Deuxième journée au FME, le soleil toujours d’attaque, des nouveaux arrivants dans Rouyn et une panoplie de spectacles surprises ! Un bon matin de la part des organisateurs pour annoncer Philippe Brach à 12h45 en performance impromptue. Le traitement des photos ira à plus tard. Quelques difficultés me poussent à malheureusement manquer le lancement de ce dernier à 17h ainsi que celui de Philémon Cimon. S’cusez moi !
20h, premier concert d’une grosse soirée: PONI. À ma surprise, je m’attendais à quelque chose de beaucoup plus intense mais FS vous en parle plus en profondeur juste ici. S’en suit nos très adorés PONCTUATION, je ne compte plus les fois où j’ai assisté à leurs spectacles. Toujours aussi excellents mais cette fois-ci avec une touche de folie et d’intensité de plus. C’était parfait. Il est seulement 21h45 et pourtant je me sens déjà comblée mais voilà qu’arrive sur scène les très attendus Duchess Says. Une autre performance que j’attendais impatiemment, Annie-Claude se montre un peu plus calme contrairement à ses habitudes mais tout de même, que du plaisir à photographier ! J’arrive ensuite juste à temps pour Navet Confit, un autre de mes coups de coeur du festival: je l’adore. Je me suis rendue à Peregrine Falls pour un petit 30 minutes, j’avais peur de manquer les Fleshtones. Finalement à mon arrivée au Diable Rond, c’était déjà très rempli et le souper m’appelait. Je vais retenter ma chance ce soir !
Consultez aussi le compte-rendu de Karina qui s’est amusée à l’agora, c’est par ici !
Photos: Marion Desjardins/Llamaryon pour ecoutedonc.ca
Devant la salle de réception La Légion, j’ai discuté avec Chantal Archambault et Michel-Olivier Gasse, qui forment le duo Saratoga.
Ils nous parlent de leur été, de leur EP et de leur spectacle de ce soir. Ils nous ont même offert une performance acoustique dans le stationnement du TAXI COOP. À écouter juste ici, en collaboration avec la radio CFOU 89,1 FM:
Quand tu dois regarder tes photos pour te remémorer les événements, c’est signe que ça a été une belle et grosse deuxième journée au FME.
Alors, ce vendredi 4 septembre, au studio du CFME 91,9, on a eu droit à la performance en direct de Debbie Tebbs. Nicolas Tittley, en entrevue à l’émission Les deux Mathieu presque Parfa’, a annoncé la performance-surprise de Jeanne Added à 16h dans une ruelle. Je m’y suis rendu, mais comme ça a commencé 45 minutes en retard, j’ai dû partir après avoir seulement vu les tests de sons. Pour ceux qui ne seront pas au spectacle hip-hop ce soir, il faut se rendre à l’Agora des arts pour la voir en spectacle principal.
Je me suis empressé de me rendre à La Légion pour assister au lancement de Philippe Brach. Un Phil Brach « toasté de la veille » a commencé son sa performance les bras en l’air avec quelque chose qui ressemblait à des incantations. Avec Louis-Jean Cormier comme guitariste, le public, très nombreux, était ravi. Avec le même t-shirt que pour le lancement de son premier album et, évidemment, sans souliers dans les pieds, il nous a offert un lancement digne de son imaginaire créatif. Tout de suite après, on l’a rejoint sur la terrasse de la chocolaterie Le Gisement pour une entrevue et une performance acoustique.
Après avoir rapidement mangé, je me suis rendu à l’Agora des arts pour entendre les dernières chansons de Fire/Works. Je suis arrivée au moment où la foule était complètement sous le charme.
Il fallait se dépêcher pour se rendre au tant attendu spectacle de Ropoporose au Cabaret de la dernière chance. Après une attente de 20 minutes à l’extérieur, on a finalement pu rentrer pour voir la dernière moitié de leur performance. Une performance solide, juste, intense et charmante à la fois. Heureuse d’avoir pu enfin voir leur spectacle.
S’en est suivi le groupe Heat avec la voix grave de Susil, qui accentue d’autant plus les mélodies de guitares et qui rend le tout plus intense. Après quelques chansons, j’aurais aimé un peu plus de dynamisme, mais j’ai tout de même été très heureuse d’avoir pu assister à ce qu’on croyait être le dernier spectacle de la journée.
On s’est déplacé par la suite vers le Morasse pour remplir nos petits ventres de poutine et, en chemin, nous avons croisé la bataille de crêpes… Arrivé à destination, il y avait des gens qui jouaient sur le piano public installé à côté des tables de pique-nique. Une belle fin de soirée pour une journée qui a été intense et éclaté en styles musicaux.
