Établir une excellente relation avec tes fans et conquérir de nouveaux coeurs, ce n’est pas si difficile si on a les outils nécessaires. Remarquez bien, je n’ai pas parlé de succès planétaire, juste d’une excellente relation groupe-fans.
Je disais donc que ce n’était pas si difficile si on disposait des outils nécessaires. Ça prend du talent, des bonnes chansons, un amour manifeste du métier et un peu de charisme. Du charisme, la chanteuse de Groenland, Sabrina Halde, en déborde. Ça lui sort par les oreilles, comme on dit. Qu’elle chante, qu’elle sautille, qu’elle pousse des petits cris enthousiastes, son énergie est d’une contagion telle qu’elle vous infecte une salle en trois ou quatre mesures. Tout ça conjugué à un naturel what you see is what you get, pas étonnant que la petite foule présente dans un Cercle rempli à ras bord ait été ravie.
Bon. C’est bien beau, tout ça, mais un groupe, c’est pas juste la chanteuse et le reste du groupe ne donne pas sa place. Les autres membres ne sont pas aussi débordants d’enthousiasme, mais les voir jouer leurs pièces avec amour et passion, c’est aussi contagieux!
Sur le plan musical, la prestation offerte par le groupe hier soir était tout simplement magistrale. Ce spectacle est parfaitement rodé, les pièces s’enchaînent naturellement, les temps morts sont très rares et les fans ont du plaisir. Faut dire que le matériel, qui provenait du seul album du groupe (l’excellentissime The Chase, pour lequel je n’ai malheureusement pas eu le temps de faire une critique, mais dont on reparlera lorsque je parlerai de mes albums préférés de 2013), frise lui-même la perfection. La plus grande force de ce collectif, c’est de prendre les meilleurs éléments de la pop et de la folk indé des cinq à dix dernières années et d’en faire un mélange unique et redoutablement efficace. Supehero en est un excellent exemple : ukelele, refrains fédérateurs, cordes à profusion, mélodie lumineuse. On y reconnaît des tonnes d’influences, mais en même temps, ça sonne comme du Groenland et c’est fichtrement bon.
En boni, nous avons eu droit à une chanson 100 % acoustique en solo de Sabrina, qui est allée rendre visite aux spectateurs sur le balcon. Maudits chanceux. Et au rappel, une petite pièce de l’excellent James Blake (non, ce n’est pas James Blunt) qui explose dans les mains des membres du groupe, comme si elle n’attendait que quelques vrais instruments.
En passant, si les nouvelles pièces jouées témoignent de ce que Groenland risque de nous proposer pour son deuxième album, ça promet. Ce groupe-là évolue déjà et devrait tirer son épingle du jeu même si la pop indé à saveur folk perd des plumes dans un marché sursaturé.
Bravo, Groenland. Signé : un fan comblé.
Safia Nolin
L’auteure-compositrice-interprète de Québec Safia Nolin avait la tâche d’ouvrir le bal. Son folk intense, qui n’est pas sans rappeler celui d’un Dallas Green en moins country, était un bon match pour Groenland.
L’artiste était visiblement nerveuse. Et malgré un mal de gorge un peu déstabilisant, elle a su gagner un public très difficile (heille gang, je ne le répèterai jamais assez, mais ça vous tenterait pas de fermer vos gueules quand quelqu’un joue sur la scène?). J’aimerais bien la revoir dans un contexte plus adapté.