Le prolifique Jérôme Minière nous présente ces jours-ci son huitième album, Une île, suite logique de Le vrai, le faux, dernier album publié sous son nom (il y a eu aussi … Danse avec Herri Copter, son alter-ego qui aime danser).
Quand on entre Une île dans le lecteur, c’est un peu comme quand on enfile sa paire de jeans préférée : on sait un peu à quoi s’attendre. C’est que voyez-vous, on commence à le connaître, notre Jérôme. Il a un style, un univers bien à lui, qui se reconnaît immédiatement. Un style franc et direct sur une musique au carrefour de la chanson française et de la pop électronique, auquel Minière et ses collaborateurs auront ajouté un soupçon de rythmes orientaux, de musique un peu latine, voire un peu de rap (sur L’ennui, qui rappelle un peu le Minière des débuts).
Malgré toute cette variété dans les influences, Une île est malheureusement un brin redondant. Rien de bien grave, on a parfois l’impression d’entendre les différents mouvements d’une même chanson, mais ça pourrait en tiquer quelques-uns. Peut-être est-ce le fait qu’on a un peu perdu l’habitude d’écouter des albums qui durent presque une heure.
Si vous trouvez que c’est le cas, vous pouvez toutefois vous rabattre sur les paroles, toujours délicieuses. Minière ne se lance pas dans des envolées lyriques spectaculaires, loin de là. Le style Minière, c’est : on dit ce qu’on a à dire, et on le fait de sorte que tout le monde comprenne. Cette franchise dans le propos n’enlève rien à la richesse de celui-ci, au contraire! C’est juste que quand on maîtrise son vocabulaire comme Minière, on a pas mal toujours le mot juste.
Vous aimerez donc cette invitation à prendre une pause et à profiter du moment présent. C’est pas le temps des regrets, ni des projets, carpe diem. Minière se donne même le temps de nous donner une belle leçon sur l’amour, qui ne s’apprend pas par coeur, semble-t-il.
Côté musique, Ariane Bisson-McLernon (claviers), Denis Ferland (guitare, basse), Frédéric Lambert (cordes) et José Major (métrono…. euh… batterie) forment une équipe du tonnerre qui ajoute au « son Minière » ce petit côté analogique qui enjolive si bien les chansons du poète montréalais. Jamais surproduit, jamais trop léché, Une île est l’album d’un auteur-compositeur-interprète qui maîtrise parfaitement son oeuvre.
Non, cet album n’est pas pour tout le monde, mais on peut dire la même chose pour à peu près tous les albums de Minière. Si on embarque dans le train en marche, il faut un peu de temps pour apprivoiser ce style unique. Mais les fans, qu’ils soient de la première heure ou qu’ils soient montés à l’époque de Le vrai, le faux, seront comblés. Un album attendu qui ne déçoit pas.