La seconde journée du FME m’a donné une meilleure idée encore de ce que ce festival avait dans le ventre, car non seulement nous avons pu profiter des activités en journée, nous avons également pu nous rendre dans un des 5 à 7 parmi la demie-douzaine offerts chaque jour.
Le lever de corps est difficile et décalé pendant le FME, ce qui ne nous a pas empêché de louer des vélos pour faire le tour du lac, avant de nous rendre au fameux party secret, un secret de polichinelle comme il était sur toutes les lèvres, où Bonsound conviait les médias, artistes et agents à festoyer dans un gros garden party et épluchette de blé d’inde avec petite piscine et quai donnant accès au lac, en bonus. Malheureusement, lorsque nous sommes arrivés la performance de Safia Nolin, nouvellement signée sur Bonsound, venait tout juste de prendre fin. Comme je sais que je manquerai les autres performances, prévues à 11h15 samedi sur la presqu’île et en accompagnement de LJ Cormier et Seoul pour le concert de clôture, j’étais un peu déçu, mais je me reprendrai à Québec cet automne.
L’après-midi tirait à sa fin, signifiant que l’heure était venue de nous rendre au Centre d’exposition de Rouyn-Noranda pour la performance de la Jamésie à laquelle nous conviaient l’inclassable duo local, Geneviève & Matthieu. Comment décrire cette performance, qui sera probablement ma découverte coup de coeur du FME 2015, une fois les festivités terminées et la poussière retombée? L’utilisation de toutes les formes d’art et la cohésion qui persiste malgré l’apparent éparpillement impressionne. On entre dans un décor de toiles géantes, de sculptures et de projections vidéo, puis tranquillement, les artistes font leur apparition et le duo est complété par un chanteur d’opéra semblant échoir d’une tribu de motards post-apocalyptiques qui seraient entre temps retournés à l’état de nature, qui était en fait Mingo l’Indien des George Leningrad. Ensuite, les formes d’art défilent: le chant et la musique, naturellement, mais aussi, la peinture en direct faite avec frénésie, dont résulte une séance de bodypainting, des cascades sous forme de culbutes sur une des toiles qui s’est avéré être un tapis circulaire gonflable aussi employé comme punching bag, mais aussi des cascades d’assiettes peintes fracassées sur le crâne. À cela s’ajoutent des pas de claquette, de la démolition de décor, du déménagement, et la musique demeure au centre de tout ça. L’humour et la poésie semblent servir de ciment pour l’expression artistique et contribue à lier les autres formes d’art ensemble et à faire passer le message, parce que message il y avait. « La bibliothèque est pleine de mystères » disaient-ils, avant d’ajouter « ils ont manqué l’oasis parce qu’ils n’avaient pas assez soif ». On dénonçait d’une part la vacuité qui touche une partie du domaine des arts, inauthentique ou impertinente, mais aussi, d’autre part, le traitement réservé aux autochtones, la misère existentielle résultant du travail dans un no man’s land, et de la réouverture des chantiers de la Jamésie, que le gouvernement veut dépoussiérer avec la refonte du Plan Nord.
Ma journée était déjà un franc succès et je n’avais pas encore assisté aux concerts comme tel. Grande fût ma déception d’apprendre que la scène extérieure de la 7e rue ne serait pas réemployée, et donc que les entractes ne seront plus bercées par la musique live, mais pas un DJ qui semblait s’être trompé de festival et qui faisait jouer du top40. L’ambiance était à la fête dans le Petit Théâtre du Vieux-Noranda, où Galaxie et LJ Cormier regardaient PONI livrer une performance impeccable et énergique pour réchauffer la foule. Leur rock franco semble le dernier né d’une tradition rock québécoise où la sainte-trinité Galaxie-Fortin-Langevin occupe le rang d’honneur. D’ailleurs, la formation partage son batteur, Jonathan Bigras, avec Galaxie, et quel batteur! Une performance impeccable et des rythmes envoûtants, où le matériel figurant sur l’album paru l’an dernier avait la part belle. Quelques nouvelles pièces se sont aussi glissées dans le set, laissant augurer un virage plus pop et plus léché pour la formation qui commence à attirer pas mal d’attention.
