qu’il a passé 50% de sa vie en français puisque c’est la langue maternelle de son père et qu’il a fréquenté les écoles francophones. Bajada a vite réalisé que les mécanismes étaient les mêmes dans les deux langues et qu’il suffisait de ne pas over thinker l’exercice.
L’anxiété n’a pas seulement teinté la relation amoureuse qu’il entretenait avec son ex-copine. Elle a également fauché son meilleur ami atteint de troubles anxieux. La chanson Jean-François lui est d’ailleurs dédiée et raconte l’histoire d’un homme qui semble heureux et en possession de ses moyens alors qu’il est sur le bord de l’éruption, comme un volcan. Forcement, l’année 2014-2015 a été un annus horribilis pour Bajada qui a finalement trouvé la sérénité au fond d’un volcan lors d’un voyage salutaire en Islande. «Je suis parti en voyage en Islande après que l’album soit terminé. Tous les parallèles ont été faits dans le cœur d’un volcan que j’ai exploré lors d’une activité à Reykjavik qui s’appelle Inside the Volcano. C’est dans le fond de ce volcan que je me suis senti le plus serein pendant mon année, même si c’est une situation qui pourrait être désastreuse. La métaphore était puissante. C’est là que j’ai trouvé le titre de l’album et la photo de la pochette qui est une photo prise avec mon iPhone au début du voyage», confie-t-il.
The War on Drugs, Lost in a Dream : « J’avais envie de ce genre de train Bruce Springsteen-là, comme justement le premier extrait, Pékin, et la chanson Tiens le coup. Ce sont des chansons qui, pendant 6 minutes, avancent comme un train à 160 bpm». Il tenait quand même à conserver son range de voix et le côté mélancolique qui lui ressemble et qui traduisait la période qu’il traversait. Selon lui, changer le rythme stimule la créativité et l’écriture. «Je me sens hyper bien de chanter Pékin, même que j’ai l’impression que c’est mon vieux stock. Pourtant, je n’ai jamais composé des chansons aussi rapides», dit-il. Bajada ajoute qu’il a également beaucoup écouté l’album Are We There Yet de Sharon Van Etten : «Je ne sais pas, elle m’a saisi avec son album et son EP I Don’t Want to Let You Down».![[ENTREVUE] LES GOULES](https://archives.ecoutedonc.ca/wp-content/uploads/2016/03/goules-20.jpg)