S’ensuivait un des moments que j’attendais de cette édition du FME, parce que je me doutais bien que PONCTUATION allait en mettre plein la vue et les oreilles malgré le fait que les ai vus déjà très souvent. L’ajout d’un troisième membre, la bassiste Laurence Gauthier-Brown, à ce duo original des prolifiques frères Chiasson, c’est ce qui permet de leur faire atteindre un nouveau niveau de performance en termes de présence sonore et scénique. Le duo se débrouille très bien mais les fréquences ajoutées sont les bienvenues. Ils ont livré une performance impeccable et énergique du début à la fin devant une foule relativement statique d’abord, mais déjà conquise si on se fie aux décibels émis entre les morceaux. Peu d’interventions du groupe ont ponctué la performance, les hits s’enchaînant plutôt à une vitesse vertigineuse. Pendant la dernière demie-douzaine de morceaux, le plancher de danse s’étendait déjà la moitié de la salle. Un slam dansant et du body surfing en abondance ont accompagné le show jusqu’aux dernières notes. Après un assourdissant mur de son, ils ont commencé la reprise de Link Wray intitulée « Comment ça? » qui a insufflé une nouvelle dose d’énergie à la foule déjà complètement ravie. Le guitariste-chanteur qui monte sur le bassdrum l’instant d’un punk jump et c’était dans la boîte en ce qui les concerne, quoique la rumeur veut qu’une performance secrète ait lieu plus tard aujourd’hui.
Les oreilles bourdonnantes, j’attendais avec impatience le show de Duchess Says qui, fidèle à la tradition, allait probablement être caractérisé par le comportement erratique, voire possédé, de la chanteuse Annie-Claude Deschênes, et le groupe a livré la marchandise. Fiers de la parution d’un split 12″ plus tôt cette année, ils ont également propulsé des pièces complètement inédites à ma connaissance, et on a dénoté une certaine évolution du style du groupe. Sur ces nouveaux morceaux, le traditionnel dance-punk ou électro-rock laisse davantage sa place à du rock garage psychédélique aux accents traditionnels, comme peuvent le faire les Marinellis. A-C prend souvent place pour l’occasion derrière le synthétiseur, fixé au sol ou attaché en bandoulière, ce qui a pour effet de diminuer par moments son dynamisme. La performance somme toute explosive et haute en couleurs, mais le groupe s’est relativement calmé au fil des ans, ce qui ne l’empêche pas de livrer la marchandise. Pour le rappel, ils se sont payés un vieux hit avec Black Flag, et tout le monde dansait et sautait avec frénésie jusqu’aux dernières notes.
Le temps de sortir dehors, le show de Navet Confit était déjà commencé, et on a encore eu droit à un bon show rock en bonne et due forme. Parmi les moments notables de la performance, la visite d’Annie-Claude Deschênes, fraîchement sortie de scène, l’instant d’un morceau, qui a été immédiatement suivi d’une pièce écrite en collaboration, selon le musicien humoriste Navet Confit, avec la chorale féministe de Manson Hill, ou quelque chose du genre, vantant les mérites de la stupidité d’une fille qui serait tombée amoureuse de lui. La chorale, on s’en doute, n’a pas pu se déplacer, mais fort heureusement, la technicienne de son qui l’accompagnait semblait en être une membre émérite et elle l’a accompagné pour le refrain, à partir de sa console. Le musicien en a profité pour dévoiler des pièces de son album à paraître cet automne.
La performance faisait une bonne transition avec celle de Peregrine Falls qui était prévue à minuit au sous-sol du Petit Théâtre. Le groupe a livré une performance survoltée où le rock instrumental syncopé et nerveux était à l’honneur. On dénote parmi leurs influences des groupes similaires aux influences de Totorro, mais avec un pendant moins léché et moins post-rock, les rapprochant plus de The Psychic Paramount et de Don Caballero. L’instant de deux morceaux, le guitariste utilisait même un archet pour multiplier les possibilités sonores. Belle découverte.
Nous avons quitté un peu avant la fin parce que la performance des Fleshtones prévue au Diable Rond s’annonçait comme mémorable, mais rien ne laissait présager l’ambiance de fête qui s’y est installée. Le feu était déjà pris quand on a réussi à rentrer dans le petit bar sympathique où les légendes du rock garage psychédélique livraient des leçons de rock aux mélomanes réunis. Le plafond de huit pieds sur lequel était fixé l’éclairage n’a pas empêché le body surfing d’être une activité attrayante. Les membres de Ponctuation ont passé une bonne partie de la performance juchés sur les bras des spectateurs et même yours truly a eu droit à sa première expérience dans ce registre. C’est bien plaisant le body surfing, mais j’ai perdu la moitié de cette chronique que j’ai donc réécrite de mémoire. La fin de soirée au bar chez Les Chums en face, à gueuler les paroles de hits québécois ou à mimer avec ma bouche le solo de The Wall, contribue aussi aux légères pertes de mémoire ce matin. Il manque donc certains détails qui à ce stade là sont relativement accessoires, parce que ce qu’on retient, c’est que le plaisir est encore plus au rendez-vous que je n’aurais pu croire et que ce vendredi 4 septembre restera gravé dans mes annales comme une des plus belles journées passées dans un festival de musique.
Neuf heures de conduite, des arrêts pipi, un camping sur le bord de la route, me voilà à Rouyn. Toute première fois dans la région et par le fait même au FME. Voici quelques images de la première journée. J’ai déjà eu mon premier coup de coeur musical pour Deerhoof, Karina en parle ici. Je suis passée quelques minutes voir Doldrums et son énergie ainsi qu’ Ariane Mofatt et son bonheur plus que contagieux d’être en là. Barrasso n’ont pas réussi à m’accrocher malheureusement: mes oreilles avaient très mal, malgré les petits bouchons qui les ornaient. Pour cause, le son était beaucoup trop fort. S’en suit une belle découverte, les Crushed Out, puis Les Marinellis. Mais je n’en parlerai pas puisqu’on connait déjà mon adoration pour le groupe et François-Samuel en a fait un résumé plus objectif juste ici.
Photos: Marion Desjardins/Llamaryon pour ecoutedonc.ca
Le FME, le FME, le FME… C’est ma deuxième année et cette fois-ci, je suis arrivée plus tôt le jeudi pour ne rien manquer. Je sais, c’est impossible parce qu’en plus de la programmation régulière, il y a des spectacles « pop up » annoncés par le FME ou des initiatives personnelles d’artistes et même de la Fabrique culturelle.
Donc, dès midi, j’étais sur le site et j’ai pu profiter du test de son Ariane Moffat au gros soleil sur la 7ème rue alors que je sortais du studio de radio du CFME 91,9 FM.
À 17h, ça commençait avec un immense méchoui sur la musique du DJ français Pandagraham, qu’il diffusait à partir de la petite cabane en bois en plein milieu de la place.
À 20h, Syzzors, ceux que j’attendais avec impatience et avec beaucoup d’attentes sont embarqués sur scène. Quatre jeunes talentueux, qui ont une complicité adorable et touchante pour qui j’ai eu un solide coup de cœur. Un son bien ancré et une intensité remarquable qui nous fait embarquer complètement dans leur univers. La voix et les mimiques de Raphaëlle Chouinard, la chanteuse, nous enveloppent dans un univers planant avec des sons parfois, rock, parfois pop, parfois reggae et parfois ambiant qui suggèrent fortement un brassage de hanches et de tête. À cela s’ajoutent les percussions, la basse et les synthétiseurs qui s’harmonisent parfaitement avec le soleil qui laissait place à la nuit au fur et à mesure que le spectacle avançait.
S’en est suivi la prestation de Doldrums, que j’ai regardé du coin de l’œil puisque je me suis déplacé vers l’arrière. Les percussions étaient très accentuées, mais la performance semblait un peu froide.
Puisqu’on m’a chaudement recommandé d’aller voir Deerhoof j’ai pris un trente minutes pour aller à l’Agora des arts assister à leur spectacle. Du gros rock expérimental avec la très intéressante voix de la chanteuse, qui n’était pas assez forte à mon goût. Peut-être moins mon genre, mais j’ai tout de même apprécié l’expérience.
Je suis donc arrivée à ma chanson favorite, Tireurs fous, au spectacle d’Ariane Moffatt, devant une foule bondée. Je me suis donc fait un grand plaisir de chanter à tue-tête, de danser et de sauter sur les arrangements musicaux fabuleux d’Ariane et de ses musiciens.
En attendant le spectacle des Marinellis au sous-sol du Petit théâtre du vieux Noranda, je suis allé faire un tour à la chambre d’hôtel… et je suis tombé dans les limbes. La nuit a été bonne et je suis prête pour une 2ème grosse journée au FME 2015.
*Les photos de la première journée, vue par Maryon, sont ICI
Une programmation diversifiée et audacieuse, des groupes aux sonorités variées, un public fébrile, des artistes soucieux de profiter de leur moment et manifestement fort heureux d’être si bien reçus : voilà quelques uns des éléments qui forgent année après année la solide réputation du FME.
Rouyn-Noranda prend des allures d’Austin alors qu’une partie de la ville est consacrée aux concerts musicaux et la population semble constituée au moins aux trois quarts d’artistes, d’agents et de membres de la presse. La majorité des scènes animées en soirée sont à proximité l’une de l’autre, décuplant l’envie de courir d’une scène à l’autre pour ne rien manquer. Ma feuille de route de la soirée incluait une visite dans tous les concerts de rock et un petit détour par la grande scène extérieure pour entendre au moins une chanson par artiste, en profitant des entractes d’une dizaine de minutes à l’Agora des arts pour me diriger à une centaine de mètres de là vers la scène gratuite.
Comme le concert intérieur a commencé avec quelques minutes de retard, j’ai pu en profiter pour voir Syzzors livrer une performance convenable devant les festivaliers réunis pour voir le concert de Doldrums ainsi que le leur avant celui d’Ariane Moffatt.
Totorro a amorcé les festivités pour le volet de concerts intérieurs en injectant dans sa musique une énorme d’ose d’énergie. Leur post/math-rock est essentiellement instrumental, mis à part une petite portion de vocaux de groupes à la fin d’une pièce et une phrase répétée comme un mantra à la fin d’une autre, stipulant que les porte-avions se sont envolés. Leur musique kaléïdoscopique et syncopée n’avait heureusement pas à être complétée par des paroles pour que le divertissement soit au rendez-vous, et l’aspect technique de leur musique était non seulement fort impressionnant mais interprété impeccablement par des musiciens en feu. Si on peut reprocher au groupe un certain manque d’imagination du point de vue du style, on ne peut leur reprocher de manquer de goût, car ils semblent auprès de leurs influences, soigneusement choisies, mais avec une certaine difficulté à s’en détacher. Naviguant dans les eaux du nouveau rock des années 90, leur son est parfois similaire à celui des Redneck Manifesto ou de LITE, lorsqu’il ne ressemble pas à Explosions in the Sky, Mogwai ou aux Fucking Champs. Dans un registre plus moderne, on peut comparer certains morceaux à des titres de Fang Island, Civil Civic et enfin, mais un peu moins, à Yonatan Gat. Quoiqu’il en soit, ce fût une superbe découverte et le parfait compagnon pour réchauffer la foule avant que la légendaire formation Deerhoof ne prenne la scène d’assaut.
Pendant l’entracte, j’ai pu me glisser vers le show de Doldrums qui battait son plein, le tout devant une foule parfois perplexe et parfois séduite. Il faut dire que les deux aspects de son répertoire lui permettent d’occuper la scène avec des artistes variés, tantôt plus bruyants et expérimentaux, tantôt plus pop électro. Il reconnaissait d’ailleurs que ce genre de concert est pertinent dans sa carrière car cela permet d’aller à la rencontre de mélomanes aux horizons diversifiés et d’élargir sa base.
Le clou de ma soirée, c’était la performance du quatuor californien Deerhoof, qui suffisait à elle seule pour justifier le détour par les contrées nordiques. Déjantée à souhait, leur musique est un drôle d’alliage hyper pertinent entre du J-Pop, du bruit et du rock expérimental, mais elle est davantage inclassable et elle s’est diversifiée au fil des vingt ans de carrière et des nombreuses parutions et collaborations. Comme au FIMAV plus tôt cette année, ils ont offert un concert composé de pièces de l’ensemble de leur répertoire, assez bien choisies et délaissant à bon escient les pièces plus pop « normales » si on peut se permettre l’expression pour désigner ce qui est généralement un ovni musical. Pas le choix d’avoir le sourire étampé dans le visage quand on voit le batteur Greg Saunier tenter de se débrouiller en français et exprimer difficilement des choses bizarres et émotives sur la beauté de l’éclairage, ou le fait qu’il n’ait pas en sa possession de pantalon de rechange, entre autres. À la fin du concert, on lui a même apporté un gâteau d’anniversaire au chocolat dont les bougies ont été soufflées par le guitariste Ed Rodriguez. Impossible aussi de ne pas sourire devant les pas de danse de la bassiste et chanteuse Satomi Matsuzaki, très énergiques et enfantins, mais aussi très précisément ajustés aux rythmes imprévisibles des morceaux choisis. À la fin de la performance, elle a tenté de former une chorale avec le public et de lui faire interpréter les variantes du refrain d’une chanson à propos des pandas, avec un succès mitigé, un peu à cause de la complexité de la structure rythmique. Saunier et Matsuzaki ont même échangé de place l’instant d’un morceau redoutablement efficace en fin de concert.
Comme le concert s’est terminé assez tôt, j’ai pu me diriger vers la scène extérieure et assister aux derniers morceaux du concert d’Ariane Moffatt, manifestement accordé à un public en grande partie conquis, qui chantait en coeur les paroles de ses chansons à succès. La fin du show doit avoir été repensée depuis la parution du plus récent album, car l’électro a la part belle et on se croirait dans une discothèque jusqu’aux dernières notes du concert. En guise de rappel, Moffatt est revenue sur scène armée de sa guitare pour interpréter une version acoustique de ce qui demeure probablement son plus grand hit : Je reviens à Montréal.
Après un faux départ pendant le rappel, Barrasso a véritablement amorcé sa performance dès les dernières notes du gros show extérieur, sur une petite scène extérieure mais couverte près de l’entrée du site, et décorée avec des vieilles télés, ce qui m’a fait penser à un décor du Festival OFF de Québec il y a quelques années. La performance bien énergique et rock à souhait était tout ce dont le public festif avait besoin pour faire une bonne transition vers le dernier concert de la soirée, présenté au sous-sol du théâtre jouxtant les deux scènes extérieures et réunissant Crushed Out et Le Kid et les Marinellis pour un concert rock garage explosif.
Forts de leur tournée américaine avec les Deuxluxes, le duo Crushed Out a livré une performance enlevante avec leur mélange de rock garage, de blues et de rockabilly qui faisait penser par moments aux White Stripes, et pas seulement parce que c’était une fille à la batterie. La performance s’est un peu étirée vers la fin, mais le public semblait ravi malgré le manque d’énergie de certains, ce qui n’a pas empêché la piste de danse d’être enflammée et peuplée par des visiteurs de renom. Après une relativement brève entracte qui semblait malgré tout interminable en l’absence de divertissements planifiés et d’énergie pour véritablement apprécier le moment, les Marinellis ont pris la scène d’assaut et livré une performance haute en couleurs, fidèles à leurs habitudes. Le public manquait peut-être un peu d’énergie à leur goût, car le chanteur offrait des bières et autres services au public, « pour faire son bonheur ». Même quand le groupe s’est mis à cracher de la bière, pour inviter les festivaliers à faire de même et ajouter une touche épique au concert, les gens se sont gardés une petite gêne et la foire n’a pas poigné autant que j’aurais crû, surtout connaissant la réputation du FME. Par chance que certains musiciens particulièrement en feu leur ont rendu la monnaie de la pièce à certains moments! Toutefois, si la performance avait été à la hauteur de leurs plus mémorables, il n’aurait pas resté beaucoup d’énergie aux festivaliers et c’eut été une erreur stratégique de placer dès le premier soir le concert le plus épuisant.
Quoiqu’il en soit, on peut dire que cette première soirée du FME 2015 est un succès sur toute la ligne et cela ne laisse augurer que le meilleur pour la suite des choses.
Allez voir les superbes images de Marion qui offre une couverture photographique exceptionnelle par ici :
Article rédigé en collaboration avec Karina Tardif d’ecoutedonc.ca et CFOU
Le Festival de Musique Émergente n’a plus vraiment besoin de présentation dans le milieu de la musique indépendante au Québec. En plus d’inciter des milliers de mélomanes à migrer vers le nord pour rejoindre la belle ville de Rouyn-Noranda, où le festival a fait le pari de s’installer il y maintenant treize ans, le FME attire l’attention des médias internationaux et de groupes bien en vue de l’Europe et des Amériques. Fière de son histoire à succès et audacieuse à souhait, l’organisation a même décidé de convier le public et les artistes à ses Quartiers d’hiver, une version hivernale un peu plus modeste, en janvier dernier.
La présente édition, qui aura lieu du 3 au 6 septembre, réunira encore des artistes de la relève et des artistes établis, de toutes provenances et de tous styles confondus, pour cette édition qui promet encore une fois d’être survoltée. Plusieurs groupes connus et moins connus des lecteurs d’ecoutedonc.ca occupent la grille horaire et une petite délégation ED.C aura donc le plaisir de traverser les contrées éloignées afin de se joindre aux festivités déjantées que l’organisation prévoit. Outre la quarantaine de concerts annoncés, le FME prévoit aussi convier le public à des 5 à 7 musicaux gratuits ainsi qu’à des évènements-surprises qui ont ajouté au fil des ans une touche de magie à sa déjà solide réputation. Par exemple, on a pu voir en 2011 un concert solo gratuit de Patrick Watson qui était présenté sur un terrain vague près d’installations ferroviaires. Pour les concerts annoncés, on attend plusieurs groupes d’envergure internationale, davantage que par les années passées, mais on sait aussi que la crème de la musique indépendante québécoise sera également mise à l’honneur.
Voici quelques concerts que la délégation d’ED.C avait envie de présenter en particulier, car il s’agit non seulement d’incontournables pour les festivaliers conviés à Rouyn, mais aussi, d’arguments de vente au fort potentiel d’attraction pour les citadins de la métropole et de la capitale nationale.
D’abord, directement issue de la Californie, la légendaire formation DEERHOOF se présentera pour la première fois à Rouyn-Noranda afin d’interpréter une sélection de pièces tirées de son imposant répertoire, réparti sur environ vingt ans, comme ce fût le cas lors de leur prestation dans un autre superbe festival musical du Québec, soit le FIMAV à Victoriaville qui se tenait en mai dernier. Quatuor explosif dont la musique oscille entre le rock bruyant et la pop japonaise, Deerhoof défend depuis vingt ans une philosophie musicale bien à eux où la participation du public, la surprise et l’émerveillement sont au rendez-vous. Deux autres formations viennent compléter un trio de feu de groupes américains en visite à Rouyn, deux autres exemples de musique rock réinventée. Également originaire de Californie, la formation The Dodos, avec son indie folk rock explosif, donnera probablement aux mélomanes réunis à l’Agora des Arts une performance énergique après que Jeanne Added, de France, et Jesse Mac Cormack, un nouvel espoir montréalais, aient réchauffé le public. Autre groupe légendaire que la ville de Québec a eu l’honneur de recevoir en avril dernier dans le cadre des Nuits Psychédéliques, les new-yorkais des Fleshtones roulent leur bosse depuis des années et auront encore plusieurs leçons de rock à donner aux jeunes musiciens qui investissent la scène garage et psychédélique ces derniers temps.
Ensuite, le vieux continent enverra aussi des émissaires de divers genres, notamment les français Ropoporose pour l’indie, Totorro (qui accompagnera Deerhoof) pour l’expérimental, la susmentionnée Jeanne Added pour le post-punk et le compositeur électro de renom Chapelier Fou. À cette liste de musiciens outre-Atlantique s’ajoute Fleshgod Apocalypse d’Italie qui offrira aux fans de métal une performance inoubliable en compagnie de deux bands de l’Abitibi , Abitabyss et Barricade.
Le rock est définitivement servi encore cette année parce que le Québec envoie aussi pas mal de gros joueurs bien connus du public et qui sont pour la plupart passés par le OFF et-ou le FEQ ces dernières années: PONCTUATION, Les Marinellis, Sandveiss, Lubik, PONI, Heat, Prieur&Landry, Barrasso et les très dynamiques énergumènes de Duchess Says, pour ne nommer qu’eux.
L’indie, l’électro et le hip-hop seront également servis, parce qu’on retrouve dans la grille horaire des concerts de haute qualité pour ces trois genres, entre autres, lors de la soirée hip-hop avec Loud Lary Ajust et Toast Dawg, et de la nuit électro, qui se termine avec Das Mortäl et iPHAZE.
La soirée de clôture est, comme à chaque année, un incontournable et un rassemblement où tout le monde y trouve son compte. Toute l’équipe sera là pour assister aux performances de Safia Nolin, jeune artiste de Limoilou et grande découverte de l’année pour plusieurs, suivie de Séoul, trio dream-pop montréalais. Louis-Jean Cormier terminera la soirée à l’Agora des Arts pour nous laisser finir la nuit avec nul autre que Kid Koala, DJ, ou plutôt «table-tournantiste» reconnu mondialement et installé depuis plusieurs années à Montréal.
Pour vous parler de leur expérience et de leur vision du FME, l’équipe d’ÉcouteDonc.Ca publiera chaque jour un résumé et une critique des spectacles qu’ils auront vus, accompagnés des meilleurs clichés de Marion Desjardins.
C’est parti pour l’aventure FMEAT2015 avec ecoutedonc.ca !
Renseignements, programmation et billetterie disponibles au www.fmeat.org
Après trente minutes d’une performance énergique, Bernhari nous a accordé une entrevue à chaud en sortant de scène au festival Osheaga. Après une année 2015 marquée par une foulée de festivals, de nominations et de palmarès, Alexandre Bernhari revient sur cette année incroyable et sur ses futurs projets.
Nous abordons, en premier lieu, cette année folle qu’a vécue Bernhari. Fin 2014, il lance son premier album homonyme sous l’étiquette Audiogram. Après avoir foulé les planches de plusieurs festivals importants, dont Osheaga, le FEQ et les Francofolies, le chanteur a désormais acquis une certaine notoriété au Québec. Il a été en lice pour le prix Félix-Leclerc 2015 et son album s’est classé très hauts dans les palmarès de vente numérique cette année. Comment vit-il avec cela? Il nous répond que tout cette amour lui donne de l’énergie pour continuer son travail et ses efforts. «Les foules de festivals sont tellement énergiques!» ajoute-t-il. Ça lui donnerait souvent une nouvelle force sur scène.
En début de carrière, le chanteur faisait des salles à très petite capacité, très souvent de 200 personnes et moins. Après un passage au Pigeonnier du FEQ rempli d’environs 5000 festivaliers, quel environnement préfère-t-il? «Les deux sont très différents», me dit-il. Par contre, il apprécie les deux. Ce sont deux mondes, certes, mais il s’adapte à son environnement et à son public. En festival, les foules sont souvent grosses et énergiques. En plus, il me dit jouer souvent à la lumière du jour en festival: il était programmé à 13h00 à Osheaga, ce qui vient donner une autre dimension à son spectacle. Par contre, Bernhari m’avoue que lors d’un concert en salle, l’émotion est plus présente. Sa musique vient chercher plus souvent les spectateurs grâce à la proximité.
Si vous avez vu Bernhari en concert dernièrement, vous aurez pu remarquer qu’il joue sur scène différentes nouvelles pièces. Je lui demande où il s’en va avec ça. Il m’annonce qu’il est présentement en studio pour un nouvel album qui devrait voir le jour en janvier 2016. «Ce deuxième opus est très avancé, il ne reste que les voix à faire», me confie-t-il. Il va tenter de faire quelque chose de plus dynamique dans les sonorités. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il teste les pièces en festival. Il en rajoute en me disant qu’il va explorer un monde nouveau et totalement différent. Il y aura de nouvelles textures et l’univers poétique sera différent. Il se dit influencé par le contexte social actuel qui est à mille lieux de celui de 2013-2014 lors de la préparation de son premier album. Il conclut en me disant que ce sera un album beaucoup plus personnel que le premier.
J’avais entendu parler, entre les branches, du fait qu’Alexandre Bernhari aimait effacer toute traces de ses anciens projets avant de se lancer dans quelque chose de nouveau. Est-ce le sort qui sera réservé à son projet Bernhari? Il me répond en souriant que non. Aimant le contrôle sur sa musique, il fait lui même les voix, le piano et la batterie; il ne pourra pas enterrer ce projet. Il a perdu le contrôle, m’avoue-t-il. Ce n’est pas nécessairement négatif de ce que j’en perçois, car cette perte de contrôle au profit d’un label l’a quand même propulsé dans un univers qu’il ne se doutait qu’il pouvait d’atteindre. Avec Audiogram, qui détient un certain pouvoir sur la musique produite par Bernhari, il ne pourra pas détruire ce projet.
Nous terminons avec quelques anecdotes de festivaliers. Étant au festival Osheaga, je lui demande ses meilleurs souvenirs de festivals, autant en tant qu’artiste qu’en tant que festivalier. Il m’avoue souffrir d’agoraphobie, ce qui l’empêche d’apprécier les foules de festival. Il n’a donc pas de souvenirs positifs de festivals. Par contre, en tant qu’artiste, il m’avoue avoir adoré son concert au Festival d’été de Québec. La grande foule lui fournissait une énergie incroyable et il va s’en rappeler longtemps. Rappelons-nous que ce concert était présenté sur la scène Loto-Québec en première partie de Zappa plays Zappa, c’est-à-dire devant environs 5000 personnes. C’est probablement son meilleur souvenir de festival, me dit-il en conclusion.
Les gentils organisateurs du Festival de musique du bout du monde nous ont invités à passer la fin de semaine dernière chez eux, à Gaspé. Ça tombe bien, nous disons-nous, on fait justement une tournée des festivals qui nous mène d’un bout à l’autre du Québec (et d’ailleurs!). C’est donc avec un grand plaisir que nous acceptons l’invitation.
Faut dire que le haut de l’affiche était tentant : Karim Ouellet, Alex Nevsky, Loco Locass, Betty Bonifassi, Angélique Kidjo et Marie-Pierre Arthur, ça promettait déjà! Ajoutez un paquet d’artistes émergents et vous avez déjà un événement hors du commun. Mais le coup de grâce, c’était l’annonce du spectacle de Martha Wainwright, à l’aube, au cap Bon-Ami du parc Forillon. J’avais déjà entendu parler de ces prestations uniques (Jorane et Florent Vollant sont passés par là avant Martha) et tout le monde qui a déjà vécu l’expérience m’a dit qu’il fallait que je le vive au moins une fois moi aussi.
J’ai cru tout ce beau monde sur parole et je me suis tapé un voyage de 12 heures en autocar, destination Gaspé.